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Bande dessinée - Page 4

  • Ados, l'essence !

    l'année où je suis devenue ado,nora dasne,casterman,2021,aude pasquier,bd jeunesse« Franchement, aujourd’hui, il y avait quelque chose de différent au collège. Une DRÔLE D’AMBIANCE pendant qu’on attendait dans le couloir. Comme si TOUT LE MONDE avait appris un truc pendant l’été et que maintenant, on se baladait chacun avec un secret au fond de nous. Sauf que moi, je n’ai aucune idée de ce que c’est, ce SECRET ??? »

    Passer de l’enfance à l’adolescence, pas le moment le plus facile de l’existence. Heureusement, grâce à Nora Dasne et sa bande dessinée L’année où je suis devenue ado, aux Éditions Casterman jeunesse, les futures jeunes filles pourront vivre cette période charnière avec un peu plus de douceur et du baume au cœur. Peut-être parce qu’elle nous vient de Norvège, cette pépite graphique évite les clichés de toutes les filles qui deviennent « forcément » tout à coup romantiques, se découvrent une passion pour le maquillage ou passent des heures en shopping. En effet, chacune est différente et grandit à son propre rythme avec ses passions, ses envies qui évoluent ou pas encore ou pas du tout.

    Les amitiés et les amours viennent les chambouler et les grandes questions d’adultes pointent le bout de leur nez. Faut-il se laisser influencer par les autres, peut-on y résister ? Comment conserver sa singularité en grandissant ? Qui ai-je le droit d’aimer ? Suis-je obligé de tomber amoureuse ? Aurais-je toujours les mèmes amies ? Les parents sont-ils utiles ? Autant de questions vertigineuses et essentielles qui nous replonge dans cet âge flottant, unique et qui forge notre future vie d’adulte.

    « Je ne savais pas que c’était SI DIFFICILE que ça de tomber amoureux. Et on dirait que Bao n’a même pas l’intention d’essayer. Pour commencer, c’est possible de DÉCIDER de tomber amoureux ? Maintenant, je vais finir d’écouter la playlist de papa avant de dormir. Sincèrement, elle est pas mal, sauf qu’elle donne pas franchement sommeil ».

    La bande dessinée, traduite par Aude Pasquier, est sous la forme d’un journal intime, coloré où l’écrit et le dessin se mélangent. Certaines pages semblent écrites sous forme manuscrite, d’autres recèlent un magnifique paysage et les dernières retrouvent la forme habituelle case plus bulles. Ainsi le lecteur se retrouve dans la tête d’Emma, puis voit à travers ses yeux les endroits qu’elle traverse, les visages de ses amies et retourne à sa place de lecteur. Petit bonus, on peut suivre aussi les conversations sms. Tout ce mélange qui peut paraître un peu fouillis est plutôt détonant et reflète la réalité d’aujourd’hui avec les multiples supports utilisés par les ados. La musique est également très présente dans cette BD. Écouter les playlists proposées tout en lisant l’ouvrage de Nora Dasnes :À tester !

    En conclusion, un exemplaire pour chaque pré-adolescente à la rentrée du collège ne serait pas superflu et pourquoi pas aux garçons et aux parents aussi ?

    Source Image: Casterman

  • L'esprit du Tibet animé

     

    Invincibles-900x1278.jpgLe bouddhisme tibétain vise la conversion des cœurs plutôt que le ressentiment ad nauseam. La compassion et le pardon sont les maîtres-mots de ce manga à destination de la jeune génération, la dernière selon le Dalaï-Lama à pouvoir sauver notre planète de son extinction, par la force de l'esprit et avec des actes qui partent du cœur. Le titre "Les invincibles" qualifient leur grandeur d'âme (endurance, empathie...)
    Depuis l'ingérance (ou colonisation) de la Chine sur le Tibet en 1959 (1/6ème de la population décimée) beaucoup ont fui en Inde dans l'espoir un jour de retrouver leur patrie et son chef spirituel. Ce dernier, s'il prie pour ses persécuteurs, s'est fait moine errant pour défendre la cause, en édifiant un Potala intérieur, en souvenir du palais de Lhassa, demeure des lamas.
    De tout cela il est question dans cette BD écrite par Sofia Stril-Rever qui se met en scène dans une histoire inspirée de faits réels. Elle commence par la rééducation physique et mentale de Maya, qui vient de perdre une jambe dans un attentat terroriste. L'héroïne va ainsi découvrir et s'intéresser à la tragédie tibétaine à travers la méditation. Cela la conduira jusqu'en Inde et au delà vers une renaissance et une aventure humaine à déplacer les montagnes. L'histoire touche même au merveilleux (les pouvoirs secrets) et à l'invisible (la prescience du massothérapeute Bernard Dubreuil) par le biais ingénieux et intelligent de cette anime-action dessinée en(tre) ombre et lumière par la mangaka Kan Takahama (merveilleuse auteure de La lanterne de Nyx et Le dernier envol du papillon, à découvrir). Il y a une certaine fraîcheur à voir le dalaï-lama et son histoire, ainsi croqués, à destination d'un lectorat plus jeune ( de 14 à 90 ans...), à l'initiative de Massot éditions.
    On mesure également à la lecture de ce roman graphique, l'importance de l'alliance franco-tibétaine, pays proches en philosophie spirituelle et conception des droits de l'homme. Une forte mobilisation sur les réseaux sociaux a permis de faire connaître et avancer la cause tibétaine, un exemple de dépassement de soi en vue d'un meilleur vivre ensemble.

