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Théâtre - Page 12

  • La psychomagie et son créateur

    Alexandro Jodorowsky,Psychomagie,Albin Michel,Javier Esteban,Nelly Lhermillier,Février 2019Alejandro Jodorowsky sait des choses, au sens spirituel du terme (c'est ce qu'on appelle communément la sagesse), de part son vécu et sa vie d'artiste. Il a su créer un univers singulier autour de sa personne sans pour autant suivre un chemin traditionnel mais arriver aux mêmes fins (Castaneda et Gurdjieff restent néanmoins pour lui deux influences majeures) . Par la psychomagie, la lecture du Tarot, ses bandes dessinées ou ses films (dont le très beau et poétique "poésie sans fin" paru récemment) il a inspiré et donné des pistes de réflexions (ou voies de guérison) à plusieurs générations.

     

    90 ans cette année et l'homme à l’œuvre prolixe et prodigieuse nous livre un recueil d’entretiens chez Albin Michel avec le jeune Javier Esteban (dans l'esprit de « la tricherie sacrée » à l’époque interviewé par Gilles Farcet) autour de la "Psychomagie", prétexte à passer en revue une multitude de sujets des plus basiques aux plus métaphysiques tout en évoquant des pistes féeriques pouvant paraitre un peu fantasques pour le futur de l’humanité et en addendum un cours accéléré de créativité. Ce livre se veut une suite du"théâtre de la guérison".

    Chaque réponse du psychomagicien est un univers en soi qui mériterait des développements ou éclaircissements mais la multitude des questions permet aussi de se représenter chaque facette du diamant qu'est l’être essentiel dont il nous dépeint le niveau de conscience, la joie de vivre, la créativité infinie, la santé prodigieuse, l’émergence de l'auréole comme 4ème cerveau ou encore le regard émerveillé sur la magie et le miracle de ce monde.

    Insistant sur le fait que l'ego doit être soumis à l'essence, les caprices de l'enfant (le tyran en chacun de nous) dépassés par l'acte créateur ou que le malade doit élever son niveau de conscience et aller vers ce qui l’intéresse pour guérir, il redéfinit la spécificité de sa pratique qui, à l'inverse d'une psychanalyse ou d'une ascèse, repose sur des actes souvent poétiques ou artistiques, autant de métaphores adaptées au langage onirique et symbolique de l’inconscient.

    Comme hygiène de vie il fait sienne la contemplation, préférée à la méditation (agir tel un témoin au monde), se soucie de moins en moins avec l’âge de l'identification ou de son identité, préférant "l'humilité de l'effacement en acceptant de n’être qu’un canal" uni vers celles et ceux qui viennent à lui pour un partage de conscience…

     

    Soucieux d'une humanité supérieure il œuvre à l’élévation de son niveau de conscience et s’intéresse non pas à la multitude mais aux mutants, ceux qui entendent « être » dans l'humain.

    Désormais tout entier à la joie de vivre, à ce qu'il est, il parfait sa conscience lumineuse en vue de la construction d'une âme, pour ne pas mourir comme un chien, comme le disait si bien Gurdjieff.

    Ce bon vieux Jodo à l'imaginaire bien fertile pourrait encore peut-être bien nous étonner avec un projet dont lui seul a le secret...

     

  • Muriel Robin, la Kid de Saint Etienne

    Muriel Robin, Fragile, XO éditions, Saint Etienne, Annie Girardot, Line Renaud, Michel Bouquet, Pierre Palmade, Michèle Laroque, Johnny HallydayPleurer de rire, c’est la formule qui vient en pensant à Muriel Robin. Elle nous fait pleurer de rire, pas seulement à gorge déployée mais avec les larmes qui coulent littéralement. Et pour cause, derrière cette drôlerie, se cache souvent un abîme de tristesse. En cachant la sienne, elle panse la nôtre. Il suffit parfois, les jours de blues, de revoir un spectacle de Muriel Robin et on se laisse emporter par une vague de bonheur.  En lisant son livre Fragile, on est traversé, comme elle, par toutes les émotions. Chaque fois que le destin semble s’assombrir, la comédienne ravive la flamme de l’humour et le lecteur ne peut s’empêcher de sourire. Exactement de la même manière que quand Muriel était enfant, provoquer le rire pour ne pas céder un pouce au malheur qui voudrait nous envelopper.  

