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Théâtre - Page 7

  • Une mécanique bien huilée

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    La mécanique du hasard, proposée par la compagnie Théâtre du Phare, est une libre adaptation hommage de Catherine Verlaguet (réécriture) et Olivier Letellier (mise en scène), du roman de l'américain Louis Sachar,  Holes - Le passage (ou la morsure du lézard), un grand classique de la littérature jeunesse paru en 98.
    Sur scène deux jeunes acteurs, Fiona Chauvin et Guillaume Fafiotte, vont chacun incarner tous les personnages, peu importe leur genre, dans un voyage spatio-temporel à l'aide d'un frigidaire, principal élément scénographique. Le reste n'est qu'imaginaire et talent d'artistes.
    L'histoire est celle de la malédiction des Stanley Yelnats (palindrome), appelés ainsi depuis quatre générations et dont le bisaïeul n'honora pas un pacte de sorcellerie pour une histoire d'amour. Le récit principal se joue de nos jours quand le jeune Stanley, 4ème du nom est envoyé dans un camp de redressement au désert suite à un prétendu vol de chaussures. C'est là qu'il va rencontrer, en creusant un trou, de singuliers personnages dont l'étrange Zéro, avec lequel des blessures du passé vont se cicatriser. Des flashbacks mettront habilement en scène les histoires traumatiques des ancêtres.
    La pièce qui s'apparente à une quête initiatique, dure une heure et envoie du lourd, texte et engagement physique à l'appui. Elle est aussi une invite à l'investigation intérieure pour soigner son arbre généalogique. Tout (personnes et contextes) concoure à dénouer des situations conflictuelles, pourvu qu'on y croie.
    Presque 200 représentations pour cette petite pépite créée en 2018, qui est une leçon de justesse et la preuve qu'on peut intéresser une audience tout public avec un long texte savamment mis en scène.
    Fiona Chauvin et Guillaume Fafiotte sont dans l'écoute et l'entente parfaite (tout semble calibré au millimètre dans la parole et le geste) et parviennent à captiver le public en instaurant un silence attentif. Ils sont en plus au micro de Choeur (9 minutes) !


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    ...Et à la filature de Mulhouse du 8 au 10 Juin prochain.

    Photo : ©Christophe-Raynaud-de-Lage8-scaled

  • L'amour en partage

     

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    Dans Les élucubrations d'un homme soudain frappé par la grâce, donné en trois représentations au Radiant Bellevue de Caluire, un comédien fuit sa propre pièce qu'il a écrit et se retrouve sur un autre plateau, celui du Dernier bar avant la fin du monde (une forme de spleen générationnel ?), dans lequel il s'attarde en compagnie du régisseur (Christophe Meynet), à parler de tout et de rien. Edouard Baer compose ses élucubrations sur une base nostalgique, l'évocation de grands personnages historiques (Malraux, Bonaparte, Jean Moulin, Jésus...) ou culturels (Bukowski, Jean Rochefort, Romain Gary...) qui l'ont fasciné comme hommes ou mentors par leur parole toujours incandescente.
    Il se glisse avec émotion juste dans leurs mots ou leur corps par interstice, pour mieux leur rendre hommage et les fêter (ces fantômes inspirants) en ne cessant de s'interroger sur son rôle, son succès bâti sur ce génial ressort comique mais qu'il estime peut être trop léger, facile ou manquant de poids, de gravité ou de sérieux en comparaison : ce fameux sentiment d'imposture contrebalancé chez lui par une exigence de profondeur.
    Pourtant s'il y a quelque chose plutôt que rien, si la tendresse humaine, la malice enfantine ou le regard poétique imprègnent chacune de ses saillies (co-mise en scène d'Isabelle Nanty), c'est aussi par cette grâce qui le fait s'oublier pour se donner entièrement à l'autre, partenaire ou public, et le magnifier. Ainsi la balle revient à l'envoyeur comme un acte désintéressé et c'est la joie dans le jeu. Cet effort sur soi pourrait s'expliquer de manière métaphysique mais Edouard Baer préfère le parti d'en rire pour mieux supporter le manque, l'absence, et célébrer à sa manière l'éphémère beauté de la vie. 

