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Album - Page 3

  • Au plus près du Réel

    Little Big Horn,La véritable histoire du far West,ANtoine Giner-Belmonte,Lucas blengino,David Goy,Farid Ameur,Chris Regnault,Christian Rossi,éditions Glénat Fayard,25 Juin 1876,Black Hills,Sitting Bull,vision,Mai 2023Little Big Horn est un album académique des éditions Glénat/Fayard, concrétisé à quatre mains dans la collection La véritable histoire du Far West. Beaucoup de soin est apportée à cette œuvre écrite par Luca Blengino et David Goy sur les conseils historiques du spécialiste des Etats-Unis Farid Ameur. Le dessin bluffant de réalisme, en jeu ou statique est confié à Antoine Giner-Belmonte,  disciple minutieux et inspiré de Christian Rossi. Le souci du détail confère à l'excellence et la couleur de Chris Regnault sublime les cases (qui parfois s'ouvrent dans un vent de liberté), faisant de ce projet une réussite indéniable.
    Lecture haletante et immersion totale dans cette bataille dont l'intrigue monte crescendo, avec rythme et plans cinématographiques, même si l'on connaît l'issue et la date charnière.
    Le dimanche 25 Juin 1876, dans les Blacks Hills entre le Wyoming et le Dakota, le 7eme régiment de cavalerie de l'armée fédérale commandé par le lieutenant-colonel Custer, est mis en déroute (267 officers et soldats tués) à Little Big Horn, par une coalition/union sacrée sioux-cheyennes avec Sitting Bull comme chef chamane.
    Le scénario semble actuel puisqu'il évoque le combat éternel entre la quête de l'or et la défense d'un territoire sacré, avec ici une victoire temporairement remportée par l'esprit sur la force. Une prophétie visionnaire indienne sépare les belligérants croyants et finit par se concrétiser. Elle marquera l'Histoire et l'imaginaire de tout peuple opprimé, créant également le doute ou la faille dans la toute puissance d'une machinerie techniquement (ou technologiquement avec le transhumanisme actuel) complexe.
    Avec Little Big Horn, tous les ingrédients sont réunis pour en faire un classique du genre, notamment par  son exemplarité sur le sujet (addendum historique). La couverture est à l'image du projet : ambitieux, vivifiant et intemporel.
    Nous remettons en lien l'entretien réalisé il y à quelques semaines avec Antoine Giner Belmonte qui évoquait entre autre dans la troisième partie, la création de cette BD.   
     

  • Duke-Rocca : une connexion explosive

    cimarron.jpgL'enfer ici c'est d'être honnête dans un monde corrompu (esclave moderne)

    J'ai la foi d'un condamné en attente de paroles pieuses...
    Je suis comme.un livre ouvert à la dernière page blanche
    Un jour les perdants écriront l'histoire en guise de revanche (pulsations)


    Rocca sort un album chamanique tribal, animal et viscéral. De L'oraison à La pirogue, 17 titres pour un voyage musical, historico-culturel et intérieur. Cimarron, coproduit avec feu DJ Duke (qui officiait entre autre avec Assassin) est un album concept sur l'esclavage moderne et ses portes de sortie, par un expatrié d'origine colombienne à l’œil frais et au cœur libre (d'aimer ?).

    Rap chamanique pour toute la faune urbaine
    Tes oreilles s'oxygènent
    J'ai le fleuve amazone qui coule dans mes veines
    La voix t'attire comme le chant des sirènes (la pirogue)

    Légende du rap avec la Cliqua en France et Tres Coronas en Amérique du sud, il proposait déjà avec Bogota-Paris (double cd bilingue) un rap fusion avec combos et rythmes latinos. Le boom bap bien « fat » des productions souligne la lourdeur et la moiteur de l'ambiance amazonienne avec une vision décalée, détachée et éveillée du monde moderne.

