En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.
Dans Midi nous le dira, programmé au Théâtre de la Renaissance d'Oullins, Najda veut être footballeuse professionnelle. C'est son rêve depuis toujours malgré les déterminismes de genre ou les peurs liées au corps des femmes. Néanmoins sa branche féminine transgénérationnelle l'encourage à aller au bout de sa passion et à se réaliser malgré les poncifs. Pendant une heure l'actrice athlète du verbe et physiquement affûtée, Juliette Gharbi clame son envie en enregistrant une capsule temporelle pour son moi futur. Le texte de Joséphine Chaffin convoque les styles, les temps, les lexiques et, scandé dans une forme de transe (avec l'excellent et hypnotique accompagnement sonore d'Anna Cordonnier sur scène), parvient à saisir l'instant, le présent de tous les possibles. Avec Clément Carabédian, l'autrice propose une mise en scène minimaliste mais sonore qui sollicite l'imaginaire des sens, vision et ressenti. Plus qu'un manifeste féministe, un destin porté de vives voix et donc conscientisé. Entretien avec Joséphine Chaffin (Compagnie Superlune)à l'issue de la représentation du 25.11.22:
Midi nous le dira se joue mardi 29 et mercredi 30 novembre à l'espace St Marc à Lyon.
Dans Tout commence toujours par une histoire d'amour, Pauline Ribat livre une réflexion intéressante sur l'absence d'un parent ou d'un proche, vécue à différents âges de la vie. Sont convoqués l'imaginaire, le ressenti, l'émotion et le recul de la raison pour mettre des mots sur les maux qui ont constitué notre carapace et stratégie de survie, enfant, et qui nous accompagne dans un parcours de vie adolescent puis adulte. C'est Anna Bouguereau qui interprète seule sur scène, avec générosité, puissance et envie, le rôle de Mademoiselle R. écrit et composé à l'origine pour et par Pauline Ribat. L'énergie propre à chaque étape de la vie est particulièrement bien rendue et le kaléidoscope des souvenirs mis bout à bout opèrent un retournement et une compréhension nouvelle des évènements de l'enfance. Avec ce texte et première publication, une pierre est posée, une parole dévoilée et mûrie, un jalon planté pour un univers qui fait sens. Pauline Ribat arrive à rendre universel avec ce Soliloque autour d'une disparition, le processus de construction d'un Je, centre autonome et conscient de l'individu, une forme de naissance en soi.
Entretien avec Pauline Ribat du 14/10/2022 au Théâtre de la Renaissance (9 min) :
La mécanique du hasard, proposée par la compagnie Théâtre du Phare, est une libre adaptation hommage de Catherine Verlaguet (réécriture) et Olivier Letellier (mise en scène), du roman de l'américain Louis Sachar, Holes - Le passage (ou la morsure du lézard), un grand classique de la littérature jeunesse paru en 98. Sur scène deux jeunes acteurs, Fiona Chauvin et Guillaume Fafiotte, vont chacun incarner tous les personnages, peu importe leur genre, dans un voyage spatio-temporel à l'aide d'un frigidaire, principal élément scénographique. Le reste n'est qu'imaginaire et talent d'artistes. L'histoire est celle de la malédiction des Stanley Yelnats (palindrome), appelés ainsi depuis quatre générations et dont le bisaïeul n'honora pas un pacte de sorcellerie pour une histoire d'amour. Le récit principal se joue de nos jours quand le jeune Stanley, 4ème du nom est envoyé dans un camp de redressement au désert suite à un prétendu vol de chaussures. C'est là qu'il va rencontrer, en creusant un trou, de singuliers personnages dont l'étrange Zéro, avec lequel des blessures du passé vont se cicatriser. Des flashbacks mettront habilement en scène les histoires traumatiques des ancêtres. La pièce qui s'apparente à une quête initiatique, dure une heure et envoie du lourd, texte et engagement physique à l'appui. Elle est aussi une invite à l'investigation intérieure pour soigner son arbre généalogique. Tout (personnes et contextes) concoure à dénouer des situations conflictuelles, pourvu qu'on y croie. Presque 200 représentations pour cette petite pépite créée en 2018, qui est une leçon de justesse et la preuve qu'on peut intéresser une audience tout public avec un long texte savamment mis en scène. Fiona Chauvin et Guillaume Fafiotte sont dans l'écoute et l'entente parfaite (tout semble calibré au millimètre dans la parole et le geste) et parviennent à captiver le public en instaurant un silence attentif. Ils sont en plus au micro de Choeur (9 minutes) !
