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Théâtre - Page 8

  • Portrait vivant des gitans

    Coup de Choeur Théâtre

     

    logan de carvalho,moitié voyageur,théâtre des clochards célestes,vincent dedienne,anaïs harte,gabriel lechevalier,lucie joliot,laura cottard,gens du voyage,gitan,manouche,mars 2022.Son nom est déjà tout un voyage ! Logan de Carvalho, de la compagnie Tracasse, nous présente la forme définitive de  Moitié voyageur, au Théâtre des Clochards Célestes. Ce spectacle a fait ses armes et eu ses heures de gloire depuis quelques années déjà. Moitié gitan par sa mère, il croque  les personnages de sa (belle) famille avec amour et humour puisque sa sœur décide à l'âge de 16 ans de se marier avec un voyageur.
    Sa situation d'acteur fut une évidence et un moyen habile de traiter le sujet des gens du voyage, jamais représentés au théâtre.
    On rit beaucoup, par l'énergie mimétique qu'il déploie et les portraits de voyageurs hauts en couleurs qu'il incarne sur scène.
    Poésie, burlesque, "commedia dell arte sans les masques", argot, émotion mais aussi sagesse sont convoqués dans une mise en scène captivante proche du one-man show.
    Beaucoup d'humanité également se dégage des voyageurs,  sujets à beaucoup de peurs et de projections, comme souvent avec les minorités (couleur, sexe, culture, catégorie sociale...), grâce à un processus d'écriture partagé et réfléchi (Logan, Vincent Dedienne, Anaïs Harte et Gabriel Lechevalier aussi metteur-en-scène).
    Puisse ce spectacle continuer à tourner longtemps et partout pour s'amuser des clichés et prendre un peu de hauteur sur nos représentations mentales parfois stéréotypées.

    Entretien (10 min) avec Logan de Carvalho suite à la représentation du 19 Mars :

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  • Humaine miséricorde

    La réponse des hommes - 29-07-20 - Simon Gosselin 1-20.jpg

    Dans La Réponse des Hommes au TNP, pas le temps de se laisser porter par la première scène : l'écran nous happe immédiatement et nous plonge dans la tête d'une jeune mère déboussolée. La pièce commence en effet par du cinéma filmé en direct derrière le décor. Le public de s'étonner de voir un film et déjà les comédiens arrivent sur scène pour poursuivre le récit captivant et dérangeant de la première histoire : nourrir les pauvres, accueillir les étrangers.

    La metteuse en scène et auteure Tiphaine Raffier (35 ans), artiste  associée au TNP, s'est inspirée pour son quatrième spectacle, des œuvres de miséricorde de la Bible. Elle en a tiré neuf chapitres déclinés en neuf scènes qui se répondent.

    Sur le plateau, dix comédiens et trois musiciens qui nous tiennent en haleine tout au long de la pièce. La miséricorde existe t-elle ? Peut-on faire un don d'organe à un criminel ? Doit-on choisir qui soigner, qui sauver ? Dans quelle mesure peut-on partager les émotions d'autrui ?

    Hier le public a largement partagé les émotions transmises par les acteurs et une mise en scène qui, entre caméra au poing et décors ambulants, nous embarque vers la fractale !

    La pièce se joue jusqu'au 12 Février au Théâtre National Populaire puis en tournée dans toute la France.

    Rencontre avec François Godart, l'un des comédiens, à l'issue de la pièce.


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    © Simon Gosselin 

  • Un rire cathartique

     

    tiens ta garde,collectif marthe,clara bonnet,larie-ange gagnaux,aurélia lüscher,itto medhaoui,maybe vareilles,guillaume cayet,maurin oliès,Élodie asorin,elsa dorlin,emma depoid,eléonore pease,juliette romens,cécile kretschmar,clémentine pradier,clémentine gaud,florence verney,féminisme,techniques de défense,théâtre du point du jour,février 2022Tiens ta garde, du collectif Marthe, est un manifeste de combat contre toute forme de domination, notamment envers les femmes.
    S'inspirant entre autre du livre de la philosophe Elsa Dorlin "Se Défendre, une philosophie de la vie", les quatre protagonistes,
    Clara Bonnet, Marie-Ange Gagnaux, Aurélia Lüscher et Maybe Vareilles, s'en donnent à cœur joie dans une ivresse burlesque et avec grande énergie communicative, pour exhumer et remettre en lumière des instants clés de l'histoire féministe (les suffragettes par exemple) ou d'oppression politique des minorités (Black Panters, Indiens d'Amérique...). Il s'agit de déterrer jusque dans la psyché même, les racines du déni, du mépris ou de la mise sous silence de la juste et mordante agressivité auto-défensive.
    A l'heure de #me too, la charge est salvatrice et libère les corps d'un carcan trop académique, pour une pièce déjantée, rythmée et musclée à souhait.

