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Spiritualité - Page 38

  • Une Mémoire sourd du fléau


    Pandemies-218x300.jpgL'historien de l'Antiquité et spécialiste du judaïsme ancien David Hamidovic nous livre aux Éditions Bayard un court essai sur les "racines bibliques de l'imaginaire des pandémies".
    Face à un coronavirus dont le vaccin est lointain et l'issue incertaine, face au traitement médiatique de sa progression et aux chiffres quotidiens de sa mortalité, s'est activée selon l'auteur, une mémoire archaïque en chacun, donc planétaire.
    Dans l'imaginaire ou inconscient collectif, des récits d'épidémies plus anciens ont été ravivés (Des précédents virus aux épidémies de peste ou de choléra) dont l'origine remonterait aux dix plaies d'Égypte, qui commencent dans le sang (l'eau devient sang) et se termine par la mort (des nouveaux nés). La première partie de l'ouvrage dresse en effet une étude comparative des occurrences de ces dix plaies dans la Bible et son caractère plus évocateur et frappant que précis dans sa hiérarchisation.
    Le spectre d'un châtiment divin consécutif à un péché ou une faute comportementale a plané pendant et après le confinement, invectivant le modèle néolibéral ou la destruction de la nature et porteur d'un changement souhaité de paradigme. Ce sont surtout les peurs paniques organiques qui ont connecté ces profondeurs judéo-chrétiennes des psychés, s'étendant aux corps de tout à chacun.
    Cependant même si le traitement de cette pandémie reste inédit et global à l'échelle de l'histoire, jamais à l'analyse de celle-ci n'ont émergé de nouveaux modèles de vie ou de fonctionnement, conclut David Hamudovic.
    Si dans la culture religieuse du Proche-Orient ancien ou du christianisme primitif les malades étaient supposés être atteint d'une malédiction, d'un mauvais esprit ou d'un démon, des protocoles sanitaires étaient déjà observés et l'épreuve débouchait sur une issue lumineuse, la guérison par la parole dans la culture chrétienne ou le sauvetage du peuple hébreu à la recherche d'une terre promise, pour le judaïsme.

    Ainsi des leçons proches ou à venir, à tirer de cette pandémie insolite : pour certains des angoisses calmées par la nourriture, pour d'autres des questionnements métaphysiques ou des ajustements organiques (moins manger ou faire du sport par exemple) en allant jusqu'à une profonde métanoïa pour quelques-uns, d'un rééquilibrage à un changement d'axe , en vue d'un changement intérieur cette fois-ci, afin qu'advienne peut être un jour un monde plus juste et meilleur.

     

  • Re-trouver l'Amour perdu

     

    "Faire un pas de plus c'est demeurer dans l'Ouvert, aller toujours plus loin, plus haut, plus profond. Être arrêté c'est rester en enfer, enfermé en soi-même, cesser d'être vivant, ouvert à l'autre, à l'inconnu, à l'imprévisible".

     

    9782226452528-j.jpgJean-Yves Leloup n'a jamais été aussi bon que dans l'exégèse de textes anciens (les évangiles apocryphes de Marie, Thomas ou Philippe par exemple) pour leur redonner une touche de modernité. Avec Métanoïa, une révolution silencieuse, paru chez Albin Michel, il propose un petit guide de recentration du mental au Soi, du moi au Christ en soi, avec en prime de belles fulgurances pour cet auteur prolifique, théologien et prêtre orthodoxe qui fête cette année ses 70 printemps.

    La thérapie d'Evagre le pontique qui date du 4ème siècle est en effet toujours d'actualité, puisqu'elle consiste "à faire un pas de plus au-delà du mental et des pensées qui l'agitent pour retrouver notre véritable identité en Dieu". Il va s'agir de purifier le mental de ses huit principales pathologies ou passions : chercher à se rassurer par la nourriture, accumuler biens ou plaisirs, s'attrister quand il manque quelque chose et que la réalité ne correspond pas à notre désir, désespérer et délirer pour se rassurer ou encore s'inventer une autonomie, une puissance qu'on n'a pas puisque l'ego n'est pas l’Être.