...Et à la filature de Mulhouse du 8 au 10 Juin prochain.
Prouve-le, écrit à partir d'une vraie rencontre, évoque le danger inconscient que peuvent colporter des rumeurs montées en épingle, ici par deux adolescents dans un collège. Plus généralement le texte de Lucie Vérot aborde les ressorts et prémisses de toute théorie du complot, et son emballement caractéristique sur les réseaux sociaux. Écriture ciselée, haletante, jouée avec grande jubilation et énergie par Simon Alopé et Cécile Maidon, en convaincants ados, victimes malgré eux. La prolifique et visionnaire Maïanne Barthés signe de sa patte (rythme, humour, inventivité dramaturgique) cette pièce originale qui se joue au Théâtre de la Renaissance à Oullins et recommandée tous publics, avec une nouvelle thématique à son arc : la nécessaire prudence à accorder à une information brute, trop vite analysée et digérée par le mental et l'émotion. Une belle entrée en matière pour une saine réflexion future dans la construction d'un esprit critique.
Entretien (6 et 5 minutes) avec Maïanne Barthés en compagnie de Cécile Maidon et Simon Alopé:
Évidemment existent le film mythique , « une femme sous influence », et la performance de Gena Rowlands auxquels la pièce rend hommage (des mimiques, des mouvements du décor cinématographiques…) mais il y a aussi un collectif soudé (acteurs et techniciens confondus), un esprit de clan qui plane sur la scène aux décors mobiles et tournoyants.
L'intimité de la famille au sein de laquelle un psychodrame se joue est préservée par le choix des gradins bifrontaux et le spectateur n'a jamais été aussi proche émotionnellement parlant, des acteurs.
Béatrice Venet (Mabel) et Nikola Krminac (Nick) tout en retenu puis explosifs (ivresse et folie versus colère et rage), donnent le la au reste de la troupe ( dont des comédiens non professionnels) et sa crédibilité à l'histoire.
L'ensemble est à l'image de Maud Lefebvre, la jeune metteuse en scène : originale, accessible, chaleureuse et à l'œil compatissant, avec laquelle nous nous sommes entretenus (8min).
Thelonius et Lola raconte une histoire qui n'a ni queue ni tête (d'ailleurs le personnage du chien est très humain...) sauf au regard des enfants petits et grands, qui plongent instantanément dans l'univers merveilleux et décalé de l'auteur, Serge Kribus, celui d'une rencontre entre un chien errant chanteur et une petite fille intrépide.
Ces deux là étaient faits pour s'entendre au premier abord, l'un pour se faire révéler son talent d'artiste, l'autre pour devenir son amie que n'entache pas la différence de race (woufff !).
Une belle alchimie entoure ces deux personnages solitaires et l'on s'y attache dès le début, au quart de tour. Un tour de chants également très juste et adapté par Eric Slabiak, sur des airs tziganes.
Zabou Breitman, à la mise en scène, continue de proposer sa vision poétique du monde et de ses reliefs montagneux (les êtres humains) hauts en couleurs et singuliers après l'éloge de la fragilité et de la différence dans Logiqueimperturbabledufou.
Le cœur croit subitement à ce qu'il voit dans ce conte moderne et pourtant universel.
Rencontre avec les deux acteurs Sarah Brennans et Charly Fournier (10 min) à la sortie de scène du théâtre de la Renaissance à Oullins.
Xavier Marchand (compagnie Lanicolacheur) aime les textes et le Verbe. En lisant Ponce Pilate de Roger Caillois il projette de l'adapter et de le magnifier par hommage et sans doute pour restituer son assentiment à la pensée complexe de l'auteur et du personnage principal de l'intrigue bien connue.
Ici la scénographie reste simple mais pratique, l’idée de marionnettes incarnées par des acteurs originale et la mise en scène subtile car beaucoup de choses restent suggérées. Yom signe la musique Klezmer qui nous plonge dans l’époque où le conflit fit rage dans la tête d'un procurateur de Judée.
Une en-quête longue mais passionnante sur la prise de décision d'un personnage publique qui voulait faire œuvre de justesse.
Entretien avec le metteur en scène Xavier Marchand, à l'issue de la représentation :