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Théâtre - Page 8

  • Le poids des témoignages

    Grand reporterre #5, Théâtre du Point du Jour, Etienne Gaudillère, Giulia Foïs, Faut-il séparer l'homme de l'artiste, Jean-Philippe Salério, Marion Aeschlimann, Romain de lagarde, Claire Rolland, Angélique Clairand, France Inter, Pas son genre, #Metoo, Roman Polanski Étienne Gaudillère, artiste associé au Théâtre du Point du Jour répond en une heure quinze à un sujet récurrent de philosophie "faut-il dissocier l'homme de son œuvre" qui devient ici "séparer l'homme de l'artiste", que lui a soumis Éric Massé, co-directeur du théâtre de Lyon 5ème. Le court laps de temps répond à un format inédit "Grand ReporTERRE" croisant journalisme et art vivant sur un sujet d'actualité. Il relève le défi avec brio en l'orientant vers les violences sexistes qui ont pris beaucoup d'ampleur depuis le mouvement. #Metoo
    Il est accompagné par Giulia Foïs, chroniqueuse sur France Inter et spécialiste du sujet, elle y anime notamment l'émission "Pas son genre". Sur scène,  la journaliste donne son pendant à Étienne, éveillant sa conscience d'homme à la réalité crue (1 femme sur deux victime de violence sexuelle, 98% des violences viennent des hommes, une femme violée toutes les 7 minutes) et aiguisant son discernement tout en étoffant son argumentaire d'émotionnel à rationnellement détaillé.
    La mise en scène fait mouche grâce notamment à un mur d'images saisissant et aux deux acteurs (Marion Aeschlimann et Jean-Philippe Salério) en situations pour appuyer les faits, en grossir les traits.
    On a l'impression d'assister à une répétition bien avancée (c'est le format qui l'impose) mais qui ne gêne en rien l'à propos et l'âpreté du message véhiculé avec à la clé, des avis moins clivants et une réflexion enrichie d'images et de chiffres percutants.
    Etienne Gaudillère réussit à nous passionner en donnant corps à son journal de bord, il sublime le processus réflexif en en faisant un terreau de jeu. 

    Après un moment d'échange avec la salle en bord de scène, petite discussion avec le metteur-en-scène:

    podcast

    La pièce part en tournée à Villefranche du 13 au 15 avril.

    Photo: Théâtre du Point du Jour

  • Les galères de Molière

    Il faut sauver Molière, Nathalie Somers, Didier Jeunesse, Jean-Baptiste Poquelin, Armande Béjart, Lully, La Fontaine, Louis XIV, Le malade imaginaire, troupe de théâtre, janvier 2022« De toute façon, la famille passait la plus grande partie de son temps au théâtre, car les répétitions du Malade imaginaire se tenaient au quotidien ».

    Molière aurait eu 400 ans cette année ; l’occasion de redécouvrir ses pièces, les jouer, les monter ou les admirer. C’est le moment aussi d’en savoir un peu plus sur sa personnalité, au-delà de son statut de comédien, chef de troupe, auteur de pièce ou metteur en scène et de le faire découvrir aux plus jeunes. Il faut sauver Molière de Nathalie Somers aux éditions Didier Jeunesse, nous entraîne dans les coulisses de la vie d’artiste de Jean-Baptiste Poquelin, son nom de naissance. On suit Pierrot, le héros de l’histoire et Mado, la propre fille de Molière qui tentent de le sortir des griffes de ses ennemis.

    « Pierre ne connaissait pas cette pièce de Molière, mais il savait très bien que l’auteur faisait preuve d’une ironie sans pitié envers les gens qu’il jugeait suffisants, pédants ou malhonnêtes».

    Embauché comme homme à tout faire : assistant costume, accessoiriste, balayeur, confident ; Pierre plonge dans l’univers d’une vie de troupe. Sauf que celle-ci est une des plus célèbres puisque Molière écrit des pièces pour le roi Louis XIV, tout en ayant la charge de tapissier (transmise par son père). La célébrité et la reconnaissance du monarque n’a pas que des avantages, les jaloux sont nombreux. Grâce aux connaissances et la débrouillardise de Mado et la persévérance de Pierre, les jeunes gens vont peut-être tirer d’affaire l’auteur du Bourgeois gentilhomme du mauvais pas dans lequel il s’est fourré.

    « Lully lâcha : - Nous ne seront jamais prêts à temps ! C’est maintenant une certitude ! Les ballets sont en retard, les décors sont en retard, même mes musiciens sont en retard ! ».

    Quel plaisir de revivre l’époque de Molière, de suivre l’avancée de sa dernière création : Le malade imaginaire, de croiser ses contemporains Armande Béjart (sa femme et grande comédienne), Jean-Baptiste Lully, Jean de La Fontaine, de visiter Versailles et rencontrer le Roi-Soleil lui-même. Le roman s’inspire d’épisodes véridiques de la vie du comédien et Nathalie Somers montre à quel point les intrigues étaient nombreuses à la cours. L’histoire permet également de comprendre comment sont nés les personnages de ses pièces et où Jean-Baptiste Poquelin puisait son inspiration. Déjà à l’époque les répliques de ses pièces étaient cultes. Elles le sont toujours 400 ans après et les jeunes générations peuvent s’en emparer avec ce roman (à partir de 8 ans).

