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Judaisme - Page 6

  • La hiero-histoire de France

    Coran 16,2 : "Lui qui fait descendre des anges avec l'Esprit, de Sa sphère sur celui qu'Il veut parmi Ses adorateurs : "Donnez l'alarme : il n'est de Dieu que Moi ; prémunissez-vous donc envers Moi !"" (Trad. J. Berque)

     

    "Oui, tout est consommé de la vie antérieure, de mes combats politiques, de mes œuvres polémiques. Reste ceci : comme j'étais agenouillé auprès du Saint, la tête dans ses draps, il posa sa main sur mon crâne. Une vive et délicieuse brûlure  s'empara de moi tandis qu'une voix très douce descendit dans mon être : "le plus court chemin vers le divin est l'humain." (p.286)

     

    l'ile d'or.jpgRoman testament que l'Île d'or de Henry Bonnier (21.02.1932/14.04.2021) paru chez Erick Bonnier éditions.
    Note finale pleine de foi et d'espérance, après son autobiographie "nuits de lumière" (2018), une vie sociale richement menée (écrivain, critique, directeur de maisons d'éditions), une vie intérieure sous le signe de l'ouverture et de la vision pacifiée. Ami d'André Chouraqui ("un prophète parmi nous"), initié à l'Amour par Catherine Delorme, seule européenne portant le titre honorifique soufi de "connaissant(e) par Dieu", amoureux du Maroc et de la France, de leurs cultures et civilisations, il voyait à l'instar d'un Louis Massignon, le Christ Jésus comme le rédempteur de l'humanité et sa parousie proche.

    Dans ce roman, son personnage phare Louis Chaumeil, chancelier de l'Institut de France et proche du Président Macron va subir en quelque sorte une métanoïa tardive, fraîchement décoré de la grande-croix de l'ordre de la légion d'honneur, en se rendant en des contrées marocaines sur l'île d'or, une ziggourat entourée de verdure, pour suivre un séminaire à l'initiative d'une confrérie soufie.
    Les rencontres (Le docteur Soulier, Sidi Achraf, Nour, frère Damien, le Saint) , la teneur et le niveau des conférences (l'ADN cosmique, le rapprochement de la science et de la Religion révélée...) lui ouvriront l'âme à une dimension spirituelle de l'Histoire qui mettra à mort en lui le "vieil homme" éduqué dans l'esprit des lumières et fervent défenseur agnostique de la laïcité française, soit le système actuellement dominant.
    Mélange de fiction et de réalité (l'île d'or n'existe que dans l'imaginal comme l'Atlantide d'ailleurs), cette fable n'est que prétexte convenu pour espérer toucher quelques consciences influentes et provoquer un effet boule de neige en se souvenant du rôle primordial de la France sur l'échiquier des temps derniers.
    On voyage à travers l'histoire sainte des rois de France jusqu'à la révolution, en parallèle avec le royaume de droit divin bâti et prolongé par Mahomet au Maghreb, on se remémore les visites symboliques de François d'Assise et du sultan Al-Khamil il y a 8 siècles, celle plus récente du pape François et du grand Imam d'Al-Azhar en 2019.
    Et l'on rêve d'une union des religions révélées autour de la figure de Jésus, le liant, qui passe par une réinterprétation du fameux verset 4,157 du Coran sur sa crucifixion fantôme ; un souhait d'unité également entre musulmans de tous bords et avec leurs frères juifs et chrétiens.

    Homme de concorde et de paix, non pas au-dessus des dogmes mais dans l'esprit de la révélation, Henry Bonnier nous lègue un dernier texte humaniste, empreint de cœur, de sensualité et d'envie, à l'image de l'Homme nouveau. Saisirons-nous le message à temps ?

     

  • L'Amour , notre destinée

     

    Petit entretien écrit avec Pierre Trigano, qui vient éclairer quelques passages de son dernier livre "Des sexes et des genres, des amantes et des amants" paru chez Réel Editions.

