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Choeur - Page 71

  • Le Soi n'est qu'Amour

     

    "Quand la conscience médite sur elle-même, sa conscience de soi disparaît, ce qui implique qu'elle s'oublie. Ceci est appelé samadhi (l'union avec le Soi)"

     

    L'Amour de Soi-le rêve originel-enseignements directs de Nisargadatta Maharaj,Les Deux Océans, Shri Nisargadatta Maharaj,Shri Dinkar Kshirsagar,Mohan Gaitonde,Karina Bharucha,Novembre 2019"L'Amour de Soi" paru aux éditions les Deux Océans est un recueil d'enseignements oraux (notés par le disciple Shri Dinkar Kshirsagar) de Shri Nisargadatta Maharaj (1897-1981) qui fut un éveillé et Maître spirituel issu d'une lignée de Gurus en Inde.

    Ce livre volumineux (plus de 500 pages !) relate de son message des deux dernières années de sa vie et s'adresse à deux types de dévots ou disciples plus ou moins avancés sur le chemin de la désidentification au corps, d'où l'impression de confusion parfois lorsqu'il parle de la conscience comme étant le tout ou le rien.

    Ce volume ne se lit pas comme un roman. On y rentre de façon ardu, dérouté par le lexique indien et la précision chirurgicale des termes employés qui nécessitent une attention accrue et soutenue.

    Par ailleurs il est réservé aux adorateurs du Soi (s'entend "la conscience auto-lumineuse, comme Dieu") néophytes ou convaincus et, comme le Coran par exemple, est un texte à clés dont la foi est le verrou.

    L'enseignement en Soi est assez simple : "en réalité notre vraie nature est la félicité suprême et inconditionnée (le témoin qui est conscient de la veille et du sommeil) mais nous nous prenons pour des individus...et cette identité du corps donne lieu à l'orgueil, ce qui entraine de la souffrance".

    Cette réalité vue et vécue par Shri Nisargadatta (qui signifie le Soi infini, complet et réel) Maharaj est martelée au cours des presque 150 journées d'enseignements (pas plus de trois pages à chaque fois) retranscrites et traduites avec précision du marathi en anglais (Mohan Gaitonde) puis en français, pour les besoins de la présente édition (Karina Bharucha).

    L'ensemble agit comme un mantra et le cœur du message peut représenter un diamant que l'on envisagerait à chaque fois par une facette différente.

    Notre culture judéo-chrétienne qui a fait de Jésus un Dieu a assimilé Son corps à la divinité, or ce concept est limité pour la lignée des sages indiens puisque le corps advient et se développe sans participation de l'individu conscient. Différent est Celui qui se place à l'origine de la conscience, qui oublie d'être quelqu'un et ne s'attribue ni nom ni forme. Celui-là serait alors comme Dieu avec "seulement de l'amour et de la joie d'être" comme besoins. Jésus n'aurait-il pas déclaré: "...vous êtes des dieux" (Jean 10,34) ? D'autres voix s'élèvent cependant (je pense ici aux Dialogues avec l'Ange ou à Satprem) qui redonnent au corps-lumière (plutôt qu'une lumière sans corps) toute sa noblesse et son potentiel illuminatif.

    C'est au fruit de cette méditation soutenue et d'une certaine maturation spirituelle que nous invite feu Shri Nisargadatta Maharaj dont il ne nous reste que des paroles issues d'une source qui représente la quête absolue de tout chercheur de vérité : "En vous parlant, je ne vous considère pas comme un être humain mais je m'adresse à la Réalité qui est mon propre Soi en vous".

    Un enseignement important, un livre opportun, balise et de bonne compagnie.

     

  • Les ingrédients d'une réussite

    On dit que Josepha,Gwendoline Soublin,Philippe Mangenot,Simon Alopé,Laure Barida,Johan Boutin,Mathilde Saillant,Théatre de l'entre-deux,Festival en Acte(s),Pig Boy 1986-2358,ENSATT,Les Clochards Célestes,Décembre 2019,Lyon "On dit que Josepha" c'est d'abord quatre jeunes acteurs formidables issus du conservatoire de Lyon (Simon Alopé, Laure Barida, Johan Boutin et Mathilde Saillant) qui s'emparent d'un texte pour en jouer tous les personnages, entre fiction et réalité. La pièce se passe à Babylone-sur-Isette, un petit patelin où l'ennui est propice, pour ces quatre adolescents, à mettre en scène avec le rythme qui est celui de la jeunesse, une rumeur et laisser libre cours à leur imagination délirante, au jeu du "on dit que...".

