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Littérature - Page 11

  • Au delà des noix de Coco

    Corentino, Benjamin Lesage, Editions courtes et longues, mai 2021, Colombie, immigration, noix de coco« Il me racontait comment il était venu ici, il avait parcouru toutes les Caraïbes, toutes, toutes les ïles, tu sais combien d’îles il y a dans les Caraïbes ? Il me disait. Je disais non, bien sûr. Sept mille il disait, et tu sais combien de plages, de criques comme celle-là ? Je disais non encore. Des millions il disait, des millions de criques, et parmi toutes, c’est celle-là que j’ai choisie ».

    Après les étoiles qui meurent dans le ciel, c’est le nouveau roman de Benjamin Lesage aux Éditions courtes et longues : Corentino.

    Il ne veut pas fuir la guerre, ni des trafiquants. Corentino n’est pas seul au monde, ne travaille pas dans des mines et n’est pas exploité par la mafia. Pourtant, il veut partir, découvrir le monde et surtout Paris d’où est originaire son grand-père. Le jeune Colombien rêve d’autre chose que ses arbres à noix de coco à perte de vue dans lesquels il grimpe pour rapporter de l’argent à sa famille. Celle-là même qui a fondé cette exploitation de cocotiers. Cette idée vient de son grand-père, toujours lui. S’il a réussi à venir jusqu’en Colombie, à s’installer et a fonder Milcoco sur une large plage déserte, pourquoi son petit-fils ne pourrait pas faire de même ? Le chemin inverse en somme. Sauf qu’ici les gamins savent tous qu’ils reprendront le travail de leur père, y'a pas à discuter. Et avec le padre de Corentino, encore moins la peine d’en parler. D’ailleurs ils ne communiquent pas ou presque.

    « Le père ravale ses mots, son visage s’est fermé, ses joues flasques se sont tendues, ses mains sont fermement accrochées au volant. Corentino se penche par la fenêtre, il regarde les voitures qui circulent lentement sur l’avenue surchargée, les fondas sur le bord de la route, les talacherias avec des dizaines de pneus entassés devant les portes, […] Au loin les tours de Carthagène, ils arriveront bientôt ».

    L’adolescent nous entraîne dans son histoire insensée. Un roman prenant pour les lecteurs qui doivent se dire : Quelle imagination de la part de l’auteur. Oui et non puisque Benjamin Lesage s’inspire d’une histoire vraie, et ça paraît encore plus incroyable ! N’attendez pas de révélation dans cette chronique sur ce que va vivre Corentino et de quelle manière ceci est arrivé jusqu’aux oreilles de l’auteur. Allez, laissez-vous glisser dans le quotidien de Milcoco, pas loin de Carthagène en Colombie. Benjamin Lesage lève le voile sur un pays peu décrit dans les romans ados. De même, il n’ est pas question des FARCS ou d’histoire de drogue qui colle généralement à la peau de la Colombie. Quand au parcours d’émigration, il est assez inhabituel et évite les clichés du genre tout en montrant l’envers du décor.

    A la fin du roman, on a juste envie de connaître la suite, de discuter avec Corentino autour d’un bon jus de coco … ou pas !

    Image: Editions courtes et longues

  • Un oasis plus vrai que nature

     