    Crédit photo : Radiant

  • Portrait vivant des gitans

    Coup de Choeur Théâtre

     

    logan de carvalho,moitié voyageur,théâtre des clochards célestes,vincent dedienne,anaïs harte,gabriel lechevalier,lucie joliot,laura cottard,gens du voyage,gitan,manouche,mars 2022.Son nom est déjà tout un voyage ! Logan de Carvalho, de la compagnie Tracasse, nous présente la forme définitive de  Moitié voyageur, au Théâtre des Clochards Célestes. Ce spectacle a fait ses armes et eu ses heures de gloire depuis quelques années déjà. Moitié gitan par sa mère, il croque  les personnages de sa (belle) famille avec amour et humour puisque sa sœur décide à l'âge de 16 ans de se marier avec un voyageur.
    Sa situation d'acteur fut une évidence et un moyen habile de traiter le sujet des gens du voyage, jamais représentés au théâtre.
    On rit beaucoup, par l'énergie mimétique qu'il déploie et les portraits de voyageurs hauts en couleurs qu'il incarne sur scène.
    Poésie, burlesque, "commedia dell arte sans les masques", argot, émotion mais aussi sagesse sont convoqués dans une mise en scène captivante proche du one-man show.
    Beaucoup d'humanité également se dégage des voyageurs,  sujets à beaucoup de peurs et de projections, comme souvent avec les minorités (couleur, sexe, culture, catégorie sociale...), grâce à un processus d'écriture partagé et réfléchi (Logan, Vincent Dedienne, Anaïs Harte et Gabriel Lechevalier aussi metteur-en-scène).
    Puisse ce spectacle continuer à tourner longtemps et partout pour s'amuser des clichés et prendre un peu de hauteur sur nos représentations mentales parfois stéréotypées.

    Entretien (10 min) avec Logan de Carvalho suite à la représentation du 19 Mars :

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  • Humaine miséricorde

    La réponse des hommes - 29-07-20 - Simon Gosselin 1-20.jpg

    Dans La Réponse des Hommes au TNP, pas le temps de se laisser porter par la première scène : l'écran nous happe immédiatement et nous plonge dans la tête d'une jeune mère déboussolée. La pièce commence en effet par du cinéma filmé en direct derrière le décor. Le public de s'étonner de voir un film et déjà les comédiens arrivent sur scène pour poursuivre le récit captivant et dérangeant de la première histoire : nourrir les pauvres, accueillir les étrangers.

    La metteuse en scène et auteure Tiphaine Raffier (35 ans), artiste  associée au TNP, s'est inspirée pour son quatrième spectacle, des œuvres de miséricorde de la Bible. Elle en a tiré neuf chapitres déclinés en neuf scènes qui se répondent.

    Sur le plateau, dix comédiens et trois musiciens qui nous tiennent en haleine tout au long de la pièce. La miséricorde existe t-elle ? Peut-on faire un don d'organe à un criminel ? Doit-on choisir qui soigner, qui sauver ? Dans quelle mesure peut-on partager les émotions d'autrui ?

    Hier le public a largement partagé les émotions transmises par les acteurs et une mise en scène qui, entre caméra au poing et décors ambulants, nous embarque vers la fractale !

    La pièce se joue jusqu'au 12 Février au Théâtre National Populaire puis en tournée dans toute la France.

    Rencontre avec François Godart, l'un des comédiens, à l'issue de la pièce.


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    © Simon Gosselin 

  • Un rire cathartique

     

    tiens ta garde,collectif marthe,clara bonnet,larie-ange gagnaux,aurélia lüscher,itto medhaoui,maybe vareilles,guillaume cayet,maurin oliès,Élodie asorin,elsa dorlin,emma depoid,eléonore pease,juliette romens,cécile kretschmar,clémentine pradier,clémentine gaud,florence verney,féminisme,techniques de défense,théâtre du point du jour,février 2022Tiens ta garde, du collectif Marthe, est un manifeste de combat contre toute forme de domination, notamment envers les femmes.
    S'inspirant entre autre du livre de la philosophe Elsa Dorlin "Se Défendre, une philosophie de la vie", les quatre protagonistes,
    Clara Bonnet, Marie-Ange Gagnaux, Aurélia Lüscher et Maybe Vareilles, s'en donnent à cœur joie dans une ivresse burlesque et avec grande énergie communicative, pour exhumer et remettre en lumière des instants clés de l'histoire féministe (les suffragettes par exemple) ou d'oppression politique des minorités (Black Panters, Indiens d'Amérique...). Il s'agit de déterrer jusque dans la psyché même, les racines du déni, du mépris ou de la mise sous silence de la juste et mordante agressivité auto-défensive.
    A l'heure de #me too, la charge est salvatrice et libère les corps d'un carcan trop académique, pour une pièce déjantée, rythmée et musclée à souhait.

