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Théâtre - Page 6

  • La voie de Najda

    Midi nous le dira,Joséphine Chaffin,Clement Carabédian,compagnie superlune,théâtre de la Renaissance,Juliette Gharbi,Anna Cordonnier,Bastien Guiraudou,Julie-Lola Lanteri,Théo Rodriguez-Noury,Mathilde Domarie,Mathilde Monier,Aurore Santoni,football féminin,rêve,passion,transgénération,Oullins,Novembre 2022Dans Midi nous le dira, programmé au Théâtre de la Renaissance d'Oullins, Najda veut être footballeuse professionnelle. C'est son rêve depuis toujours malgré les déterminismes de genre ou les peurs liées au corps des femmes. Néanmoins sa branche féminine transgénérationnelle l'encourage à aller au bout de sa passion et à se réaliser malgré les poncifs.
    Pendant une heure l'actrice athlète du verbe et physiquement affûtée,  Juliette Gharbi clame son envie en enregistrant une capsule temporelle pour son moi futur.
    Le texte de Joséphine Chaffin convoque les styles, les temps, les lexiques et, scandé dans une forme de transe (avec l'excellent et hypnotique accompagnement sonore d'Anna Cordonnier sur scène), parvient à saisir l'instant, le présent de tous les possibles.
    Avec Clément Carabédian, l'autrice propose une mise en scène minimaliste mais sonore qui sollicite l'imaginaire des sens, vision et ressenti.
    Plus qu'un manifeste féministe, un destin porté de vives voix et donc conscientisé.
    Entretien avec Joséphine Chaffin (Compagnie Superlune) à l'issue de la représentation du 25.11.22:


    podcast

    Midi nous le dira se joue mardi 29 et mercredi 30 novembre à l'espace St Marc à Lyon.

    Image: Compagnie Superlune

  • L'abscence reconsidérée

    Tout commence toujours par une histoire d'amour,Pauline Ribat,Anna Bouguereau,compagnie depuis l'Aube,Lise Werckmeister,Guillaume Léglise,Baptiste Girard,Anne Lezervant,François Menou,Aude Désigaux,Vladimir Vatsev,Absence,abandon,séparation,Théâtre de la Renaissance, Oullins,Octobre 2022

    Dans Tout commence toujours par une histoire d'amour, Pauline Ribat livre une réflexion intéressante sur l'absence d'un parent ou d'un proche, vécue à différents âges de la vie. Sont convoqués l'imaginaire, le ressenti, l'émotion et le recul de la raison pour mettre des mots sur les maux qui ont constitué notre carapace et stratégie de survie, enfant, et qui nous accompagne dans un parcours de vie adolescent puis adulte.
    C'est Anna Bouguereau qui interprète seule sur scène, avec générosité, puissance et envie, le rôle de Mademoiselle R. écrit et composé à l'origine pour et par Pauline Ribat. L'énergie propre à chaque étape de la vie est particulièrement bien rendue et le kaléidoscope des souvenirs mis bout à bout opèrent un retournement et une compréhension nouvelle des évènements de l'enfance.
    Avec ce texte et première publication, une pierre est posée, une parole dévoilée et mûrie, un jalon planté pour un univers qui fait sens.
    Pauline Ribat arrive à rendre universel avec ce Soliloque autour d'une disparition, le processus de construction d'un Je, centre  autonome et conscient de l'individu, une forme de naissance en soi. 

    Entretien avec Pauline Ribat du 14/10/2022 au Théâtre de la Renaissance (9 min) :

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  • Manger c'est se relier

    Autophagies,La part du pauvre,Nana Triban,Eva Doumbia,Armand Gauz,Olga Mouak,Angelica Kyomi Tisseyre,Bamoussa Diomandé,Lionel Elian,Alexandre Bella Ola,,Théâtre du point du jour,Lyon,Octobre 2022

    Dans Autophagies, joué au Théâtre du Point du Jour, Eva Doumbia (metteuse en scène et comédienne, compagnies La part du pauvre/Nana Triban) nous invite à communier à un repas eucharistique particulier. Elle détourne les codes d'une cérémonie chrétienne avec chants, danses, musique (Lionel Elian), documentaires vidéos, témoignages et prêches virulents mais avec pour substance l'alimentation, en l'occurrence l'histoire géostratégiques des éléments composants le plat végétarien (un mafé cuisiné par le chef Alexandre Bella Ola) préparé devant nos yeux (légumes, riz, huile de palme, tomate, dakhine...) ou offerts en guise d'hostie : un chocolat ou une banane.
    Il s'agit dans l'esprit des auteurs (Eva Doumbia et Armand Gauz) de conscientiser l'acte de manger car rien n'arrive par hasard dans nos assiettes. Et c'est toute l'histoire du commerce alimentaire commencé avec Christophe Colomb, la colonisation, les migrations de populations, qui nous est contée par les comédiennes Olga Mouak et Angelica Kyomi Tisseyre, unies et habitées, accompagnées du talentueux danseur (un peu cuistot, un peu acteur)  Bamoussa Diomande.Autophagies,La part du pauvre,Nana Triban,Eva Doumbia,Armand Gauz,Olga Mouak,Angelica Kyomi Tisseyre,Bamoussa Diomandé,Lionel Elian,Alexandre Bella Ola,,Théâtre du point du jour,Lyon,Octobre 2022
    Le spectateur se rend mieux compte du façonnage culturel et des habitudes alimentaires de certaines ethnies (l'excès de sucre, l'allergie au lait) mais surtout des histoires de vie dramatiques ou cruelles (l'esclavage, l'exploitation agricole ou industrielle) qui se cachent derrière une marque connue (Coca cola, Banania, Nescafé...). Quant aux aliments, ils ne sont pas forcément cultivés dans leur continent d'origine et ne nourrissent pas vraiment ceux qui s'en occupent chaque jour.  (Cacao, cacahuète, riz, ...).
    Le plat succulent et généreux est néanmoins partagé (le maître-mot d'Autophagies) sans rancune ni animosité et s'avère très digeste, loin d'une idéologie de vengeance mais plutôt de vérité ...manger c'est ingérer le monde en soi.