    "On dit que Josepha" c'est aussi la révélation d'une jeune autrice diplômée de l'ENSATT de Lyon, au texte ciselé qui ne manque pas de souffle et dont les racines plongent dans la magie de la ruralité.

    De la même autrice, Gwendoline Soublin, "Pig Boy" du 14 au 16 Mai au Théâtre de la Renaissance à Oullins.

    "On dit que Josepha" c'est enfin une direction d'acteurs au service du jeu et de l'imaginaire, à l'inventivité folle face à un dépouillement scénographique imposé. Philippe Mangenot sait magnifier l'énergie d'une jeunesse talentueuse en l'invitant à investir tout l'espace (y compris les gradins) en côtoyant même les spectateurs. Il émane de la pièce une vitalité, une fraicheur et une chorégraphie chirurgicale des acteurs.

    Entretien avec Philippe Mangenot, le metteur en scène et directeur du théâtre de l'entre-deux (7') :


    podcast

    @Crédit photo : Théâtre des Clochards Célestes

  • Mbaye Ngom juste et percutant

    Moises Mato Lopez,Un Etranger,Mbaye Ngom,Gabriela Alarcon Fuentes,Maïanne Barthés,Clément Rousseaux,Pascal Bonnet,Théatre du Point du Jour,Décembre 2019Un étranger nous parle, comme une invite dans son intimité, nous qui sommes confortablement assis et à l'écoute. Nous l'apprivoisons, le considérons comme faisant partie des "meubles" jusqu'à ce qu'il tonne, brise la projection et nous renvoie son vécu et point de vue d'étranger, ici en Occident et là-bas au pays, dans nos attitudes et comportements parfois peu reluisants voire indignes.

    La vindicte est parfois sévère mais juste car documentée (le texte de Moises Mato Lopez confine à l'universel) et passé l'orage, l'ire qui demande à être entendue, on reconnait pleinement frère celui qui pardonne nos faiblesses et nos bons sentiments dévoyés. Une leçon d'humanité !

    Rencontre avec Mbaye Ngom (acteur), Maïanne Barthès (co-metteuse en scène) et Gabriela Alarcon (traductrice et co-metteuse en scène) - à l'issue de la représention au Théâtre du Point du Jour. 10'

    podcast

    Photo: www.pointdujourtheatre.fr

  • Le "fils prodigue" pré-médité

    2019-02-kelen-histoire-de-celui-6-5db9c1ea98e3b.jpgDans "Histoire de celui qui dépensa tout et ne perdit rien" paru aux éditions du

    Cerf, Jacqueline Kelen s'empare de la parabole du fils prodigue et la réécrit en se mettant dans le corps et l'âme des différents protagonistes. Le fils, le frère et le père s'entend, mais aussi la mère, un vieux serviteur et plus surprenant l'ange gardien et l'ange scribe.

    Nourris de lectures et de recommandations bibliques, les personnages s'expriment à la manière des psaumes, du cantique des cantiques ou encore de l’ecclésiaste, citant prophètes ou événements marquants de la Bible, ce qui donne à l'ensemble un ton enjoué, précieux et poétique et à l'écriture de J. Kelen une fluidité et un rythme proche du verbe.

    Les prolongements et arguments de chacun ne choquent pas et font basculer la parabole dans une fable initiatique où tout le monde est gagnant. Après avoir choisi une vie mondaine, celle de l'homme extérieur (le vieil homme au sens évangélique), "là-bas, dans la ville bruyante, où l'on se laisse tenter, on s'amuse, on se leurre et où un jour l'âme se retrouve sur la paille", le fils cadet subit un renversement, une métanoïa et se souvient de sa lignée céleste alors qu'il patauge dans la boue avec les cochons. En se remémorant l'amour de son père, "lui reste l'essentiel, l'invisible alliance, sa parole donnée, la liberté qu'il lui a accordée...il a certes tout dépensé mais il n'a rien perdu...".