     

    *Votre réflexion mûrie d'un travail sur l'inconscient marque profondément le sujet conscient avec le temps : il s'agit ici d'évoquer l'existence d'un virus actif dans la psyché et transmis depuis des siècles... A qui d'ailleurs imputer la responsabilité de cette “souffrance immémoriale des femmes” ? L'homme doit-il s'amender ?

    Dans l’inconscient collectif de l’humanité se condense toute son histoire depuis les origines et nous naissons déterminé-e-s par celle-ci à la naissance sans en être conscients. Cette histoire résonne de ce que j’ai appelé la souffrance immémoriale des femmes, et cette histoire est déjà préformée par nos ancêtres préhumains primates, totalement marqués par la compétition entre les mâles, la maltraitance exercée sur les femelles, et la guerre systématique entre les clans. On ne peut pas dire que les hommes d’aujourd’hui sont a priori coupables de cette situation car ils ne font qu’en hériter mais ils sont fondamentalement responsables pour en prendre conscience et changer cette histoire en s’ouvrant à leur féminité intérieure, à remettre en question le règne du masculin unilatéral pour vivre une relation harmonieuse entre masculin et féminin, qui est amour. Les hommes, mais bien sûr les femmes aussi sont appelés à ce grand rendez-vous et reçoivent une interpellation que nous pouvons lire dans leurs rêves nocturnes. L’enjeu pour l’avenir de l’humanité sur cette terre est qu’ils acceptent d’entendre l’interpellation.

    *C'est souvent après coup que l'on sent que l'archétype genré était présent dans un échange. Comment se manifeste t'il concrètement ? Quand sait-on que l'on a affaire avec l'animus ou l'anima ?

    Il faut comprendre que l’animus dans l’inconscient des femmes est comme un homme et que l’anima dans l’inconscient des hommes est comme une femme. En tant que masculin, l’animus est puissance d’affirmation, pensées, principes, logos. Le problème est qu’en tant qu’il est un archétype de l’inconscient collectif, c’est une énergie collective, trans historique, transgénérationnelle. Il n’est donc pas au commencement de la vie d’une femme sa puissance d’affirmation personnelle et il ne fait que l’enfermer ou la réduire aux stéréotypes et aux rôles qui se sont condensés dans l’histoire de sa famille et de sa société, l’enfermer dans des attitudes de soumission ou au contraire de colère et de meurtrissure de toutes sortes, en inflation ou en déflation.

    L’anima, en tant que féminin, relève du domaine de l’affect, de l’humeur, du sentiment, de l’éros, de l’intériorité. Mais, tout comme pour l’animus, elle est une énergie inconsciente collective, transhistorique, transgénérationnelle. Dès lors, au commencement de la vie d’un homme, cette énergie ne lui est pas personnelle et ne se manifeste pas pour son épanouissement mais en étant conforme aux rôles qui se sont condensés dans l’histoire de sa famille et de sa société. Elle peut prendre la forme d’un éros aliéné, dysfonctionnel, dans sa vie, qui le détourne sous mille et une formes possibles (allant de l’inflation à la déflation) du véritable amour.

    Je me souviens d’un film d’il y a quelques années qui s’intitule, si je me souviens bien « La dispute ». Pas vraiment un très bon film, mais très intéressant pour donner un exemple vivant. Ce film montre d’abord un couple qui s’est constitué par amour et qui s’aime vraiment. Un soir, ils reçoivent à diner toute la famille de la femme. Une fois celle-ci partie, l’homme saute impulsivement sur la femme et lui dit « chérie, viens allons faire l’amour ! ». Mais la femme, tout aussi impulsivement, le repousse en lui disant : « non ! Fais la vaisselle d’abord ! ». Cette opposition de points de vue va dégénérer au long du film en une dispute terrible sur plusieurs jours qui va détruire leur couple, alors qu’ils s’aiment vraiment. On reconnait dans cet affrontement un duel meurtrier entre l’anima de l’homme qui est impulsivement éros et l’animus de la femme qui est impulsivement position de principe abstraite et donc logos. Les deux, anima et animus, ne sont pas dans cette histoire des expressions personnelles de leur amour, mais comme des dieux au-dessus de leurs têtes qui les manipulent et n’ont que faire de leur bonheur réel. L’anima, ici n’est pas l’expression personnelle de l’éros de l’homme et l’animus, l’expression personnelle du logos de la femme, mais des énergies de l’inconscient collectif façonnées dans l’histoire qui les ignorent impitoyablement en tant qu’individus.