    READY_PLAYER_TWO_poster.pngWade et ses amis sont de retour pour une nouvelle aventure romanesque aussi haletante mais plus riche, complexe et contraignante dans ce "Ready player two" imaginé par le très entouré Ernest Cline et paru chez Michel Lafon.
    Auréolé de son succès planétaire avec le carton du premier tome et son adaptation cinématographique signée Steven Spielberg, il démontre avec brio par cette digne suite réussie qu'il n'a rien perdu de sa créativité narrative.
    La lecture s'apparente à une connexion matricielle virtuelle et visuelle à l'Oasis mais donne aussi accès au monde organique fou, fantasque et délirant auquel Ernest Cline est relié.
    Wade WATTS, son alter ego, est désormais riche et célèbre. Il a non seulement hérité de la fortune, maison et empire de James Halliday en résolvant l'énigme de l'Oasis (une plateforme d'edutainment virtuelle mondiale) mais il a surtout décidé avec ses acolytes associés (Shoto, Aech, Art3mis), de commercialiser le premier casque immersif (première interface cerveau-ordinateur non invasive) légué et conçu par Halliday avant sa mort.
    L'humanité est plongée depuis en majorité dans ce monde plus vrai des avatars et de la réalité augmentée, au sein duquel une nouvelle quête occupe le temps, retrouver les 7 fragments de l'âme de la muse d'Oasis, Kira, femme du meilleur ami du créateur (Og), en vue de ressusciter son esprit digital. Une contrainte temporelle s'ajoute à cette nouvelle quête quand l'IA d'Halliday, Anorak, menace d'exterminer les gamers si on ne lui restitue pas ces fragments à temps.
    L'auteur propose une exploration totale et déjantée, sur fond d'énigmes à déjouer, de sept mondes inspirés de la pop culture geek d'avant le 21eme siècle où tout est enregistré avec netteté, précision (souci du détail), émerveillement et profond respect. On passe d'un jeu vidéo vintage à l'univers mythique de Prince (le paradis des fans, très drôle) en survolant la culture télé éducative des années 80, l'univers de Tolkien ou le cinéma de John Hugues (la folle journée de Ferris bueller, maman j'ai raté l'avion...).
    Le roman pèse le danger et les atouts de la technologie numérique : le casque ONI s'il permet de se mettre et de vivre une expérience sensorielle totale dans la peau d'autrui (le corps physique peut "hiberner" 12 heures au maximum avant séquelles) souffre de failles sécuritaires et peut mettre en danger mortel ses millions d'utilisateurs. De même pour l'intelligence artificielle qui peut rendre un esprit éternel (souvenirs, caractère, aspect physique...) et augmenté mais aussi provoquer sa rébellion comme l'ont dénoncé de.nombreux films de SF.
    Cette idée d'un monde parallèle subtile et aux ressources infinies rejoint celui commun à toute métaphysique où l'esprit flirte avec l'immortalité. Ce temps et ce monde est celui de l'éternel présent où tout est possible, vivant, connecté. Pour retrouver son âme de guerrier intrépide et séduisant ainsi que son esprit enfantin, curieux de tout et intuitif, il est bon de trouver et de se connecter à la Source, qui de tout temps aura fait couler beaucoup d'encre et dont Ernest Cline connait apparemment le chemin.

     

  • Entre montagnes et sirènes

    ce qu'il y a entre le ciel et les montagnes,jean-charles berthier,actes sud junior,avril 2021,orques,résidentes du sud,nomadland,chloé zhao« C’est vrai qu’on riait plus fort qu’eux, parfois. Je savais qu’ils parlaient de nous entre eux, qu’ils nous trouvaient bizarres. Qu’ils se rassurent, eux aussi étaient bizarres pour moi. D’après Maman, chacun d’entre nous est le bizarre de quelqu’un  ».

    Partir à l’autre bout du pays, en famille, Grand-père compris, avec les montagnes puis l’océan pour horizon, sans contrainte de temps (ou presque) à respecter, sacrément gonflé voir frustrant en ces temps de pandémie. À moins que l’auteur ait eu l’idée de cette épopée en Wesfalia en rêvant de grands espaces. Jean-Charles Berthier a réussi son coup puisque rien que le titre Ce qu’il y a entre le ciel et les montagnes, chez Actes Sud junior, donne déjà envie d’aller s’aérer la tête, de plonger dans un lac revigorant et de regarder les oiseaux passer au-dessus de nos têtes. Bon, sauf qu’il n’est pas vraiment question de volatile dans ce roman mais plutôt d’orques. Énormes mammifères marins noirs et blancs qui ont longtemps été des attractions dans des parcs aquatiques pas vraiment à leur taille. Ici, ces animaux sont à nouveaux libres mais sont-ils pour autant hors de danger ?

    « Les bassins étaient en place depuis pas mal d’années, mais y avait des gens pour dire que c’était pas juste. Qu’elles souffraient de rester ici, qu’elles partageaient avec nous des émotions que .. qu’nous autres on soupçonnait même pas ».

    Le voyage vers ces « monstres » ou « sirènes », ça dépend du point de vue, sert de prétexte à un rapprochement familial entre filles et mère, petite-fille et beau grand-père. Chacun fuit ou fait face à ses deuils, ses questionnements, ses rêves. Ellie, en pleine adolescence, s’interroge sur les gens autour d’elle et particulièrement son « Grandpa ». Lui cache-t-il des choses comme elle le fait elle-même avec sa petite sœur Tacha ? Pourquoi s’entend-t-elle mieux avec une fille qu’elle connaît à peine, à la vie si éloignée, qu’avec ses camarades de classe ? Le road trip modifie en profondeur les habitudes et croyances de cette équipée. Et c’est lorsque les personnages croisent des gens vivants toujours sur les routes, dont on n’entend jamais parler, que le roman fait écho au film Nomadland de Chloé Zhao (récompensé aux Oscars).

