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Théâtre - Page 9

  • Moment suspendu avec le cirque Eloize

    Cirque Eloise,Montréal,Jérémy Vitupier,Antonin Wicky,César Mispelon,Julius Bitterling,Una Bennett,Cory Marsh,Tuedon Ariri,Andrei Anissimov,Emma Rogers,Philippe Dupuis,Sabrina Halde,Nuits de Fourvière,Juin 2019Le cirque Eloize implanté à Montréal est devenu une institution comme le cirque du soleil.

    Vingt cinq années d'existence et une formule secrète distillée à travers ce dernier spectacle "Hôtel" qui ravive le cœur enfantin de tous les publics aux Nuits de Fourvière (une première au festival).

    "Carpette", "Carpette" ! : tandis qu'un circassien crie à tue-tête, son camarade époussette les marches du Théâtre antique et quelques spectateurs. La pièce n'a pas officiellement encore démarré mais déjà les clowns-majordomes attirent l’œil et font rire aux éclats le public. Il est directement plongé dans l'ambiance d'un hall d’hôtel chic et foutraque qui rappelle le film " Grand Budapest hôtel" de Wes Anderson. L'espace, les interstices, le mobilier (valises, divan, bar, seau, carpette...) sont prétextes à l'expression corporelle, sentimentale (oui, il y a des histoires d'amour...) et surtout poétique...avec un petit grain de folie. Ce qui compte ici n'est pas d'en mettre plein la vue mais de toucher par l'émotion, l'âme du spectateur.

    La compagnie revisite les classiques du cirque que sont le main à main, la corde lisse, les sangles, la jonglerie, la roue Cyr, le mât chinois, la contorsion et le clown en nous racontant une histoire parfois chantée (Sabrina Halde) parfois rythmée musicalement par un DJ ou une bande son moderne, parfois dansée également.

    cirque eloise,montréal,jérémy vitupier,antonin wicky,césar mispelon,julius bitterling,una bennett,cory marsh,tuedon ariri,andrei anissimov,emma rogers,philippe dupuis,sabrina halde,nuits de fourvière,juin 2019L'unité de la troupe est palpable dans les scène collectives mais aussi les solos (qui constituent parfois des duos de clowns, d'acrobates ou de gymnastes), dans une attention bienveillante et une tension paroxystique, ce qui fait sa force et son succès.

    La roue Cyr prise à bras le corps par Cory Marsh, également DJ, est une invention de Daniel Cyr, co-fondateur du cirque en 2003 et la polyvalence des talents est également une marque de fabrique. Les onze artistes-circassiens sont tous musiciens et pratiquent au moins deux autres arts du cirque.

    Les séquences sont équilibrées et mettent chacun en valeur au sein de ce jeune collectif et ceux que l'on retient sont avant tout des personnages, preuve de l'empreinte du théâtre sur cet art populaire mais aussi de sacrés ou gracieux numéros avec des mentions spéciales aux filles : Tuedon Ariri aux sangles, qui suspend le temps par sa présence, Una Bennett à la corde, dont le jeu de jambes subtile nous laisse pantois et Sabrina Halde qui chante superbement, en écho avec la pleine lune incandescante sur Fourvière.

    Le spectacle est déjà fini et voilà que la foi en l'humain, l'amour, les projets collectifs, l'humour, l'attention et l'intention bienveillante se réhausse...

    Saluons ces artistes avec par ordre d'apparition :

    Jérémy Vitupier : Clown, Fil mou, Hula Hoop, Saxophone alto.

    Antonin Wicky : Clown, Cascades, Mât chinois, Hula Hoop, Trompette.

    César Mispelon (le petit homme) : Main à main, Mât chinois, Hula Hoop, Sousaphone.

    Julius Bitterling : Main à main, Hula Hoop, Mât chinois, Saxophone tenor.

    Una Bennett : Corde lisse, Hula Hoop, Mât chinois, Trompette.

    Cory Marsh : Roue Cyr, Mât chinois, Hula Hoop, DJ.

    Tuedon Ariri : Sangles, Contorsion, Hula Hoop, Mât chinois.

    Andrei Anissimov : Main à main, Mât chinois, Hula Hoop, Trombone.