    Image: Didier Jeunesse

  • La beauté de la geste

    The Valley oh human sound,Angéla Flahault,Grégory Maqoma,Katrien de Bakker,Noëllie Conjeaud,Caelyn Knight,Maëva Lasserre,Opéra de Lyon,Théâtre de la Croix-Rousse,Greg Gilg,Fabiana Piccioli,Jean-Pierre Barbier,Roberto Olivan,Amandine Roque de la Cruz,Rudy Parra,danse,Décembre 2021

    The Valley of human sound est une création originale du chorégraphe sud-africain Grégory Maqoma, une fusion entre danses (les styles sont variés et virevoltent entre classique, contemporain, hip,hop ou danse libre) et chants composés et interprétés par Angela Flahault, dont la voix et le sens du travail ressemble à l'univers de Camille, en plus jazzy. C'est aussi une collaboration judicieuse entre l'Opéra de Lyon et le théâtre de la Croix-Rousse, qui œuvrent à l'ouverture transdisciplinaire.
    Nous sommes dans un monde où tout commence : une boîte carrée aux vitres opaques domine le centre de la scène. D'elle provient des battements cardiaques et une lumière étrange. Tour à tour des personnages lui tournent autour : quatre danseuses (les rayonnantes Katrien de Bakker, Noëllie Conjeaud, Caelyn Knight et Maëva Lasserre) intriguées vont tenter de l'approcher, de se l'approprier et la chanteuse les rejoint. Elles vont petit à petit produire des sons ensemble et avec la boîte. Chacune apprivoise son corps, ses sons, l'une des danseuses s'amuse du pouvoir de ses gestes. Les styles musicaux  s'enchaînent et nous entraînent dans l'univers singulier des cinq artistes. Toutes, singulièrement, semblent inventer un monde dont la beauté est la clé à l'image des paroles scandées par la chanteuse. La boîte se démonte, se remonte, devient espace de jeu, salle de sport, boîte de nuit... Drapée de couleurs chatoyantes, la voilà palet oriental et on assiste à la fête ou chacune se dévoile sur la piste, danse librement entre joie et onirisme.
    La création a jailli de ce coeur-monde, de cette boite-source. Sous nos yeux encore ébahis , tant il y a de regards a donner (lumière, personnages, sons ou musique), une histoire de sororité nous a été contée, un imaginaire féerique s'est déployé, nous montrant la femme sous tous ses aspects. Et chacun s'en est retourné plein de sourires, de couleurs, de souvenirs à partager.

    Le spectacle se joue jusqu'au 30 Décembre au Théâtre de la Croix-Rousse.

    Crédit photo : Agathe poupeney / Opéra de Lyon

     

  • La clé de la liberté

     Lisa Guez,Les femmes de Barbe-bleue,compagnie juste avant la compagnie,Valentine Krasnochok,Valentine Bellone,Anne Knosp,Nelly Latour,Jordane Sourdre,féminicide,sororité,prédateur,Pinkola Estes,Femmes qui courent avec les loups,Théâtre de la Croix Rousse,Lyon,Décembre 2021

    Ligne claire pour la mise en scène, entrer dans le vif du sujet : 4 femmes claudicantes, anciennes proies de Barbe-bleue, s'expriment tour à tour sur leur féminicide et s'entraident pour rejouer autrement la scène fatidique en musclant leur jeu. Dans Les femmes de Barbe-Bleue, le thème est dramatique à souhait mais allégé par les prestations drôles, inventives ou déjantées des quatre actrices principales - Jordane Sourdre, Nelly Latour, Valentine Bellone et Anne Knosp - dont les imaginaires ont formé la trame du conte théâtral.
    Il est question de désir et d'emprise quand celui-ci flirte avec le feu. Lisa Guez (metteuse en scène) et Valentine Krasnochok (la dramaturge qui joue également la femme résiliente) décortiquent la complexité de la psyché féminine, ses paradoxes face au danger et ses façons de déjouer les pièges du conditionnement patriarcal ou des auto-flagellations mentales.
    Sur une inspiration de la psychanalyste Clarissa Pinkola Estes (femmes qui courent avec les loups), le travail et le sens de la réflexion portent sur le comportement approprié, l'intuition juste à opposer à la violence. Sur un plan plus intériorisé il est discernement de la voix de la sagesse parfois confondue avec celle de la sauvage en soi, une voie de liberté totale pas si éloignée d'une source de conscience éclairée.
    Le public passe un bon moment entre phases de tension et de détente, avec cette pièce aux contours universels, peinte de symbolique rouge et bleu, sur des airs de Gainsbourg.
    Entretien avec Lisa Guez et Valentine Krasnochok à l'issue de la dernière représentation au Théâtre de la Croix-Rousse.