    « L‘un ou l’une, de temps en temps, se retournait pour surveiller les petits dans l’obscurité. Il y avait celui qui nourrissait le feu dès qu’il le réclamait, plus vite qu’on nourrit un bébé qui pleure. Car si le feu s’éteignait, quand il s’éteindrait, ce serait fini »

    Je ne peux vous en dire plus sans dévoiler les derniers rebondissements de l’aventure mais cela donne envie de réveiller l’ado fatigué qui sommeille en nous et de boucler ses valises pour … euh … le Canada peut-être … ou tout simplement l’océan Pacifique. Comment ça, c’est pas possible ? Heureusement, il reste tant de livres à parcourir pour découvrir le monde. Ce n’est certainement pas Jean-Charles Berthier qui dira le contraire.

    Image: Actes Sud Junior

  • Les mots du mystique

     

    mystique.jpg

    Les éditions Artège publient "Qu'est-ce qu'un mystique - quand Dieu devient évident" de Max Huot de Longchamp, un père spécialiste de ce type de littérature.
    C'est un court essai sans prétention que de compiler et synthétiser des passages écrits par des mystiques chrétiens de tous siècles passés (2ème partie) que l'auteur présente brièvement (le lexique de la 3ème partie) après avoir défini l'expérience mystique, ses caractéristiques et phases, ses formes et son fond christique (1ère partie).
    Il est vrai que le christianisme est une mystique en soi puisque l'union avec Dieu vécue et décrite dans les évangiles n'est l'apanage que d'un petit nombre d'élus en apparence semblables à tous mais avec un statut de co-créateur et de thaumaturge caché que perçoit l’œil aiguisé de l'esprit.
    Le choix des textes donne cependant à ces derniers un caractère précieux, presque élitiste alors qu'ils ne souhaitent en tout qu'annihiler leur propre volonté. L'auteur précise néanmoins en amont que le mystique est "
    obligé de dire l'indicible, de découvrir des virtualités cachées dans les mots, et de ce fait de leur donner une richesse qu'ils n'avaient pas encore" (p.24).
    On regrette cependant des références plus modernes (littérature, rap, cinéma) qui auraient démontré que la chaîne n'était pas rompue et que l'esprit Saint œuvre sans discontinuer auprès de croyants de tous bords.

    Leitmotiv de toute expérience mystique, le fait bien analysé par le
    Père Longchamp que cette dernière soit subite, réelle, gravée à vie et indicible. Chez les chrétiens elle est d'abord une rencontre, puis un apprivoisement et une cohabitation , enfin une "co-naissance", une présence lumineuse qui est vérité et autorité.
    Ce qui compte c'est de trouver la Source à laquelle s'abreuve le mystique, l'union à Dieu, la reliance.
    "
    L'expérience mystique est une prise de conscience particulièrement nette de la présence agissante de Dieu en qui elle se révèle" (p.20).
    Autant de textes que de preuves d'un possible en cette vie pour qui le peut car "
    l'union transformante", la perception nouvelle de la création, l'incarnation du christ en soi est, faut-il le rappeler, une vie donnée ?
    L'auteur décrit bien le processus à la fois direct (métanoïa) et la lente transformation dans le temps, des effets surnaturels du débuts à la contemplation en passant aussi par la nuit noire de l'âme avant son union avec Dieu, parfois avant la mort physique.
    Reste toutefois l'Idée que la mystique dans ses mots, est plus proche d'un texte comme le Cantique des cantiques que celui de l'Apocalypse or le rappel d'un temps qui nous est compté peut autant, voire plus, édifier qu'une union de l'âme à dieu. Rappeler que nous sommes mortels et que seul compte l'instant ne constitue t'il pas en effet l'essence du message mystique et prophétique ?

     

  • C'est l'heure de l'alerte verte

    Lancer l'alerte, Jean-Christophe Tixier, Rageot éditions, 2021, Heure Noire, La Traversée, Guilty « J’ai dit la vérité. Je serai soutenue. Il y a des nappes phréatiques dessous ! Et il y a toi, moi, et tous les habitants du coin qui buvons cette eau !  Ça ne pouvait plus durer. »

    Une usine qui emploie la moitié d’un village de montagne ; Nathalie, une chauffeure de camion-citerne, chargée de rejeter des déchets dangereux dans la nature ; César, son fils de 17 ans, qui sort avec Lou-Ann, la fille d’un des dirigeants. Rien ne semble troubler cette idylle jusqu’à ce que Nathalie dénonce le scandale en se filmant déversant les produits chimiques dans la campagne. La vidéo ne tarde pas à faire le tour du village, et bien au-delà. Voici Lancer l'alerte, le roman de Jean-Christophe Tixier réédité ce mois-ci en poche aux éditions Rageot.