     

    *Chaque genre (hétéro, homo, trans) porte en sa psyché un archétype du genre opposé avec lequel, à terme, il est juste et bon de s'unir (mariage symbolique) pour mener une vie harmonieuse. Le poids de cette souffrance semble être la même pour tous et partagée entre tous, une souffrance mémorielle de l'humanité en quelques sorte ?

    Tout être humain, quelle que soit sa condition sexuelle, est traversé dans sa psyché par ce que j’appelle « une pulsion de mariage intérieur » et que Jung appelle le Soi. Cette pulsion travaille dans l’inconscient à la confrontation entre le moi de la femme et son animus et le moi de l’homme et son anima. L’enjeu de ce travail intérieur est que les deux pôles conscient et inconscient se rencontrent, se reconnaissent et se transforment jusqu’à s’aimer et devenir des amants intérieurs de telle sorte que se réalise l’individuation, l’unité de l’être, son ouverture à l’amour. Pour les trans la modalité semble différente, je l’étudie dans mon livre avec un exemple de rêve à l’appui mais en réalité, c’est toujours cette ouverture à l’amour qui se cherche.

    L’enjeu est que anima et animus ne soient plus dans la psyché d’un individu des « dieux » étrangers et indifférenciés mais deviennent des manifestations personnelles de leur être réel, les ouvrant à l’amour. On cultive et renforce le travail de cette pulsion du mariage intérieur dans une psychanalyse centrée sur les rêves, en suivant le chemin initiatique qui se déroule pour l’analysant de rêve travaillé en rêve travaillé. Ce qui se découvre au cours de ce cheminement, c’est la souffrance immémoriale des femmes, la souffrance de la féminité, qui s’est condensée au cours de l’histoire humaine, et qui affecte aussi bien les femmes, les hommes, leurs animus et anima. L’enjeu d’une telle psychanalyse est de favoriser dans leur vie l’arrivée de synchronicités positives ouvrant à l’amour, pas seulement sous la forme d’un couple, mais aussi comme amour de la vie, réconciliation amoureuse avec la vie, quel que soit l’âge du sujet.

     


    *L'essence du Soi est féminin dites-vous. Il nous veut en relation (Intérieure ou extérieure), l'inverse du repli sur soi en fin de compte ?

    C’est le rêve étonnant d’une contemporaine, que je relate dans mon livre, qui présente le Soi comme féminin. Il délivre un enseignement qui nous montre que le Soi désire aujourd’hui se faire reconnaitre centralement comme féminin, d’abord pour relever la féminité depuis si longtemps marginalisée, mais aussi parce que l’archétype féminin est précisément l’archétype de la relation, de l’ouverture à l’altérité, de l’union. Or, c’est précisément l’union harmonieuse entre le masculin et le féminin que vise le Soi. Ce qui nous permet de comprendre que forcément, cette union est d’essence de féminine, de même que sur le plan concret de la sexualité, l’union du sexe masculin et du sexe féminin se fait dans le sexe féminin.

    *Que nous dit ce nouveau symbole du Soi sur le dieu monothéiste ? A t'on occulté Sa part de féminin (qualités, valeurs) ? Plus, son essence est-elle féminine ? On peut même se poser la question du creuset du Verbe, de son origine symbolique ?

