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Livre - Page 38

  • Révolution spirituelle : ma part de réflection

     

    Rien dans ce mot d’Esprit,

    Au sens où je le dis,

    Qui serait forcément religieux,

    Rien qui obligerait à croire en un dieu,

    Je ne parle pas en effet d’une croyance,

    Juste d’une expérience,

    Que nous faisons parfois

    Lorsque notre petit moi

    Se sent relié à l’infiniment plus grand que soi :

    Une Réalité incomparablement plus vaste que

    nos vies,

    Une Réalité qui n’est qu’unité, harmonie,

    Une Réalité que nous percevons seulement

    Par instants,

    Dans nos moments

    De plus claire clarté,

    De plus intense intensité,

    Et que dès lors on peut nommer

    Esprit,

    Parce qu’elle nous saisit

    Pour nous communiquer

    La Présence,

    La Conscience,

    La Jouissance

    De l’Infini…(p.86 et 87)


    bidar.jpgAbdennour Bidar revient avec un court manifeste poétique (rimé et rythmé) et politique “Révolution spirituelle” paru aux éditions Almora, forme par laquelle il espère toucher, si ce n'est plus de monde voire un autre public, tout au moins le cœur de ses futurs lecteurs.

    L'auteur s'adresse de manière originale à la nouvelle génération, celle qui se doit de réenchanter le monde, le “régénérer, le transfigurer”. Il se présente comme un “optimiste conscient”, pragmatique et mitoyen entre les prophètes de malheur et ceux du meilleur à venir. Adepte de la fin du temps (le lâcher prise de l'ego sur le monde) il récuse la fin des temps et, comme mû par une vision du futur,

    Car voici ces enfants d'un nouveau temps, dont je redis et le devine, le passé n'est plus l'origine”

    il s'érige en grand frère qui, fort de ses expériences spirituelles et de son discernement de philosophe, connaît les pièges et forces à mobiliser pour changer en profondeur un système matérialiste et opportuniste à souhait, qui ne cherche qu'à perdurer à travers l'histoire.

    Par le passé, nombreux furent les êtres éveillés ou politisés qui cherchèrent une porte de sortie pour se libérer d'un système trop contraignant voire tyrannique à certains égard, en s'y cassant les dents.

    Abdennour Bidar propose que les uns s'allient désormais aux autres dans une culture unifiée de “méditants engagés” et de “militants éveillés”.

    Il salue au passage les “infiltrés” et les “exilés” de bonne volonté qui tentent par l'intérieur ou l'extérieur du système, de panser le monde de sa folie. A l'action juste et efficiente, il y adjoint la force de l'Esprit, qu'il décrit et dont il témoigne, sans qui rien de concret et de solide ne peut advenir. On pense ici au “Roc” des corps saints selon la terminologie chrétienne.

    Je veux que mon expérience mystique devienne chemin initiatique

    De culture musulmane, Abdennour nous livre en effet aussi ici, dans ce jet d'un seul souffle, une de ses deux expériences mystiques qui le transporta, enfant, dans un ravissement sans nom avec l'infini pour seul horizon. Plus tard il l'assimilera au Soi cher à Iqbal ou au fana (anéantissement ou extinction de l'ego) des grands mystiques soufis, ce fameux instant d'éternité.

    Militant d'une spiritualité hors dogmes, Abdennour Bidar ne propose ni plus ni moins qu'une science pour se relier, au sens “religare” de la religion et dans le but de créer un corps collectif (la somme des individus reliés) unifié pour contrer l'emprise (un temps souhaitée) d'une entité étatique qui n'a plus rien d'universel.

    On comprend mieux le titre de cet ouvrage “Révolution spirituelle”, véritable ode à la vérité intérieure et dont la conclusion, méditative et prophétique à souhait, mérite à elle seule l'attention portée à ce texte engagé.

     

    Coran 40,15 : Celui qui est élevé au plus haut degré de gloire, qui est assis sur le trône sublime, envoie son esprit à ses élus, afin qu'ils prêchent la résurrection (trad. Savary)

     

  • Eyes wide open

     

    Lurgence-daimer-P1-900x1380.jpgSofia Stril-Rever opère une jonction des sources spirituelles pour mieux diffuser leur essence et socle commun : l'Amour originel.

