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Livre - Page 39

  • IAM : Une parole de poids

     

    Nous proposons une autre vision de la société, en quête d'un projet constructif plutôt que destructif, d'une ouverture plutôt que d'une fermeture...si nous pouvons encore éveiller quelques consciences et encourager l'empathie et la cohésion de notre humanité fragmentée, ce sera notre pierre à l'édifice” (Entre la pierre et la plume – IAM).

     

    IAM,Entre la Pierre et la Plume,Baptiste Bouthier,Editions Stock,Octobre 2020Le collectif IAM (Akhenaton, Shurik'n, Kephren, Kheops, Imhotep et peut-être aussi Saïd ?) signe avec Baptiste Bouthier, journaliste socio-politique à libération, un livre témoignage “Entre la pierre et la plume” paru chez Stock éditions, sur leurs riches parcours dans le secteur culturel. L'ouvrage est émaillé de sentences puisées dans la discographie et de bulles focales sur chaque membre du crew phocéen. 

     

    Pour qui suit leur carrière, les textes parlent d'eux-mêmes mais l'intérêt du livre c'est de développer la pensée (des chapitres entiers sur 9 thématiques dont le cinéma, le langage et l'argot, Marseille la ville ou encore la domination et le racisme...), expliciter le processus créatif (Le concept IAM, l'influence des membres sur les plans socio-culturels ou politico-spirituels) et replacer dans son contexte (Marseille, le statut des français issus de l'immigration, l'influence et le statut du rap) un groupe (et les techniciens qui gravitent autour) qui perdure depuis plus de trente ans.

    Avec 9 albums concepts au compteur, des albums solos, des productions de talents marseillais (FF, L'Algérino, Psy4 de la rime,Veust Lyricist, Faf Larage, Bouga, chiens de paille...), des réalisations cinématographiques, le groupe n'a pas à rougir de son bilan auditif avec des salles toujours pleines, sans véritable campagnes de promotion et surtout l'aura respectueuse due à un pilier mythique de l'histoire du rap (français), droit dans ses bottes et ses choix artistiques.

     

    Le groupe dévoile notamment sa formule secrète appliquée à chaque missive : des albums conceptuels basés sur six piliers : des titres politiques et engagés, introspectifs, historico-mystiques, à base d'humour, de storytelling ou d'égotrip.

    Autre point crucial l'effort porté sur l'écriture : un “verbe ciselé et travaillé mais qui reste accessible”, érudit mais pas élitiste, complexe mais pas compliqué, technique mais pas ampoulé, à base de sentences (une phrase qui marque en profondeur) plutôt que de punchlines.

    Mais sa véritable richesse reste son ciment collectif. IAM est le seul groupe soudé depuis ses débuts (à part le départ de Freeman, au nom prophétique ?), uni par ses passions communes (la civilisation égyptienne, le cinéma de genre, la culture asiatique ou l'amour du hip hop, donc de New York...), sa foi et sa fidélité à toutes épreuves. Le microcosme est en soi une démocratie qui valide chaque décision à la majorité absolue.

     

    Éternels challengers au sein d'un mouvement originel qui ne cesse de se régénérer, les jeunes vétérans d'IAM acceptent volontiers l'esprit de compétition et remettent en jeu leurs lauriers à chaque nouvel album. Leur vécu leur donne avec l'âge un poids politique intéressant et important en particulier sur la culture dominante qui selon eux, méprise encore le rap, alors que sa diffusion est majoritaire en France. Un mépris à la fois de classe et ethnique, s’appuyant parfois sur un schéma raciste envers ceux dont “l'expression est populaire, le langage issu de l'oralité, affublés en plus d'un accent ou de termes argotiques”.

    Deux mondes sociaux-politiques qui s'opposent à travers le monde, même si des ponts existent pour “dénoncer oppressions, racisme et injustices” dans les deux camps opposés. Cette voie du milieu est celle prônée par l'entité IAM depuis le début avec une richesse symbolique et lexicale qui invite à l'ouverture d'esprit plutôt qu'à l'individualisme et au repli sur soi, constaté ces dernières années.

