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Islam - Page 6

  • Les témoins de l'Amour

     

    "Soyez saints, ça veut simplement dire que nous avons une responsabilité particulière, celle d'être vraiment complètement humains, à l'image et à la ressemblance de Dieu : créateurs par nos paroles et nos actes et responsables des créatures et de la Création".(p.216)


    femmes.jpg"
    Des femmes et des dieux" c'est trois femmes, représentantes de trois cultes différents, en dialogue. C'est aussi un même Dieu mais aux nombreuses facettes. Floriane Chinsky (Rabbin et docteure en droit) Kahina Bahloul (islamologue et Imame) et Emmanuelle Seyboldt (pasteure et présidente du conseil national de l'église protestante unie de France) mettent à l'honneur une concorde sur sept jours d'échanges concernant la spécificité de leur religion (ou ce qu'elle n'est pas comme le voile, la charia ou la soumission pour l'Islam), leurs parcours respectifs mais surtout leurs témoignages de femmes sur le patriarcat, le féminisme dans les textes sacrés, la représentation du corps féminin ou la nécessaire lecture historico-critique des Livres saints.
    Fortes de leur liberté (souvent acquise à coup de luttes pour leurs droits fondamentaux) confortée par la lecture des Textes et des héroïnes féministes de tous temps, fortes de leur responsabilité à l'égard de Dieu (les juifs se sentent “libres”, les protestants “aimés” et les musulmans “serviteurs de Dieu”) et de leur communauté , elles se sentent plus que jamais en phase avec leur époque, attendues, et acceptent les défis de la modernité.
    A l'écoute l'une de l'autre et curieuses de l'héritage religieux et culturel de chacune, elles développent l'essentiel de leur croyances et pratiques au regard de récits oraux ou d'extraits d'histoire sainte, pour la gouverne et l'enrichissement de tous, croyants comme athées.
    A la lecture du triumvirat religieux, on se sent comme initié à l'intimité de la foi monothéiste et libre d'approfondir l'une de ses branches, en toute conscience.
    Les discordes sur les dogmes ne sont pas à l'ordre du jour puisqu'une sororité centrée sur la tâche ennoblie émerge de ces rencontres. Quelques désaccords certes sur l'emploi de mots mais qui ne tarit pas l'entente collective cordiale et respectueuse.
    L'ouvrage est le fruit d'une belle unité trouvée par ces trois chercheuses de l'essence de Dieu, dont le féminin ressurgit après avoir été longtemps occulté, et c'est un bien pour Sa complète représentation.

     

  • Dieu, le Témoin du Réel en Soi

    "Pour le Maharshi, la tradition pouvait être réduite au silence. Non une absence de mots mais le contenu sous-jacent, essentiel de tous les mots. Il s'agit d'un langage inexprimé, chargé de sens, d'un sens ultime et universel. C'est pourquoi le but ultime et la réalisation de la tradition entière sont parfois désignés par le terme “muni”, le sage ayant atteint la perfection spirituelle humaine, équivalent du “jivan-mukta”". (p.205)


    sabandonner-au-soi-195x300.pngHozhoni éditions publient un essai universitaire de
    Patrick Laude sur "le message de Ramana Maharshi pour le présent" : S'abandonner au Soi.
    Sur près de 400 pages, le philosophe dissèque de façon quasi chirurgicale les dires du sage hindou, les replaçant dans un contexte historico-culturel (notamment en rapport avec le Vedanta de Shankara au 7ème siècle) et en comparaison avec les perspectives religieuses monothéistes, mystiques compris.
    Dans un souci de clarification de l'enseignement sans médiation de l'ermite d'Arunachala et avec l'objectif de livrer des clés d'appréhension, l'auteur classifie et rend concret par des mots précis, un mode supraformel de transmission : silence et regard.
    Appréhender l'investigation sur le Soi ("Je suis" est le nom exact de Dieu) par le mantra mental "Qui suis-je" nécessite en effet, d'après l'auteur, une solide connaissance des principes métaphysiques ou une pratique dévotionnelle parallèle afin d'être efficiente et de toucher son but : l'abandon confiant au Soi, l'anéantissement de l'ego ou soi personnel (le fana des soufis ou le Christ en soi des mystiques chrétiens) au sein de la Source irradiante, rayonnante et transparente.
    Ce centre, cette Source bouillonnante constitue sans doute l'unité transcendante des religions et philosophies spiritualistes existantes et c'est en ce sens que l'exemple de
    Ramana Maharshi reste important et primordial pour notre temps, où les messages prophétiques deviennent tout exotériques.
    Comme tous les grands éveillés du siècle passé (Aurobindo, Ma Amanda Moyi, Nisargadata, Ram Das...) Le Maharshi témoigne de l'effusion de grâce divine envers l'humanité capable de saisir l'opportunité de se transcender et de transmuter.
    Des ajouts sur le Soi jungien, ou la relation unitive de Jésus (le Père et moi sommes un) auraient permis de compléter admirablement cet essai déjà synthétique, avec lequel on passe un moment agréable , à grande hauteur de vue.