    Dans son livre “l'urgence d'aimer” paru chez Massot Éditions elle évoque ses principales rencontres sur le chemin : du Dalaï Lama (dont elle est la biographe) à sœur Emmanuelle, d'Amma à Thich Nhat Hanh, d'Arvol Looking Horse à Samdong Rinpoché, de Bouddha à Jésus.

    Elle propose une synthèse pratique de ses influences sous forme de 25 “médit-actions” centrées sur le cœur, son épure et son pouvoir de guérison pour soi et autour de soi, puisque nous sommes tous reliés (un nouveau credo : “Tu es donc Je suis”).

    Sa clairvoyance, son hypersensibilité et sa conscience apocalyptique (la première partie du livre), plutôt que de la bloquer pour agir, ont éveillé en elle un déclic illuminatif et l'émergence d'une responsabilité à mettre au monde “l'humanité du deuxième feu”. Il s'agit de la part d'ange des personnes de bonne volonté, dont l'aura vibratoire diffuse la paix, la joie ou encore l'Amour inconditionnel pour le Vivant sous toutes ses formes, malgré le sort et l'épreuve auxquels Il est aujourd'hui confronté.

    Car si tout s'effondre à l'extérieur (elle ne renie pas la thèse collapsologue), à l'intérieur tout se relève avec le temps et se révèle lumineusement opérant. Cette (re)construction donne force et courage pour agir et s'engager, en ce qui la concerne, dans une organisation non gouvernementale (www.bethelove.global) porteuse de changements positifs pour la planète à l'horizon 2030 (l'Arbre-monde), avec un slogan : “incarnez l'amour que vous souhaitez pour la planète” et des icônes bien vivantes, de Greta Thunberg au Dalaï Lama.

    Si elle n'a pas trouvé la Source, du moins en a t'elle, à la lecture de ce livre, le souvenir précis et précieux : se savoir aimé inconditionnellement et être part du souffle créateur “qui lie et structure les atomes, de l'embryon aux étoiles”. Un livre manifeste pour une cause magnifiant le Vivant, une émissaire et pilier d'un monde futur amoureusement médité.

     

  • Deux piqûres de Rappel

     

    Dans ces groupes, à cette période, j'ai inscrit de manière vivante la troisième série de mes œuvres. (Incipit)

     

    G.I Gurdjieff,Groupes de Paris 1943-1944,éditions Eolienne,Bélzébuth,Patrick Négrier,Octobre 2020Un document inédit et exceptionnel est publié par les éditions Éolienne, un double volume de 700 pages sur les groupes Gurdjieff de Paris, de 1943 (tome 1) à 1944 (Tome 2).

    En collaboration (pour la traduction franco-russe) et à l'initiative de Madame de Saltzmann, ces questions-réponses sont un témoignage direct de l'enseignement que donnait G.I Gurdjieff à son domicile parisien pendant la guerre (“Ici, 6 rue des colonels renards, tout va pour l'essence, ailleurs tout va pour notre corps”. p.346 T.1), essentiellement l'administration d'exercices en vue de passer du moi au “Je”, de la pensée associée à un corps à une individualité libre et centrée.

    On découvre un Gurdjieff très à l'écoute, doté d'une grande mémoire, exigeant mais empathique pour ceux qui s'investissent corps et âme (avec leur essence) dans ses recommandations pratiques (exercices de détente des muscles, du “Je suis”, du dédoublement, du “chaud/froid/tristesse, des 7 respirations ou encore du contact avec un défunt...) toujours adaptées à son interlocuteur en fonction de sa problématique et de sa progression (le tome 2 notamment).

    Le Maître caucasien ne cherche pas des adorateurs mais des frères et sœurs, engagés à ses cotés pour le bien de l'Humanité à venir. On retrouve en lui ce qui faisait le charme de Belzébuth dans sa relation à son petit fils Hassin (cf son livre phare) : proche, taquin, gouailleur et profondément connaisseur de la “psycho-pathologie” de l'être humain avec son franc-parler si caractéristique (merde, nullité, femme hystérique, vache, hareng salé, sentiment de putain, chiens...) ainsi que des lois universelles gouvernant ce dernier.

