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Judaisme - Page 8

  • L'Histoire de Yahvé - enquête sur le mythe divin

    ron.jpegRon Naiweld est un historien du judaïsme ancien au CNRS. Dans l'"Histoire de Yahvé" il désacralise le Nom (que l'on ne prononce pas chez les Juifs) et propose une relecture mythique de la Bible qui devient "le récit d'apprentissage du dieu".

    L'auteur étudie notamment le processus d'universalisation et de monothéisation de Yahvé dans les premiers siècles de notre civilisation avec l'émergence du christianisme et son entrée, grâce à Paul, dans la psyché de chacun.

    A l'origine de la foi monothéiste on retrouve aussi une réflexion philosophique pour insérer le mythe dans une culture dominante. Une étude passionnante qui rend le dieu plus accessible encore.

     

    Ron Naiweld répond à quelques questions de Choeur :

    Choeur : Le point de départ de l'enquête est une "sensation curieuse et désagréable du poids du pouvoir des prêtres". Finalement vous questionnez les religions monothéistes et, à titre personnel, votre foi d'enfant avec des outils d'adulte ?

    Ron Naiweld : Je questionne plus particulièrement le pouvoir que j’appelle « psycho-politique » des religions monothéistes qui n’est pas confiné au domaine de la religion. Je porte vers elles un regard admiratif et critique. J’admire leur pouvoir d’introduire dans l’esprit un maître imaginaire, et je crains leur capacité d’abuser de ce pouvoir. Enfin, je m’interroge en tant que Juif et historien des Juifs sur un phénomène que je trouve fascinant : l’universalisation du mythe biblique dans le monde gréco-romain.

     

    C : Vous faites une lecture mythique de la Bible et décrivez l'accession de Yahvé au panthéon des divinités (le monothéisme) comme une usurpation d'Identité, aidé en cela par quelques "illuminés notoires" (Philon,Paul...). Pour vous c'est un faussaire ?

    R.N : Qui ? En tout cas, je ne vois pas les choses dans les termes d’usurpation mais d’une hybridation de deux divinités, Yhwh et Dieu. Les « faussaires » seraient les êtres humains qui effacent la différence stipulée dans le texte entre Yhwh et Elohim. Je crois que cet effacement se stabilise à l’époque hasmonéenne (c’est le sujet du troisième chapitre). Puis, au premier siècle, on voit le travail d’un autre « faussaire » qui est Saint Paul, qui lit l’histoire de la création du monde en identifiant Yhwh à Elohim (comme les autres lecteurs juifs du mythe avant lui) et puis en disant que l’homme fut créé immortel et la punition de Yhwh était de le rendre mortel. Ce n’est pas l’histoire que raconte le texte de la Genèse.

     

    C : "Jalousie, rage, insuffisance intellectuelle et moralité douteuse" caractérisent Yahvé dites-vous. On a l'impression d'avoir affaire à un tyran notoire, comme peut l'être un petit enfant ou encore le "petit ego" de l'adulte. Néanmoins une intelligence est à l’œuvre chez Yahvé puisque "le motif récurrent de l'histoire de dieu, ce qui était d'abord considéré comme une menace devient, successivement, un mal nécessaire puis un outil qui l'aide à établir son pouvoir" (p.136)...

    R.N : Oui. J’offre une clé de lecture de la Bible qui y voit le récit d’apprentissage du dieu.

     

    C : Dans "Réponse à Job", Le psychanalyste suisse Jung fait également une description peu ragoutante de Yahvé comme un dieu relativement inconscient et dont la part d'ombre serait le Satan (qui persécute Job). Pour Jung il s'agit d'une alliance entre le créateur et Sa création où les deux s'entraident dans un processus de conscientisation, comme si Dieu(x) (Elohim) était encore à naître au sein de l'humanité consciente.

    R.N : Oui, on trouve la même idée de synergie entre le dieu et l’homme chez des penseurs juifs comme Hermann Cohen ou Martin Buber. C’est une idée qui s’inscrit dans la tradition philosophique qui cherche l’union des hommes dans la pensée ; une union conceptuelle qui n’appartient donc pas tout à fait au monde des apparences. Mais dans la perspective anthropologique qui est la mienne, l’union humaine, universelle, conçue par la Bible ne se trouve pas au niveau des idées mais dans la parole et dans l’histoire. Le potentiel universel du mythe vient donc de sa capacité de faire croire aux gens qu’ils vivent la même histoire. Je crois que malgré le fait que la Bible soit étudiée depuis longtemps, ce potentiel n’a pas encore été entièrement exploré. Depuis l’universalisation de ce texte dans le monde gréco-romain, on a souvent nié sa dimension mythique (et les juifs et les chrétiens, mais pas tout à fait de la même manière). On a fait oublier que c'était aussi le récit d’un dieu. Et pourtant c’est de là que vient la puissance du texte biblique (et, du coup, son intérêt pour des lecteurs qui ne sont pas croyants).