    Emma Rogers : Main à main, Mât chinois, Hula Hoop.

    Philippe Dupuis : Jonglerie, Mât chinois, Hula Hoop, Triangle.

    Sabrina Halde : Chant, Piano, Ukulélé.

     

    @crédit photo : les nuits de Fourvière

  • Les plutériens, un spectacle bien vivant !

     

    Les Plutériens est un spectacle à collaborations multiples. Charles Pennequin, auteur-poète lillois a écrit un livret pour l'Arfi (un collectif de musique jazz et improvisée basé sur Lyon) qui souhaitait de longue date jouer un opéra, à son image, déjanté. Spirito, le chœur de chambre professionnel dirigé par Nicole Corti est venu donner de la voix et du féminin (elles sont 8 sur scène) au sein de cet "opéra-space" dont deux solistes-acteurs (Marie Nachury et Antoine Läng) sont les personnages principaux...ainsi que Cantos, la machine qui voulait devenir humaine.

    Les plutériens,Charles Pennequin,Arfi,Spirito,Nicole Corti,Guillaume Bailliart,Marie Nachury,Antoine Läng,Xavier Garcia,Julie Ricassé,Romain Nicolas,Gaspard Gauthier,Martin Barré,Elvire Tapie,Coline Galeazzi,Théatre de la renaissance,Nuits de Fourvière 2019Guillaume Baillard, jeune metteur en scène, a su fédérer, temporiser et faire jouer ces joyeux drilles en apportant des outils scénographiques pour décomplexifier la trame narrative.

    Un projet ambitieux donc, estampillé "Nuits de fourvière" et qui suscita l'engouement de tous les acteurs engagés. Le résultat est assez novateur, parfois dérangeant, presque punk dans l'esprit.

    L'histoire emprunte les codes de la science fiction (avec de savoureuses références aux films du genre) tout en jouant avec pour le coté décalé. De même, la partition musicale s'affranchit, pour le coup, des règles de l'opéra pour proposer une lecture à la fois collective et individuelle (ils sont 11 dont 2 batteurs sur scène du collectif ARFI) de l’œuvre toute en apesanteur.

    Le spectacle est total, sur scène et dans la salle et se joue du temps par la richesse de sa proposition. On peut vite être débordé par le voyage, sans repères et avec les décibels parfois élevés, mais la théâtralité ajoute de l'humour, de la dérision et du recul pour ce projet qui se veut tout sauf élitiste, prétentieux ou je je-m’en-foutiste. Au bout des deux heures, un vaisseau bien sonore, car humain, a traversé le silence de l'espace !

    Choeur a rencontré Nicole Corti, Guillaume Baillard,  et Guillaume Grenard, trompettiste et membre de l'ARFI, à la sortie du spectacle joué au Théâtre de la Renaissance (en partenariat avec les Nuits de Fourvière). Un audio de 10 minutes :

    podcast

     

  • Un Requiem incarné

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    Lundi de pentecôte sur Fourvière. Il a plu toute la journée mais l'accalmie se présente en soirée et le public venu assister au Requiem (fragments) de Mozart est au rendez-vous.

    Par frilosité des instruments anciens de l'Insula Orchestra on nous annonce qu'ils seront à l'abri des regards, mais le spectacle est ailleurs.

    A la direction musicale, Laurence Equilbey est seule à la manœuvre au milieu d'une fosse pour le coup déserte et sa direction se fera par vidéo projection. Un parterre de chœur s'avance. Ils sont 22 plus 4 solistes, habillés de vêtements simples mais uniformes à dominante bleu, blanc et gris (Sigolène Pétey aux costumes). Ils approchent et entament le mythique Requiem.

    La version qui sera donnée dure peu de temps au total puisque qu'il s'agit de l'originale inachevée par Mozart (pas plus de 25 minutes avec des plages allant de 1 à 5 minutes) et non pas de celle plus connue de son élève.