     

    Pour l'essentiel de la théorie et de la pratique, il s'agira de jouer un rôle extérieurement tout en restant libre et impartial intérieurement. Selon l'auteur, il est possible de se désidentifier du “moi-corps” et consolider le “Je-Centre” (autrement appelée la Présence) par un travail intérieur conscient qui provoque des remords de conscience. Dans le présent, les manifestations malsaines ou mauvaises issues du passé sont “vues” (hérédité, éducation, jeunesse) et éprouvées. C'est cette souffrance volontaire qui crée une substance (l'essence), une individualité, une émanation (le corps Kessdjan ou lumineux), un centre de gravité (le plexus solaire) à partir duquel le potier modèle.

    Et lorsque vous éprouverez des remords de conscience, donnez-vous votre parole de ne pas refaire dans l'avenir ce que vous avez fait dans le passé. Juste avec le présent vous réparez le passé, en voyant comment il faudra agir dans l'avenir”. (p.83 T.2)...”Il faut arriver à ce que la conscience parle impitoyablement en vous” (p.128 T.2)

    Car Gurdjieff, à l'image d'un chamane magnétique, percevait parfaitement ces vibrations subtiles, il lisait et scannait les moindres changements dans l'énergie et ces informations constituaient la base (matière première) de ses nouveaux et innombrables exercices de rappel de soi :

    Depuis que je vous vois, vous n'êtes jamais équilibré. Ou amour-propre ou imagination. Toujours un peu de psychopathisme, jamais un état sérieux pour réparer les conséquences du passé”. (p.311 T.2)

    Et maintenant je vois tout. Votre intérieur est illuminé pour moi comme un tableau : vous m'avez aidé à vous aider”. (p.261 T.1)

    G.I Gurdjieff,Groupes de Paris 1943-1944,éditions Eolienne,Bélzébuth,Patrick Négrier,Octobre 2020On peut légitimement dresser ici un parallèle avec l'enseignement de Carlos Castaneda qui insistait sur la récapitulation (ici les remords de conscience qui créent de la lumière de conscience), la constitution d'un corps de rêve (ici la substance accumulée par travail) grâce à l'accumulation de l'énergie (ici la substance ghanbledzoine) et la nécessité de “stopper le monde” (ici les pensées ou associations doivent devenir juste une fonction grâce aux exercices). Parallèle qu'avait bien perçu à l'époque Patrick Négrier.

    Peu de digressions cependant dans ces deux opus sur des sujets ésotériques ou religieux. Gurdjieff ne s'intéresse ici qu'à la pratique mais en filigrane apparait de lui un portrait plutôt flatteur au sens dévotionnel et chrétien du terme, rappelant que “notre but c'est ça : unir ces trois forces (logique/corps/volonté ; Dieu le Père/Dieu le Fils/Dieu le Saint-Esprit ; force positive/force négative/force d'équilibre ; Sainte affirmation/Sainte négation/Sainte conciliation) en les contenant, pour être.

    Deux volumes pour les chercheurs de vérité de tout âge, les adeptes d'une voie spirituelle ou les découvreurs et passionnés du mystère Gurdjieff. Chacun y trouvera son compte, son échelon ou sa motivation pour le travail conscient, en tout cas une clarification de la méthode d'enseignement singulière du Maître de danse, un monstre de connaissances empiriques.

     

    Vous êtes né. Votre individualité est née. Vous étiez avant comme un animal sans “Je”. Maintenant vous avez un “Je” et les propriétés d'un homme. Cet exercice vous a donné cela. Avant vous n'aviez pas d'individualité, vous étiez le résultat de votre corps comme un chien, un chat ou un chameau. Maintenant si vous avez des cornes, vous pouvez les voir et vous en étonner”. (p.182 T.1)

     

  • Un livre qui prend corps

     

    La vraie connaissance est accouchement de nous-mêmes à des terres de plus en plus profondes dont chacune est faite d'une somme énergétique informatrice, jusqu'à l'ultime naissance à la terre la plus profonde (“Basar” traduite par “chair”), porteuse de notre Nom secret...qui contient la totale information...l'Homme-énergie”.(p.205)

     

    Annick de Souzenelle,Le symbolisme du corps humain,ALbin Michel,Novembre 2020Quels sont les mythes qui tapissent notre inconscient en grande partie judéo-chrétien ? Quelles sont les lois qui gouvernent notre évolution et notre élévation ?

