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Littérature - Page 9

  • Perséphone sonne à ta porte

    mon beau grimoire,chrysostome gourio,collection hanté,casterman,octobre 2021,halloweenSous les capuches, la lumière pâle donne aux visages des allures de crânes et, à l’extérieur, la pluie s’abat sur les vitres dans un étourdissant fracas.

    Octobre est entamé ! Vous avez moins d’un mois avant de vous trouver un costume à faire pâlir un mort. Halloween, ça vous dit quelque chose ? Mais si ! C’ est le temps des citrouilles tueuses, des potions empoisonnées et des sorcières des cimetières ! Soyez prêt à vous planquer derrière un chaudron de bonbons visqueux car l’heure de la vengeance a sonné pour Perséphone, échappée du livre Mon beau grimoire de Chrysostome Gourio collection Hanté des éditions Casterman. (Grincement de porte)

    Sorcière, Sorcière, Tu vas nous laisser faire !  Sorcière, Sorcière, Ou tu vivras un enfer !

    Perséphone, élève de 6ème, est harcelée au collège par les trois K alias trois garçons de sa classe qui « Kiffent » se moquer des sorcières. Oui, parce que selon eux c’en est une ! Au lieu d’avoir peur d’elle, ils s’amusent à l’effrayer, voir à profiter de la jeune fille. Perséphone a peur de l’avouer à Nathalène sa seule amie. Les garçons continuent donc leur petit manège. Et si c’était vraiment une sorcière, ne devraient-ils pas plutôt s’en méfier ? De toute façon, il faut toujours faire attention avec une fille acculée. Persécuter quelqu’un n’est ni anodin ni sans risque de retour à l’envoyeur … (Bruit de molosse affamé)

    Parce que mon père est le gardien du cimetière et qu’on habite en plein milieu. On a une grande maison et un super jardin, entourés de milliers de tombes.

    On frisonne, on rit, on s’offusque, on ne voudrait pas être happé dans cette histoire, mais c’est trop tard, on l’est quand même. On aimerait éviter d’être hypnotisé alors on ferme les yeux. On ne peut plus lire, il faut les rouvrir. Le grimoire nous attend patiemment, telle une araignée ou comme Perséphone et son chat Hadès. Un peu de courage, bon sang ! (Rire de sorcière amère)

    Au loin, elle entend un rire. Infernal. Épouvantable. Une victoire. Et elle aperçoit, dans les nuées, une silhouette sombre qui écarte les bras en signe de bienvenue.

    Un petit livre réservé aux fans d’horreur qui aiment lire des bouquins hantés à la bougie le soir d’Halloween en sirotant un cocktail grenadine-tomate-rouge-sang bien sûr. C’est à partir de 12 ans, pour les plus téméraires. (Miaulement de chat-zombie)

    Image: Éditions Casterman

  • A peindre l'âme

    "Mon cœur s'est ouvert...assez pour que de cette brèche s'écoule un flux de réminiscences, un accéléré de souvenirs, liés les uns aux autres, comme les perles d'un collier  Je me suis vue plus jeune..., à divers âges de ma vie, et j'ai compris, sans corps, sans cerveau, sans pensées, depuis un moi plus vaste que moi-même, que tout ce vécu n'avait pas eu d'autre but que de me conduire à cet endroit précis du monde". (p.158)

     