    Aujourd'hui tout le monde peut devenir célèbre
    Vu que la médiocrité se célèbre (mon idéal)


    Plusieurs écoutes n'en ternissent pas la richesse mélodique ou le phrasé verbal : si les paroles de Rocca sont des flèches, sa voix en épouse littéralement les thèmes avec l'émotion d'un pur interprète. Flow incisif et syncopé ; verbe court et découpé, imagé ; souffle enduré et endurant...une parole au service d'une libération mentale, puisque le ciel n'est pas grillagé.

    Chaque mot est calibré
    Le verbe court comme un canon scié (lamentations d'outre mer)

    Un "venin", selon l'artiste, pour ouvrir les yeux sur une réalité voilée par manque de recul ou détachement.
    Les ajouts de chœurs et instruments ici ou là (saxo, guitare, trombone, percussions ou claviers de Rocca), ajoutent de la profondeur aux instrumentales puissantes volontairement régressives et hommages au son des nineties. L'association Duke - Rocca n'est pas neuve mais cette histoire d'amitié et d'acculturation réciproque sonne avec cet album original comme une véritable claque auditive, intemporelle et incarnée, ce qui est loin d'être paradoxal.
    Trois featuring français ornent ce futur classique de rap, Benjamin Epps, Tedax Max et Youssoupha, challengers du game et dans le même esprit : rythme et "pulsation du ghetto". Dommage que Souffrance avec Mash up n'y figure pas, question de timing peut être.
    Cimarron a mis longtemps à sortir, entre temps John Duke nous a quitté (1973-2020), mais Rocca, après le deuil,  a œuvré pour le rendre encore plus actuel, musicalement et textuellement. Le titre Lamentations d'outre mer semble un ajout postérieur signé du MC seul et s'insère parfaitement dans le délire.

    Je meurs pour mon indépendance et ma liberté comme un cimarron (la pirogue)

    L'âme pro-native de Duke habite littéralement cet ultime projet. Il a su capter l'essence d'un continent de résistants, de guerriers, de minorités stigmatisées pour en faire un hymne universel de révolte face à l'oppression tyrannique de puissants...le tout porté par un MC de renom qui porte son art aux cimes, pour ne pas dire cieux.

    La tête haute prêt a défier l'inconnu
    Ils te diront que c'est impossible, que tout est perdu
    La peur est une prison
    Tu t'échappes d'elle ou tu es détenu

    Brises tes chaînes comme Django (Django)

    @Oeuvre visuelle et pochette de l'album par Francisco Rocca

  • Succulente soupe

    Léon n’a pas faim, Violette Vaïsse, Éditions L’Agrume, Léon s’ennuie, à partir de 3 ans, mars 2023Tous les renards ont faim ! Oui, mais pas Léon. Non, la soupe, vraiment, cela ne lui dit rien, lui, il veut commander son menu ou décider lui-même des ingrédients. Dans Léon n’a pas faim de Violette Vaïsse, aux Éditions L’Agrume, on découvre la soupe orange que le petit renard orange doit manger dans une cuisine au tapis orange. Ce bougon préfère parler à une voix imaginaire pendant que sa maman discute avec la voisine. La table toute propre se transforme bientôt en laboratoire d’expérience ou en épreuve Top chef. C’est vrai qu’un sandwich pastèque-fromage-cornichon n’est pas banal et plus tentant qu’une soupe de carotte !

    Les dialogues du petit renard têtu, au vocabulaire soutenu et à l’imagination débordante sont très amusants. Les dessins faits de ronds et carrés sont simples et regorgent pourtant d’une foule de petits détails à découvrir avec l’enfant. On ne vous dévoilera pas si Léon a finalement mangé sa soupe mais peut-être le retrouvera t-on dans quelques années à Top Renard Gourmand… D’ici là, bon appétit à tous les flippés de la soupe et aux papas et mamans qui les préparent.

    Vous pouvez retrouver le petit renard dans Léon s’ennuie, même autrice, même édition.