     

    C : Vous décrivez dans ce livre les étapes de l'universalisation de Yahvé, sa stratégie géopolitique en quelque sorte : Posséder un peuple (le peuple juif), une unicité politique (convertir l'Empire), une place de choix dans l'esprit de tous (mythe sur l'origine de la mort). Qu'est-ce qui caractérise selon vous le peuple juif à travers les multiples étapes de son histoire religieuse ?

    R.N : Du point de vue de l’histoire du mythe occidental que j’essaie d’élaborer dans ce livre, et les Juifs et les Chrétiens remplissent la même fonction – inscrire le mythe de Yhwh dans l’histoire. Les modes d’inscription sont différents. On peut même dire que celle des Juifs est plus avancée car elle est fixée au deuxième et surtout au troisième siècle, lorsque le pouvoir impérial se déploie de plus en plus par le discours juridique, du droit (la date de 212, l’universalisation du droit de cité romaine, est cruciale. La Mishnah, qui est le texte fondateur du judaïsme rabbinique, est composée quelques années plus tard). Le judaïsme rabbinique, comme système théologico-politique, s’élabore donc dans un autre monde que celui du premier siècle, lorsque les textes fondateurs du christianisme furent rédigés. Mais ce judaïsme-là va se déployer surtout sous l’Islam et le Christianisme, deux religions qui s’enferment dans le mythe monothéiste que le judaïsme rabbinique a déjà réussi à dépasser.

     

    C : La "monothéisation" est d'abord philosophique avant d'être universelle ?

    R.N : Dans la mesure où l’idée philosophique de Dieu est universelle (c’est le Dieu de tout, créateur de tout…), alors les deux vont ensemble. Mais si on pense à l’universalisation du mythe du point de vue anthropologique (c’est-à-dire sa diffusion parmi les êtres humains) alors on peut dire que la monothéisation est d’abord pratiquée par des philosophes avant de devenir une pratique générale. En tout cas la monothéisation n’est pas une affaire classée. Elle s’opère chaque fois qu’un lecteur aborde le texte avec des lunettes monothéistes. 

     

    C : Vous ne croyez pas au renouvellement de l'intelligence, au Verbe, soit la fonction salvatrice de Jésus-Christ aux yeux de Paul (entre autres), qui prend la voix du Maître intérieur ?

    R.N : Si j’ai écrit ce livre, c’est parce que je partage cette croyance mais je ne l’associe pas à Jésus-Christ de la même manière que Paul. C’est-à-dire – je ne crois pas que pour renouveler l’intelligence on soit obligé de croire en Jésus-Christ.

     

    C : En réfutant le pouvoir de Yahvé et donc son universalité, n'affirmez-vous pas votre croyance profonde en Elohim, le Dieu(x) originel omniscient, bon et tout puissant ?

    R.N : Je ne comprends pas la question. Tout le livre est une interrogation sur le pouvoir de Yhwh et son potentiel universel. Dans l’histoire mythique que j’essaie d’élaborer dans la première partie du livre, Elohim est l’assemblée divine qui n’est pas nécessairement omnisciente et toute puissante. C’est une autre instance, un autre personnage de l’intrigue. Mais qu’est-ce que cela veut dire, croire en un personnage ?

     

  • A l'heure d'Israël : Un trésor du Judaïsme exhumé

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    Trente ans après l'événement, Albin Michel exhume avec les héritiers Chouraqui et l'historien des idées Denis Charbit, le riche échange qu'eurent à Jérusalem Léon Askénazi et André Chouraqui sur Israël.

    Qu'attendre d'autre entre un Maître talmudique surnommé "Manitou" et le traducteur des trois principaux textes sacrés et pourfendeur du dialogues interreligieux des trois monothéismes abrahamiques ?

    Le mimétisme de parcours fait de ce dialogue un duo à la cause du sionisme et de la renaissance spirituelle de l’État d'Israël. Les sujets abordés à l'époque restent au cœur des problématiques mondiales actuelles puisqu'éternels dans le cœur des croyants : prophétie(s), messianisme, dialogue interreligieux, identité de Jésus, Kabbale et lectures hébraïques parsèment ce livre qui se veut aussi explicatif et historico-politique sur le projet sioniste.

    La magie de la relation opère et atteint des hauteurs de vues rarement égalées à notre époque moderne.

