blogger hit counter

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

décembre 2021

  • Du lourd en perspective

    Get-Busy-L-anthologie-de-l-ultime-magazine.jpg

    Bel objet que cette anthologie cartonnée Get Busy publiée aux Editions Marabout, qui vient ressusciter des feuillets mythiques puisque introuvables. Elle retrace les meilleures interviews (dont certaines inédites) sur 30 ans d'activisme, du fanzine originel (période 90-95 - 12 numéros) à l'émission web TV sur Clique TV en cours en passant par le format magazine (7 numéros entre 2001 et 2003) ou la version co-animée avec Joey Starr (Authentik sur 3 numéros avec NTM comme rédac. chef).
    Mais Get Busy c'est surtout l'émergence d'une personnalité, SEAR, hip hop dans l'esprit, qui, à l'inverse des institutions rock de l'époque (Best, Inrocks, Rock'n Folk) voulut rendre compte de façon positive, culottée, érudite, corrosive ou parfois légère, d'une culture alors en pleine expansion.
    Le collectif Get Busy, variable selon les époques, su proposer à ses fidèles et chanceux lecteurs des thématiques autres que la musique  rap (people, sport, société, X), dans un souci de chroniquer une époque , ses personnages mythiques ou emblématiques, ses marottes.
    On y retrouve donc, en sus de personnalités hip hop (Nas, Dee Nasty, Ice Cube, J' Blige, NTM...), des artistes en plein boom (Dieudonné, Chabat, Dupontel, Jamel...), des intouchables (Vergès, Platini, Ardisson...), des légendes du banditisme dans la vie ou à l'écran (Charlie Bauer, André Pousse, Dominique Zardi), des stars du X et du sport (Marvin Hagler, Marc Dorcel, Julia Chanel...), puisque "le X comme le rap ou le banditisme, permet d'analyser la société en creux".
    La pêche aux "gros" poissons (à interroger) reste synonyme d'un mode de vie (do it yourself) où tout devenait possible, par passion et en s'en donnant les moyens, attitude désinvolte qui allait révolutionner les futures interrelations en les décloisonnant ou en se passant d'intermédiaires.
    Sur le fond, l'anthologie regroupe une quarantaine d'entretiens contextualisés et classés par thèmes, plus ou moins longs, agrémentés de goodies sous forme de QR codes (vidéos ou sons). Le ton est détendu (les questions n'étaient pas préparées à l'avance) mais les dossiers sont parfaitement maîtrisés, ce qui permet un certain lâcher prise chez l'interviewé, pour plus d'authenticité. Pratiquées à plusieurs entre potes, les questions fusent et alternent, de générales à pointues, sans oublier de (se) chambrer, la mentale banlieusarde.
    On passe un bon moment, à l'ombre de l'univers de SEAR entres autres (tous ses acolytes sont cités dans les tags) en découvrant ou revisitant les péchés mignons de quelques "b.boys" tournoyant autour d'un mouvement naissant qui trente ans plus tard est plus que jamais présent partout.
    Reste au final un petit goût de nostalgie d'une époque révolue mais dont la liberté d'esprit (libertaire ?) a fait de nombreux émules.

     

  • Spontanément artiste

    Eulalie Csatel, Artiste-peintre, Lignes spontanées, Encre de chine, Sidhuri café, décembre 2021Par un mardi après-midi frisquet, quelques jours avant Noël, nous rencontrons Eulalie Castel, artiste-peintre au Sidhuri café*.  Elle expose ses œuvres à l'encre de Chine dans ce lieu hybride qui propose de déguster sur place du petit déjeuner au goûter l’œil rivé sur l'expo du moment.  Le coin, à découvrir, douillet et tranquille est joliment décoré et la patronne a pensé aux végétariens et végans dans ses menus.