    Les silences de l’œuvre, part manquante, seront occupés par les 8 danseurs du chorégraphe Yoann Bourgeois. Ceux-ci apparaissent rapidement dans le spectacle, déboulant d'une immense plateforme lisse comme un toboggan. Ils sont comme happés par le vide, le pas de trop qui les emmènent inexorablement vers l'inframonde et ses fosses charriant les morts. Métaphoriquement parlant ils peuvent aussi être vus "comme des larmes (qui) coulent les corps, sur la page noire du destin", selon le scénographe, un mantra entêtant qui ne cessa d'inspirer la création de Yoann Bourgeois pour cette méditation sur la mort.

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    Par la suite des tableaux animés se succèdent évoquant des scènes de vie et des petites morts : chutes, entraide, réussites collectives ou individuelles, passions, deuils, efforts...Le tout sous le regard bienveillant d'un chœur maintenant en haut de la structure et qui scrute, tels des anges, les faits et gestes d'une humanité livrée aux épreuves de la vie.

    A la toute fin, ils rejoindront par le même procédé de chute les 8 danseurs pour finir réunis dans un ballet et une ronde joyeuse et unifiante. Et l'on pense inévitablement aux dernières images du film primé Tree of Life de Terrence Malick où, sur une plage, les vivants et les morts se retrouvent pour partager l'amour et les souvenirs communs.

    La bonne idée du spectacle, outre cette rampe géante en tôle ondulée, c'est aussi cette roue giratoire mécanisée au sol, sur différentes vitesses (comme la roue du potier) et qui accentue la mise en mouvement des choristes et danseurs. Ils jouent avec la pesanteur, avancent à différents rythmes, ce qui donne du relief au ballet chorégraphique.

    Laurence Equilbey souhaitait travailler avec le chorégraphe Yoann Bourgeois depuis longtemps. La mise en espace du Requiem fut sa condition "sine qua non". Collaboration réussie puisque la cheffe d'orchestre, lorsqu'elle ne dirige pas avec intensité ses musiciens et choristes, observe avec émerveillement le ballet des danseurs, tel un témoin privilégié. Ainsi en va t'il également des danseurs portés par ce chœur vibrant des notes célestes de Wolfgang Amadeus.

    Qui est vivant, qui est mort ? Qu'est-ce que la vie, quel est son sens ? Y a t-il une survie et si oui de quoi ? Autant de questionnements en suspens dans cette œuvre singulière, hybride, où rien n'est jamais figé.

    Crédit photo : Les nuits de Fourvière

  • L'esprit zen de Thoreau

    Le temps est la rivière où je m'en vais pêcher,David Gauchard,compagnie l'unijambiste ,Henry David Thoreau,Denis Lavalou,Samuel Gallet,Leonore Chaix,Vincent Mourlon,Sophie Richelieu,Nicolas Petisoff,Thomas Poli,Alexandre Machefel,Fabien Teigné,Laeticia shériff,Pierre Bellec,théâtre de la Croix-Rousse,Mai 2019À l'heure des marches pour le climat et de l'urgence écologique, David Gauchard, de la compagnie L'unijambiste , nous propose une « expérience contemplative » qui mérite d'être partagée,  à partir des écrits de Henry David Thoreau.

    Nous assistons à une variation très moderne et contemporaine des 4 saisons avec 4 tableaux originaux sur une magnifique musique synthétique de Thomas Poli et une très belle projection vidéo minimaliste d’Alexandre Machefel.

    Les comédiennes et comédiens, Léonore Chaix, Sophie Richelieu, Vincent Mourlon et Nicolas Petisoff nous emmènent avec eux au bord de la rivière et ses saisons.

    Le temps est la rivière où je m'en vais pêcher,David Gauchard,compagnie l'unijambiste ,Henry David Thoreau,Denis Lavalou,Samuel Gallet,Leonore Chaix,Vincent Mourlon,Sophie Richelieu,Nicolas Petisoff,Thomas Poli,Alexandre Machefel,Fabien Teigné,Laeticia shériff,Pierre Bellec,théâtre de la Croix-Rousse,Mai 2019

    La force du metteur en scène est de nous amener dans un univers presque onirique en oubliant le temps et de nous plonger dans un état méditatif avant un réveil brutal qui sera prétexte à un message à l'adresse des nouvelles générations.