    Coincée à Saint Étienne entre ses parents et leur magasin de chaussures, Muriel Robin rêve d’être l’amie d’Annie Girardot puis que Line Renaud devienne sa deuxième mère. Pendant longtemps la comédienne, reçue première au conservatoire de Paris, s’imagine être passée à côté de son destin de musicienne (aucun adulte n’a encouragé sa vocation) puis d’actrice de cinéma. Pourtant quand on lit le livre, il nous semble au contraire évident qu’elle a accompli son destin. Les vraies rencontres avec Annie Girardot et Line Renaud en sont des exemples frappants. Quant à l’humour, qu’elle maitrise parfaitement dès cinq ans, son professeur Michel Bouquet (au conservatoire) évoquera Charlie Chaplin. La comédienne n’en comprend pas la portée à l’époque mais cela prend tout son sens aujourd’hui. Muriel Robin est à sa place et n’a pas à en rougir et encore moins à s’excuser.

    Difficile de s’accepter, de s’assumer quand le public vous applaudit, que les plus grands artistes vous félicitent et que votre mère reste froide, indifférente à tous vos succès. Pour comprendre et pardonner Muriel Robin remonte le fil de sa vie et celle de sa maman. Cette quête des origines est essentielle à la comédienne pour apaiser ses peines, ses doutes et s’autoriser à être heureuse. Cet ouvrage plaira forcément au public déjà conquis mais aussi à tous ceux qui se résignent à la fatalité ou qui vivent des situations qui leur semblent insurmontables. Derrière les larmes se cachent toujours le rire. Bien frais, bien agréable !

     

    Crédit Photo: http://www.xoeditions.com

  • Un Ponce Pilate beau et bon

    ponce_pilate.jpgXavier Marchand (compagnie Lanicolacheur) aime les textes et le Verbe. En lisant Ponce Pilate de Roger Caillois il projette de l'adapter et de le magnifier par hommage et sans doute pour restituer son assentiment à la pensée complexe de l'auteur et du personnage principal de l'intrigue bien connue.

    Ici la scénographie reste simple mais pratique, l’idée de marionnettes incarnées par des acteurs originale et la mise en scène subtile car beaucoup de choses restent suggérées. Yom signe la musique Klezmer qui nous plonge dans l’époque où le conflit fit rage dans la tête d'un procurateur de Judée.

    Une en-quête longue mais passionnante sur la prise de décision d'un personnage publique qui voulait faire œuvre de justesse.

     Entretien avec le metteur en scène Xavier Marchand, à l'issue de la représentation :
    podcast

    Crédit photo : Cie Lanicolacheur

  • "Vilain !" sublime le processus de création

    Vilain !,Alexis Armengol,Compagnie Théatre à Cru,Nelly Pulicani,Romain Tiriakian,Shi Han Shaw,Cindy Dalle,Camille Trophème,Felix Blondel,Quentin Dumay,Rémi Billardon,Michèle Milivojevic,Marion Montel,Heidi Folliet,Caroline Guiela Nguyen,Julien Fisera,Rémi Cassabé,Aurélien Trillot,Stéphane Fouchet,Jéssica Régnier,Olivia Bussy,Marie Lucet,Héléna Alet-Quesneau,Théatre de la Comédie,Saint-Etienne,Décembre 2018Il n'y a de mauvais départ dans la vie ou de vilaine histoire de naissance que dans la psychologie de chacun. Quand on recoud ses fragments de peaux successives, quand on recompose un film fait de bouts d'images positives, aidé en cela par des mains tendues au hasard du chemin, alors naît l'individu, le Je singulier, la personne originale, la conscience aiguisée.

    Alexis Armengol, compagnie Théâtre à Cru, s'est entouré d'une joyeuse équipe pour éclore de Vilain !, une fable sur le rebond et la résilience inspirée par des créateurs de sens. Boris Cyrulnik et Andersen y côtoient des artistes contemporains plasticiens (Shi Han Shaw) ou musiciens (Romain Tiriakian, Camille Trophème) qui subliment la scénographie de Heidi Folliet et le jeu époustouflant de Nelly Pulicani.

    Une pièce en trois parties où la re-création se fait en direct jusqu'à la renaissance symbolique, à la fois baroque et punk, de l’héroïne.