    Les traits fins et subtils, le dessin d'Eulalie Castel semble puiser sa source dans la nature, sa précision et son apparente simplicité évoque aussi l'art japonais. Lignes spontanées, jusqu'au 21 Janvier, n'est pas sa première exposition et il faut se rendre sur son site* pour découvrir ses multiples œuvres sur tout support. L'artiste, qui qualifie son travail "d"abstraction lyrique" réalise également des céramiques, l'une est visible au Sidhuri café.  Difficile de décrire l'art avec des mots, écoutons plutôt la voix d'Eulalie Castel au micro de Chœur.

    podcast

    * Site d'Eulalie Castel

    * Sidhuri café

    Dessin : Eulalie Castel

  • La beauté de la geste

    The Valley oh human sound,Angéla Flahault,Grégory Maqoma,Katrien de Bakker,Noëllie Conjeaud,Caelyn Knight,Maëva Lasserre,Opéra de Lyon,Théâtre de la Croix-Rousse,Greg Gilg,Fabiana Piccioli,Jean-Pierre Barbier,Roberto Olivan,Amandine Roque de la Cruz,Rudy Parra,danse,Décembre 2021

    The Valley of human sound est une création originale du chorégraphe sud-africain Grégory Maqoma, une fusion entre danses (les styles sont variés et virevoltent entre classique, contemporain, hip,hop ou danse libre) et chants composés et interprétés par Angela Flahault, dont la voix et le sens du travail ressemble à l'univers de Camille, en plus jazzy. C'est aussi une collaboration judicieuse entre l'Opéra de Lyon et le théâtre de la Croix-Rousse, qui œuvrent à l'ouverture transdisciplinaire.
    Nous sommes dans un monde où tout commence : une boîte carrée aux vitres opaques domine le centre de la scène. D'elle provient des battements cardiaques et une lumière étrange. Tour à tour des personnages lui tournent autour : quatre danseuses (les rayonnantes Katrien de Bakker, Noëllie Conjeaud, Caelyn Knight et Maëva Lasserre) intriguées vont tenter de l'approcher, de se l'approprier et la chanteuse les rejoint. Elles vont petit à petit produire des sons ensemble et avec la boîte. Chacune apprivoise son corps, ses sons, l'une des danseuses s'amuse du pouvoir de ses gestes. Les styles musicaux  s'enchaînent et nous entraînent dans l'univers singulier des cinq artistes. Toutes, singulièrement, semblent inventer un monde dont la beauté est la clé à l'image des paroles scandées par la chanteuse. La boîte se démonte, se remonte, devient espace de jeu, salle de sport, boîte de nuit... Drapée de couleurs chatoyantes, la voilà palet oriental et on assiste à la fête ou chacune se dévoile sur la piste, danse librement entre joie et onirisme.
    La création a jailli de ce coeur-monde, de cette boite-source. Sous nos yeux encore ébahis , tant il y a de regards a donner (lumière, personnages, sons ou musique), une histoire de sororité nous a été contée, un imaginaire féerique s'est déployé, nous montrant la femme sous tous ses aspects. Et chacun s'en est retourné plein de sourires, de couleurs, de souvenirs à partager.

    Le spectacle se joue jusqu'au 30 Décembre au Théâtre de la Croix-Rousse.

    Crédit photo : Agathe poupeney / Opéra de Lyon

     

  • La danse de la Liberté

    Joséphine Baker, non aux stéréotypes, Elsa Solal, Ceux qui ont dit non, Actes sud junior, décembre 2021, ségrégation raciale, droits civiques, danseuse, Panthéon français, résistante, féministe, Martin Luther King, Général De GaulleAprès Angela Davis, non à l’oppression , Olympe de Gouge, non à la discrimination des femmes et Frida Kahlo, non à la fatalité, il était naturel qu’Elsa Solal se penche sur une biographie de Joséphine Baker, non aux stéréotypes dans la superbe collection Ceux qui ont dit non (et celles) chez Actes Sud Junior.

    D’abord parce que Joséphine Baker s’est battue contre l’oppression des noirs tout au long de sa vie, contre la discrimination des femmes qui ne sont pas toutes « des écervelées superficielles » et surtout contre la fatalité ! En effet, elle est née dans une famille pauvre subissant la ségrégation raciale dans le Minnesota, faisant des ménages à 11 ans pour aider sa famille. Qui aurait parier que la jeune Joséphine allait s’embarquer pour la France à 13 ans grâce à ses talents de danseuse et comédienne, qu’elle deviendrait une star des nuits parisiennes, lutterait pour les droits civiques au côté de Martin Luther King ou deviendrait résistante pendant la Seconde Guerre Mondiale ? Ensuite parce que Joséphine Baker est la sixième femme et la première femme noire à entrer au Panthéon en novembre dernier. Difficile donc de passer à côté de l’icône et de son histoire qui ne peut qu’inspirer les jeunes autant que les adultes.