    barillé.jpgDesclée de Brouwer publie le 6 Octobre "Sur les pas de Shiva" d'Élisabeth Barillé, dans sa collection prestige "arpenter le sacré" à destination des voyageurs en quête de sens.
    De ce livre sous titré "en Inde dans la lumière d'Arunachala", on ne sait s'il s'agit d'une commande éditoriale (une part de romancé auquel cas) mais l'écrivaine qui est coutumière de ce pays, nous le restitue brut d'un regard dessillé, sans illusions sur les projections d'un passif spirituel glorieux ou fantasmé (les nombreux éveillés du siècle passé notamment) et dont il reste des bribes de souvenirs propices à l'émerveillement, chez les autochtones.
    Pour Elisabeth Barillé l'exercice est prétexte à l'évocation de son identité et de ses racines chrétiennes (russe orthodoxe par sa mère), de ses itinérances et de sa quête spirituelle à vouloir toucher l'essence même du noyau humain.
    C'est donc aussi en parallèle de l'aventure hindoue du Père Henri Le Saux qu'elle situe ce nouveau voyage, centré sur et autour de la montagne Arunachala qu'elle va explorer sous tous les angles. Mont à l'aura mythique et empreint de vénération , le "Seigneur Shiva même" pour Ramana Maharshi (1879- 1950), le dernier grand éveillé au regard infini, éternel, Amoureux, dont une multitude vint à sa rencontre au sein même de la roche sacrée pour recevoir le darshan ou vision contemplative.
    La baroudeuse au style délicat, raffiné et  riche en couleurs dresse également de façon subtile un abécédaire complet du vocable indien inhérent à leur spiritualité, "où tout conspire à la transe, l'égarement, la dissolution".
    On se demande si au final cet ultime foot-trip, condensé de toutes (s)ces empreintes relatives au lieu et à la culture, sera bénéfique et salvateur pour celle qui se passionne et se questionne sur l'identité ultime, cette conscience que l'on dit demeurer malgré la mort physique, qui n'est donc pas liée au corps-mental et irradie de lumière les regards ténébreux. La révélation nous tient en haleine jusqu'à la dernière ligne.
    Un livre intimiste, prenant, synthétique sur l'Inde spirituelle et porteur d'un souffle retrouvé là-bas.

     

    "Je n'oublie pas le Christ, comment le pourrais-je ? Sa venue, son don, sa présence, son mystère m'offrent une planche d'intime salut qu'il n'appartient pas à la raison de renier. Pour embrasser quel autre mystère ? Le Christ m'offre une demeure si vaste que je peux y loger le monde". (p.47)

     

  • Le garçon qui devait s'affirmer

    Le garçon qui ne voulait pas parler, Cassandra O'Donnell, Flammarion Jeunesse, septembre 2021, harcelement, mutismeAsante grommelle intérieurement en saisisant le verre et le porte lentement à ses lèvres. Sa mère l’observe, attend quelques secondes qu’il se mette soudainement à parler, puis, comme tous les matins, pousse un gros soupir déçu.

    Asante ne s’exprime pas. Pour quoi faire puisque les autres le font pour lui ? Pas besoin d’ouvrir la bouche pour comprendre les cours ni pour jouer au foot avec Jordan et Karim ses potes de toujours. Même avec sa mère, qui est seule à l’élever, il suffit d’obéir sans broncher. En sixième tout le monde le sait et personne n’y fait plus attention. Seulement dans le roman Le garçon qui ne voulait pas parler écrit par Cassandra O’Donnell et édité par Flammarion Jeunesse, l’arrivée de Morgane va tout chambouler.

    Toutes les têtes se tourne vers elle. Asante entend quelques élèves murmurer : - Elle a regardé Google ? - Elle se prend pour une prof ? - Elle veut participer à Question pour un champion ou quoi ?

    Elle est une nouvelle voisine qui vient d’emménager, ne connaît personne au collège et a atterrit dans la même sixième que lui. Morgane est brillante, Morgane est souriante, Morgane porte des pulls démodés. Bref, pour les gens de la classe, cette fille est bizarre. Ils ne manquent pas de lui rappeler et se moquer d’elle devient le jeu favoris des élèves. Asante ne dis rien, comme toujours, et pourtant il n’en pense pas moins. Mais que se passe t-il dans sa tête exactement ? Quel avis a-t-il sur Morgane ? Que perçoit-il de la situation ? Cela reste un mystère puisqu’Asante n’ouvre plus la bouche depuis longtemps. Pourtant ne serait-il pas temps de s’exprimer dans cette histoire ? De faire un pas vers l’autre ?

    - C’est toi qui ne parle pas et c’est moi qui suis bizarre ? Rigole Morgane en lisant sa réponse.  « Moi c’est pas pareil, j’ai une excuse », écrit-il avec humour.

    Dans ce court roman, pour les 10-13 ans, Cassandra O’Donnell aborde subtilement les thématiques du harcèlement, des traumatismes de l’enfance et de l’affirmation de soi à l’adolescence. Appartenir à un groupe est souvent plus important que de défendre sa propre opinion, sans doute pour éviter de se retrouver comme Morgane, rejetée. En effet, tout à chacun peut devenir harceleur ou harcelé sans forcément de raison apparente autre que sa place au sein d’une classe ou d’un collectif.