    « Les phares accrochent le muret du jardin. Soudain, dans le faisceau lumineux s’affichent des insultes tracées à la peinture noire »

    Dans cet endroit isolé, où la délocalisation plane comme une menace diffuse, chacun devra prendre position, s’engager pour ses convictions ou se taire pour conserver son travail, son rang, ses amis ? Les deux adolescents, ainsi que leur ami Dramane, vont voir leur existence bouleversée, passant de l’insouciance de la jeunesse à la conscience écologique, par les multiples répercutions de leur engagement, quel qu’il soit. Leurs parents aussi devront assumer leurs actes. Les lanceuses et lanceurs d’alertes, ne sont pas forcément des héros, ils peuvent être adulés par une partie de la population comme menacés par leurs voisins, traînés en justice par les sociétés incriminés ou les pouvoirs publics.

    « Il la fixe d’un regard dur et froid. Le temps s’étire, puis il lâche dans un souffle : -  Laisse moi. Tu m’as attiré dans un piège ici ! Son accusation est un coup de fouet qui la cingle et la met K.O »

    Jean-Christophe Tixier, l’auteur, nous rappelle qu’il n’est pas toujours simple de rester en accord avec ses idéaux et ses principes. Entrer dans l’âge adulte, c’est aussi se demander comment et dans quel monde on veut vivre. Un thriller intense à mettre entre tous les mains, de l’adolescent au « boomer ». L’auteur, qui a reçu de nombreux prix, a l’habitude des romans policiers puisqu’il en a déjà publié plusieurs dans la collection Heure Noire. Il aime également éveiller la jeunesse aux problématiques actuelles comme avec son roman La Traversée sur le périple de Sam, de l’Afrique à l’Europe ou son récent Guilty sur la culpabilité et les réseaux sociaux.

    Image: Rageot éditions

  • Belles âmes

    old soul,nancy guibert,editions courtes et longues,2021,ferus,loups,canada,richard wagamese,bernard assiwini,elisabeth stewart,jean-françois chabas«Emâ, aucun ours brun n’est assez effrayant pour nous empêcher de défendre ceux qu’on aime. Je lis dans vos yeux que vous aussi, vous en avez un jour affronté un. Et que vous l’avez vaincu ».

    Réserve naturelle, forêt sauvage, meute de loups, grands espaces...Vous voici en Mauricie au Canada. C’est dans ce décor à la fois idyllique et effrayant que se déroule l’histoire. Celle de quatre personnes qui ne se connaissent pas mais ont toutes un point commun. Elles se sentent seules, incomprises, sont confrontées à une vie semée d’embûches et tentent tant bien que mal de réparer leurs cicatrices. Le nouveau roman de Nancy Guilbert, Old Soul aux Éditions Courtes et Longues a sa part d’ombres mais il est parcouru d’actes lumineux. Certains personnages font sciemment le mal et d’autres apportent foi en l’humanité. Quelques scènes sont terribles et les suivantes valent la peine d’être partagées, amplifiées. Les loups, magnifiquement décrits, paraissent dangereux et pourtant si solidaires envers ceux qui les protègent.

    « Après deux heures d’une course effrénée, je finis par m’effondrer au pied d’une souche d’arbre mort, en larmes. Je hurle ma colère et ma frustration, mes cris se perdent dans le fracas de l’écume qui frappe la roche de la rivière du loup ».

    Brindille, Will, Emâ et Mahikan, sont impressionnants de courage et offrent des ailes aux lecteurs. Ils donneraient presque envie de les rencontrer dans la vraie vie. Une petite fille lectrice compulsive, un infirmier au cœur débordant, une amoureuse des loups et un ado épris de liberté du peuple des Atikamekw (Premières Nations) . Chacun est si fort et fragile à la fois tout en inspirant le respect. Les bouffées d’angoisse qui montent à la gorge sont immédiatement remplacées par de l’oxygène pur et frais venu des forêts épaisses et froides du Québec. Le mal y est englouti sous des élans poétiques, des brassées d’amour et des dessins d’oiseaux libres. Les chants, distillés tout au long du roman, comblent les peines en rassemblant les humains et bêtes par delà les océans et les années.