    A chaque fois, J.Y Leloup nous convie à retrouver le Réel, la vraie Personne, l'authentique et bienheureuse présence qui nous habite. Ce n'est pas l'annihilation en Dieu chère au soufisme mais la croyance en un nouveau paradigme, à trois pas de coté de la pensée-mental associée au corps ou ego, par la conscientisation ou Amamnésis, le retournement ou Metanoïa et la transparence ou Métamorphosis. Une révolution silencieuse de la tête embourbée au cœur pacifié, un retour au royaume de l'Amour. Finalement nous sommes passants, traversés par l'Infini et potentiellement témoins de Dieu, de Son Amour, si nous acceptons cette tâche divino-humaine.

    J.Y Leloup se pose justement dans cet opus en témoin de l'Amour, témoin d'une Présence équanime et joyeuse à laquelle il co-naît. Il nous entretient de la possibilité d'une relation vivante avec le mythe christique, d'un retour du refoulé :"l'Amour est le seul Dieu dont on ne peut pas faire une idole. On ne peut le garder ou le connaitre qu'en le donnant. C'est le seul trésor qui augmente quand on le dépense". Dans la lignée de l'orthodoxie, l'auteur fait des retours à l'étymologie grecque et aux évangiles, ce qui rend le voyage plaisant et revivifiant, avec une belle réflexion-analogie entre le bestiaire des animaux de l'apocalypse et le passage de l'ego à l'être.

    Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement, disait Boileau, et cela se vérifie dans le canevas ou la structure suivie tout au long de l'ouvrage mais la confusion s'installe dans la conclusion presque trop cérébrale et pour public averti ou initié. J.Y Leloup reste un chantre de l'élévation même si ses hauteurs flirtent parfois avec l'abstraction philosophique. Il demeure néanmoins un pilier pour l'édification de l'âme qui est religieuse en ce sens où elle interagit avec des symboles numineux.

     

    "Regarder ses pensées, considérer que ce n'est pas le réel mais sa représentation, pas un fait mais une interprétation, prendre du recul".

     

    Les citations en italique sont issues du livre.

  • Un évangile bâti sur le rock

     

    De l'abime à la lumière, de l'épouvante à la grâce, les livres saints accompagnent et font évoluer toute l'œuvre de Nick Cave. Plus encore, sa discographie s'apparente elle-même à une bible. Une sorte d'évangile (du) rock : le Gospel de l'Age du Fer Rouillé. P.38

    l'évangile selon Nick Cave-le Gospel de l'Age du Fer Rouillé,Arthur-Louis Cingualte,Les Éditions de lÉclisse,Juin 2020Arthur-Louis Cingualte publie aux Editions de l'Eclisse, un livre original sur le chanteur Nick Cave intitulé « l'évangile selon Nick Cave, le gospel de l'âge du fer rouillé ».

    Il s'agit d'une sorte d'exégèse å partir de certains extraits de chansons non traduits ( et ce sera le seul bémol alors qu'il n'existe pas de traduction française de ses chansons) qui parcourt et dissèque son œuvre et sa carrière en quatre livres et une postface, laquelle traite du dernier album cathartique Ghosteen, postérieur à l'accident mortel d’un de ses fils âgé de 15 ans.

    Très marqué par les textes sacrés et la Bible en particulier, on découvre que le répertoire de Nick Cave et de son groupe les Bad Seeds est parsemé de références au Dieu vengeur vétérotestamentaire puis dans la seconde partie de sa discographie , plus apaisée, à l'identité et au message du Christ.

    Parcours singulier pour qui aurait assisté un jour à un concert des Bad Seeds, brutalement violent et sauvagement incarné, dont le sens échappait sans cette clé spirituelle, fruit d'une profonde réflexion métaphysique. L'inclinaison récente et la redécouverte du Christ de son enfance laisse peut être entrevoir la possibilité future d’une paix intérieure trouvée après toutes ces années en prise avec le non-sens (ou cynisme du créateur) et l'auto destruction (multiples overdoses pour le songwriter australien).