    Ce livre peut donc servir de base à une réflexion au collège avec des élèves. Il est d’autant plus d’actualité qu’il y est question des réseaux sociaux, notamment snapchat, du droit à l’image* puis à la vie privée que les enfants ne connaissent pas et qui reste, encore aujourd’hui, assez flou pour les adultes. Malgré un ou deux clichés sur la banlieue et ses habitants ce roman est à découvrir pour les futurs et les nouveaux collégiens ainsi que leurs familles.

    *On ne peut diffuser la photo d’une personne sans son autorisation sur Internet, que l’on soit à l’origine du cliché ou qu’on le partage. Toute personne dont la vie privée est exposée sur Internet sans son consentement peut obtenir réparation du préjudice subi et demander le retrait immédiat du contenu diffusé.

    Image : Flammarion Jeunesse

  • Eden, fille sans amarres

    Eden, fille de personne, Marie Collet, actes sud junior, septembre 2021, adoptionPlusieurs existences dans une seule. Toutes ratées. Celle que je vivais depuis deux ans était la pire. Et je l’avais bien méritée.

    Ce qu’elle préfère ? Parler avec Michelle Obama et Léonardo Di Caprio, ses parents imaginaires. Ils ont toujours de bons conseils et ne la lâcheront jamais, eux. Pas comme les nombreux parents adoptifs d’Eden, fille de personne, l’héroïne du nouveau roman de Marie Collet aux éditions Actes Sud junior.

    J’avais senti ma chance d’habiter dans un cadre aussi splendide, entre cette terre chaude et ce lac rafraîchissant. Avec ma famille.

    L’histoire de l’adolescente de 16 ans, vivant désormais dans un foyer social est sombre et désespérante. Le lecteur se demande par quel miracle elle tient encore debout dans une Amérique qui autorise les réadoptions comme on échangerait un pantalon trop grand. Hypersensible, nous aurions presque envie de refermer le livre de peur que l’atmosphère s’épaississe encore. Oui, mais, voilà, quelque chose nous retient. Est-ce une curiosité malsaine, un besoin d’être rassuré sur son avenir, de ne pas croire à la malchance éternelle ou l’écriture fluide de l’auteur qui tient en haleine ?

    Ses yeux étaient cernés et surmontés de longs cils si noirs qu’ils semblaient maquillés. Son nez était retroussé, son profil loin d’être parfait. Sauf pour moi.

    Et puis si personne ne s’attache à cette fille paumée, en colère contre ce monde injuste, nous, on ne peut pas s’en détacher. Et on fait bien car Eden trouve petit à petit des éclaircies sur sa route. Une manière de rappeler que même dans la souffrance la plus profonde, quelqu’un ou quelque chose peut nous aider à remonter la pente. Un nouvel ami peut toujours surgir au bord du chemin au moment le plus inattendu. L’auteure ne se départit jamais d’une bonne dose d’humour qui dédramatise les situations.

    - Appelle-nous James et Karen. Pas de chichis entre nous, tu nous tutoies, d’accord ? Il me parlait comme si on se connaissait depuis longtemps. Il était naturel et je l’enviais d’être si simplement lui-même.

    Un roman qui ne laisse pas indemne et nous donne envie d’adopter deux chiens et quatre chats sitôt refermé.

    À partir de 14 ans

    Image: Actes Sud Junior

  • Disparition rébellion

    Sable bleu, Yves Grevet, Syros, août 2021«- On peut m’expliquer ce qui se passe ? Demande ma mère d’un air agacé. Je voulais prendre mon traitement mais la boite a disparu. »

    Plus de pétrole, plus de charbon, plus de produits chimiques, à première vue le monde dans lequel vit Tess fait plutôt rêver. Sauf que, dans Sable bleu, nouveau roman d’Yves Grevet chez Syros, ces phénomènes ne viennent pas de la prise de conscience des humains mais d’évènements étranges qui se produisent simultanément. « Maladie du pétrole », charbon inutilisable et médicaments qui disparaissent du jour au lendemain dans des pharmacies ou chez des particuliers dans tous les coins de la planète. Les autorités sont persuadées que c’est un coup de ces jeunes écolos de « Planet Reboot » considérés comme les nouveaux terroristes par les gouvernements. Manque de pot pour Tess, la jeune fille milite au sein du mouvement depuis son entrée au lycée et intrigue les policiers. De fait l’adolescente ne se sent pas très bien depuis quelques temps, ressent d’étranges sensations, est la proie de visions dont elle n’ose pas parler.