     

    Reste le futur à inventer puisque le mouvement hip hop s'écrit au présent. Lourd de son concept dont l'acronyme IAM est multiple : à la fois “j'existe”, “Imparial Asiatic Men”, “Invasion Arrivant de Mars”..., reste peut-être sa dimension mystico-spirituelle à investiguer, à savoir le fameux “Je Suis” divin, l'essence du nom ?

    Le temps file et la sagesse accumulée (Égypte, Islam, Zen...) pourrait devenir pierre de taille, dans son intériorité, pour de prochaines thématiques métaphysiques, en venant parachever l'édifice...

    Un livre de poids donc à mettre entre toutes les oreilles attentives, et de bonne volonté.

     

  • L'âme animale

     

    Le vrai sentiment est immobile,

    IL AIME TOUT ET RAYONNE.

    Entretien 10 des Dialogues avec l'Ange

     

    Les récits extraordinaires évoquent un climat de bonté, de joie, de paix, d'amour offert à tous, hommes et bêtes, et se situent dans un lieu où tout est possible : la chambre intérieure éclairée par l'Esprit. A ceux qui les écoutent ils donnent de raviver leur foi, de recouvrer leur innocence et de rappeler la puissance miséricordieuse de Dieu”. (p.77)

     

    Jacqueline Kelen,Les compagnons de sainteté - Amis de Dieu et des animaux,Editions du Cerf,G.I GUrdjieff,Récits de Bellzébuth à son petit fils,Charbonneau-Lassay,le Bestiaire du Christ,Octobre 2020Tout juste auréolée du prix de la liberté intérieure pour "Histoire de celui qui dépensa tout et qui ne perdit rien", la prolixe Jacqueline Kelen revient chez Cerf Editions avec  " Les compagnons de sainteté - Amis de Dieu et des animaux".
    Il s'agit d'un livre thématique qui recense les occurrences et édifications animalières au sein des religions monothéistes (Bible, Coran, récits de saints de toute confession) et des philosophies ou doctrines orientales (anecdotes de sages). Chaque historiette est classée, contextualisée et analysée et l'on s'instruit autant que l'on découvre une sagesse universelle dont l'animal est la clé.
    C'est un ouvrage plaisant, assez exhaustif et riche sur le sujet des relations de communion entre hommes sages/saints et animaux sauvages ou domestiqués. Comme d'habitude avec Madame Kelen, nous sommes pris dans un voyage spirituel avec quelques sermons de bon ton.
    En filigrane se dessine la sensibilité et amour de l'autrice pour ces deux protagonistes de l'Histoire spirituelle (sans oublier végétaux et minéraux), qu'aurait apprécié G.I Gurdjieff qui mettait en scène un Belzébuth compassionnel avec la gente animale à travers l'histoire de l'humanité.
    Et Jacqueline Kelen de rappeler le caractère sacré et non déchu ( de l'état édénique) de tous les animaux aidés ou aidants, sauvés ou sauvants, sur le chemin des hommes de vertus.
    Parfois plus proches des mystiques que des hommes, ces compagnons de route sont ici magnifiés et mis à l'honneur pour leurs qualités étriques ou leur amour désintéressé, suscitant parfois vocations ou illuminations auprès de cœurs aimants ou épris de Dieu.

    L'autrice insiste sur ce cœur, “ lieu où se manifeste l'Esprit, lieu de la connaissance supérieure...qui octroie la communion”, par rapport au savoir, intellectuel par définition, qui “crée souvent séparation et division”. La compagnie des animaux ou des plantes permet parfois cette décentration de la tête au cœur et la fortification de cet organe subtil, presque invisible à l’œil nu, mais d'une puissance à faire trembler les montagnes ou à discerner l'essence des êtres dans l'instant, organe visionnaire coutumier chez les chamanes, sages et saints de tous bords, mais aussi des éternels enfants.