    "
    Le Soi est en fait déjà réalisé , dans le sens de la Conscience pure, toujours immanente. Le Soi n'est autre que la grâce toujours présente, qui découle de l'effusion du Soi". (p.121)

     

  • La charge du califat

    Le triomphe qui s'incarne dans l'entrée symbolique à Jérusalem a été porteur de malheur : la peste et la famine. L'image idyllique du calife juste, à la conduite exemplaire, cache une face sombre et malsaine, incarnée par la présence au cœur de son régime d'un individu machiavélique comme Mughîra, que Umar ménage à son tour par machiavélisme. Derrière le calife droit et rigoureux qui veut tout administrer d'une manière rationnelle et impartiale, on découvre un souverain capricieux qui prend des décisions dictées par ses sentiments, comme lors du limogeage de Khâlid Ibn al-Walîd, et qui ne manquent pas de faire de nombreux mécontents...”. (p.185)

     

    meurtre mosquée.jpg"Meurtre à la mosquée" est le troisième et dernier tome des "Califes maudits" publié chez Albin Michel, à l'initiative de l'islamologue Héla Ouardi.
    En croisant les sources traditionnelles, en relevant les incohérences, en grossissant les détails (on aurait aimé qu'elle étudie le cas Judas en chrétienté!), la chercheuse historico-critique déterre un véritable sarcophage nimbé de gloriole et de représentation pieuse ou morale, en la personne du second calife Umar, pour mieux l'humaniser : "Notre but n'est ni de juger Umar, ni de le glorifier, pas plus que de le dénigrer, mais de révéler l'homme qu'il a été. Ce qu'il perd en légende, il le gagne en humanité" (p.22).
    Chemin faisant c'est une véritable cabale clanique qui se découvre à l'origine de son assassinat (entre Hashémites et Ummayades du même clan Quraysh avec Abd Lanâf comme aïeul commun), ce qui dessert fortement l'Islam et sa pureté originelle entachée en son image vertueuse.
    Devenu religion d’État, le christianisme a pâti des mêmes reproches et l'esprit de la prophétie, messianique dans sa révélation (redistribution des rôles et des rangs notamment), perdure rarement au-delà d'un siècle ou deux sans subir de sérieuses déviations ou déconvenues.
    Pour en revenir au livre, clair, à la démonstration implacable et qui se lit comme un bon roman noir, en filigrane se pose la question de la charge sacrée et du dépôt confié aux représentants d'une religion quand il s'agit de livres inspirés ou ici révélé.
    Sur quels critères élire un successeur ? Comment supporter la pression intérieure (santé mentale) et extérieure (jalousie, violence, haine...) inhérente à un tel poids ? Comment respecter au mieux le texte sacré entre la lettre et l'esprit ? Quelle est la part de Dieu et de l'homme dans l'exercice de l'autorité ?
    Chez les tribus arabes comme pour les musulmans, les liens du sang prévalent sur ceux de l'esprit et l'on voit que la tradition possède des racines anté-islamiques plus ancrées que la foi dans les coeurs. Pour l'auteure en effet, l'éviction de Umar au profit futur de Uthman puis Ali signe le retour à un pouvoir de caste et de clan que le Coran et donc la parole sacrée, voulait abolir.
    Pour autant à l'origine du calendrier hégirien ; de prodigieuses conquêtes en Syrie, Égypte et Irak et de trois lieux de cultes Médine, la Mecque et Jérusalem ; Umar Ibn al-Khattab meurt assassiné le 3 Novembre 644 après 10 ans de règne.
    Son élection et califat furent-ils légitimes à l’œil de sa fin ? Ou fut-il un des derniers bastions de l'esprit muhammadien ?
    C'est toutes ces questions qu'aborde l'enquête de Héla Ouardi avec un rebondissement final inattendu et qui vient clore la série des "califes maudits", maudits à l'origine par une femme, Fatima (fille de Mohammad et épouse de Ali), spoliée de son héritage à la mort du prophète et qui remettait en cause la légitimité sacrée du pouvoir successoral.