    Marie-Ange Gagnaux et Aurélia Lüscher sont au micro de Choeur


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    La pièce se joue jusqu'au 5 Février

     

  • Indice ou rumeur ?

    Lucie Vérot,Maïanne Barthés,Prouve-Le,Compagnie Spell Mistakes,Théâtre de la Renaissance,Simon Alopé,Cécile Maidon,Alice Garnier-Jacob,Clément Rousseaux,Sylvain Brunat,Dominique Fournier,théorie du complot,Oullins,Janvier 2022.

    Prouve-le, écrit à partir d'une vraie rencontre, évoque le danger inconscient que peuvent colporter des rumeurs montées en épingle, ici par deux adolescents dans un collège. Plus généralement le texte de Lucie Vérot aborde les ressorts et prémisses de toute théorie du complot, et son emballement caractéristique sur les réseaux sociaux.
    Écriture ciselée, haletante, jouée avec grande jubilation et énergie par Simon Alopé et Cécile Maidon, en convaincants ados, victimes malgré eux. La prolifique et visionnaire Maïanne Barthés signe de sa patte (rythme, humour, inventivité dramaturgique) cette pièce originale qui se joue au Théâtre de la Renaissance à Oullins et recommandée tous publics, avec une nouvelle thématique à son arc : la nécessaire prudence à accorder à une information brute, trop vite analysée et digérée par le mental et l'émotion.
    Une belle entrée en matière pour une saine réflexion future dans la construction d'un esprit critique.

    Entretien (6 et 5 minutes) avec Maïanne Barthés en compagnie de Cécile Maidon et Simon Alopé:


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    Image: Théâtre de la Renaissance

  • Le poids des témoignages

    Grand reporterre #5, Théâtre du Point du Jour, Etienne Gaudillère, Giulia Foïs, Faut-il séparer l'homme de l'artiste, Jean-Philippe Salério, Marion Aeschlimann, Romain de lagarde, Claire Rolland, Angélique Clairand, France Inter, Pas son genre, #Metoo, Roman Polanski Étienne Gaudillère, artiste associé au Théâtre du Point du Jour répond en une heure quinze à un sujet récurrent de philosophie "faut-il dissocier l'homme de son œuvre" qui devient ici "séparer l'homme de l'artiste", que lui a soumis Éric Massé, co-directeur du théâtre de Lyon 5ème. Le court laps de temps répond à un format inédit "Grand ReporTERRE" croisant journalisme et art vivant sur un sujet d'actualité. Il relève le défi avec brio en l'orientant vers les violences sexistes qui ont pris beaucoup d'ampleur depuis le mouvement. #Metoo
    Il est accompagné par Giulia Foïs, chroniqueuse sur France Inter et spécialiste du sujet, elle y anime notamment l'émission "Pas son genre". Sur scène,  la journaliste donne son pendant à Étienne, éveillant sa conscience d'homme à la réalité crue (1 femme sur deux victime de violence sexuelle, 98% des violences viennent des hommes, une femme violée toutes les 7 minutes) et aiguisant son discernement tout en étoffant son argumentaire d'émotionnel à rationnellement détaillé.
    La mise en scène fait mouche grâce notamment à un mur d'images saisissant et aux deux acteurs (Marion Aeschlimann et Jean-Philippe Salério) en situations pour appuyer les faits, en grossir les traits.
    On a l'impression d'assister à une répétition bien avancée (c'est le format qui l'impose) mais qui ne gêne en rien l'à propos et l'âpreté du message véhiculé avec à la clé, des avis moins clivants et une réflexion enrichie d'images et de chiffres percutants.
    Etienne Gaudillère réussit à nous passionner en donnant corps à son journal de bord, il sublime le processus réflexif en en faisant un terreau de jeu. 

    Après un moment d'échange avec la salle en bord de scène, petite discussion avec le metteur-en-scène:

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    La pièce part en tournée à Villefranche du 13 au 15 avril.

    Photo: Théâtre du Point du Jour

  • Les galères de Molière

    Il faut sauver Molière, Nathalie Somers, Didier Jeunesse, Jean-Baptiste Poquelin, Armande Béjart, Lully, La Fontaine, Louis XIV, Le malade imaginaire, troupe de théâtre, janvier 2022« De toute façon, la famille passait la plus grande partie de son temps au théâtre, car les répétitions du Malade imaginaire se tenaient au quotidien ».

    Molière aurait eu 400 ans cette année ; l’occasion de redécouvrir ses pièces, les jouer, les monter ou les admirer. C’est le moment aussi d’en savoir un peu plus sur sa personnalité, au-delà de son statut de comédien, chef de troupe, auteur de pièce ou metteur en scène et de le faire découvrir aux plus jeunes. Il faut sauver Molière de Nathalie Somers aux éditions Didier Jeunesse, nous entraîne dans les coulisses de la vie d’artiste de Jean-Baptiste Poquelin, son nom de naissance. On suit Pierrot, le héros de l’histoire et Mado, la propre fille de Molière qui tentent de le sortir des griffes de ses ennemis.