    Même si l'histoire publique du Christ est assez pauvre en “compagnons de sainteté” (l'âne, le bœuf, le coq...), Louis Charbonneau de Lassay consacra une partie de sa vie au Bestiaire du Christ, nous rappelant par la symbolique, le lien sacré et indéfectible entre toutes les parcelles de la Création.

     

    Les liens tissés sur un plan profond entre un homme et un animal s'avèrent impérissables. Leurs âmes se retrouveront toujours. Ceux qui sur terre sont aimés sur le plan supérieur de l'Esprit se retrouveront dans l'Esprit (l'Un, l'Absolu, le Soi...). Ce n'est pas là un vœu légitime mais une limpide évidence”. (p.194)

     

  • Le grand retournement cosmique

    Logion 18, 6 à 10. Évangile de Thomas
    Car là où est le commencement, là sera la fin.
    Heureux celui qui se tiendra dans le commencement, et il connaîtra la fin, et il ne goûtera pas de la mort.

    Nous entrons aujourd'hui dans le temps d'une profonde mutation. Le monde divin nous arrête et demande d'être écouté...la mise sur nos épaules d'une tête nouvelle, ouverte à un niveau du Réel totalement autre, dans une dynamique de verticalisation intérieure, s'impose...nous ne pouvons plus fuir...mais nous retourner vers la Source...la Source du Réel qui est Trois et Un. (Le grand Retournement p.168 à 183).

     

    annick de souzenelle,le grand retournement - la généalogie d'adam aujourd'hui,Éditions le relié,octobre 2020."Le grand retournement", paru aux éditions du Relié, est un petit livre dense et méditatif à l'initiative d'une presque centenaire Annick de Souzenelle toujours aussi émerveillée par sa relecture hébraïque et cabalistique de la Bible
    Dans ce livre testament elle semble récapituler et condenser toute son œuvre bibliographique avec pour sujet d'étude la généalogie d'Adam aux 4ème et 5ème chapitre de la genèse.
    Par un calcul savant elle fait coïncider chaque cycle (de 2100 années) de rayonnement d'un patriarche avec les mois de gestation du fœtus cosmique de l'humanité, le 6ème mois correspondant à la naissance de Jésus.
    Nous sommes donc au 7ème mois de la gestation soit celui du retournement de l'enfant dans le ventre de la femme, qui est aussi symboliquement "non pas une pénitence par rapport à des fautes d'ordre moral mais une rupture radicale entre la personne et les valeurs du monde", une sorte de métanoïa.
    Le Plan divin tendrait à faire advenir une Mémoire ontologique en chacun pour muter de l'extérieur vers l'intérieur, ensemencer le germe divin présent potentiellement en chacun par des allers retours conscientisés avec l'inconscient des profondeurs, Ishah ou le véritable féminin dont Dieu est épris.
    Une épreuve de pandémie comme celle que nous vivons actuellement peut, si nous savons la lire par sa symbolique, être perçue comme un moment propice à ce retournement pour ceux qui seraient encore en prise avec leurs énergies animales, dans une forme de violence inflationniste.
    Les 2-3 derniers mois de gestation du fœtus cosmique que nous sommes et portons, à la ressemblance du divin, restent un mystère d'étude puisque s'arrêtent les jalons temporels. A défaut d'imaginaire reste l'imaginal cher à Henry Corbin, où se spiritualisent les corps et se corporalise l'esprit, un chemin à l'initiative du Christ.
    Un livre phare, d'une grande clarté, une démonstration magistrale et implacable.