    Reste à mesurer la distance prise actuellement par le projet politique sioniste et son ambition spirituelle originelle. L'antique prophétie se réalise en effet pour les exilés juifs de 102 pays : "La langue, la culture et la nation hébraïque ressuscitent" en l’État d'Israël...mais en faisant de la nation juive le seul peuple élu, "capable de réaliser cette unité de l'homme en chacun et pour tous et que les prophètes ont nommé le fils de l'Homme", le sionisme ne se détache t'il pas du projet universel divin d'appeler "Pierre d'Israël" ceux qui, symboliquement, entreprennent ce retour vers Dieu, toute confession (ou hors confession) confondue, le chemin des cœurs unis ?

    Un document exceptionnel introduit et annoté par Denis Charbit, spécialiste du sionisme et professeur en sciences politiques.

     

  • David Hamidovic est aussi un bâtisseur de ponts

    david Hamidovic.jpgDavid Hamidovic est actuellement le Doyen de la Faculté de théologie et de sciences des religions de l'Université de Lausanne. Il est aussi, en tant qu'historien du judaïsme ancien, l'auteur de plusieurs livres dont "l'interminable fin du monde" et "l'insoutenable divinité des anges", parus aux éditions du Cerf et imbriqués dans une trilogie future.

    Médiachoeur avait donc, étymo-logiquement parlant, quelques questions à lui poser...

     

    Crédit photo : unil.ch

  • Pierre Trigano s'attaque aux mythes avec pertinence

    Pierre Trigano,Réel Editions,psychanalyser Jung 1 et 2,les Sept églises de l'Histoire occidentale,Et le capitalisme tombera,entretien,Soi,Apocalypse,2018Pierre Trigano s'est donné pour tâche de "psychanalyser Jung" à partir des matériaux écrits et audios laissés par le fondateur de la voie des profondeurs. Il dissèque ses rêves, déclarations, relit ses textes à l'aune de sa situation psychique du moment ...Un véritable travail de fourmi où chaque détail compte, non pour accuser, disqualifier ou juger mais comprendre, dépassionner et ré-humaniser la figure du psychanalyste zurichois.

     Nous sommes toujours en présence chez Jung d'un moi masculin en inflation (archétype de l'homme fort) déja évoqué et actif dans le premier tome (cf l'entretien audio réalisé en 2017) mais la période a changé et ce tome 2 explore la période ombrageuse du nazisme. La psyché de Carl Gustav est alors divisée entre ombre (l'attrait pour l'éthique nazie) et une lueur d'espoir (son goût pour l'alchimie)...

     A travers Jung et son "élection par le Soi" pour révéler ce Centre d'union des contraires à l'Occident, l'auteur évoque en filigrane ce qu'est une psyché saine et le processus d'individuation qu'elle recouvre, une analyse que Jésus en personne aurait sans nul doute apprécié à sa juste valeur...

    On y découvre également des fonctions du Soi inédites comme celles de psychopompe, révélateur de conscience, formateur dans l'analyse ou encore figure prophétique.

     Un troisième tome se profile à l'horizon, autour notamment du livre phare et polémique de Jung "réponse à Job". Ainsi se clôturera cette trilogie sur L'homme qui psychanalysa Dieu.

     

    Pierre Trigano,Réel Editions,psychanalyser Jung 1 et 2,les Sept églises de l'Histoire occidentale,Et le capitalisme tombera,entretien,Soi,Apocalypse,2018Trilogie présente également dans l'actualité de Pierre Trigano puisque deux autres livres sortent simultanément ces jours-ci, plus centrés sur une relecture hébraïque de la Bible et de ses symboles, avec cette fois-ci un décodage de l'Apocalypse de Jean, à l'aune des techniques d'analyse modernes (rétroversion en hébreu, contemplation des symboles avec l'aide du Soi...).

     Il s'agit des" Sept églises de l'Histoire occidentale", ainsi que "Et le pierre trigano,réel editions,psychanalyser jung 1 et 2,les sept églises de l'histoire occidentale,et le capitalisme tombera,entretien,soi,apocalypse,2018capitalisme tombera", parus chez Réel éditions, dirigé par Agnés Vincent. Explication de textes lors d'un entretien réalisé par courriel avec l'auteur prolifique en cliquant ici.

    Excellente lecture !

     

  • Un jour de plus avec Mitchélée

     

    La comédienne et chanteuse Mitchelée s'intéresse à l'essence des religieux, à leur esprit mystique relié à la Source commune qui est divine. Forêt de taliths, mis en scène par Elio Suhamy en est une métaphore, une représentation par le chant, la danse et les contes.

     

    Forêt de Taliths- Mitchélée.mp3

    Réalisé en partenariat avec RCF Vaucluse