    Dans ce petit livre, Elsa Solal revient sur différents moments essentiels de sa vie d’artiste, si riche d’expériences. L’histoire débute évidemment par son enfance où les lynchages envers les personnes noires sont fréquentes et où leurs enfants embauchés par des blancs sont encore traités comme des esclaves ne valant rien. Le lecteur suit Joséphine dans son arrivée à Paris et son succès immédiat. L’auteure nous fait revivre sa rencontre avec Colette, Ernest Hemingway et son amitié avec le poète noir Langston Hugues. C’est en côtoyant ces artistes si différents, en vivant des expériences multiples dans deux pays distincts que la conscience politique de Joséphine Baker naît. Petit à petit l’afro-américaine, devenue française, se confronte aux stéréotypes sur les femmes, les noires, les danseuses …

    Le rythme est trépidant à l’image de la vie de Joséphine, entraînée dans un tourbillon. Elle achète un château, répond à l’appel du Général De Gaulle, adopte 12 enfants du monde entier. Impossible donc de lâcher le livre avant la fin. Elsa Solal retranscrit la personnalité bouillonnante et déroutante de la jeune fille du Minnesota, qui, jusqu’à la dernière heure, remonte sur scène. En refermant la biographie, on est bien loin de la vision de la ceinture de banane restée dans l’imaginaire des français. C’est l’image d’une résistante, d’une féministe, d’une artiste intrépide qui transparaît aux enfants d’aujourd’hui.

    Image: Actes Sud Junior

  • Rhizome du Soi

     

    Deux livres de poche section psychologie de Carl Gustav Jung sont réédités par Albin Michel en cette fin d'année. Il s'agit de "Aïon" et de "l'Âme et le Soi", qui révèlent une méthode d'interprétation (par amplification) de contenus psychiques symboliques présent dans l'âme humaine. Le Soi est à l'honneur, se révélant pour le coup comme agent de transformation et de transmutation unitif pour accompagner le moi conscient vers un Centre plus intégratif d'où il provient.

     

    "Les vérités psychologiques ne sont pas des assurances métaphysiques mais bien plutôt des modes de pensée, de soutien et d'action qui se révèlent à l'expérience comme appropriées et utiles". (p. 54)

     

    9782226469663-j.jpgDans Aïon qui ressort en édition poche, C.G Jung alors âgé de 75 ans, est un puits de connaissances, une montagne d'érudition qui illustre de façon magistrale le Tout contenu dans le Soi, archétype de l'union des contraires.

    Son terreau de jeu, l'inconscient, étant un monde caché et obscur, il s'intéresse ici à des sources "apocryphes" (gnostiques) ou occultes (l'alchimie ou les écrits cathares) pour amplifier le sens et augmenter la signification de symboles duels présents dans l'imaginaire chrétien des premiers siècles. Ainsi du Poisson, de la Pierre philosophale, du Christ et de l'Antéchrist ou du problème du mal qui n'est pas que la privation du bien. D'après lui, ces hérétiques de tous temps avaient compris et assimilé des vérités de la psychologie des profondeurs, telle la lumière véritable tapie dans la profondeur des ténèbres.

    Les symboles religieux n'étant plus opérants à notre ère (sens de Aïon), désacralisés, il ressuscite des vérités psychiques d'études oubliées pour refaire le lien et rendre conscient des concepts dissociés ou ambivalents mais pourtant complémentaires ou issus d'une même pièce, ainsi de l'Antéchrist qui à l'origine n'est que le "jumeau" du Christ, son alter ego maléfique.

    Ses réflexions sont foisonnantes, parfois alambiquées (à vouloir trop cautionner un modèle), parfois proches d'une vérité ou révélation métaphysique comme la pêche au poisson-Léviathan en soi qui est nourriture eucharistique ou la Pierre philosophale assimilable au Soi et pourtant grain de sénevé...

    L'auteur et fondateur de concepts fondamentaux de la psychologie analytique (l'ombre, l'animus-anima ou le Soi) présentés et résumés en préambule nous livre pêle-mêle le fruit de ses découvertes savantes (astrologie, alchimie, eschatologie, philosophie des premiers Pères...), tisse des liens, bâtit des schémas synthétiques sans véritablement convaincre ou emporter l'adhésion.