    Et moi, de mon côté, qu’est-ce que je fais avec ce que j’ai vécu cette nuit ? Avec qui puis-je partager mon expérience sans passer pour une mythomane ?

    Ceci n’est pas une dystopie mais plutôt une utopie. Dans ce roman la nature va mieux, les humains n’ont plus besoin de tranquillisant et l’amour empreigne chaque page. Pourtant quelque chose se trame sur cette planète et des jeunes gens commencent à disparaître. Difficile de savoir jusqu’à la dernière page si ce qui arrive est une bonne ou une mauvaise chose. On suit Tess, avec joie et appréhension, dans son cheminement. Cette héroïne nous réconforte et donne l’espoir d’un monde meilleur. Ici la protection de la nature va de pair avec l’entraide, l’acceptation de l’autre, l’adaptation et le combat pour la vérité. L’auteur aborde aussi, toujours subtilement, les questions de légitimité et de radicalité dans la sauvegarde de la planète, le retour à l’agriculture « saine », pas toujours facile mais aussi la difficulté d’être différent (homo, adopté, hypersensible, etc.) dans une société trop rigide.

    « Et bien … Ils observent tous, depuis plusieurs mois, une très nette diminution de la pollution de l’eau de mer par les plastiques ! Le combat n’est pas encore gagné mais l’amélioration est spectaculaire. »

    Les personnages d’Yves Grevet, sont tous singuliers et attachants, la science-fiction flirte avec le réel et le livre, passionnant, se lit d’une traite. Adolescents et adultes peuvent aisément s’y retrouver et y puiser des idées pour le monde de demain. Bref, ça fait du bien !

    Image: Éditions Syros

  • La hiero-histoire de France

    Coran 16,2 : "Lui qui fait descendre des anges avec l'Esprit, de Sa sphère sur celui qu'Il veut parmi Ses adorateurs : "Donnez l'alarme : il n'est de Dieu que Moi ; prémunissez-vous donc envers Moi !"" (Trad. J. Berque)

     

    "Oui, tout est consommé de la vie antérieure, de mes combats politiques, de mes œuvres polémiques. Reste ceci : comme j'étais agenouillé auprès du Saint, la tête dans ses draps, il posa sa main sur mon crâne. Une vive et délicieuse brûlure  s'empara de moi tandis qu'une voix très douce descendit dans mon être : "le plus court chemin vers le divin est l'humain." (p.286)

     

    l'ile d'or.jpgRoman testament que l'Île d'or de Henry Bonnier (21.02.1932/14.04.2021) paru chez Erick Bonnier éditions.
    Note finale pleine de foi et d'espérance, après son autobiographie "nuits de lumière" (2018), une vie sociale richement menée (écrivain, critique, directeur de maisons d'éditions), une vie intérieure sous le signe de l'ouverture et de la vision pacifiée. Ami d'André Chouraqui ("un prophète parmi nous"), initié à l'Amour par Catherine Delorme, seule européenne portant le titre honorifique soufi de "connaissant(e) par Dieu", amoureux du Maroc et de la France, de leurs cultures et civilisations, il voyait à l'instar d'un Louis Massignon, le Christ Jésus comme le rédempteur de l'humanité et sa parousie proche.