    À partir de 3 ans

    Image: L'Agrume éditions

  • Les bébés de Georgette

    Mon bébé, Georgette, collection Père Castor, Flammarion Jeunesse. Mélusine Allirol, monsieur Monsieur, L’amour, Familles, tout-petits, mars 2023Un peu de « mignonnerie », ça ne fait pas de mal par les temps qui courent. De la douceur, c’est encore mieux grâce à l’album Mon bébé de Georgette publié dans la collection Père Castor chez Flammarion Jeunesse. Un petit livre aux couleurs tendres qui s’adresse, comme le titre l’indique aux tout-petits. Il leur apprend à distinguer différentes parties de leur corps à commencer par le visage, très détaillé. Les bouilles rondes des bébés sont à croquer tout comme leur sourire à une ou deux dents et leurs petits pieds cachés dans des chaussettes. Chaque élément est d’abord montré en gros plan pour bien le repérer avant de jouer avec les enfants en le lisant. Et que donne l’assemblage de tout cela ? Un beau moment à partager avec plein de bébés qui pourront tous s’y reconnaître et nous avec. Georgette alias Mélusine Allirol n’en n’est pas à ses premiers essais. Pour celles et ceux qui aiment son trait et ses petites têtes bien reconnaissables, il y a les histoires de monsieur Monsieur, L’amour ou encore Familles.

    Image : Flammarion jeunesse

     

  • Un Ours fantasque

    ours.png

    Ours (alias Charles Souchon) passait par l'Iris à Francheville, pour les dernières dates de sa longue tournée Mitsouko. L'album éponyme, son quatrième, est un joyeux condensé de ballades issues de son imaginaire décalé et légèrement nostalgique. La part belle est réservée sur scène à ses mélodies pop (le magnifique Mi-clos en introduction), avec également trois titres de son précédent opus Pops (Freine, Jamais su danser, L'amour en morse) et la reprise de deux de ses hits (Cafard des fanfares et It's not me it's you). Sur scène, c'est un mélange d'intimité (notamment le beau Perdu cet air en duo avec Cécile Hercule), de poésie et de joyeuse fantaisie. Beaucoup de plaisir à être sur scène, entouré de musiciens hors pairs (une survoltée Kahina Ouali aux claviers et chœurs, J.F Ludovicus, discret mais présent à la batterie et Romain Preuss, excellent arrangeur et technicien à la basse et guitare), Ours s'amuse et nous entraîne dans son univers avec humour, tendresse et sens du partage.
    C'est un être nature, simple et gentil (et désormais Lyonnais) que nous avons interviewé en amont du concert (11 Min) :


    podcast

  • Un livre musical

    "J'ai le flow assumé car mon flow est sacré, il m'a été donné par les trois initiés, on ne peut pas me le voler, approche tu disparais, je ne suis pas ton rappeur préféré.
    Je ne suis même pas rappeur, que la continuité du flow énergétique que l'univers m'a donné".  (vrai père)