    Écoutez l'entretien avec le metteur en scène Alexis Armengol:
    podcast

    Crédit photo : Compagnie Théâtre à Cru

  • Otages du Raid, le temps d'"Orphelins"

    Orphelins,Dennis Kelly,Compagnie le Raid,Claire Bourgeois,Franck Fargier,Simon Gabillet,Mohamed Birkat,Sidonie Lardanchet,Siegrid Reynaud,Julie Lascoumes,Théatre des clochards célestes,Lyon,Novembre 2018Nouvelle flèche décochée du carquois du collectif le Raid après un classique de Molière, l'adaptation d'un huit clos de l'anglais Dennis Kelly, Orphelins, intense en émotions et réactions pendant et après la représentation.

    Dans un appartement de la banlieue de Londres, Helen et Danny dinent amoureusement ensemble et parlent d'un nouvel enfant à venir quand débarque le frère d'Helen, Liam, le T-shirt couvert de sang.

    Le public assiste, en même temps que Danny, aux révélations qui vont crescendo et les rebondissements sont légions jusqu'à la scène finale.

    Mohamed Birkat et son équipe de choc nous tiennent en haleine du début à la fin et la geste des comédiens y est pour quelques chose. Rares sont les pièces dont l'intensité nous sort du temps. Captivant à souhait.

    Nous avons rencontré les acteurs Claire Bourgeois, Franck Fargier et Simon Gabillet à la sortie de scène (11 min 30) :


    podcast

     Crédit photo : compagnie Le Raid

  • "Sept reines" écaille l'identité féminine

    Sept reines – épopée d'un chagrin d'amour,Martinage,collectif le Bleu d'Armand,Nolwenn Le Doth,Anna Pabst,Cyrielle Voguet,Lucie Gautrain,Nicolas Maisse,Thibault Patain,Jérome Tournayre,Daisy Montier,Théatre de la renaissance,Oullin, Novembre 2018"Sept reines - épopée d'un chagrin d'amour, est un trio féminin où les marins sont les enchanteurs et les sirènes les désenchantées". C'est ainsi que le collectif Le Bleu d'Armand, resume la pièce. L'auteure, Martinage, définit son texte, fruit d'un long processus d'écriture d'allers-retours avec les principales protagonistes du drame puisqu'il est question d'un chagrin d'amour presque fataliste pour la dernière reine d'entre les sirènes. Derrière les paillettes, les écailles brillantes et Claude François qui invitent à la fête, on assiste à la déliquescence d'un royaume fantasmé.

    Drame cependant bénéfique puisque propice à une réflexion allégorique sur les attributs empruntés aux sirènes, notamment leurs queues, dans les rapports conditionnés du quotidien, hommes ou femmes confondus.

    C'est donc un quatuor de jeunes femmes qui apporte sa pierre à l'édifice en questionnant l'identité ou plutôt les identités féminines.

    Entretien audio (7min 30) avec Nolwenn Le Doth et Anna Pabst à la sortie de scène :
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    Crédit photo : le Bleu d'Armand

  • La Cie Inouïe invite au voyage intérieur

    Voyage supersonique,Thierry Balasse,compagnie inouïe,Cécile Maisonhaute,Benoit Meurant,Thomas Leblanc,theatre de la Renaissance,Yi-King,Oullins,Novembre 2018Thierry Balasse est un passionné de musique et un bidouilleur de sons électro-acoustiques. C'est à de véritables expérimentations sensorielles qu'il convie ses spectateurs petits et grands, comme avec ce Voyage superSONique qui nous emmène avec son équipage, et à bord de son vaisseau ultra-technologique, à la découverte de la profondeur des océans et de ses monstres marins jusqu'à celle du cosmos et de son trou noir. Les yeux fermés ou grands ouverts, la magie opère réellement et l’imaginaire perçoit l'univers créé par la Compagnie Inouïe dont «Le vœu n’est pas de divertir mais de faire bouger quelque chose dans l'esprit, dans la façon de voir le monde, de l'entendre et de l'écouter».

    Entre Pink Floyd, Cosmos 1969, l'an dernier et John Cage avec Yi-King le 4 Décembre prochain au Théâtre de la Renaissance, Thierry Balasse et sa compagnie se montrent prolifiques et larges d'esprit.


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    Photo: Théâtre de la Renaissance