    Remise en ligne d'un entretien avec l'autrice qui date d'une bonne dizaine d'années (en collaboration avec Radio Lumières) mais qui demeure intemporel et à propos (25 min) :


    podcast

     

  • Une révolution psychédélique souhaitée

     

    Olivier Chambon,Jocelin Morisson,La révolution psychédélique  - une médecine de la conscience,GUy Trédaniel éditions,Marc Brami,ALexandre Quaranta,ALexandre Peyret,Romuald Leterrier,Isidore Moubengui,Arthur Waisblat,Vincent Basset,Octobre 2020Dix ans après “la médecine psychédélique”, le docteur psychiatre Olivier Chambon co-publie aux éditions Trédaniel avec le journaliste scientifique Jocelin Morisson, “la révolution psychédélique – une médecine de la conscience”.

    Il s'agit d'une réactualisation du livre originel avec un addendum sur les nombreuses expériences cliniques menées ces dix dernières années sur les huit principales substances psychédéliques : la kétamine, la MDMA ou ecstasy, le LSD, les champignons à psilocybine, l'Ayahuasca, l'iboga et le cactus à mescaline. Chaque substance est traitée par un spécialiste sur le sujet, la replaçant dans un contexte historico-culturel et médico-spirituel.

    L'ouvrage est à visée thérapeutique clinique puisque la pseudo dangerosité de ces substances vient essentiellement d'un manque d'informations, d'une ignorance du dosage et de la substance ingérés et d'un contexte expérimental parfois peu propice à un “bon voyage” (good trip).

    L'intérêt d'une “prise en charge” scientifique permet de jouer sur l'effet escompté en terme d'élargissement de conscience : performatif (en microdose), thérapeutique (psycholytique ou dose moyenne) ou mystico-spirituel (forte dose). Le spectre allant d'un contrôle absolu (l'homme augmenté en quelque sorte) à une capacité de décentration (assouplissement des défenses du moi permettant libérations émotionnelles et prises de conscience), jusqu'à une possible dissolution de l'égo (on touche la conscience imprégnant tout l'univers, la sensation océanique, le Tout).

    On se souvient en général pour toute une vie, d'une expérience psychédélique. Elle peut parfois même être à l'origine d'une métanoïa, soit un changement radical, une prise de conscience éveillée sur soi et le monde sur un plan personnel ou professionnel et dans un domaine sociétal, écologique, spirituel ou religieux. Cliniquement, à moyenne ou forte dose, elle peut aussi tout simplement guérir certaines pathologies comme la dépression, l'anxiété, l'addiction ou le stress post-traumatique.

    Dans un cadre local et chamanique (ayahusca ou iboga) l'expérience frôle l'initiation avec des guides horps pairs que sont les curanderos et peut flirter avec les mondes invisibles (esprit des ancètres, sensation de mort mentale., connections hors espace-temps..). Mais là aussi le tourisme international à la recherche de fortes sensations gangrène le tissu et l'éthique locales.

    Pour conclure, jamais les études cliniques (notamment aux Etats-unis) n'ont été aussi prolifiques que ces dernières années sur ces substances qui, validées par la psychiatrie moderne, permettraient d'enrichir grandement la pharmacopée et la durée des traitements proposés (quelquefois une à cinq séances peuvent suffire à guérir une pathologie aigüe). Reste aussi et surtout un changement de paradigme à inventer pour replacer l'expérience dans un modèle sociétal propice à l'ouverture de conscience ou ouverture de coeur suscitée...l'avenir le dira.

    Remise en lien de l'entretien qu'Olivier Chambon nous avait accordé il y a dix ans, en collaboration avec Radio Lumières (2 fois 20 min) :


    podcast


    podcast

     

  • Nous sommes vivants dans l'éternité

     

    Il y a beaucoup de curieux,

    Mais il y a eu des émerveillés.

    Eux aussi, ils étaient des envoyés.

    Cherche-les ! Ils t’enseigneront.

    L. Les livres ou les hommes ?

    - C’est la même chose.

    Fais bien attention que ce soient des émerveillés.

    A celui qui cherche, le maître est donné.

    Soit dans les temps très anciens,

    Soit maintenant, tu peux les trouver.