     

  • La quête du trait originel

    Coup de Choeur BD

    L'artiste peut avancer vers un Art universel quand il atteint une dimension qui parle à toute l'humanité. C'est la valeur la plus noble, on peut cultiver la sensation de tendre vers cela, vers Soi.

     

    Etienne Appert,Rivière d'encre,La Boîte à Bulles,François Boucq,Edmond Baudouin,Janvier 2020Voilà une belle histoire qui nous vient du fond des âges, du tréfonds d'une mémoire nourrie par une source universelle.

    Rivière d'encre d’Étienne Appert, publié chez la Boîte à Bulles, c'est au départ le souhait d'essayer de répondre à une question enfantine: pourquoi l'on dessine. La réponse est un voyage à travers le temps et le mythe, à la rencontre plausible du premier trait griffoné pour laisser une trace, un souvenir indélébile, une ombre.

     

    Tout de suite un parallèle s'impose pour cette réflexion philosophico-spirituelle sur le trait : la source c'est le dessin qui a l'âge de l'humanité et la mémoire c'est celle de l'auteur qui peut-être poursuit son rêve d'enfant, d'être un dessinateur reconnu (par ses pairs, la critique et surtout le public), après avoir exercé une autre activité professionnelle en entreprise pendant quelques années.

    Ainsi la boucle est bouclée et l'art devient thérapie puisqu'en ravivant et remplaçant les méandres du passé dans une histoire plus universelle, elle apaise et nourrit l'histoire personnelle et transgénérationnelle.

    L'enfant qu'il fût dessina par intuition (la part d'inné en soi) le premier, un reflet numineux de ce qui allait devenir plus tard, la trame de cet album : l'histoire mythique et poétique de Saminia et de Saurias.

    Pour l'auteur Étienne Appert, le dessin est de l'écriture augmentée et l'on perçoit ici mieux sa puissance évocatrice avec les autres archétypes qui parsèment l'ouvrage. Évoquons notamment la rivière d'encre, le miroir des projections, le visage sans forme, la brèche dans les murs de la prison ou encore la sphère lumineuse recouverte d'images en périphéries (le Soi)...

     

    Autre point important Etienne Appert (un des membres du collectif Ciel Blanc, auteur et coordinateur du projet CD/DVD "Hépaïstos, le coeur du monde") prend la route des grands créateurs du 9ème art (François Boucq et Edmond Baudouin lui font d'ailleurs un clin d'oeil graphique) intégrant l'autobio-graphie dans un concept plus vaste et symbolique à souhait, une forme de cheminement initiatique dans laquelle chacun peut se projeter et se retrouver. Ce voyage intérieur rappelle (toute proportion gardée) celui d'un pionnier de la psychologie analytique, Carl Gustav Jung, qui développa la technique de l'imagination active proche d'une rêverie consciente et s'en servi pour rédiger le fabuleux livre rouge. On imagine aisément que la psyché d'un dessinateur né convertisse les pensées en images sur l'écran de son imaginaire, sans doute pour mieux intégrer son ombre, concept cher au psychanalyste zurichois.

    L'auteur s'est trouvé (9 ans, une naissance, pour la réalisation de l’œuvre) personnellement avant d'accoucher de cette œuvre authentique et sincère, comme la liberté du trait qui s'est imposée à lui après avoir évité les écueils d'une œuvre trop auto-centrée. Il a fait sienne et a intégré dans une forme de maturation, cette réflexion intériorisée de F. Boucq sur le sens du trait originel : "libre à celui qui pratique le dessin de se réaffilier au chemin vers le centre de la roue de la vie".

    Étienne Appert a puisé à la source du mythe, du conte traditionnel ou de l'expérience chamanique pour mettre son histoire personnelle (celle de son arrière grand-père notamment) en perspective et renaître avec un regard neuf sur son art : "tout portrait est un autoportrait car tous les êtres humains sont en moi et en chacun...". Un futur classique du 9ème art.

     

  • Les plutériens, un spectacle bien vivant !