    Rencontre avec David Gauchard à l’issue de l'ultime représentation au Théâtre de la Croix-Rousse à Lyon.


    podcast

    Crédit photo: http://www.croix-rousse.com

  • Quand tout s'écroule, reste l'humanité

    Théorie pratique de l'espoir en milieu inhospitalier,Pauline Noblecourt,compagnie théâtre en pierres dorées,Clément Morinière ,Charlotte Fermant,Stephane Vrain,Mathilde Domarle,Irène Vignaud,théâtre des clochards célestes, Lyon 2019. Une crise totale a eu lieu et deux itinérants rescapés se rencontrent sur la route vers Tours ; en évoquant leur passé et leur histoire personnelle. Voici Théorie pratique de l'espoir en milieu inhospitalier.

    Ce récit de Pauline Noblecourt fait le pari de l'humain, de la victoire de son aspect lumineux sur son côté sauvage et destructeur. Au-delà de la peur de l'effondrement il reste l’espoir de reconstruire et de bâtir sur des rapports vrais et authentiques.

    Les trois acteurs, dont la très convaincante Charlotte Fermant, qui donne la réplique à Stéphane Vrain,  évoluent dans le passé et le présent, leurs ombres et leur lumière et l'on ressort grandi en humanité, comme heureux d'échapper à une fatalité collective oppressante.

    Rencontre avec Clément Morinière, acteur et metteur en scène, de la compagnie Théâtre en pierres dorées, à l’issue de la représentation (10 min)


    podcast

    Photo: http://clochardscelestes.com

  • Le Tarot du Grand Tout connecte à la Source

    lamine diagne,le tarot du grand tout,françois cervantès,wim welker,sylvio charlemagne,eric massua,compagnie de l'enelle,hôpital de la timone,marseille,théâtre de la croix rousse,mars 2019

    Lamine Diagne est un artiste complet qui a mis pour cette pièce, Le Tarot du Grand Tout, son talent au service d'une jeunesse malade et un peu désemparée.

    Fort d'une immersion de trois semaines à l'hopitâl de la Timone de Marseille, il a rebondi après l’ascenseur émotionnel, en co-écrivant une sorte de conte musical fantastique léger. Il sera donc Slim, ce conteur-musicien-dessinateur dont la foi folle lui donne la capacité de soigner.

    Le court spectacle musical (50 minutes) nous fait entrer dans un univers merveilleux dans lequel des princes et princesses luttent cœur, corps et âme pour ne pas désenchanter leur royaume...

    Il est accompagné par Wim Welker à la guitare.

    Entretien de 8 minutes avec Lamine Diagne


    podcast

    crédit photo : Théâtre de la Croix Rousse

  • Le Raid questionne le statut de prophète

    Prophètes sans Dieu,Slimane Benaïssa,compagnie Le Raid,Claire Bourgeois,Mohamed Brikat,Franck Fargier,Simon Gabillet,Julie LascoumesLa compagnie du Raid continue de nous surprendre avec le texte engagé ďun auteur algérien, Slimane Benaïssa, sur les religions monothéistes : Prophètes sans Dieu, écrit en 1998. Ce dernier fait dialoguer Moïse et Jésus dans sa chambre d'enfant pas si naïf que cela et qui rêve un jour lui aussi d’exercer le métier de prophète, sans doute par immense respect pour le sien.

    Le point de vue d’un artiste de culture musulmane qui vécut en exil à cause d' islamistes intégristes est intéressant pour comprendre les arguments de cette dernière religion révélée ainsi que la représentation que l'on peut ou pas se faire de Mahomet.

    Le texte est érudit et très documenté sur les religions monothéistes, rendu plus digeste (ĺe texte mérite d’être relu à tête reposée) par la mise en scène drôle, légère et aérée de Claire Bourgeois et Mohamed Brikat.

    Ce dernier joue également le personnage de l'auteur aux côtés de Franck Fargier (Moise, "le premier") et Simon Gabillet (Jésus "le préféré et l'unique").

    Polyvalence des membres, plaisir dans le jeu, diversité et maintenant engagement laissent augurer de beaux lendemains aux et par les membres du Raid…

    Entretien avec quatre d’entre eux :


    podcast

    La pièce (1h20) se joue jusque vendredi à 20h au Théâtre de l’Iris (04 78 68 86 49).

    Crédit photo: Compagnie du Raid