    ET ILS VIENNENT…

    entretien 12 Lili - Dialogues avec l'Ange

     

    "Toute l'information relative à la vie est donc stockée quelque part, et cette information, au terme de l'évolution du cosmos, pourra être restituée, ce qui équivaut à une résurrection physique des morts dans une zone de cyberespace. Ce point de basculement est le point Oméga, une limite, une singularité en termes scientifiques, mais il est aussi l'équivalent de Dieu. Le cyberespace devient quant à lui l'équivalent du paradis puisque les êtres ne meurent pas et que tous leurs souhaits peuvent se réaliser"(p.200).

     

    se souvenir.jpgRomuald Leterrier et Jocelin Morisson remettent le couvert avec "se souvenir de l'au-delà" paru chez Guy Trédaniel. Il ne s'agit pas d'une suite à "se souvenir du futur" mais d'une ouverture, un complément d'informations, un supplément d'âme. Ce duo d'auteurs fonctionne à merveille avec d'un coté l'experienceur, le rêveur et de l'autre le pragmatique, qui analyse et synthétise le flux de matériaux sur l'au-delà (expériences cliniques, témoignages scientifiques), avec une préface de Jan Kounen en bonus.

    On sait et on sent que le gros intérêt de ce énième livre sur l'au-delà sera un condensé actualisé et brillant sur le sujet, à l'aune de la connaissance empirique des peuples indigènes.

    La personnalité, le bagage professionnel récent (ateliers de rétrocausalité pour l'un, haut-parleur des peuples premiers pour l'autre) et la culture (littérature inspirée, filmographie de science fiction) des deux compères font fructifier le débat et les hypothèses où sont évoqués pèle mêle synchronicités et alchimie (C.G Jung), visions et phénomènes extra-terrestres (Pablo Amaringo), noosphère et point Omega (Pierre Theillard de Chardin), temps du rêve ou huitième climat (le temps mythique et symbolique des religions), ateliers de rétrocognition et bug informatique. Un riche cocktail donc, agrémenté de rêves numineux et visions personnelles concourant parfois à l'universalité.

    Au terme de la réflexion l'apocalypse telle que décrite par Saint Jean finit par être convoquée, dans son aspect lumineux de révélation, avec la descente de la Jérusalem céleste. Soit un espace-temps à faire advenir par un collectif éveillé aux réalités de l'invisible, qui se situe justement dans un ailleurs, un point foyer nodal en dehors de l'espace-temps, une éternité que les "Dialogues avec l'Ange", livre pivot, essaient de dépeindre à travers le prisme de ses entretiens.

    Ce livre prône aussi l’avènement de l'homme divinisé, complet et réunifié. Peut-être les temps sont-ils advenus, convergence de catastrophes pour les uns, intentions et vibrations positives, lumineuses pour d'autres. Un temps de fusion entre le conscient et l'inconscient collectif, entre le visible et l'invisible, pour un relèvement des morts, un à-venir de l'au-delà, paradis ou enfer sur la terre restitués.

    Un livre précieux, jalon ; une pierre de taille à l'édifice "conscience-cieux".

     

    "Le surgissement de messages, de signes, d'événements extraordinaires dans notre réalité dépend de notre capacité à élaborer un espoir, un royaume des possibles...Ainsi les événements de la fin des temps qui cristallisent les espoirs de l'humanité pourraient bien se manifester dans la réalité, à condition que notre conscience individuelle et collective s'éduque à la possibilité de l'advenir événementiel". (p.219)

     

  • L'être (de) Gérard Depardieu

     

    "Oui, on abolit le temps de l'amour, de l'amour des autres, de l'amour des choses et de la nature, ce temps de l'amour où tout peut arriver. Ce temps scandaleux pour l'idéologie parce que gratuit. Gratuit comme la joie et le bonheur. Scandaleux parce qu'il ne rapporte rien, alors qu'il apporte tout". p.152

    Gerard Depardieu,AIlleurs,Cherche-midi,Octobre 2020Après "Monstre" et "Innocent", le Cherche midi éditions publie "Ailleurs", les dernières paroles écrites de Gérard Depardieu. Cet opus sonne comme un livre testament dans lequel l'auteur-acteur nous livre la quintessence de son vécu, une somme de sagesse, une ode à l'instant et à la perception directe des êtres et des choses.