     

    Les Plutériens est un spectacle à collaborations multiples. Charles Pennequin, auteur-poète lillois a écrit un livret pour l'Arfi (un collectif de musique jazz et improvisée basé sur Lyon) qui souhaitait de longue date jouer un opéra, à son image, déjanté. Spirito, le chœur de chambre professionnel dirigé par Nicole Corti est venu donner de la voix et du féminin (elles sont 8 sur scène) au sein de cet "opéra-space" dont deux solistes-acteurs (Marie Nachury et Antoine Läng) sont les personnages principaux...ainsi que Cantos, la machine qui voulait devenir humaine.

    Les plutériens,Charles Pennequin,Arfi,Spirito,Nicole Corti,Guillaume Bailliart,Marie Nachury,Antoine Läng,Xavier Garcia,Julie Ricassé,Romain Nicolas,Gaspard Gauthier,Martin Barré,Elvire Tapie,Coline Galeazzi,Théatre de la renaissance,Nuits de Fourvière 2019Guillaume Baillard, jeune metteur en scène, a su fédérer, temporiser et faire jouer ces joyeux drilles en apportant des outils scénographiques pour décomplexifier la trame narrative.

    Un projet ambitieux donc, estampillé "Nuits de fourvière" et qui suscita l'engouement de tous les acteurs engagés. Le résultat est assez novateur, parfois dérangeant, presque punk dans l'esprit.

    L'histoire emprunte les codes de la science fiction (avec de savoureuses références aux films du genre) tout en jouant avec pour le coté décalé. De même, la partition musicale s'affranchit, pour le coup, des règles de l'opéra pour proposer une lecture à la fois collective et individuelle (ils sont 11 dont 2 batteurs sur scène du collectif ARFI) de l’œuvre toute en apesanteur.

    Le spectacle est total, sur scène et dans la salle et se joue du temps par la richesse de sa proposition. On peut vite être débordé par le voyage, sans repères et avec les décibels parfois élevés, mais la théâtralité ajoute de l'humour, de la dérision et du recul pour ce projet qui se veut tout sauf élitiste, prétentieux ou je je-m’en-foutiste. Au bout des deux heures, un vaisseau bien sonore, car humain, a traversé le silence de l'espace !

    Choeur a rencontré Nicole Corti, Guillaume Baillard,  et Guillaume Grenard, trompettiste et membre de l'ARFI, à la sortie du spectacle joué au Théâtre de la Renaissance (en partenariat avec les Nuits de Fourvière). Un audio de 10 minutes :

    podcast

     

  • Hardies, les bergères guerrières !

    À l'occasion du Lyon BD festival , Chœur a décidé de lancer un cycle sur les pépites de la bande dessinée. Et puisque l'exposition imaginée par Sandrine Deloffre (coordinatrice du festival) intitulée Badass, les héroïnes de la bande dessinée jeunesse, nous a bien plu, nous nous en inspirons...

    les bergères guerrières,tome 1 la relève,tome 2 la menace,amélie fléchais,jonathan garnier,glénat,lyon bd festival 2019,sandrine deloffre,badass les héroïnes de la bande dessinée jeunesseLes Bergères Guerrières (Glénat) de Jonathan Garnier (scénario) et Amélie Fléchais (dessin)

    Voici Molly,  lointaine cousine de Mérida (dans le dessin animé Rebelle) par sa chevelure, sa détermination et peut-être son origine géographique. La jeune fille rousse rêve de devenir une bergère guerrière, un ordre inventé par les femmes, pour les femmes afin de défendre leur village. Ici les filles manient l'arc et les flèches et les garçons gardent les bêtes, tout en rêvant de revêtir à leur tour la cape des Bergères Guerrières. Chaque recrue possède un bouc, équivalent d'un cheval, avec qui elles s'entrainent. 

    "J'ai toujours été prête, je suis née prête", explique Molly à sa mère. Les lectrices aussi sont "nées prêtes" pour rencontrer enfin une héroïne qui les représente. Les garçons peuvent aussi s'identifier sans problème à Molly ou Liam, son grand ami. Quand aux adultes, à eux de rattraper leur retard en entrant dans l'univers d'Amélie Fléchais et Jonathan Garnier. Le village, la lande verte, les bergeries, la mer déchainée, la terre sacrée, le massif des griffes noires ou encore l'île des sorciers: de quoi partir à l'aventure vers des paysages colorés, avec des personnages au caractère bien trempé et aux traits expressifs, sans oublier la bouille des animaux et autres créatures imaginaires. Le scénario est très drôle et rythmé, avec de belles trouvailles tant dans les dialogues que les dessins. Vivement la suite des aventures des Bergères Guerrières !

    Le tome 1: La relève  et le tome 2: La menace sont déjà sortis, le tome 3 devrait sortir le 25 septembre prochain !

    Crédit photo: glenat.com