    Coran 2,30 : Quand ton Rabb a dit aux Messagers: «Me voici, je mettrai sur terre un calife», ils ont dit: «Y mettras-tu quelqu’un pour la corrompre et y répandre le sang, quand nous, consacrés à Toi, nous glorifions ta désirance?».
    Il dit: «Me voici, je sais ce que vous ne savez pas.» (Chouraqui)

     

  • La hiero-histoire de France

    Coran 16,2 : "Lui qui fait descendre des anges avec l'Esprit, de Sa sphère sur celui qu'Il veut parmi Ses adorateurs : "Donnez l'alarme : il n'est de Dieu que Moi ; prémunissez-vous donc envers Moi !"" (Trad. J. Berque)

     

    "Oui, tout est consommé de la vie antérieure, de mes combats politiques, de mes œuvres polémiques. Reste ceci : comme j'étais agenouillé auprès du Saint, la tête dans ses draps, il posa sa main sur mon crâne. Une vive et délicieuse brûlure  s'empara de moi tandis qu'une voix très douce descendit dans mon être : "le plus court chemin vers le divin est l'humain." (p.286)

     

    l'ile d'or.jpgRoman testament que l'Île d'or de Henry Bonnier (21.02.1932/14.04.2021) paru chez Erick Bonnier éditions.
    Note finale pleine de foi et d'espérance, après son autobiographie "nuits de lumière" (2018), une vie sociale richement menée (écrivain, critique, directeur de maisons d'éditions), une vie intérieure sous le signe de l'ouverture et de la vision pacifiée. Ami d'André Chouraqui ("un prophète parmi nous"), initié à l'Amour par Catherine Delorme, seule européenne portant le titre honorifique soufi de "connaissant(e) par Dieu", amoureux du Maroc et de la France, de leurs cultures et civilisations, il voyait à l'instar d'un Louis Massignon, le Christ Jésus comme le rédempteur de l'humanité et sa parousie proche.

    Dans ce roman, son personnage phare Louis Chaumeil, chancelier de l'Institut de France et proche du Président Macron va subir en quelque sorte une métanoïa tardive, fraîchement décoré de la grande-croix de l'ordre de la légion d'honneur, en se rendant en des contrées marocaines sur l'île d'or, une ziggourat entourée de verdure, pour suivre un séminaire à l'initiative d'une confrérie soufie.
    Les rencontres (Le docteur Soulier, Sidi Achraf, Nour, frère Damien, le Saint) , la teneur et le niveau des conférences (l'ADN cosmique, le rapprochement de la science et de la Religion révélée...) lui ouvriront l'âme à une dimension spirituelle de l'Histoire qui mettra à mort en lui le "vieil homme" éduqué dans l'esprit des lumières et fervent défenseur agnostique de la laïcité française, soit le système actuellement dominant.
    Mélange de fiction et de réalité (l'île d'or n'existe que dans l'imaginal comme l'Atlantide d'ailleurs), cette fable n'est que prétexte convenu pour espérer toucher quelques consciences influentes et provoquer un effet boule de neige en se souvenant du rôle primordial de la France sur l'échiquier des temps derniers.
    On voyage à travers l'histoire sainte des rois de France jusqu'à la révolution, en parallèle avec le royaume de droit divin bâti et prolongé par Mahomet au Maghreb, on se remémore les visites symboliques de François d'Assise et du sultan Al-Khamil il y a 8 siècles, celle plus récente du pape François et du grand Imam d'Al-Azhar en 2019.
    Et l'on rêve d'une union des religions révélées autour de la figure de Jésus, le liant, qui passe par une réinterprétation du fameux verset 4,157 du Coran sur sa crucifixion fantôme ; un souhait d'unité également entre musulmans de tous bords et avec leurs frères juifs et chrétiens.