    En chemin l'amour, la mort, le choc des émotions, un vécu de géant, une amplitude d'expériences ont contribué à forger une âme immortelle et un cœur enjoué à l'idée d'être re-devenu fils mais au sens de l'homme intérieur, l'homme nouvellement né.

    Cette interprétation dépoussière un texte resté trop longtemps moralisateur ou culpabilisant et sonne juste comme souvent dans l'intuition de Jacqueline Kelen, que nous avions longuement interviewé en 2018 sur son parcours, à Paris.

     

  • Un Jung au naturel

    Sabi Tauber,Mon analyse avec Jung,La Fontaine de Pierre,Novembre 2019Mon analyse avec Jung est un recueil de notes (une sorte de journal intime de 1950 à 1961), agrémenté de dessins et courts poèmes et publié à titre posthume aux éditions La Fontaine de Pierre. Sabi Tauber, l'auteure, a rencontré, à l'âge de 33 ans, le professeur clinique lors d'une de ses conférences et sentit instinctivement qu'elle "le connaissait depuis toujours et qu'une profonde parenté la liait à lui"*. Le livre relate des douze années de rencontres avec le docteur suisse qui finit par devenir un ami très respecté du couple Tauber et de leurs cinq enfants.

    La valeur de cet ouvrage est triple :

    Il relate des dernières années du vieux sage zurichois ; il fait parler Jung et son langage diffère beaucoup de ses écrits ; enfin c'est un témoignage sur l'irrésistible aura qui l'entourait et l'adoration ou la vénération qu'il suscitait chez certaines femmes ou enfants.

    Sabi n'est pas avare de compliments à son égard tout au long de l'ouvrage et le remercie, quelques temps avant son trépas, au nom de toutes les femmes, de l'avoir aidé "à accéder aux trésors de l'inconscient...,à redonner sa place à l'image féminine de Dieu...,à retrouver sa propre nature féminine avec sa propre conception du sentiment et à vivre la vie consciemment dans l’ ici et maintenant". (p.184)

    On découvre un homme de proximité presque omniscient sur tous les sujets, en particulier dans l'interprétation des rêves, le symbolisme ou les sciences irrationnelles (Yi King, astrologie, géomancie, tarot, synchronicités...). Le livre est aussi entrecoupé d'anecdotes sur ses voyages, ses écrits ou son vécu d'être humain.

    Sabi n'hésite pas à le qualifier de "gourou" au sens de Maître spirituel car en plus d'être à l'écoute il donnait de véritables directions ou inclinaisons pour le travail intérieur en vue de la conscientisation.

    Dans ses discussions comme dans ses entretiens publics, les thèmes suivent le cours de sa pensée, flirtant parfois avec l'irrationnel ("J'ai découvert l'irrationnel et j'ai défendu le droit à la parole de l'inconscient") et il répond avec un certaine autorité à tous les sujets, graves ou anodins, profonds comme plus légers. "Nous étions tous fascinés par ses paroles...par le flux magique de sa pensée...". Ce qui peut paraître comme indigeste parfois mérite néanmoins une lecture plus approfondie pour en retirer toute la richesse.

    Pourtant Jung se défend de toutes projections à son égard, "ne voulant être ni un mythe ni un dieu mais un véritable être humain", déclarant avoir "simplement vécu ses potentialités et fait ce qu'il tenait pour juste".

    C'est son intériorité qui le poussa à écrire toute sa vie , ne réalisant des ouvrages extérieurs que dans sa maison de Bollingen où il passait du bon temps tel un ermite à l'écoute des signes de la nature et du temps.

    "générosité...merveilleuse bonté...attention...présence totale" reviennent souvent dans la bouche de la jeune protégée de Jung qui savait se rendre disponible pour les siens ("nous sommes tous reliés de manière sous-jacente. Celui qui sait plonger ressent les autres loin à la ronde") malgré un emploi du temps chargé jusqu'à la toute fin.

    Court mais dense, ce livre se bonifie et s'éclaircit à chaque lecture et l'on retient surtout que l'homme avait une forte personnalité (puissante anima)  et un magnétisme presque magique pour insuffler la vie ou remettre en mouvement le matériau psychique stagnant. Un brillant esprit s'incarna  sur cette terre, pour affaire de complétude et de transformation et qui montra la voie vers notre propre dieu intérieur...