    @crédit photos : Gauz

  • Matrimoine festival

    Gabriela Alarcon Fuentes,Martha Spinoux,Sachernka Anacassis,Vanessa Amaral,Adèle Grasset,Lisa Torres,Cécilia Steiner,Marie Rousselle-Olivier,Bérengère Sigoure,Juliette Donner,Héloïse Falaise,Eloïse Gobert,Théo Perrache,Nino Puentes,Galla Naccache-Gauthier,Julia Silva,Marie De Créo,Charlotte Fermand,La grande folie,Théatre des Clochards Célestes,Septembre 2022.Le Théâtre des Clochards Célestes, sous la nouvelle direction de Martha Spinoux inaugure la saison “post covid” avec 15 jours de festivités (La Grande Folie) où les femmes sont à l'honneur. 8 femmes en l’occurrence et 5 compagnies, réunies par Gabriela Alarcon Fuentes vont animer le lieu, en intérieur ou extérieur, par des jeux théâtraux interactifs (le Bad Bitches par exemple), des performances, des spectacles, des projections, des conférences, des ateliers, jusqu'au Jeudi 29 Septembre.

    La création féminine bat son plein et secoue énergiquement le vivier culturel lyonnais. N'hésitez pas à venir faire un tour et repartir gonflé à bloc pour une nouvelle année.

    Au micro de Chœur, Gabriela Alarcon Fuentes et Martha Spinoux, suite à Bad Bitches


    podcast

    Pour voir le calendrier du festival La Grande Folie, c'est ici

  • Le Maroc a du jus

    Groupe_Acrobatique_de_Tanger_1140x440_2.png

    "Fiq", littéralement "Réveille-toi" est le dernier spectacle proposé par le Groupe Acrobatique de Tanger dont le but est de promouvoir l'acrobatie marocaine, issue d'une tradition guerrière et véritable mode de vie national combinant roues, sauts et pyramides humaines.
    Les 15 jeunes artistes castés proviennent d'univers acrobatiques divers mais complémentaires (art martiaux, hip hop, cirque, jongle...) qui font corps dans un groupe soudé par un souffle et une vision commune que la circographe Maroussia Diaz Verbèke a mise en scène. Chacun.e est magnifié.e dans ce qu'il est de plus singulier tout en s'insérant comme rouage essentiel d'une construction humaine symbolique.
    L'excellent DJ Dino (champion DMC Algérie 2020) aux platines, chorégraphie les mouvements, les postures et cimente musicalement cette génération avenante, énergique et soucieuse d'une révolution des consciences. Le photographe Hassan Hajjaj, enfin, apporte une touche visuelle à cette œuvre collective en la teintant de couleurs et d'écrits comme autant de manifestes.
    Beaucoup d'informations sensorielles nous ont été données au Festival des Nuits de Fourvière hier, mais l'essentiel du message est traduit sur écran géant. Ici "rien de spectaculaire" (quoi que...) autre que du talent et de l'huile de coude, de la poésie et de la cohésion, de la simplicité et des valeurs qui prévalent.
    Le matériau est le corps, bien vivant et au service d'une cause commune. De nouveaux mots sont inventés pour définir ses mutations et fonctions nouvelles. Quelque chose d'indicible se réveille en son sein : une pulsation, un rythme, une ivresse sourdent.
    A travers cette représentation culturelle, c'est un renouveau qui se montre, celui d'une jeunesse qui repousse les limites dans un jeu enivrant, un corps à corps en accord avec le cœur. Captivant de vérité !

     

  • Reflet acide

    Jean-Christophe Meurisse,Les Chiens de Navarre,la Vie est une Fête,festival les Nuits de Fourvière,théâtre de la Renaissance,Amélie Philippe,Delphine Baril,Lula Hugot,Charlotte Laemmel,Anthony Paliotti,Gaëtan Peau,Ivandros Serodios,Fred Tousch,Bernie,humour corrosif,dérives socio-politiques,faits de sociétés absurdes,vision poétique de l'humanité,Oullins 2022.