    Moins découvreur que rassembleur sur la fin de sa vie, Jung fait néanmoins preuve d'une vitalité et d'une curiosité hors norme, marquant à jamais tous ceux qui croisèrent son chemin de son vivant. 

     

     

    "Les -ismes politiques et sociaux de notre temps prêchent, certes, tous les idéaux possibles, mais poursuivent sous ces apparences trompeuses un but qui est d'abaisser le niveau de notre civilisation en restreignant, voire en annihilant purement et simplement les possibilités d'épanouissement individuel. Ils le font en partie en produisant un chaos maîtrisé par la terreur, un état primitif donc qui ne concède plus qu'une possibilité de simple survie ; un état pire que les pires époques de "ténèbres' du Moyen-Âge. Il reste encore à savoir si de l'expérience d'un asservissement déshonorant naîtra un jour une plus grande aspiration à la liberté de l'esprit". (p.123)

     

    9782226469670-j.jpgLes ouvrages de C.G Jung sont inégaux en qualité d'universalité, l'âme et le Soi qui constitue un patchwork de thématiques (un processus d'individuation analysé au centre avec 25 belles illustrations couleur, des articles sur la transformation intérieure, une digression sur la sourate de la caverne dans le Coran, la fonction transcendante et l'imagination active, le spiritisme, le phénomène ovni) oscille entre fulgurances et informations de seconde main ou d'arrière plan, à l'image des préoccupations de l'analyste zurichois, centrales ou périphériques comme le point et le cercle.

    Ce petit livre réédité présente néanmoins un double intérêt.

     On y ressent l'évolution de la pensée de Jung entre le début et la fin de sa carrière, de rationaliste froid à une réflexion irriguée et nourrie d'amplifications livresques ou expérimentales dans le domaine des Sciences humaines (les textes sacrés comme le Coran, l'alchimie toujours avec ici les écrits de Boehme, des sujets de réflexion développés à partir de l'étude de cas cliniques), avec toujours la rigueur scientifique qui le caractérise et le cautionne.

    D'autre part l'analyste élevé au rang de mythe par sa stature de pionnier de la voie des profondeurs, nous est rendu plus humain et accessible avec l'âge par le fait qu'il touche à tout pourvu qu'un lien se tisse à l’âme et l'inconscient (redéfini le "domaine des rêves, des morts et des ancêtres"), avec des préoccupations a la fois élitistes (un processus d'individuation nécessite une forte érudition ) mais aussi plus populaires (spiritisme, ovni...). 

    Dans l'esprit de Jung, ses continuateurs sont sans doute moins ceux qui le divinisent tout en calquant sa méthodologie à la lettre que ceux qui, par cercles concentriques et disciplines connexes, s'approchent du mystère de l'Être et de la vérité, sans estimer qu'elle se trouve forcément dans les matières nobles du terme.

     

  • La communion des coeurs

    Coran 19,96 : Pour ceux qui auront cru et fait le bien, Dieu sera tout amour. ( S. Mazigh)

    "Certes c'est très intéressant et instructif d'interpréter les Écritures mais il faut aller plus loin que la parole. Prendre la route et aller à la rencontre de l'autre parce que de l'autre on rencontre aussi le Tout-Autre, et là s'opère la véritable alchimie céleste : c'est là où on Le trouve tout simplement". (p.323)

     