    *les citations en gras sont de Jung, les autres en italique de Sabi Tauber

     

  • Thelonius et Lola résonnent en choeur

    Thélonius et Lola,Serge Kribus,Zabou Breitman,Sarah Brannens,Charly Fournier,Éric Slabiak,Stéphanie Daniel,Salma Bordes,Bertrand Sachy,Christophe Perruchi,Yung-Biau Lin,Nadejda Loujine,Théâtre de la Renaissance,Oullins,Novembre 2019Thelonius et Lola raconte une histoire qui n'a ni queue ni tête (d'ailleurs le personnage du chien est très humain...) sauf au regard des enfants petits et grands, qui plongent instantanément dans l'univers merveilleux et décalé de l'auteur, Serge Kribus, celui d'une rencontre entre un chien errant chanteur et une petite fille intrépide.

    Ces deux là étaient faits pour s'entendre au premier abord, l'un pour se faire révéler son talent d'artiste, l'autre pour devenir son amie que n'entache pas la différence de race (woufff !).

    Une belle alchimie entoure ces deux personnages solitaires et l'on s'y attache dès le début, au quart de tour. Un tour de chants également très juste et adapté par Eric Slabiak, sur des airs tziganes.

    Zabou Breitman, à la mise en scène, continue de proposer sa vision poétique du monde et de ses reliefs montagneux (les êtres humains) hauts en couleurs et singuliers après l'éloge de la fragilité et de la différence dans Logiqueimperturbabledufou.

    Le cœur croit subitement à ce qu'il voit dans ce conte moderne et pourtant universel.

    Rencontre avec les deux acteurs Sarah Brennans et Charly Fournier (10 min) à la sortie de scène du théâtre de la Renaissance à Oullins.


    podcast

    @crédit photo : Th de la Renaissance

  • La mue de Camélia Jordana

     

    "Camélia semble s’être re-trouvée sur cet album Lost en collaboration avec Laurent Bardainne sur des mélopées trip hop, soul, pop ou de chanson traditionnelle. Profondeur du chant et expérimentation sonore, racines arabes pour un disque de musique universelle, cris et lassitude d'une jeunesse stigmatisée mais déterminée, consciente et politisée. Le fruit maîtrisé d'une époque, un futur classique".

     

    On ne cachait pas notre ferveur en fin d'année 2018 pour la sortie de Lost, troisième album de la révélation du célèbre télé-crochet. Un album qui sortait après 4 années de maturation. Restait à découvrir son pendant scénique...

    Elle avait en effet déjà tout d'une grande il y a quelques années au festival Paroles et musiques de Saint Étienne, tout juste estampillée "Nouvelle star" alors qu'elle n'avait pas encore de répertoire propre. Sa voix, qu'elle n’aimait pas vraiment, avait déjà de quoi réveiller les morts.

    cameli.jpgDésormais actrice et autrice-interprète de son très culotté troisième album, elle le défend sur scène avec brio et une voix à éveiller les consciences. Entourée de quatre hommes (un batteur, un programmateur et deux parfaits choristes) elle officie telle une cheffe, finissant souvent ses chansons a cappella et en trio. A l'instar d'une Camille ou d'une Yaël Naïm, on la sent véritablement en quête de la note juste dans son combat plus général contre l'injustice.

    Innervée en profondeur, chantant souvent les yeux fermés, en français, arabe et anglais, elle donne le ton mais aussi la justesse et l'à propos. En l'écoutant, viennent parfois les larmes aux yeux tant elle touche le cœur avec sa voix.

    Coté covers, une reprise sur le pouce d'Alicia Keys (If I aint got u) et une autre de Frank Ocean dont elle est fan. Privilège également pour le public lyonnais, Camélia nous offre un nouveau titre pop, fredonné en chœur, qui sera sur le prochain album en préparation.

    Elle nous confiait également, outre sa joie d'être à Lyon devant un public conquis, le long périple pour faire exister ses chansons du disque à la scène, chansons engagées et générationnelles crachées sur un beat éléctro deep dark blues (oui, c'est une invention !) à la Portishead.

    Tantôt charmante et charmeuse, inspirante et inspirée, légère et concentrée, Camélia Jordana s'est construit un public à son image : tolérant, ouvert et profondément à l'écoute.

    Crédit photo : Fb Camélia Jordana