    « Pierre ne connaissait pas cette pièce de Molière, mais il savait très bien que l’auteur faisait preuve d’une ironie sans pitié envers les gens qu’il jugeait suffisants, pédants ou malhonnêtes».

    Embauché comme homme à tout faire : assistant costume, accessoiriste, balayeur, confident ; Pierre plonge dans l’univers d’une vie de troupe. Sauf que celle-ci est une des plus célèbres puisque Molière écrit des pièces pour le roi Louis XIV, tout en ayant la charge de tapissier (transmise par son père). La célébrité et la reconnaissance du monarque n’a pas que des avantages, les jaloux sont nombreux. Grâce aux connaissances et la débrouillardise de Mado et la persévérance de Pierre, les jeunes gens vont peut-être tirer d’affaire l’auteur du Bourgeois gentilhomme du mauvais pas dans lequel il s’est fourré.

    « Lully lâcha : - Nous ne seront jamais prêts à temps ! C’est maintenant une certitude ! Les ballets sont en retard, les décors sont en retard, même mes musiciens sont en retard ! ».

    Quel plaisir de revivre l’époque de Molière, de suivre l’avancée de sa dernière création : Le malade imaginaire, de croiser ses contemporains Armande Béjart (sa femme et grande comédienne), Jean-Baptiste Lully, Jean de La Fontaine, de visiter Versailles et rencontrer le Roi-Soleil lui-même. Le roman s’inspire d’épisodes véridiques de la vie du comédien et Nathalie Somers montre à quel point les intrigues étaient nombreuses à la cours. L’histoire permet également de comprendre comment sont nés les personnages de ses pièces et où Jean-Baptiste Poquelin puisait son inspiration. Déjà à l’époque les répliques de ses pièces étaient cultes. Elles le sont toujours 400 ans après et les jeunes générations peuvent s’en emparer avec ce roman (à partir de 8 ans).

    Image: Didier Jeunesse

  • La beauté de la geste

    The Valley oh human sound,Angéla Flahault,Grégory Maqoma,Katrien de Bakker,Noëllie Conjeaud,Caelyn Knight,Maëva Lasserre,Opéra de Lyon,Théâtre de la Croix-Rousse,Greg Gilg,Fabiana Piccioli,Jean-Pierre Barbier,Roberto Olivan,Amandine Roque de la Cruz,Rudy Parra,danse,Décembre 2021

    The Valley of human sound est une création originale du chorégraphe sud-africain Grégory Maqoma, une fusion entre danses (les styles sont variés et virevoltent entre classique, contemporain, hip,hop ou danse libre) et chants composés et interprétés par Angela Flahault, dont la voix et le sens du travail ressemble à l'univers de Camille, en plus jazzy. C'est aussi une collaboration judicieuse entre l'Opéra de Lyon et le théâtre de la Croix-Rousse, qui œuvrent à l'ouverture transdisciplinaire.
    Nous sommes dans un monde où tout commence : une boîte carrée aux vitres opaques domine le centre de la scène. D'elle provient des battements cardiaques et une lumière étrange. Tour à tour des personnages lui tournent autour : quatre danseuses (les rayonnantes Katrien de Bakker, Noëllie Conjeaud, Caelyn Knight et Maëva Lasserre) intriguées vont tenter de l'approcher, de se l'approprier et la chanteuse les rejoint. Elles vont petit à petit produire des sons ensemble et avec la boîte. Chacune apprivoise son corps, ses sons, l'une des danseuses s'amuse du pouvoir de ses gestes. Les styles musicaux  s'enchaînent et nous entraînent dans l'univers singulier des cinq artistes. Toutes, singulièrement, semblent inventer un monde dont la beauté est la clé à l'image des paroles scandées par la chanteuse. La boîte se démonte, se remonte, devient espace de jeu, salle de sport, boîte de nuit... Drapée de couleurs chatoyantes, la voilà palet oriental et on assiste à la fête ou chacune se dévoile sur la piste, danse librement entre joie et onirisme.
    La création a jailli de ce coeur-monde, de cette boite-source. Sous nos yeux encore ébahis , tant il y a de regards a donner (lumière, personnages, sons ou musique), une histoire de sororité nous a été contée, un imaginaire féerique s'est déployé, nous montrant la femme sous tous ses aspects. Et chacun s'en est retourné plein de sourires, de couleurs, de souvenirs à partager.

    Le spectacle se joue jusqu'au 30 Décembre au Théâtre de la Croix-Rousse.

    Crédit photo : Agathe poupeney / Opéra de Lyon