    Dans la spiritualité biblique, le Verbe, c’est le Saint Esprit, et le mot « esprit » en hébreu, rouah’, est féminin. Et pour les premiers chrétiens, le Saint Esprit était féminin. Ce n’est qu’au 4eme siècle après Jésus-Christ que l’Eglise a décrété que le Saint Esprit était masculin ! D’autre part, Jésus appelait Dieu abbah. Je démontre dans mes livres précédents que c’est un mot féminin, un Père divin féminin, centré sur l’amour

    *Comment panser le féminin blessé ? Le verbe ou l'Intellect y est-il pour quelque chose ? Quid des autres centres (sensation, intuition ou sentiment) ? Peuvent ou doivent-ils participer à la guérison ?

    Toutes les fonctions psychologiques interviennent bien sûr dans ce grand-œuvre du mariage intérieur qui réunit en harmonisation toute la psyché humaine. Mais est-ce que vraiment le but est de « panser » le féminin blessé ? Je crois plutôt qu’ils se « panse » lui-même lorsque l’on devient conscient que la féminité n’est pas « une pauvre petite chose » toute faible, qui aurait toujours besoin d’un masculin fort « de gros bras », mais qu’elle est ce qui fait qu’un être humain est réellement humain, dans la mesure même ou la caractéristique de l’être humain dans la nature est précisément sa capacité à s’ouvrir à l’altérité, ouverture féminine par essence.

     

  • Le système actuel est antichristique

     

    L'antichrist va capter les pensées des hommes et mettre ses pensées dans leurs pensées pour les amener à se comporter comme il le souhaite, c'est une véritable conditionnement” (p.159)

     

    l'antichrist les signes de sa venue,Jean-Marc Thobois,Emeth éditions,Nouvel Ordre Mondial,APocalypse,Parousie,apostasie,Islam,Juin 2021Emeth éditions publient “l'Antichrist, les signes de sa venue”, un livre posthume (la covid l'a emporté en mars 2020) d'un exégète protestant reconnu, spécialisé dans l'eschatologie et dont on avait apprécié l'intervention dans le documentaire “Les sept églises de l'Apocalypse”.

    Pour Jean-Marc Thobois le texte biblique est inaltérable et sa méditation ou ruminement lignée après lignée (il est issu d'une famille d'Huguenots) est le garde-fou d'une conscience en éveil...jusqu'à ce que la créature s'émancipe de son Créateur, change les fondements de la création et veuille orgueilleusement se hisser au rang du Démiurge. Or le “progrès” que l'on nous vend depuis le milieu du siècle dernier (qui correspond selon l'auteur à Mai 68) ne servirait qu'à instaurer une “brisure” au sein de l'harmonie, l'apostasie propice à l'avènement de l'antichrist et donc de la fin des temps. Que cette entité soit une personne importe moins que le système qui la porte et il ne fait aucun doute que le temps de Pharaon (63 familles contrôlent 90 % de la finance mondiale) se reproduise sous fond d'asservissement au tout numérique (identité, données, attention, travail...).

    Ce constat du danger de la machine, synonyme de fin des relations humaines (désacralisation du mariage, banalisation du divorce, émancipation de la femme, théorie des genres...) est d'après lui, sciemment programmé (le Nouvel Ordre Mondial) pour mieux amener l'humain au repli sur soi et à la dépendance des objets ou services connectés, puisque plus rien d'autre n'aurait de sens.

    Cette thèse, ce travers, se propage de plus en plus, y compris chez des non religieux, éclairant chacun sur son rapport à la technologie et finalement sur le sens qu'il souhaite donner à sa vie. On voit par exemple que l'épisode Covid a accéléré des changement d'emploi, de partenaire ou de villégiature, en soi un mal pour un bien.

    La seule différence avec le présent essai c'est qu'il qualifie cette période d'apocalyptique, prélude à une guerre des forces de lumière contre celles des ténèbres (justes contre méchants, Messie contre serpent) et à l'avènement d'un Messie roi et prophète (la Parousie du Christ pour les chrétiens) pour contrer et entériner celui de l'antichrist.