    Marie-Ange Gagnaux et Aurélia Lüscher sont au micro de Choeur


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    La pièce se joue jusqu'au 5 Février

     

  • Indice ou rumeur ?

    Lucie Vérot,Maïanne Barthés,Prouve-Le,Compagnie Spell Mistakes,Théâtre de la Renaissance,Simon Alopé,Cécile Maidon,Alice Garnier-Jacob,Clément Rousseaux,Sylvain Brunat,Dominique Fournier,théorie du complot,Oullins,Janvier 2022.

    Prouve-le, écrit à partir d'une vraie rencontre, évoque le danger inconscient que peuvent colporter des rumeurs montées en épingle, ici par deux adolescents dans un collège. Plus généralement le texte de Lucie Vérot aborde les ressorts et prémisses de toute théorie du complot, et son emballement caractéristique sur les réseaux sociaux.
    Écriture ciselée, haletante, jouée avec grande jubilation et énergie par Simon Alopé et Cécile Maidon, en convaincants ados, victimes malgré eux. La prolifique et visionnaire Maïanne Barthés signe de sa patte (rythme, humour, inventivité dramaturgique) cette pièce originale qui se joue au Théâtre de la Renaissance à Oullins et recommandée tous publics, avec une nouvelle thématique à son arc : la nécessaire prudence à accorder à une information brute, trop vite analysée et digérée par le mental et l'émotion.
    Une belle entrée en matière pour une saine réflexion future dans la construction d'un esprit critique.

    Entretien (6 et 5 minutes) avec Maïanne Barthés en compagnie de Cécile Maidon et Simon Alopé:


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    Image: Théâtre de la Renaissance

  • Le poids des témoignages

    Grand reporterre #5, Théâtre du Point du Jour, Etienne Gaudillère, Giulia Foïs, Faut-il séparer l'homme de l'artiste, Jean-Philippe Salério, Marion Aeschlimann, Romain de lagarde, Claire Rolland, Angélique Clairand, France Inter, Pas son genre, #Metoo, Roman Polanski Étienne Gaudillère, artiste associé au Théâtre du Point du Jour répond en une heure quinze à un sujet récurrent de philosophie "faut-il dissocier l'homme de son œuvre" qui devient ici "séparer l'homme de l'artiste", que lui a soumis Éric Massé, co-directeur du théâtre de Lyon 5ème. Le court laps de temps répond à un format inédit "Grand ReporTERRE" croisant journalisme et art vivant sur un sujet d'actualité. Il relève le défi avec brio en l'orientant vers les violences sexistes qui ont pris beaucoup d'ampleur depuis le mouvement. #Metoo
    Il est accompagné par Giulia Foïs, chroniqueuse sur France Inter et spécialiste du sujet, elle y anime notamment l'émission "Pas son genre". Sur scène,  la journaliste donne son pendant à Étienne, éveillant sa conscience d'homme à la réalité crue (1 femme sur deux victime de violence sexuelle, 98% des violences viennent des hommes, une femme violée toutes les 7 minutes) et aiguisant son discernement tout en étoffant son argumentaire d'émotionnel à rationnellement détaillé.
    La mise en scène fait mouche grâce notamment à un mur d'images saisissant et aux deux acteurs (Marion Aeschlimann et Jean-Philippe Salério) en situations pour appuyer les faits, en grossir les traits.
    On a l'impression d'assister à une répétition bien avancée (c'est le format qui l'impose) mais qui ne gêne en rien l'à propos et l'âpreté du message véhiculé avec à la clé, des avis moins clivants et une réflexion enrichie d'images et de chiffres percutants.
    Etienne Gaudillère réussit à nous passionner en donnant corps à son journal de bord, il sublime le processus réflexif en en faisant un terreau de jeu. 

    Après un moment d'échange avec la salle en bord de scène, petite discussion avec le metteur-en-scène:

    podcast

    La pièce part en tournée à Villefranche du 13 au 15 avril.

    Photo: Théâtre du Point du Jour