    podcast

    Photo: Théâtre de la Croix-Rousse

  • L'origine de l'imaginaire

    maïanne barthès,je suis venu.e pour rien,cécile maidon,slimane majdi,baptiste relat,cecilia steiner et emilie,clément rousseaux,sylvain brunat,alice garnier-jacob,julien leonardt,julie laborde,estelle olivier,aby mathieu,ennui,vide,la comédie de saint etienne,novembre 2021

    Intéressante et saine réflexion autour du rien, du vide, de l'ennui, de cette  "plénitude de quelque chose qui ne nous remplit pas". Je suis venu.e pour rien, mise en scène par Maïanne Barthès (issue de l'école de la Comédie de Saint Étienne) questionne le processus créatif, ce présent d'où jaillit l'étincelle, comme un jeu d'enfant, avant le retour à ce point de "repos obligé": l'ennui, vécu différemment par chacun.
    Quatre acteurs occupent la scène (Cécilia Steiner, Cécile Maidon, Slimane Majdi, Baptiste Relat)  dans deux contextes différents (un abribus et un espace de travail qui prend fin) et vont tromper cet ennui en s'évadant mentalement ou en créant des mondes imaginaires, transformant des moments plombants en véritables situations burlesques souvent drôles ou tendres et où le merveilleux advient.
    On se plaît à plonger dans nos souvenirs enfantins et l'on se permettra désormais d'invoquer l'esprit créateur trop souvent prohibé ou inhibé dans une société qui accapare ou détourne notre attention d'instants non rentables mais si précieux.

    Rencontre avec Maïanne Barthès à la Comédie de Saint Étienne. La pièce s'y joue jusqu'au 26 novembre.

    podcast

    Photo: Garance Li / Comédie de St Étienne

  • L'esprit de la Sarrazine

    Nelly Pulicani,Sarrazine,Albertine Sarrazin,Lucie Rébéré,Julie Rossello Rochet,Amandine Livet,Floriane Gaudin,Pierre Langlois,Clément Rousseaux,compagnie la maison,Lorène Menguelti,Ans Laborde Jourdaá,Ulysse Cadilhac,Jules Tremoy,Ella Berkovich,théâtre des Clochards Célestes,Novembre 2021 Nelly Pulicani est Albertine Sarrazin, dite la Sarrazine, le temps d'une représentation rythmée, énergique et haute en couleurs.
    Un peu plus d'une heure pour condenser la riche partition d'un être, autrice dans l'âme et dont la vie fut aussi fugace que remplie, entre gloire et tentations, c'est le défi relevé avec brio par le duo Julie Rosselo Rochet (écriture) et Lucie Rébéré (mise en scène) de la compagnie lyonnaise La Maison.
    Un rôle de femme inspirante, enivrante de liberté et qui hausse la vie à un degré supérieure à la norme. Un rôle taillé sur mesure, par passion et amitié, pour l'incandescente et fougueuse Nelly Pulicani, heureuse sur scène de nous transmettre l'esquisse d'une écrivaine encore trop méconnue (L'astragale, La cavale, La traversière).
    Entretien audio suite à la représentation du 14 Novembre au Théâtre des Clochards Célestes avec Lucie Rébéré et Nelly Pulicani.

    podcast

    Prochaine représentation: 18 mars au Théâtre des Arts de Cluny

    Image: Théâtre des Clochards Célestes

  • Un système cruel

    Corde raide,Debbie Tucker Green,Vanessa Amaral,Caroline Boisson,Serge Pillot,,Emmanuel Gaillot,Blandine Pélissier,Kelly Rivière,cie Bleu Gorgone,cie de L'Iris,Quentin Baret,Guilhem Barral,Camille Allain-Dulondel,Marion Vaïtilingom,Anne Dumont,Benjamin  Wolff,Théâtre de l'Iris,Novembre 2021,Villeurbanne

    Une agression a été commise à une époque ressemblant étrangement à la nôtre. La victime, incarnée avec gravité et passion par Vanessa Amaral, se retrouve face à deux fonctionnaires en fin de carrière (Caroline Boisson et Serge Pillot), drôles malgré eux et désemparés par sa fougue et sa colère. Au final elle pourra choisir le châtiment de son agresseur parmi 4 méthodes, procédure oblige.
    La très discrète afro-caribéenne debbie tucker green* (traduite ici brillamment en français par Emmanuel Gaillot, Blandine Pélissier et Kelly Rivière), signe ici avec corde raide, un brûlot contre un système étatique aberrant et oppressant où les victimes se transforment en bourreaux avec des institutions complices mais dénuées d'empathie. La pièce oscille entre tension, rage et respirations plus légères. Le texte nous tient au corps : syncopé, haletant.
    Une autrice anglaise à découvrir d'urgence, servie par trois acteurs unis au jeu précis.
    Rendez-vous au théâtre de l'Iris de Villeurbanne jusqu'au 13 Novembre. Voici un avant-goût de la pièce avec l’entretien de Vanessa Amaral et Caroline Boisson co-metteuses-en-scène, comédiennes des compagnies de l’Iris et Bleu Gorgone.

    podcast

    * debbie tucker green ne souhaite pas que son nom soit écrit en majuscule en référence à l'afro-féministe bell hooks.

    Photo: Théâtre de l'Iris