    J.M Thobois nous donne en ce sens une grille de lecture “religieuse” intéressante et cohérente des événements (une partie du Coran et les hadiths sur la fin des temps partagent cette vision), qui aurait suffi à elle-même sans y mêler des positions somme toute assez réactionnaires (les rôles préétablis de l'homme et de la femme, le faux prophète Mahomet, antisionisme égal antisémitisme...), basées sur l'étude de textes à qui l'on peut faire dire tout et n'importe quoi. Car c'est bien connu, la lettre tue et l'esprit seul vivifie. Sans lui le sens de la prophétie est perdue et la loi reste morte.

    Qui par exemple saurait nier que le Coran possède aussi un souffle ? Est-ce de la propagande d'accuser les sionistes de colonisateurs, eux pour qui le Messie est d'ailleurs le peuple élu entier ? Faut-il forcément choisir un peuple-camp ou les “élus” peuvent-ils être épars au milieu de toute nation, religion (ou absence), couleur, genre ?

    Il est dit en lettres de feu (Ézéchiel) qu'à la fin le cœur de pierre serait remplacé par un cœur de chair, qu'enfants et vieillards prophétiseraient, que chaque adhérent donc serait un livre ouvert actualisé (pour la connaissance du bien et du mal), soit une véritable revivification de la Parole en souffle et vérité, que l'on ait ou pas étudié.

    L'auteur aime à rappeler en leitmotiv une phrase de David Wilkerson (dans “la vision”) ; “Dieu tient tout sous son contrôle” et prône la patience et la persévérance dans les épreuves par la foi et la remémoration de la Parole, puisque in fine la Lumière sera. Encore s'agit-il de distinguer entre toute parole sacrée, celle datée historiquement et celle valable de toute éternité, grâce du souffle saint accessible et commun à toute l'humanité.

     

    Rester chrétien dans le temps de l'antichrist, c'est garder la Parole et savoir que si nous le faisons, nous serons gardés par Dieu. Dieu seul peut nous tenir debout.” (p.202)

     

  • Etty, une préparation à la sur-vie

    "En excluant la mort de sa vie, on ne vit qu'à moitié et en accueillant la mort au cœur de sa vie, on élargit et on enrichit sa vie"

    Etty Hillesum-une femme réalisée,DOminique Blain,Editions du Relié,Westerbork,Julius Spier,mystique,vie de Jésus,Sainte thérèse,Thérèse d'Avila,François d'Assise,anéantissement en DIeu,camp de concentration,Auschwitz,Mai 2021Dominique Blain est un moine zen, écrivain mais aussi franciscain. De sa double casquette il a longuement médité les écrits d'Etty Hillesum au regard des textes bibliques et de la littérature des saints qui ont traversé la nuit de la foi. En résulte un essai profond, "Etty Hillesum - une femme réalisée", aux éditions du Relié, sur le cheminement spirituel de cette juive hollandaise qui sacrifia sa vie de jeune femme pour communier avec la souffrance de son peuple exterminé. Elle vécut de son plein gré huit mois entiers en tant qu'assistante sociale dans le camp de Westerbork avant d'être déportée à l'âge de 29 ans à Auschwitz.
    Destin tragique à hauteur d'une vie sociale de femme mais ô combien vécue en plénitude dans le don de soi "avec pour seule arme une intériorité pacifiante".
    Car de grâces, cette femme téméraire et courageuse, avec la bible comme guide spirituel, en sera abreuvée (en quelques années, de façon accélérée, elle passera d'une vie extériorisée à l'anéantissement en Dieu).
    Son premier mentor fut le psychanalyste jungien et orientaliste Julius Spier qui l'aida à trier et harmoniser le matériau psychique et lui donna les bases d'un solide travail sur soi afin que "tout moment vécu dans le camp devienne une opportunité pour se transformer et s'humaniser".
    Le livre est construit comme un dialogue ou jeu de miroirs, entre étapes ou paliers spirituels décisifs relatés par Etty et leur correspondance ou modèle pré-éternels discernés par l'auteur, dans les textes sacrés ou pieux (On redécouvre les évangiles notamment). Dominique Blain fait ainsi œuvre d'exégèse des écrits de l'icône féminine. Son style est heurté, compact, mûri et creusé dans une volonté de ne pas la trahir mais aussi et surtout de la comprendre et de la saisir dans son acte de folie quasi christique puisque son identification est presque totale à la vie de Jésus.
    Il insiste un temps sur le paradoxe ou difficile équilibre à trouver entre vie mondaine et compassionnelle, entre vue intellectuelle et praxis d'une vie simple et dénudée à l'extrême.
    Mais le prisme choisi à terme est cette vie de sens parce que vécue en intériorité et humilité, dans un grand dépouillement matériel et mental (le silence étale d'une conscience née d'en haut, en éveil). Mystique enfin en paroles et actes, par la joie éprouvée, la souffrance transcendée, le bannissement des plaintes et élégies, les forces vivifiées, la vie d'ores et déjà célestielle avec la mort assumée et la certitude d'un Dieu aimant malgré l'adversité.
    Son parcours de solitude (ralliée à aucune chapelle) mais pas solitaire (elle dialogue jusqu'au bout avec l'Autre en Soi) peut se rapprocher de celui de sainte Thérèse qui mourut en bas âge ou de géants de la chrétienté (François d'Assise, mère Theresa...), des exemples non pas à imiter mais à méditer pour se fortifier dans les épreuves et espérer communier à cette Source au don inépuisable, sur la terre (le Père) comme au ciel (la communauté des saints).