    Ce que le fan perd en intensité et souvenir marquant de la période houleuse, agitée et torturée, il le gagne en maturité, humanité et issue lumineuse de son idole sur-voltée .

    A l'aune de cet « évangile selon Nick Cave » l'envie nous prend de réécouter sa discographie et de lire ses deux romans comme révélant son interprétation personnelle du texte sacré. S'il est dit que les violents s’emparent du royaume des cieux, reste du temps pour filer droit et retrouver ces instants d'éternité, l'âme et le cœur apaisés de ne plus offenser le Créateur par le sang versé.

    Pour Arthur-Louis Cingualte, l'ombre du Dieu de l'ancien testament a ceci de désarmant qu'il inspira de grands écrivains qu'on croirait maudits tels Léon Bloy, Maurice Dantec, Simone Weil ou encore Louis Massignon, si proches de la Source irradiante au tréfonds de la noirceur, tellement incardiés qu'on les croirait agents des ténèbres. Les épreuves ont plu sur ces hommes de foi, morts parfois de façon ignominieuse mais dont le verbe vomissait la fausseté.

    Nick Cave fascine par son coté ténébreux mais son ouverture mystique le sauvera t'il ? auparavant il invectivait désormais il communie, tel une hostie vivante et les « mauvaises graines » ont presque tous disparus.

    Un essai rock par son ouverture et sa fêlure , qui laisse passer la lumière de l'amour.

    Pendant des années j'ai été dans la confrontation avec le public …je tendais un doigt autoritaire vers les spectateurs, je les nourrissais de force. Aujourd'hui, le public n'est plus exclu, les concerts ressemblent à des orgasmes collectifs. Je sens vraiment qu'il m'aide, que je l'aide à atteindre une sorte de transcendance. P.129

  • Une science de l'intériorité

     

    "La vérité est la réalisation que je ne suis rien, personne. Ainsi je suis chacun et toute chose". (p.203)

     

    Swami Prajnânpad,La Grandeur de l'Homme,Editions Accarias l'Originel,Daniel et Colette Roumanoff,Roger-Pol Droit,Juillet 2020De nombreux livres sont déjà parus de Daniel et Colette Roumanoff sur leur maître spirituel Swami Prajnânpad (1891-1974) et Arnaud Desjardins (1925-2011) fut celui qui popularisa et transmis par son enseignement, la lignée du guru bengali.

    "La grandeur de l'homme" paru aux éditions Accarias l'Originel est un ensemble de citations des Upanishad choisies et commentées du maître, parmi plus de 700 lettres de disciples et 200 entretiens audios pour la plupart inédits. Un travail de synthèse thématique des époux Roumanoff concernant l'Homme, Dieu, la mythologie, les religions ou la science et qui monte crescendo vers des hauteurs de vues, de la méthode quasi scientifique à l'état de Délivré.

    A titre d'exemples qui balaient tout poncif : dieu est un concept lié à l'enfance et à l'attitude des parents...prier c'est créer la séparation puisque l'être originel est parfait en soi...être libre (de tout asservissement) est le but de la création...

     

    La grandeur concerne ici l'homme de connaissance au sens oriental du terme, opposé à son homologue occidental le penseur, l'intellectuel pur et sec.

    Leur différence se situe sur une pratique quotidienne d'épuration de l'ego, dans un souci de vérité, pour se rapprocher de l'être que nous sommes et avons toujours été. G.I Gurdjieff parlerait d'essence par rapport au personnage factice et illusoire, produit de l'éducation, que nous nommons personnalité.

    C'est par l'émotion et son investigation imagée (associée à une pensée) jusqu'à la racine, que nous toucherons par la répétition, au noyau de la connaissance, le Soi, auquel l'ego doit s'identifier.

    En Islam Dieu est transcendant, les chrétiens insisteront sur la relation à Dieu mais sans s'identifier (il n'y a qu'un Christ-dieu). L'Orient et sa lignée de sages ont franchi ce pas, parfois par des chemins peu orthodoxes comme Swami Prajnânpad, de formation scientifique et d'inspiration freudienne.