    Presque cinquante ans (première édition en 1974) après sa première mouture, l'ouvrage phare d'Annick de SouzenelleLe symbolisme du corps humain” (530 pages) fait peau neuve. Il devient un beau livre entièrement revu, corrigé et illustré d'une centaine d'images numineuses en couleur. Un hommage des éditions Albin Michel à ce classique de la littérature spirituelle qui égale par l'ampleur de la tâche, “L'homme et ses symboles” de C.G Jung, un temps modèle de l'autrice quand elle fut psychothérapeute.

    De l'influence de l'analyste zurichois on retrouve le goût pour l'alchimie (Oeuvres au noir/rouge/blanc, forge, homme rouge/vert), les textes premiers (mythologie, contes, symboles traditionnels comme la tunique de peau/de lumière, la porte des hommes ou encore la mandorle...) et sa relecture de la Bible. Mais A. De Souzenelle va plus loin que le maître avec son exploration et étude théologique à partir de l'hébreu et de la kabbale du Livre sacré, sa seconde source de formation (avec le Père orthodoxe Eugrav Kovalevski).

    Cela lui prendra une dizaine d'années, pour accoucher de cette somme-référence (200 000 exemplaires vendus à travers le monde) que son oeuvre future viendra expliciter ou zoomer.

    On y retrouve une densité et richesse d'informations mais aussi et surtout cet univers atypique (comme l'est le Livre rouge de Jung), fait de visions, d'intuitions et de méditations. Le style est singulier, ardu et exigeant ; le verbe syncopé et imagé et tout l'art de la ciseleuse consiste à assembler les pièces éparses du puzzle divino-humain, dont le corps est “le plus merveilleux instrument de notre réalisation”(p.498), ou encore “ le lieu de l'accomplissement total, celui de l'union la plus intime avec Dieu” (p.314). Tout s'imbrique et prend forme et sens selon la cartographie de l'”arbre des sepiroth”, outil kabbalistique à l'image de l'arbre de Vie mais aussi “du corps de l'Homme en devenir”. (p.63).

    Dans la tradition ésotérique, A. De Souzenelle valorise ici un cheminement tout intérieur en révélant les lois ontologiques qui gouvernent ce royaume (par opposition au monde extérieur), par un retournement des énergies animales qui travaillent le corps non conscient jusqu'à la complète investigation des cellules pour devenir “matière-lumière”, co-naissance, conscience lumineuse.

    Il y quelques années j'apprenais que j'avais, si je le voulais, à mettre au monde l'Enfant libre, à “verbifier la chair qui est la vocation créatrice de l'Homme” (p.171). A la relecture de ce processus intérieur de verticalisation et d'épousailles avec mon inaccompli (Isha, le féminin divin) et mes énergies-information, je peux mesurer le chemin accompli et mon potentiel à faire advenir.

    Un livre-vie donc pour tout chercheur de vérité et illuminatif pour ceux désirant connaître la symbolique du corps humain dans ses sources premières et traditionnelles (organes, maladies, message).

     

    Dieu ne doit pas être cherché en haut, mais à l'intérieur de nous-même, dans ce pole inférieur dont l'intégration seule donne la clef du divin, le recouvrement, au-dessus des épaules (clavicules), du vrai chef.” (p.350)

     

  • L'Esprit et la Raison

     

    Matthieu 10,19 et 20 : Lorsqu'ils vous livreront, ne vous inquiétez pas de savoir comment parler ou quoi dire, ce que vous aurez à dire vous sera donné à cette heure-là, car ce n'est pas vous qui parlerez, c'est l'Esprit de votre Père qui parlera en vous.

     

    la divinité du christ face à l'islam,rémi gomez,blf studia,novembre 2020La divinité du Christ face à l'Islam” est une livre apologétique de Rémi Gomez, paru chez BLFstudia. En bonne connaissance des textes sacrés il propose de façon pratique des argumentations et réfutations des principales affirmations de musulmans sunnites (ils sont majoritaires) sur l'humanité du Christ seule, qui fleurissent sur la toile et dans certaines réunions exégétiques. Pour rappel ces derniers réfutent la divinité du Christ, la Trinité et la crucifixion de Jésus, qui n'est qu'un prophète parmi d'autres mais d'un rang élevé, Mohammad étant le dernier.