    "Dans le creuset de notre intériorité se trouve la réponse en Dieu. C'est un puits sans fond où le fini rencontre l'infini, que nous creusons pour rencontrer son "Amour""

     

  • La jonction judéo-chrétienne

    Souvent, la meilleure preuve d'une théorie reste son pouvoir explicatif et quand dans la recherche académique, on arrive à proposer une théorie unique qui soudainement unit et rend compte d'un ensemble de données autrement sans relations apparentes entre elles et inexplicables, c'est souvent un indice selon lequel on a rejoint la vérité”. (p.173)

     

    John Bergsma,Jésus et les manuscrits de la mer Morte-révélations sur les origines juives du christianisme,Bayard éditions,Qumrân,esséniens,Jean-Baptiste,Maïtre de Justice,étude biblique,Avril 2021Il existe des liens évidents entre “Jésus et les manuscrits de la mer morte” découverts au siècle dernier. Les écrits de Qumrân appartenaient aux esséniens, une secte juive contemporaine de Jésus, qui prônait une vie communautaire pieuse et sainte. Radicaux dans leurs rites proches des textes de l'ancien testament, ils attendaient la venue de deux messies (sacerdotal et royal) pour une fin des temps imminente, sous la direction du Maître de justice ( qui faisait office de grand prêtre).

    Le bibliste et spécialiste de ces manuscrits, John Bergsman a scruté pour ce livre paru chez Bayard éditions, quelques détails du nouveau testament qui ne sauraient s'expliquer sans l'influence essénienne.

    Bain rituel, baptême, eucharistie, effusion de l'Esprit-saint...autant de rites communs avec le christianisme naissant, issus du judaïsme ancien. L'organisation même de l'église des premiers temps ou les pouvoirs sacerdotaux des apôtres sont calqués sur des habitus déjà existants.

    L'auteur avance l'hypothèse de l'éducation essénienne de Jean-Baptiste et l'appartenance à la secte du rédacteur de l'évangile de Jean pour mieux saisir certaines subtilités ou incohérences des évangiles (le jeune homme nu vêtu de lin au jardin des oliviers, le déroulement de la cène dans un quartier et selon le calendrier essénien...).