    Homme de concorde et de paix, non pas au-dessus des dogmes mais dans l'esprit de la révélation, Henry Bonnier nous lègue un dernier texte humaniste, empreint de cœur, de sensualité et d'envie, à l'image de l'Homme nouveau. Saisirons-nous le message à temps ?

     

  • Les dialogues avec l'Ange

    Coran 35,28. Il y a pareillement des couleurs différentes, parmi les hommes, les animaux et les bestiaux. Parmi Ses serviteurs, seuls les savants craignent Allah. Allah est, certes, Puissant et Pardonneur.

     

    jambet.jpgLes élus de Dieu sont de tout temps, éternels, exemples vivants d'une relation inspirée à Dieu. Une intelligence commune ou lumière de l'esprit, accompagne ces témoins de vérité pour un discernement au-delà des apparences, pouvant aller jusqu'à "la révélation de l'intériorité diversifiée des êtres humains"(p.228), ce qui constitue en soi un événement eschatologique.
    Dans "Le philosophe et son guide - Mullâ Sadrâ et la religion philosophique" paru chez Gallimard, Christian Jambet se fait à nouveau l'herméneute du philosophe shiite (1571-1641) dans sa conception élogieuse et rehaussée du savant qui vient après les prophètes et les Imams duodécimains (qui sont les preuves de Dieu selon Mohammad-Ali Amir Moezzi) mais dont l'existence est caution jusqu'à la fin des temps.
    Le savant ou philosophe (en référence au néoplatonisme hellénistique) n'a de cesse de perfectionner son intellect, la fine pointe de l'âme, en vue de percevoir le Réel (ou dévoilement de l'essence) conformément à l’œil divin. Cette illumination du "cœur spirituel" le place de facto dans la "vie dernière" ou vie véritable, évoquée dans le Coran comme étant destinée aux rapprochés de Dieu, puisqu'il s'agit d'un effacement (de progressif à définitif) de la personne au profit du Messager intérieur (l'Autre en soi, le double lumineux) qui est Présence.
    Mullâ Sadrâ fustige les tenants de la religion exotérique, essentiellement des juristes, qui ne s'intéressent qu'au monde d'ici-bas et à la perpétuation de l'ignorance, contrairement au contenu de la gnose composé de connaissances théologiques, psychologiques ou eschatologiques, qui sont la base d'un juste discernement. Les fidèles de son époque, ritualistes et littéralistes sont pour lui les ennemis véritables de la religion, qu'il définit par "l'ensemble des savoirs ésotériques directement inspirés par Dieu" (p.291).

    On le perçoit, l'Islam politique et conquérant récent a tout d'une hérésie aux yeux du philosophe platonicien, pour qui "en sa perspective eschatologique, l'ici-bas se révèle pour ce qu'il est, le miroir inversé de l'ordre réel"(p.242)...
    Christian Jambet fait œuvre de traducteur et d'exégète (alternant le dense et l'ardu avec le limpide et les fulgurances) du philosophe dont la réflexion et les conclusions apparaissent plus que jamais contemporaines. Les savants ou exégètes spirituels de la Parole inspirée, passés ou présents constituent bien des jalons essentiels à la révélation ésotérique du message. Dans un souci d'élévation (perfectionnement moral) et de rapprochement du chœur divin, ils essentialisent la connaissance jusqu'à tendre a l'objectivité de leur science, un moyen pour tous de se repérer et progresser encore, en ces temps troubles mais passionnants.