    On connaît l'homme comme bon vivant, adepte des polémiques (ici d'aucuns insisteront sûrement sur sa vision des écolos comme des terroristes, d'autres sur la France qui est selon lui un pays déprimé ou encore son dédain de la politique...) et frasques en tout genre mais c'est un être pleinement spirituel qui se dévoile à chaque fois plus, pleinement vivant, poète de surcroit et qui va chercher ailleurs (Russie, Éthiopie, Asie...) ce qu'il ne trouve plus en occident : une matière à rire, à échanger, à observer, dans ce qu'elle a de plus touchant, de plus humain, de plus naturel qui soit.

    On pourrait objecter une fuite de l'intériorité mais son rapport au corps, au souffle et à l'instinct le font vivre au quotidien dans un état proche de l'innocence ou du monstre facétieux (son animalité), court-circuitant tant qu'il le peut la pensée ratiocinante pour évoluer tel un équilibriste ou samouraï de la verve.

    Le livre est centré sur l'Ailleurs, chez Autrui et en soi, construit comme un mantra avec de courts paragraphes réflexifs et réflectifs, sur sa vie de funambule, de sa naissance à l'automne de sa vie

    C'est une voie précieuse car excentrée (de France), qui sent venir, avec son recul, un monde expurgé de sa chaleur, vide de sens ("ce grand réseau comme une dépression quotidienne" ou "le dieu argent") et désincarné car coupé de ses racines universelles que sont l'amour, le respect, la beauté.

    En Afrique on dit qu'un sage qui meurt c'est une bibliothèque qui brûle. Ici c'est autant de visages et de figures en humanité rencontrés sur le chemin...

    "Je ne pense pas que la mort soit un point final. Pour moi, c'est plutôt un point d'interrogation, dont la réponse est véritablement ailleurs". p.211

     

  • Un petit lexique solennel

     

    Notre Père qui es aux cieux

    Que Ton Nom soit sanctifié

    Que Ton Règne arrive,

    Que Ta Volonté soit faite sur la terre comme au ciel,

    Donne-nous aujourd'hui notre pain suressentiel

    Et remets-nous nos dettes comme nous remettons à nos débiteurs,

    Et ne nous soumets pas à l'épreuve,

    Mais délivre-nous du malin. Amin

    Traduction de Michel Laroche, selon la version grecque

     

    notre pere.jpgMichel Laroche, métropolite de l'église orthodoxe, publie un "petit lexique pour comprendre le Notre Père" aux éditions Erick Bonnier.

    Chaque terme de la prière universelle est reprise dans son étymologie grecque, langue dans laquelle l'évangile de Matthieu fut rédigé (les versions araméennes sont perdues). Cela a son importance car la traduction latine dont s'inspire la tradition catholique s'éloigne sensiblement de l'essence du message.

    Ainsi le pain qui recouvre de multiples sens mais qui in fine ne représente, pour les orthodoxes, que le corps du Christ (le pain suressentiel).

    Le Notre Père est une ode au Fils et à son magistère, véritable Dieu, Nom du Père dans la trinité (les trois premières strophes).

    Il rappelle certaines épreuves de Jésus, sa confrontation et le rejet d'avec le malin, l'amour et le pardon de ses ennemis, pour que la prière soit opérative.

    Elle est récitée comme il y a 2000 ans, comme si c'était le Christ-même (le chemin, la voie et la Vie) qui récapitulait sa vie et son enseignement, soit une exigence étrique, une co-naissance dans l'acte de prier, loin d'un par cœur désincarné.

    Le livre est également un retour à la vie érémitique des premiers pères de l'église et à leur vision divine du Verbe fait chair. Une lecture dont on ressort édifié, grandi et un peu privilégié, comme un appel à la sainteté.