    Dans cet ouvrage dense (380 pages), référencé et quasi théologique, l'auteur, pasteur protestant, défend la nature humano-divine de Jésus (Dieu fait homme) en recensant ses Noms divins (que les apôtres ou des proches ont avancé), ses attributs divins (Ils peuvent correspondre notamment aux 99 noms d'Allah), ses œuvres divines (pardon des péchés, résurrection des morts...) et honneurs divins.

    Il puise, pour sa défense, dans l’entièreté des textes bibliques mais aussi, pour l'attaque, dans les interstices du Coran : Jésus est un Verbe et un Esprit de Dieu, dont le terme "Ruh" lui confèrerait une nature spirituelle immortelle et à la différence de Mohammad , il est né sans péché...

    Pour Rémi Gomez, la faille des apologètes musulmans est de n'avoir pas perçu la double nature du Christ, entraînant deux types d'actes et de paroles dans les évangiles. Cette double origine de l'homme a nourri l'ésotérisme chrétien en profondeur (Durkheim, Desjardins, De Souzenelle...) mais aussi toute la Tradition unitive (de l'Egypte antique au soufisme). Elle peut décontenancer le croyant musulman littéraliste pour qui Dieu demeure inaccessible mais qui aura tendance à sacraliser son Prophète dans les faits.

     

    Ainsi, selon l'auteur, Jésus n'imposerait pas sa divinité (il ne s'est jamais qualifié de Dieu) mais l'exposerait par ses œuvres, en quelque sorte un dieu malgré lui alors puisqu'à notre connaissance, il fuyait les honneurs, préférant la solitude et l'intimité avec Dieu le Père...Et si d'ailleurs la croix n'était que la conséquence de cette idolâtrie non recherchée, le péché n'étant que l'oubli de la nature divine en chacun (plus besoin de la projeter sur quelqu'un) ? Mais c'est un autre sujet.

    L'apologète de profession (il forme également des chrétiens au dialogue avec les musulmans) multiplie les arguments textuels pour conforter une défense raisonnable face aux détracteurs du christianisme mais il oublie (mais l'oral est différent de l'écrit) l'aide et la force de l'Esprit sain, apte à défendre (parfois par un silence parfait) dans l'instant le croyant en mal d'arguments. Le Verbe en question court-circuite en effet toute pensée puisqu'il est au-delà du mental parfois retors. Acte de foi par excellence.

    Pourquoi ne pas finalement admettre un mystère de l'identité du Christ au lieu d'opposer systématiquement une religion à l'autre sous prétexte de vérité absolue (et finir par invectiver son prochain) ? Être en relation avec le Vivant c'est communier au mystère du “fiat Lux”, de l'union au-delà des contraires, d'Amour inconditionnel pour toute la Création, ce qui en soi laisse pantois et sans argument massif autre que la Fraternité de cœur et l'unité des croyances.

     

  • L'union du Ciel-Esprit et de la Terre-Mère

     

    L'objet du yoga est de faire descendre la conscience supramentale sur la Terre, de l'y fixer, de créer une espèce nouvelle où le principe de la conscience supramentale régira la vie intérieure et extérieure, individuelle et collective” (p.187)

     

     

    Aurore-900x1447.jpgLes éditions Massot signent un très bel essai de Cristof Alward-Pitoëff : “L'aurore d'une vie nouvelle”, sur les vies parallèles et singulières de Sri Aurobindo (Aurobindo Ghose :1872-1950) et Mère (Mirra Alfassa née en France :1878-1973) qui finiront par œuvrer de concert en Inde, pour un changement spirituel et politique d'envergure (en tant qu'indien, Aurobindo voulait donner une vision exemplaire de la spiritualité).

    L'auteur est un témoin participatif de l'aventure. Il a connu Mère, la naissance d'Auroville (une ville créée en 1965 et vouée à l'unité humaine proche de Pondichéry), dans laquelle il réside actuellement et nous propose une brillante synthèse de l'enseignement de ces deux grands géants de la spiritualité.