    fraterniser.jpgA l'initiative de Khaled Roumo (poète et auteur entre autre du "Coran déchiffré selon l'amour"), Fraterniser - Chrétiens et musulmans à l’œuvre est un épais recueil d'une quarantaine de témoignage de personnes gravitant autour du GAIC (groupe d'amitié islamo-chrétienne créé par K. Roumo) sur leur parcours de vie incluant le dialogue inter-religieux et qui paraît comme une évidence chez Erick Bonnier éditions.
    S'il existe une communion de saints, les cœurs ardents et ouverts sont à l'honneur dans cet ouvrage, avec leurs histoires, jalons, personnalités et lieux géographiques communs.
    On s'intéresse ici à ce qui rassemble les deux communautés, le culte marial (Chartres, Lourdes, Vieux Marché...), la dévotion pour le Coran et son "équivalent" chrétien Jésus, l'amour des mystiques de tous bords (Rabbia, Ibn Arabi, Rumi, Sainte Thérèse d'Avila, Saint Jean de la Croix...), François d'Assise et Abd El Kader en figures de proue.
    Sont passés en revue les contemporains de la concorde islamo-chrétienne, de Massignon à Michel Lelong en passant par le père Charles de Foucauld ou encore Christian de Chergé.
    Les témoignages relatent souvent d'excentrations géographiques et culturelles pour rencontrer l'autochtone et Dieu-présent dans l'hospitalité, la tendresse, la gentillesse, le service, le trésor des cœurs aimants pour englober aussi les non-religieux.
    Ce livre salutaire vient nous rappeler qu'il a de tout temps existé des hommes et femmes de bonne volonté respectueuses du prochain dans sa différence et soucieuses d'un enrichissement personnel et spirituel sans limite, à l'image de l'Amour infini vécu ou ressenti par chacun.e.s des intervenants. Et si le monde tenait par ou pour ces "expérienceurs" - au sens de vivre une expérience non ordinaire - tant le quotidien se sclérose avec repli identitaire à la clé ? Le monde aurait beau se fragmenter ou se diviser, par haine ou mépris, rien ne saurait éradiquer ce commun hôte dans la poitrine des croyants de tous bords, cet éclat de Vie dont l'autre bout de bâton est gratitude.

     


    "L'amour permet de dépasser les étiquettes, d'oublier les formes, d'aller au-delà des dogmes. C'est un terrain commun qui permet un accès plus facile à l'universel...Le moteur et la finalité du chemin sont semblables : établir la connexion avec cette Présence transcendante et immanente, connaitre ce Mystère du monde, cette Cause de l'existence, et s'unir avec Elle". (p.146)

  • Les Rires d’Oklahoma

    l’attrape-rires,christos,chiara arsego,alice juenesse,album,conte,décembre 2021,indiens yaquis,ouest américain« En ce temps-là lorsque le père d’Oklahoma marchait vers elle, ses éperons faisaient kling kling, la poussière tournoyait autour de son visage et ses yeux disparaissaient sous le rebord de son chapeau »

    En découvrant l’album L’Attrape-Rires écrit par Christos, illustré par Chiara Arsego aux éditions Alice Jeunesse, c’est d’abord le magnifique dessin de la couverture qui nous interpelle. Le rouge et le beige dominent et collent parfaitement à la douceur des traits de la petite Oklahoma, et du vieil indien qu’on devine. Chaque page de l’album nous plonge dans l’univers du Far-West américain, des légendes autochtones et nous montre l’évolution des paysages. La nature laisse place au béton tout comme la jeune Oklahoma s’éloigne de son enfance joyeuse. Les couleurs changent avec les époques et les illustrations provoquent toujours une émotion. L’émotion est justement au cœur du conte L’Attrape-Rires.

    « En ce temps-là, beaucoup de légendes circulaient en Arizona : celle de la mine d’or du « Hollandais perdu », celle de la « larme Apache », celle de «  la grande Montagne tordue » ... »

    Parmi les histoires racontées aux enfants sur les tribus indiennes, l’une est vraie puisqu’elle arrivée à Oklahoma. Elle a bien rencontré un sorcier attrapeur de rire et de sourires. Nayati lui promet qu’il n’est pas un voleur mais un « emprunteur » de bonheur. Ça reste à vérifier ! Pourtant la petite-fille se laisse attendrir et lui cède bien volontiers ses  trésors de gaîté. Oklahoma n’est certainement pas la seule, les lecteurs seront d’accord. Difficile en effet de pas s’attendrir à la lecture de ce conte tout en douceur et en nuance. Sans dévoiler la fin, la lecture est parfaite pour une fin d’année, chacun emmitouflé dans un pull et à la lueur d’un guirlande lumineuse. Réchauffé par les couleurs de Chiara Arsego et les rires d’Oklahoma, un bel album à lire en famille. (Tout public)

    « Elle avait grandi comme une fleur des champs, sans prendre conscience des années qui défilaient, jusqu’au jour où l’un de ses pétales commença à faner »

    Image: Alice Jeunesse