    Rockin Squat,PP+,Livin Astro,futur,EP,Eric Volt,K-Oni,N-Ox,Weezar,Doc Gyneco,Robin Péret,travail sur soi,voie toltèque,Janvier 2023Rockin Squat nous projette avec PP+ (Addendum  à Prison Planet, chez Livin Astro) dans un futur désirable (superbe pochette de Sacha Arethura), dans ce monde nouveau que le Brésil lui permet de rêver (nature, médecine, influx spirituel).
    Par besoin de ressource et de second souffle, il y a trouvé l'équilibre pour devenir père et renouer avec la valeur de l'être.
    Artiste universel, son point de vue sur l'occident et la France reste précieux pour son détachement et sa vision décalée.
    Malgré ses paradoxes (promotion par les réseaux décriés, rejet de l'Occident où se situe pourtant son public, ton professoral versus éternel apprenti, sentiment d'omniscience parfois pour qui pourfend l'idolâtrie), il dépeint avec justesse la prédominance du paraître, le règne du chiffre et de l'argent roi, l'influence numérique, les valeurs inculquées contraires a l'esprit solidaire et au respect de l’altérité...symboles d'un Occident décadent ou malade et signes de la fin d'un monde.
    Ce troisième album en trois ans apparaît proche de la vision déjà développée dans 432Hz mais sonne plus léger et lumineux que PP, émotionnellement trop proche de l'épisode COVID. Les prods stratosphériques (électro, afro ou mélancoliques) de N-oX (Koh-Lanta), K.Oni (error 520, zee-town, sous coté), Eric Volt (Pixel, vrai père) ou Weezar (magnitude absolue) dépeignent cet univers spatial, mélange de spleen et d'espoir, de force et de failles, qui entrevoit la stature des derniers hommes vivants et reliés, debout sur les décombres fumants de la Bête (l'abêtissement généralisé ?).
    Malgré la machine qui broie les personnes et synthétise les voix, l'alliance humaine perdure (les feat avec l'ancien Gynéco pour Retweet et le jeune Robin Péret pour monde meilleur) et nous livre le meilleur : des cœurs à l'uni-son, des individus épars avec une même vision du monde et de l'à venir.
    Plus que jamais cohérent dans son parcours, prônant le fond et montrant sa forme, le poète aguerri arrive à se renouveler et surprendre encore. Sa voie chamanique met le cœur et l'intellect au diapason et donne force aux autres chercheurs de vérité intérieure.

    "Être un pion, un mouton ou être un pont...qui crée des liens pour un monde meilleur...énergie pure dans mon enveloppe charnelle, je suis un élève de l'archange Gabriel" (monde meilleur).

  • Vive l'ennui !

    gaël faye, L’ennui des après-midi sans fin, Hippolyte, éditions Les arènes, Pili pili sur un croissant au beurre, album jeunesse, Bujumbura, Burundi, décembre 2022Les arts se répondent : de la musique à l’écrit, du récit au cinéma … C’est maintenant le 9ème art que Gaël Faye touche du doigt avec sa chanson L’ennui des après-midi sans fin illustré par le dessinateur Hippolyte. Le résultat : un album (pas musical, quoi que) publié aux éditions Les arènes. Son texte, paru sur son premier album (de chanson cette fois) Pili pili sur un croissant au beurre, déjà bien imagé, trouve ici toute sa place. Hippolyte y déploie plantes, oiseaux, objets à profusion ; une copie imaginaire de la maison d’enfance du rappeur.

    « Des oiseaux dans la volière, le kasuku fait du boucan. Si le frigo ne bourdonne guère c’est qu’il y a coupure de courant »

    Le vert du jardin, des herbes, de la forêt luxuriante envahit tout et nous envoûte. Au milieu de l’album, au mitant de la chanson et à la lisière entre un chez soi et un dehors, trône un arbre aux racines puis feuilles innombrables. Belle métaphore de l’imaginaire de Gaël Faye s’imprégnant du monde en gardant un abri, une attache à la terre ferme. Reflet sans doute aussi des voyages d’Hippolyte qui a parcouru l’Afrique et transporte la démesure de la nature dans ses splendides illustrations.

    « Torpeur d’après-midi sous un ciel bleu paradis. Parade levée dans le taillis, 14 juillet chez les fourmis »

    On y rencontre le petit Gaël, s’ennuyant et réinventant l’espace de jeu, prélude à la création artistique. Hippolyte y a sans doute puisé dans sa propre jeunesse pour retranscrire avec éclat, douceur et nostalgie cette part d’infini dans la lente procession des fourmis ! En fin d’ouvrage, le chanteur se confie un peu plus sur sa vie d’enfant à Bujumbura au Burundi. Un album à lire, à voir, à écouter (QR code quand tu nous tiens) et à rêver pour chaque âge de la vie. Vive l’ennui!

    * Premier album de Gaël Faye sorti en 2014.

    Image : Les arènes

    Retrouvez ici nos chroniques sur les concerts de Gaël Faye :  UN et DEUX