    Farouchement opposé aux saducéens ou pharisiens, Jésus aurait pu compter sur l'assistance des esséniens pour accomplir sa mission mais la construction de son royaume tout intérieur lui est propre comme la taille des pierres brutes de l'édifice ecclésial que sont les cœurs circoncis de ses disciples.

    Singulier également le message du Christ qui unifie les fonctions de prêtre et de roi, dont la nature lui sera reconnue comme divino-humaine et qui s'inscrit comme le Rédempteur de l'humanité pécheresse, alpha et oméga de la Création.

    Le livre est plaisant avec de courts chapitres thématiques et des résumés synthétiques. L'auteur passe en revue la recherche et les chercheurs récents sur les manuscrits de la mer morte et convoque les auteurs de théologie influents du point de vue américain. Il réfute également certains poncifs (l'authenticité de la lettre de Paul aux éphésiens notamment) et éclaire d'un angle neuf l'origine juive de certaines pratiques du christianisme (la symbolique du mariage ou le célibat des prêtres, une mythologie commune ténèbres vs lumière...).

    L'ouvrage insiste plus sur les rites alors que la matière des manuscrits de Qumrân est plus large. Leur philosophie est aussi et surtout d'inspiration prophétique et à forte teneur eschatologique (Melchisédech est attendu à la fin des temps). La figure et l'identité du Maître de Justice sont par ailleurs juste évoqués et des parallèles avec Jésus (inspiration, rôle et légitimité, discernement prophétique...) auraient pu être menés...peut-être le sujet d'un prochain essai ?...

     

  • Le supplément d'âme du corona-virus

     

    Shafique Keshavjee,La couronne et les virus,Editions Saint-Augustin,Editions Het-pro,Mars 2021Dans "La couronne et les virus", paru aux éditions Saint-Augustin et Het-pro, Shafique Keshavjee nous donne, sous forme légèrement romancée, des clés pour appréhender cette période de confinement subie, par son côté pile, lumineux, spirituel.
    Il est question d'âme sœur, une certaine Li Ying qui entre en contact avec l'auteur par mail. De prime abord intéressée par ses livres (il est pasteur réformé en Suisse et milite pour l'inter-religieux) une correspondance se tisse entre eux où se déroule son histoire personnelle (elle est apparemment au contact des porteurs du virus). Dès lors, intimité oblige, se dévoilent aussi les relations proches de la mystérieuse avatar (dont le célèbre médecin lanceur d'alerte de Wuhan) et surtout son intérêt pour les religions et sagesses universelles (Tao, messianisme juif, islam et christianisme non dévoyés), sa marotte et fil linéaire, qui est aussi celui de Shafique...ces deux là sont fait pour dialoguer, s'entendre et se comprendre : le meilleur ferment de l'Orient et de l'Occident qu'Einstein appelait de ses vœux pieux.
    L'histoire intelligemment construite et élaborée nous replonge dans les mois les plus anxiogènes de l'épreuve covid pour mieux la réécrire de façon symbolique et amener une réflexion plus ouverte et élargie sur la couronne de grâce et de désir,
    kheter en hébreu, qui est notre potentiel spirituel en naissant et sur les nombreux virus qui polluent, empoisonnent ou asphyxient nos initiatives d'élévation, en soi ou envers autrui.

    "La couronne de Vie est pour les combattants des virus".

    Ainsi de nos pensées, émotions, sensations qui peuvent vite tourner par polarité et si l'on ne fait preuve d'une certaine souplesse ou fluidité, vers le côté obscur de la stigmatisation, du repli sur soi ou encore de l'idolâtrie.
    Chaque personnage (de fiction ?) du récit devient allégorie d'un concept ou d'un complexe psychologique avec ses deux aspects antagonistes (ombre et lumière) que la vie viendra titiller et dont la savante alchimie influencera la qualité future du fruit, l'être spirituel à faire naître en soi.
    Brillante démonstration, fond et forme, d'un itinéraire de vie toujours sur le fil, fragile mais ô combien précieux aux yeux de Celui qui modèle l'âme humaine et rend possible sa transformation.