    "Par ses alliances comme par ses effets politiques, la religion du savant eschatologique s'est transformée en une religion de ce monde , réduisant progressivement à peu de choses le pouvoir des authentiques tenants de la voie spirituelle comme celui des esprits animés de volonté messianique, tout cela par la toute puissance de l’État" (p.337).

     

  • Le système actuel est antichristique

     

    L'antichrist va capter les pensées des hommes et mettre ses pensées dans leurs pensées pour les amener à se comporter comme il le souhaite, c'est une véritable conditionnement” (p.159)

     

    l'antichrist les signes de sa venue,Jean-Marc Thobois,Emeth éditions,Nouvel Ordre Mondial,APocalypse,Parousie,apostasie,Islam,Juin 2021Emeth éditions publient “l'Antichrist, les signes de sa venue”, un livre posthume (la covid l'a emporté en mars 2020) d'un exégète protestant reconnu, spécialisé dans l'eschatologie et dont on avait apprécié l'intervention dans le documentaire “Les sept églises de l'Apocalypse”.

    Pour Jean-Marc Thobois le texte biblique est inaltérable et sa méditation ou ruminement lignée après lignée (il est issu d'une famille d'Huguenots) est le garde-fou d'une conscience en éveil...jusqu'à ce que la créature s'émancipe de son Créateur, change les fondements de la création et veuille orgueilleusement se hisser au rang du Démiurge. Or le “progrès” que l'on nous vend depuis le milieu du siècle dernier (qui correspond selon l'auteur à Mai 68) ne servirait qu'à instaurer une “brisure” au sein de l'harmonie, l'apostasie propice à l'avènement de l'antichrist et donc de la fin des temps. Que cette entité soit une personne importe moins que le système qui la porte et il ne fait aucun doute que le temps de Pharaon (63 familles contrôlent 90 % de la finance mondiale) se reproduise sous fond d'asservissement au tout numérique (identité, données, attention, travail...).

    Ce constat du danger de la machine, synonyme de fin des relations humaines (désacralisation du mariage, banalisation du divorce, émancipation de la femme, théorie des genres...) est d'après lui, sciemment programmé (le Nouvel Ordre Mondial) pour mieux amener l'humain au repli sur soi et à la dépendance des objets ou services connectés, puisque plus rien d'autre n'aurait de sens.

    Cette thèse, ce travers, se propage de plus en plus, y compris chez des non religieux, éclairant chacun sur son rapport à la technologie et finalement sur le sens qu'il souhaite donner à sa vie. On voit par exemple que l'épisode Covid a accéléré des changement d'emploi, de partenaire ou de villégiature, en soi un mal pour un bien.

    La seule différence avec le présent essai c'est qu'il qualifie cette période d'apocalyptique, prélude à une guerre des forces de lumière contre celles des ténèbres (justes contre méchants, Messie contre serpent) et à l'avènement d'un Messie roi et prophète (la Parousie du Christ pour les chrétiens) pour contrer et entériner celui de l'antichrist.

    J.M Thobois nous donne en ce sens une grille de lecture “religieuse” intéressante et cohérente des événements (une partie du Coran et les hadiths sur la fin des temps partagent cette vision), qui aurait suffi à elle-même sans y mêler des positions somme toute assez réactionnaires (les rôles préétablis de l'homme et de la femme, le faux prophète Mahomet, antisionisme égal antisémitisme...), basées sur l'étude de textes à qui l'on peut faire dire tout et n'importe quoi. Car c'est bien connu, la lettre tue et l'esprit seul vivifie. Sans lui le sens de la prophétie est perdue et la loi reste morte.

    Qui par exemple saurait nier que le Coran possède aussi un souffle ? Est-ce de la propagande d'accuser les sionistes de colonisateurs, eux pour qui le Messie est d'ailleurs le peuple élu entier ? Faut-il forcément choisir un peuple-camp ou les “élus” peuvent-ils être épars au milieu de toute nation, religion (ou absence), couleur, genre ?