    Dans ce roman, son personnage phare Louis Chaumeil, chancelier de l'Institut de France et proche du Président Macron va subir en quelque sorte une métanoïa tardive, fraîchement décoré de la grande-croix de l'ordre de la légion d'honneur, en se rendant en des contrées marocaines sur l'île d'or, une ziggourat entourée de verdure, pour suivre un séminaire à l'initiative d'une confrérie soufie.
    Les rencontres (Le docteur Soulier, Sidi Achraf, Nour, frère Damien, le Saint) , la teneur et le niveau des conférences (l'ADN cosmique, le rapprochement de la science et de la Religion révélée...) lui ouvriront l'âme à une dimension spirituelle de l'Histoire qui mettra à mort en lui le "vieil homme" éduqué dans l'esprit des lumières et fervent défenseur agnostique de la laïcité française, soit le système actuellement dominant.
    Mélange de fiction et de réalité (l'île d'or n'existe que dans l'imaginal comme l'Atlantide d'ailleurs), cette fable n'est que prétexte convenu pour espérer toucher quelques consciences influentes et provoquer un effet boule de neige en se souvenant du rôle primordial de la France sur l'échiquier des temps derniers.
    On voyage à travers l'histoire sainte des rois de France jusqu'à la révolution, en parallèle avec le royaume de droit divin bâti et prolongé par Mahomet au Maghreb, on se remémore les visites symboliques de François d'Assise et du sultan Al-Khamil il y a 8 siècles, celle plus récente du pape François et du grand Imam d'Al-Azhar en 2019.
    Et l'on rêve d'une union des religions révélées autour de la figure de Jésus, le liant, qui passe par une réinterprétation du fameux verset 4,157 du Coran sur sa crucifixion fantôme ; un souhait d'unité également entre musulmans de tous bords et avec leurs frères juifs et chrétiens.

    Homme de concorde et de paix, non pas au-dessus des dogmes mais dans l'esprit de la révélation, Henry Bonnier nous lègue un dernier texte humaniste, empreint de cœur, de sensualité et d'envie, à l'image de l'Homme nouveau. Saisirons-nous le message à temps ?

     

  • Du silence éclot le Verbe

    "Pendant ce temps les justes abandonnés dans le désert tiennent ferme, malgré leur propre désarroi et leurs heures d'agonie dans la nuit du néant...leur souci premier reste en permanence d'aider ce Dieu démuni, de consoler ce Dieu répudié, de lui trouver de nouveaux abris : l'innombrable cœur humain. Car celles et ceux qui se tiennent à genoux au profond de leur être dépouillé à l'unisson de Dieu, sentent bien que ce Dieu souffre d'être rejeté par tant de ses enfants fugueurs, rebelles, voleurs et fratricides"...(p.101)


    9782226454324-j(1).jpgAlbin Michel réédite dans sa collection poche "espaces libres" un court essai de Sylvie Germain initialement paru en 2006 : les échos du silence.
    L'autrice sonde le silence de Dieu, plus particulièrement dans ces décennies passées, sur le théâtre du monde et en soi.
    Elle convoque aussi la Bible, Job bien évidemment, Élie et Jésus mais aussi plus proche de nous la poésie littéraire avec les personnages de Shakespeare, le moins connu Paul Célan, ou encore les mystiques Thérèse de Lisieux et Etty Hillesum.
    Sa réflexion-méditation suit une logique de renoncement-effacement du Créateur. D'abord le "tsimtsoum" ou retrait de Dieu de Sa création pour en couronner ses créatures et en faire des êtres libres et autonomes. Puis l'impuissance de ce dieu "désarmé" presque mendiant une place dans les cœurs où sa présence n'est plus, qu'il est louable d'aider avant qu'Il ne s'oublie soi-même.
    Sylvie Germain scrute les signes laissés ça ou là par écrits, tente une synthèse  pour mieux déjouer un silence que l'on sent en elle pesant, lourd de questionnements sur la qualité d'amour que l'on est susceptible de LUI donner, sans souvent ne rien attendre en retour.
    "Les échos du silence" c'est un verbe qui se cherche, qui se fait poétique parfois, léché et érudit, en quête de beauté esthétique. Une écriture qui ne manque pas de souffle et de vérité mais qui ne trouve pas de réponse en soi, qui n'étanche pas notre soif de co-naissance. La relation (à dieu) ne semble pas s'être véritablement nouée sans quoi des trésors de paroles seraient entendues et retranscrites de facto pour clamer qu'à jamais le verbe se fait chair ici-bas et que le silence n'est d'or que pour les nantis de preuve, afin de garder le mystère éclairant intact.
    Un livre personnel, intime, qui laisse transparaître une souffrance ou incompréhension sourde à travers ses lignes, celle-là même qui peut confiner à l'universel pour tous ceux qui doutent de l'existence en soi du Vivant, Source inépuisable de réconfort.