     

  • Dieu est une brise légère

     

    Le malentendu dans nos rencontres avec Dieu, c'est que nous allons vers Lui avec une requête limitée. Nous attendons “quelque chose”. Il veut nous donner “quelqu'un”. C'est lui-même et Sa tendresse sans mesure qu'Il veut nous offrir. C'est Lui qui veut mendier une réponse à Son amitié”. (p.247)

     

    Stan Rougier, prêtre et écrivain-conférencier catholique français nous livre aux éditions Artège son testament spirituel : “Au souffle des béatitudes”.

    L'exercice lui permet de récapituler ses souvenirs de rencontres littéraires ou charnelles depuis sa jeune communion jusqu'à ses 90 printemps, fraichement rescapé qu'il est de l'épisode Covid.

    Leitmotiv de sa vie et de cet ouvrage : la joie de vivre qui ne l'a quasiment jamais quitté depuis sa rencontre avec Jésus :

    La joie n'est possible en plénitude que si nous avons trouvé sa source ultime : Dieu”(p.188).

    A travers ses émotions intenses en tant qu’aumônier, ses voyages à travers le monde en tant que prêtre, ses rencontres comme écrivain-conférencier (les papes, Christiane Singer, André Chouraqui...) ou ses lectures spirituelles (Saint François d'Assise, Antoine de Saint Exupéry notamment), la figure de l'autre l'a souvent émerveillé, comme reflet du dieu-Homme qu'il porte en lui.

    Joie et louange sont comme les deux faces d'une même réalité : l'amour filial”. (p.269)

    Ce livre synthétique est également une brillante relecture des passages clés de la Bible (psaumes, Prophètes, Sagesse, Job, Apocalypse, Évangiles...) à travers le prisme de la joie, l'annonce de joie étant le “premier et dernier mot des évangiles, le premier et dernier mot de l'existence”. Et l'on redécouvre pour ainsi dire ce qui parsème en filigrane le texte Saint judéo-chrétien, du début à la fin, avec parfois un souci de la traduction et donc de l'interprétation dont il est friand et coutumier, tant le sens peut être biaisé sans l'épreuve de la vie chrétienne qui va avec.

    Philosophes, saints, écrivains célèbres ont accompagnés sa vie en esprit mais il ne les place pas au-dessus des nombreux visages rayonnants moins connus ou anonymes qu'il côtoya lors de l'exercice de ses fonctions comme parangon de l'Amour de Dieu.

    La joie du chrétien vient avant tout de ce qu'il se sent aimé par Dieu d'un amour fou. Il croit en un Dieu empêché par notre indifférence et magnifié par notre amour. Il croit en un Dieu qui nous a confié sa création pour la continuer”. (p.215)

    A l'orée de sa vie, fervent croyant de l'au-delà et à ne garder que l'optimisme et les souvenirs de petites et grandes victoires de la lumière (sur les forces ténébreuses), on sent Stan Rougier allégé d'une vie qui pesa pourtant lourdement sur terre (son aura dans les foyers de charité en particulier, les nombreux témoignages de gratitude reçus de son vivant).

    Si l'on me demandait de résumer en quelques mots la mentalité hébraïque, je répondrais volontiers : l'amour de la vie et la joie de l'action de grâces pour l'amour dont Dieu aime son peuple”. (p.216)

    Stan Rougier s'est toujours identifié à un fils d'Israël par essence à travers son noviciat. Il le croit, sa force fut cette joie inébranlable qui fit de sa vie une louange perpétuelle. Estimant avoir beaucoup reçu il n'eut de cesse de communier par l'amour avec son prochain. Son regard éveillé lui a même fait oublier l'inimitié puisque tout concourt au joyeux plan divin, sur la terre comme au ciel des fixes.

    Un livre léger, pétillant et festif, comme des bulles de champagne !

     

    De toute éternité, Dieu est une communion de personnes : le Père est la source, le Fils le visage, l'Esprit Saint est la ferveur” (p.290)