    L'ouvrage, lettré, poétique et truffé de hautes envolées de l'esprit, est émaillé d'extraits de poèmes, lettres et paroles qui suscitent l'envie de connaître d'avantage cette philosophie novatrice.

    Ce binôme légendaire prônera donc la descente et l'intégration du “supramental” sur Terre, cette “simple présence au monde et impensable légèreté d'être (p.92)...ce pouvoir de connaissance et d'action naturellement conscient de la Vérité (p.142)”, devenant eux-mêmes découvreurs et terreau d'expérimentation de cette “influence divine, paix, Lumière, force qui travaille”.

    Ils rayonneront de cette mutation en profondeur malgré et envers les forces destructrices à l'oeuvre dans le monde au début du 20ème siècle, puisque, comme le rappelle Mère “La seule attitude vraiment efficace est un don parfait, total, fervent, de son être à Cela qui est au-dessus de nous et qui seul a le pouvoir de tout changer” (Entretien du 29 Oct 58).

    Bien entourés (Alexandra David Neel ou encore Satprem...) et bien guidés (ils eurent tous deux de grands rêves numineux et visionnaires), leur cheminement fut parsemé de synchronicités heureuses (l'indépendance de l'Inde, la construction d'Auroville...) et ils furent, de leur vivant, élevés à un rang quasi divin, couple mythique par excellence. A la mort d'Aurobindo, Mère saura notamment se connecter à son esprit, elle qui avait des connaissances en occultisme, confirmant l'immortalité de ce dernier.

     

    Leur philosophie offre de nombreux parallèles avec l'enseignement des “Dialogues avec l'Ange” qui furent révélés à la même période (pendant la seconde guerre mondiale) mais connus du public seulement dans les années 80 par Gitta Mallasz.

    On y parle aussi des noces entre matière et esprit, Amour et Lumière ; de la naissance du Nouvel Homme ; d'une Conscience cellulaire transcendant la mort ou Co-naissance ; d'une union de l'homme et de l'Ange assimilable au “supramental”, sans religiosité aucune.

    Un mode de vie ou une façon d'être “naturelle” selon Gitta, réconciliant “vie matérielle et spirituelle” d'après Mirra.

    Même si l'Inde est le modèle et cadre spirituel (les Védas, la Gita...), comment ne pas évoquer les similitudes entre ce “supramental” et l'Esprit-sain, le symbolisme du Matrimandir (le dôme méditatif au centre d'Auroville) et la Jerusalem céleste dans l'Apocalypse (les chiffres 4 et 12 par exemple) ou la Sphère présente au centre du Dôme et dans les Dialogues avec l'Ange...

    Cet essai vient nous rappeler que la tradition est une, sœur et science de l'esprit et que, comme annoncé dans les textes sacrés, la conscience humaine vit une évolution, un changement de paradigme tout en retournant à la Terre et donc à la Vie (la Mère). Ce “yoga de transformation de la nature” est une interprétation ésotérique possible (ou spirituelle) du message religieux (qui est Un), son application pratique à l'approche d'un nouveau monde régi par l'esprit, dont le Christ fut précurseur et modèle parfait.

     

    Chacun doit savoir s'il veut s'associer à un vieux monde prêt à mourir, ou travailler pour un monde nouveau et meilleur qui se prépare à naître...avant de mourir, le mensonge se déchaine. Pourtant les gens ne comprennent pas la leçon de la catastrophe. Devra t'elle arriver avant qu'ils ouvrent les yeux à la Vérité ?”

    (Paroles de Mère vol 1-p.212).

     

  • L'essence de l'Imam Ali dévoilée

    Dans le sunnisme, l'autorité religieuse est représentée par le Coran. Dans le shi'isme, qui considère le Coran comme un “guide muet, silencieux”, seul l'Ami ou l'Alllié de Dieu (wali), le Maître de l'Ordre (sahib/wali al-amr), le sage initiateur (alim), représenté notamment par la figure de l'imam, “le livre parlant”, peut légitimement remplir ce rôle sacré. En communication avec les anges et avec l'Esprit-Saint, le Guide Sage prolonge ainsi la prophétie grâce à sa réalité théophanique, à sa nature (la constitution quintuple de son esprit) et à la fonction initiatique. Tous ces aspects sont désignés dans le shi'isme par le terme de “walaya” dont la figure de Ali est le symbole suprême. (p.219)