    Pour ces hommes et leurs disciples la foi ne suffit pas (même si elle court-circuite le mental) et l'expérimentation directe prime à force de "raison objective" au sens de découvreuse de lois régissant l'intérieur de l'Homme.

     

    "Quand je cesse de souhaiter mettre quelqu'un d'autre à sa place, l'uniformité que j'ai créée partout, le moi que je surimpose partout, disparaît simplement. Chacun alors est vu à la place qui est la sienne. Ainsi, quand je suis en relation avec quelqu'un, je suis avec lui. Mais quand je regarde l'autre comme non différent, immédiatement, j'entre en conflit avec lui". (p.194)

     

  • Henry Quinson, témoin du Christ

    Entretien avec Henry Quinson

    autour de son livre « Et l’Homme devint Dieu : spiritualité pour un monde adulte »,

    Le Passeur éditeur, juin 2020

     

    CHŒUR : Ce livre est important. On sent que vous y avez mis beaucoup de vous, de votre vécu d'enseignant, de vos expériences et lectures spirituelles, de vos curseurs et clignotants pour essayer de comprendre et de sentir le souffle de ce monde. Beaucoup de références de tous bords aussi mais sans cesse un retour au fondement et au discernement christique, ce supplément d'âme, le liant...

    En effet, je considère ce livre comme une sorte de testament, au cas où il m’arriverait quelque chose à bientôt soixante ans, au cas où mes facultés intellectuelles déclineraient au point de ne plus être capable de communiquer avec les nouvelles générations de manière pertinente et informée. C’est pourquoi j’ai dédié cet ouvrage à mes belles-filles Julia et Léa.

    Il s’agit d’une sorte de condensé de ce qui reste en moi d’essentiel pour vivre. Une bonne ratatouille, ici à Marseille, exige du temps. Elle se réchauffe plusieurs fois pour obtenir une concentration de saveurs, une réduction qui réjouit le palais. En 200 pages, que reste-t-il de ma foi en la vie après tant d’années de quête, de déménagements (New-York, Bruxelles, Paris, Savoie, Marseille) et de déracinements sociologiques, linguistiques, culturels et religieux (des « beaux quartiers » aux HLM, de la finance à l’enseignement et au cinéma, de l’anglais au français, du monde anglo-saxon à la Méditerranée, du christianisme à l’islam) ? Y a-t-il un roc qui résiste aux tempêtes, aux questions lancinantes, aux souffrances et aux découragements ? Existe-t-il une joie et une paix profondes qui demeurent, non seulement intactes mais renforcées, après les errances, les égarements, les échecs et les lassitudes ?

    Oui, mon expérience, mes rencontres et mes lectures m’ont appris qu’un Souffle anime ce monde étonnant qui nous entoure et dans lequel nous sommes plongés. Je définis la spiritualité comme une aspiration alimentée par une inspiration. Tout homme est, à ce titre, fondamentalement spirituel, qu’il se dise « athée » ou « croyant », expressions dont je conteste le bien-fondé, car la foi est nécessaire pour vivre. La seule question qui demeure est : en quoi ou en qui croyons-nous ? Et c’est à cette question que le Christ apporte une réponse. A vrai dire, il EST la réponse. Qui est-il ? Où est-il ? Comment le rencontrer ? En quoi est-il l’alpha et l’oméga de nos vies, leur source et leur sommet ?

     

    CHŒUR : Les chrétiens attendent la parousie, le retour du Christ à la fin des temps. Que nous y soyons ou pas encore arrivés (même si beaucoup de signes alarmants sont présents), que pouvez-vous nous dire de ce retour du Christ ? Cette personne ou présence est-elle à attendre à l'extérieur ou à l'intérieur de soi ?