    Emmenée par Jean-Christophe Meurisse, la joyeuse troupe des Chiens de Navarre est venue bousculer nos sensibilités au théâtre de la Renaissance avec son dernier spectacle mis en scène pour le festival des Nuits de Fourvière : la vie est une fête !
    Humour corrosif, décapage des inepties et travers sociétaux au vitriol, faits d'actualité bruts recontextualisés pour en souligner la violence et la folie.
    Psychiatrie, médecine, police, entreprise High-tech, politique, New age, écologie...autant d'institutions et de courants grossis dans leurs traits et leurs incohérences contemporaines pour mieux déclencher un rire cathartique. A travers les personnages à l'histoire de vie cabossée, le metteur en scène veut montrer qu'”on ne souffre pas chacun que de Papa et Maman mais à cause de l'état du monde, du dérèglement de la civilisation”. Ainsi la femme de 45 ans qui ne correspond pas aux canons de beauté dictés par la société ou le cinquantenaire qui ne répond plus aux critères productivistes et très “sillicon valley” de son entreprise se retrouvent perdus. Leur égo, construction socio-culturelle, s'effondre du jour au lendemain comme vide de sens. Les comédiens y apportent le recul comique et empathique nécessaire.
    Bluffantes de réalisme, les scènes s'enchaînent en cadence avec verve et accessoires suggestifs truculents. La lignée des pairs défile de visu, proches (Blanche Gardin, Groland, Fabcaro, Charlie Hebdo) comme iconiques (Monty Python, Hara Kiri, Desproges, Coluche...), une écriture ciselée, crue et salvatrice en ces temps troubles où, petit rappel, les urgences psychiatriques se désemplissent pas.
    Blagues vachardes, réparties chiennes, chocs visuels...l'univers dérisoire et la vision chaotique de Jean-Christophe Meurisse touchent juste mais sont aussi et surtout empreints de poésie et de tendresse pour notre humanité ballottée par des vents contraires et impétueux, constatant que de chocs émotionnels peut advenir le meilleur et le réveil d'un attachement subtil à l'espèce, trop souvent anesthésié.
    Pour un spectateur, le sourire est présent tout au long du spectacle, pour un autre, les émotions évoluent entre rire franc, choc, parfois dégout ou larme à l’œil. Rien qui ne laisse indifférent : “ça dérange, ça réveille, bien sûr que je cherche à choquer” répond le fondateur des Chien de Navarre à une question du public. Pas de doute, c'est réussi et surtout nécessaire !

     

  • La rose fleurit sans pourquoi

    Room,James Thierrée,La compagnie du Hanneton,Anne-Lise Binard,Ching-Ying Chien,Mathias Durand,Samuel Dutertre,Hélène Escriva,Steeve Eton,Maxime Fleau,Nora Horvath,Sarah Manesse,Alessio Negro,Théâtre des Célestins,Lyon,Juin 2022

    C'est à une drôle de représentation que nous avons assisté au théâtre des Célestins avec l'équipée de James Thierrée. Le temps semble avoir peu d'emprise sur l'homme et la passion s'étoffe avec le chant (La lyrique Sarah Manesse), la musique et la danse. Un véritable groupe festif de 10 musiciens, une chanteuse et une danseuse (l'autre s'étant blessée) vont chorégraphier des tableaux animés et changeants puisque le décor est aussi mouvant que la gamme de jeu des artistes.
    Room, la pièce, ce sont des semblants de pièces mais qui intègrent le public pour la joie du jeu et du partage avec une palette d'émotions et de visuels chocs. On passe du rire à l'étonnement, de la poésie au riff de guitare tonitruant, avec des comiques de répétitions (le téléphone, le pourquoi, le blabla...) qui interrogent le processus de création et sa crédibilité.
    Sans trame narrative raisonnée ni réflexion autre que l'énergie latente et le génie créatif (et burlesque) de chacun, le spectacle est sans étiquette autre que le plaisir d'être ensemble et de célébrer le rythme intérieur plutôt bouillonnant et détonnant.

    James Thierrée assume de façon totalement décomplexée cette  tangente musicale et son goût pour la danse (avec la très élastique Ching-Ying Chien il s'en donne à coeur joie) en gardant ce lien fort à l'homme sauvage et l'enfant.
    Profondément relationnel, il sublime ses acolytes dans des saynètes privatives pour qu'ils impriment la toile de fond. Tel un chœur au service de l'auteur ils font corps derrière la mise à nu de leur mentor : une pièce on ne peut plus collective.
    La cacophonie est souhaitée et montrée, contrebalançant la beauté du geste. De réponses au sens de la vie, James n'en reçoit pas (du Saint Esprit de la caméra) mais au sujet de la création, il sait que le chaos est inextricablement imbriqué à l'harmonie et qu'il en est un digne représentant. Le style musical accompagne cette métamorphose, oscillant entre fanfare, cantate, opéra rock ou folie punk. Une proposition originale et décalée.

    Crédit photo : Richard Haughton pour les Célestins.