     

    Ali, le secret bien gardé,Mohammad Ali AMIR-MOEZZI,CNRS Editions,second messie,Imam cosmique,Archétype céleste,Novembre 2020Pour “Ali, le secret bien gardé” paru chez CNRS Éditions, Mohammad Ali AMIR-MOEZZI compile, pour notre plus grand bonheur, des éléments de recherches universitaires récents sur les figures mystiques d'Ali Ibn Abi Talib, gendre et cousin du Prophète Mohammad, qui fut également le quatrième calife de l'Islam naissant (656-661). On voyage à travers l'histoire moyen-orientale et chaque partie de l'ouvrage constitue une couche de peinture supplémentaire du portrait spirituel de l'Ami fidèle, jusqu'au noyau primordial, tel qu'il fut perçu par les musulmans shi'ites.

    Cet opus vient en complément de “La preuve de Dieu” (Éditions du Cerf) que représentaient les Imams saints de la religion shi'ite (branche duodécimaine), dont il est dit ici qu'Ali est l'Archétype et modèle originel.

    Auréolé des Attributs de la divinité à travers les siècles par ses partisans, initiés et maîtres spirituels (soufis ou shi'ites) ou philosophes islamiques, son statut sacré remonte à l'origine de la tradition alors qu'il combattait et recevait l'Initiation aux cotés du Prophète Mohammad.

    Les études historiques et philologiques le présentent, du point de vue shi'ite, comme le Messie attendu à la fin des temps alors que le Prophète fut assimilé au Paraclet en tant que réceptacle de l'Esprit-sain. En tout cas avant que l'Islam ne s'institutionnalise et prenne consistance dans l'Histoire, l'Heure de l'Eschaton n'arrivant finalement pas.

    De son statut messianique, Ali perdit la dimension apocalyptique mais en gardera les principales fonctions spirituelles,...nature théophanique et guidance inspirée...et celle d'Imam par excellence.”

    Ce “Secret” de la Raison illuminative et illuminatrice d'Ali en tant qu'Herméneute du Coran pour son sens ésotérique (la walaya), fut à demi caché pour cause d'assimilationnisme mais aussi par peur de représailles de la part des tenants officiels de la Vérité (en l’occurrence les futurs sunnites).

    La thèse shi'ite officieuse évoque en effet une falsification et amputation du Coran original par ceux-là même qui y étaient désignés comme ennemis de la famille de Mohammad. Furent donc gommés des noms (ennemis et amis), des fonctions (la dimension messianique d'Ali notamment) et des commentaires ésotériques qui rendaient la lecture du Coran plus claire et sans ambiguïtés aucunes.

    Le Prophète avait appelé ses fidèles à la “walaya” de Ali, prouvant ainsi la supériorité de l'ésotérique, de l'esprit, du “batin” dont Ali est le symbole et porte-parole, sur l'exotérique, la lettre, le “zahir” dont il était lui-même le messager”. (p.58)

     

    Après son assassinat il acquiert une dimension mythique, mystique voire cosmique qui, comme le Christ, est en lien avec la Lumière de Dieu, porteur des Attributs (qualités ou Noms) et Organes de Dieu (œil, mains, bouche...). Sa représentation (les fameux shama'il ou portraits portatifs) comme support de contemplation (vejhe) parmi les adeptes de sa religion (Din-Ali) est d'ailleurs un exercice recommandé pour aiguiser l’œil du cœur et conscientiser le “corps de lumière” de l'Imam et de chaque imam de sa lignée initiatique.

    Même si ses superlatifs se sont atténués au fil du temps (comme pour le Christ qui est assimilé désormais à un philosophe...), des millions de fidèles lui confèrent encore un statut quasi théophanique. Idem pour les douze imams dont les dons prophétiques n'ont jamais scellés l'herméneutique du message divin, codé et protégé secrètement (technique de la taquiyya) jusqu'à l'avènement du Résurrecteur dont on sait qu'une part d'Ali sera constitutive de son essence.

    Un livre référence qui brosse un portrait intérieur complet et érudit de l'Imam Ali.