    Les évangiles affirment que le Christ est le sel de la terre et la lumière du monde. Le sel ne se voit pas mais rehausse la saveur des aliments auquel il est mêlé ; la lumière donne à voir ce qu’elle éclaire mais sa source est aveuglante. Le sel et la lumière n’existent donc pas pour eux-mêmes : ils ont pour fonction de mettre en valeur les éléments avec qui ils entrent en relation. De même, le Christ est le levain de la pâte humaine. Il tire l’humanité des ténèbres pour qu’elle existe et la bonifie pour qu’elle soit désirable.

    Son mode de présence peut varier : il parle par des prophètes, il se fait homme, il communique son Esprit, il appelle des apôtres à le suivre, il constitue des communautés ecclésiales, il se présente à nous sous les traits du prochain, tout spécialement du pauvre et de l’étranger. Le Christ peut être compris (théologie), ressenti (mystique) et rencontré (fraternité). Il est celui qui était, qui est et qui vient. Il est au-dedans de nous mais aussi au-delà de tout. La vie éternelle a déjà commencé, à titre individuel mais aussi collectif. La fin des temps, la parousie est déjà endurée. Nous n’en connaissons pas encore l’heure, tout comme celle de notre mort personnelle. Mais le rendez-vous est pris. Il donne une perspective, créé une attente, produit une densité singulière : la vie est précieuse, c’est un miracle unique et mystérieux.

    Comme je le montre dans mon livre, tout une série de faits objectifs indiquent que le temps que nous vivons ne ressemble à aucun autre. Certes, les activités humaines présentent des aspects cycliques à l’image des saisons que nous offrent le mouvement des astres. Mais l’histoire religieuse nous a fait découvrir le temps linéaire : celui de la sortie du peuple hébreux d’Égypte. L’histoire est façonnée par des événements uniques dont le contenu spirituel est soumis à notre sagacité.

    Quel décryptage faisons-nous de l’explosion démographique récente (d’1 milliard d’habitants en 1800 à 7,7 milliards aujourd’hui) ? Comment évaluons-nous l’hyper mobilité permises par nos moyens de transports modernes soudain immobilisés ou ralentis (127 passagers par seconde en 2017 selon l’Association internationale du transport aérien) ? Comment comprenons-nous l’émergence de ce cerveau planétaire baptisé « noosphère » par Teilhard de Chardin dès les années 1950, constitué de milliards de connexions numériques par minute ?

    L'humanité n’a jamais présenté un tel visage. A tel point qu’une ère géologique nouvelle est discutée par la communauté scientifique : l’anthropocène. L’Homme, pour la première fois, impacte la nature à un degré qui renverse les rôles. Confrontée à sa responsabilité environnementale, l’humanité traverse sa plus grave crise existentielle, par son échelle, planétaire, et sa nature, anthropocentrique.

    L’humanité est sur le point de devenir adulte. Plus que jamais, pour devenir elle-même, elle est invitée à accueillir le ressuscité ressuscitant, ce Dieu devenu homme pour que l’Homme devienne Dieu. Cette divinisation en Christ est en cours. Elle est notre vocation profonde et notre joie ultime.

     

    CHŒUR : Pourquoi avons-nous besoin du Christ en tant que prophète et/ou dieu ? Pourquoi le Dieu de Jésus, cette Source, est une réponse et un baume aux nombreux problèmes ou questionnements de l'être humain ?

    Le Christ Jésus nous a révélé en paroles et en actes que Dieu est Amour. Ce mystère de l’incarnation pascale est daté mais nous ne formons qu’un seul corps. Pour ceux qui en douteraient, il suffit d’observer que lorsque la Chine éternue, le monde entier se confine. Chacun d’entre nous, nous sommes membre de ce corps immense apparu bien avant notre naissance et promis au bonheur d’un Amour universel qui habite tout être humain et le relie à travers le temps et l’espace à cette Source qui est à la fois réponse, baume et communion pour les cœurs en quête d’une vie qui n’est pas seulement biologique mais avant tout spirituelle.