    « Pete n’a rien dit, quand tu es enfin rentré chez vous avec une haleine de chacal et déguisé en homme des cavernes ? On s’est rencontré après et je ne le lui ai jamais avoué. On éclate de rire ».

    La liberté, la non-violence, la solidarité humaine et animale, le respect, la place des Premières Nations, la nature, la famille, le silence et la paix nourrissent la trame de ce roman qui porte si bien son nom. L’âme des lecteurs en sort enriche et apaisée. En refermant le livre, on a juste envie de dévorer les autres histoires de la romancière Nancy Guibert.

    Matikan, « le loup » du peuple des Atikamekw rappelle d’autres héros qui, comme lui, ont du mal à trouver leur place dans un monde d’ « hommes blancs» qui traite les habitants des premières Nations avec mépris (pour ne pas dire pire). L’histoire de Saul, de la nation Ojibwé, qui doit renoncer à ses traditions, dans Jeu blanc de Richard Wagamese, fait écho à celle de Matikan. L’auteur est lui-même ojibwé.

    Un jeune indien est accusé de meurtre dans Justice pour Louie Sam. Elisabeth Stewart s’est inspirée d’une histoire vraie pour écrire ce livre éclairant sur le statut des peuples premiers. Les rêves rouges de Jean-François Chabas se penche sur les légendes et croyances autochtones et nous raconte la vie de Lachlan et Daffodil près du lac Okanagan, toujours au Canada. Ici aussi la nature est essentielle et fait partie de l’histoire. Enfin Bernard Assiniwi (de la nation des Cris) retrace la naissance et la fin tragique des Béothuks, peuple disparu de Terre-Neuve dans la La saga des Béothuks.

    Image: Éditions courtes et longues

  • Un âmi pour la vie

     

    "Alors les cœurs de pierre deviennent des "cœurs de chair". Pain rompu, vie donnée : voilà Dieu, voilà l'homme vrai".( p.111)

    Cette espérance (mourir chrétien) c'est celle de la résurrection, une espérance qui dépasse les espoirs humains, car elle s'ouvre sur l'infini d'un amour promis. Promesse tenue”. (p.53)

    mon dieu.jpgOn oublie qu'on obéit à des lois, pour peu qu'on soit croyant, qui sont des grâces, quand on se (re) découvre chrétien. Ainsi de la résurrection de nos sentiments, de cette Présence qui nous accompagne, de la sensation d'être aimé ou encore du silence d'une conscience au sein du brouhaha quotidien...
    "
    Mon dieu c'est toi", paru chez Cerf éditions est une commande et une demande faite à soeur Pascale-dominique, dominicaine, pour se souvenir de Jésus, de son ministère public et de sa mort, lui qui fut accueilli des stigmatisés mais rejeté des nantis et sages ou religieux de profession (qui respectent la lettre plutôt que l'esprit). Ce Dieu désarmé qui ne solutionne rien mais communie à nos souffrances ou problématiques, agissant comme l'époux de l'humanité.
    La soeur au talent littéraire indéniable nous propose une relecture méditée des évangiles (et des passages de la Bible afférant au Christ) en treize chapitres dénués de grandiloquence ou d'emphase, emprunts de mots simples mais de poids, à l'image du sauveur discret mais que le monde a décidé de claironner haut et fort. Son style limpide coule de Source, en souffle et vérité de l'Incarnation vécue intimement dans le creuset du cœur (mais dieu est plus savant)
    La crudité des camps de concentration, le ban des jeunes désœuvrés, les miracles de la foi désintéressée à la très touristique Lourdes, autant d'exemples où l'Acte quasi sacré, le don, jaillit.  Ainsi les déserts spirituels, les situations de non-sens ou les voies sans issues questionnent ... Et tout a coup la lumière de la révélation, la métanoïa, le renversement des valeurs et croyances  Alors que l'on se croyait perdu, abandonné, survient l'aide, le sauvetage et l'élévation à une dignité, un rang céleste.
    A la lecture de ce petit livre, l'ego est presque transparent à l'évocation du christ en soi et à ses petits miracles du quotidien assumés : de l'émerveillement à la communion dans un élan de fraternité, de la force qui nous guide à l'intuition bienveillante... A chaque fois "c'est toi, mon dieu" qui se cachait encore et encore sous ce visage rayonnant, mais si discret pour ne pas effacer totalement l'humain et sa bonté, quand on saisit l'anse solide de l'amour, mort cent fois mais rené, comme au premier jour.