    Il est dit en lettres de feu (Ézéchiel) qu'à la fin le cœur de pierre serait remplacé par un cœur de chair, qu'enfants et vieillards prophétiseraient, que chaque adhérent donc serait un livre ouvert actualisé (pour la connaissance du bien et du mal), soit une véritable revivification de la Parole en souffle et vérité, que l'on ait ou pas étudié.

    L'auteur aime à rappeler en leitmotiv une phrase de David Wilkerson (dans “la vision”) ; “Dieu tient tout sous son contrôle” et prône la patience et la persévérance dans les épreuves par la foi et la remémoration de la Parole, puisque in fine la Lumière sera. Encore s'agit-il de distinguer entre toute parole sacrée, celle datée historiquement et celle valable de toute éternité, grâce du souffle saint accessible et commun à toute l'humanité.

     

    Rester chrétien dans le temps de l'antichrist, c'est garder la Parole et savoir que si nous le faisons, nous serons gardés par Dieu. Dieu seul peut nous tenir debout.” (p.202)

     

  • La face occultée de Dieu

    "L'islam aujourd'hui plus qu'à toute autre époque, se caractérise par une inflation des lectures normatives centrées sur l'interdit et le permis, l'amputant ainsi de toute dimension spéculative ou mystique" (p.37)

    Poussée par un impérieux devoir de mémoire depuis la mort de son père,
    Kahina Bahloul s'est appropriée un cheminement spirituel singulier, celui de la voie ésotérique soufie, pour transmettre à son tour des valeurs et attributs hérités d'un joli brassage religio-culturel (Son père berbère de lignée maraboutique et sa mère française, de confession judéo-chrétienne).
    Fière de ses origines (c'est la première partie de l'ouvrage), elle a approfondi l'histoire de son prénom (une célèbre prophétesse berbère résistante) et le statut politico-spirituel de son patronyme ( digne du mythique fou-sage Mullah Nasreddine) pour entrer de plain pied dans la tâche d'imame, la première de France, une fonction difficile à imposer au sein d'un Islam actuel majoritairement plutôt rétrograde, littéraliste et patriarcal (elle rappelle au passage qu'au temps fantasmé, une femme mandatée par le Prophète, Oumma Waraqua, dirigeait la prière dans la deuxième mosquée de Médine).
    kahina.jpgDans ce premier livre personnel et plutôt rationnel, "
    Mon islam, ma liberté", paru chez Albin Michel, elle évoque sa position sur le voile, rappelant qu'il n'est ni l'apanage de l'islam ni une prescription coranique. Une traduction plus intériorisée proposerait de "voiler le regard"...
    Elle revient également sur les années noires qu'à connu l'Algérie de son enfance et les persécutions subies par les femmes au nom du surenchérissement (ou inflation) d'un masculin vertueux conforme à une origine à la fois faussée (on est loin de l'esprit égalitaire auquel l'envoyé de Dieu a appelé l'humanité) et dépassée (le monde  a profondément changé depuis les interprétations des premiers juristes musulmans) .
    La jeune autrice et imame milite enfin et surtout pour un islam spirituel et libéral, à l'image des mystiques soufis "
    dont la plupart des penseurs furent et sont en faveur du pluralisme religieux et du salut universel", Ibn Arabi le premier (La dernière partie du livre tente une exégèse de sa pensée). Prenant aux mots le Coran elle ne peut qu'imaginer un Dieu immanent, se révélant et contenu dans le cœur de ses amants-es.
    Le texte sacré mérite selon elle une lecture historico-critique pour dépoussiérer certains versets d'un contexte passéiste révolu, doublé d'une vision intériorisée et non littérale. On sait qu'Ali fut le dépositaire-témoin des sept versions d'un même verset coranique mais la science de l'écriture ne se révèle qu'aux amis (wali) et rapprochés de Dieu, ceux qui empruntent un chemin de sainteté en purifiant leur cœur de toutes les scories empêchant le Réel d'advenir. Après
    Delphine Horvilleur ou Anne Soupa, c'est au tour de Kahina Bahloul de bousculer avec force, courage et brio, l'institution religieuse dans ses fondements stéréotypés pour imposer une version toute féminine, sensible et ouverte d'un Dieu Miséricordieux et doté de matrices.