    La planète a connu la pré-vie, puis la vie. Nous sommes en chemin vers la sur-vie. Comme le vent, elle n’est pas directement visible, mais à qui sait en observer les effets elle est bien présente et agissante à travers nos choix, nos réalisations et nos célébrations artistiques. Nous avons besoin du Christ, nous avons besoin de Dieu, car nous avons besoin d’exister : notre vocation est de nous unir à l’Amour. Par participation, nous devenons Amour. A ce titre, je me risque à conclure, à la suite d’Irénée de Lyon, qu’au terme de l’Histoire, la face de la Terre disparaîtra mais l’Homme, ô miracle ! deviendra Dieu.

    et l'homme devint dieu,henry quinson,editions le passeur,questionnaire,juin 2020

    En bonus l'interview audio réalisée il y a 11 ans déjà pour la sortie de son premier livre : "Moine des cités" (3 fois 20 minutes), en collaboration avec RCF.


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    et l'homme devint dieu,henry quinson,editions le passeur,questionnaire,juin 2020,Moine des cités,Editions Nouvelle Cité,Février 2009

  • L’expertise d' Un penseur chrétien

     

    Coran 31,27 : Dieu a créé tout le genre humain dans un seul homme. La résurrection universelle ne lui coûtera pas davantage. Il entend et observe tout. (Trad. Savary)

     

    quinson.jpgC'est avec grand esprit de synthèse et forte érudition qu'Henry Quinson résume, dans « Et l'Homme devint Dieu" paru aux Éditions le Passeur, l'histoire de l'humanité en la mettant en parallèle (c'est l'hypothèse) avec celle des phases du développement de l'Homme qui est celui de tout homme.

    L'économie, la philosophie, la politique, la spiritualité, la science, l'histoire et les arts sont convoqués dans un essai total et constituent la grille de lecture systémique de l'époque par un auteur-conférencier qui eut aussi plusieurs vies (trader puis moine puis enseignant et conseiller spirituel pour le film des hommes et des dieux) et donc plusieurs points de vue sur son prochain.

     

    l'Homme serait donc en conclusion , arrivé au stade adulte , « conscient de sa finitude et de sa responsabilité planétaire...avec un espace vital limité» et entrant par conséquence dans une nouvelle ère spirituelle. C'est de cette hauteur qu’Henry Quinson, qui allie pratique à théorie, s'adresse à nous, sans sermons ni infantilisme et fort de sa maturation intellectuelle et spirituelle personnelle, à l'automne de sa vie comme il aime le dire.

    Sa réflexion ultime explore la "sur-vie" plutôt que la survie, un comportement altruiste et empathique envers ses frères en humanité plutôt qu'égotique et ignorant des forces de l'esprit, au sens religieux du terme.

    L'interdépendance et l'interconnexion de tous rend entre autre stérile l'invocation d'un "Dieu des armées" au profit du « Désarmé, unifiant le monde dans un Amour universel", et la lettre ne tient plus comme hier devant "la vie de l'Esprit qui continue d'irriguer et d'enrichir l'humble rencontre des personnes ordinaires".

    Chrétien profondément marqué par la vie et le vécu des moines de Tibhirine, il relis l'Histoire globale de l'Humanité sans éluder ses fondements archaïques et archétypiques, de la genèse à l'apocalypse, reliant également la dimension horizontale des interrelations avec celle verticale, axe de la vie en dieu, du Dieu (de) Jésus.

    Un essai dense qui aborde par différents prismes la problématique complexe d'une conscience innervée en profondeur, celle de l'Homme, en résonance avec la noosphère (sphère de la pensée humaine) du prêtre-philosophe Pierre Theilhard de Chardin.

     

    « La fin de l'humanité, bientôt adulte, ne se résume pas à une date, au demeurant inconnue ; elle est déjà en cours. Jour après jour, l'Homme devient Dieu, proche du terme de son aventure, de son aspiration la plus profonde, qui n'est autre que de communier à sa source, son inspiration la plus essentielle : Amour caché mais présent, au-delà du temps et de l'espace, victorieux Esprit. » (P.187)

     

  • Un Jung dédivinisé

     

    "Jung confondait la tension insupportable qu'exerçait l'archétype masculin en inflation sur son moi avec le Soi qui, au contraire, comme le processus remarquable de ses rêves le montre, travaillait à l'en guérir. C'est le drame de Jung, mais qui se confond aussi avec le drame de l'humanité depuis son origine : l'archétype masculin en inflation, ou archétype primate préhumain, a usurpé la place numineuse du Soi, essence de l'être véritablement humain au cœur de l'inconscient collectif"...(p.270)

    "L'inflation de l'archétype masculin soumet le moi à une persona, un modèle de perfection obligatoire qui exige de lui, de manière psychorigide, qu'il ne soit jamais mis en défaut, jamais obligé de reconnaître une faute, une culpabilité, une faiblesse". (p.23)

     

    pierre trigano,psychanalyser jung 3,réponse à job,moi en inflation,réel editions,juin 2020Avec ce troisième volume paru aux éditions Réel, Pierre Trigano finit de « Psychanalyser Jung" en s'attelant à la dernière partie de sa vie, de 1946 à sa mort en 1961, avec un focus sur son livre phare "réponse à Job".

    Dans cet essai qui a force d'autorité, C.G Jung n’entrepris rien de moins que de psychanalyser dieu en le personnifiant, suite à son attitude en apparence cruelle, envers son fidèle serviteur Job, une histoire bien connue de la Bible sur le sens de la souffrance.

    Si l'archétype divin est assimilable au Soi défini par Jung en tant que centre numineux de l'union harmonieuse des contraires ou agent thérapeutique fondamental au cœur de la psyché, il devait dès lors être entaché d'une ombre terrifiante (le Satan ou coté maléfique et inconscient du Créateur) pour punir si injustement l'un de ses plus important sujet.

    Pierre Trigano refait le match à l'aune de l'analyse des rêves et du vécu de l'analyste zurichois et le constat est sans appel : Jung a confondu le Soi et l'archétype masculin en inflation. Manipulé par son inconscient il a projeté son complexe de toute puissance pendant l'écriture de son livre ! Sa saillie envers dieu n'était en sus ni documentée ni érudite (il n'avait pour seul bagage que son héritage protestant traditionnel)

    Le Soi ne travaille, selon lui, qu'à l'ouverture pour aider à se différencier de ce masculin en inflation (ce "moi-seul") depuis l'origine de l'humanité, en créant de la conscience, quitte à activer le « Satan" ( c'est la fonction antéchrist du Soi) mais « pour la guérison du sujet et pour la victoire, la résurrection de la vie en lui". Et cette guérison passe par l'ouverture à l'archétype de la féminité qui est "interrelation, amour, humanité véritable".

     

    Jung lâchera néanmoins prise grâce aux conséquences de cette bévue : les nombreuses critiques de théologiens, les décès de sa femme Emma et de sa maîtresse Toni Wolf, et les rêves numineux de « réinitialisation présidée par un archétype féminin restauré, en union heureuse avec le masculin positif". Il peaufinera, ses dernières années, le concept unificateur du Soi et partira apaisé dans l'autre Vie.

     

    Cette thèse de Pierre Trigano sonne plus juste que la « Réponse à Job » qui personnifie un Monsieur dieu pour mieux le sermonner et l’analyser, un projet somme toute assez orgueilleux et prétentieux.

    D'autre part l'auteur est coutumier de la Bible hébraïque et des développements kabbalistiques sur le livre de Job et sa démonstration montre un tout autre visage de la personnalité et de l'épreuve de ce dernier.

    Enfin il a la faculté de nous entrainer dans son interprétation symbolique des rêves en la rattachant à des concepts et problématiques universels, tout en égratignant les analystes du verbe qui « marginalisent les rêves et n'aboutissent qu'à un renforcement de la capacité de maîtrise et de contrôle du moi ».

    Qui ne reconnait pas l'inflation de l'archétype masculin comme une vérité endémique, source de disharmonie sur notre planète ? Pierre Trigano, dans cette trilogie sur Jung, nomme et définit le virus, propose une méthode et un vaccin, dans les pas d'un des pères de la psychanalyse, à ceux qui veulent bien l'entendre.