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Choeur - Page 79

  • Le malade (dans l’) imaginaire du Raid

    Le malade imaginaire,Molière,Mohamed Brikat,compagnie le Raid,Leandre Benoit,Claire Bourgeois,Franck Fargier,Simon Gabillet,Sidonie Lardancher,Cécile Marroco,Jacques Vadot,Siegrid Reynaud,Julie Lascoumes,Théâtre du Gai Savoir,Lyon,novembre 2018Le Raid est une jeune et prometteuse compagnie lyonnaise de 10 acteurs de tous âges, soudés et coachés par le capitaine de troupe Mohamed Brikat .

    Son répertoire alterne le classique, ici Le malade imaginaire de Molière, mais aussi des auteurs contemporains.

    Dynamisme, écoute et rythme (L’expérience du festival d'Avignon y aura sans doute contribué) pour cette adaptation en costumes d’époque. On rit beaucoup dans la salle car la joie dans le jeu est communicative et les trouvailles scéniques ancrées dans notre quotidien (arts urbains notamment).

    Mohamed Brikat et ses amis ont pleinement saisi ici l'esprit communicatif et malicieux de Molière et ont su rendre sa dernière pièce ludique et accessible.

    Le metteur en scène répond à nos questions en compagnie de Cécile Marroco (Toinette) et Jacques Vadot (Argan), deux des comédiens.


    podcast

    Prochains spectacles du Raid :

    Orphelins du 14 au 18 novembre au Théâtre des Clochards célestes

    Prophète sans dieu en mars au Théâtre de l'Iris à Villeurbanne

    Photo: Compagnie Le RAID

  • La Profondeur du chant de Léonard Cohen

     

    J'ai toujours en tête une chanson

    J'ai toujours en tête une chanson

    Qu'Anjani pourrait chanter

    Elle évoquera nos vies ensemble

    Elle sera très légère ou très profonde

    Mais rien entre les deux

    J'écrirai les paroles

    Et elle écrira la mélodie

    Je ne serais pas capable de la chanter

    Car ça montera trop haut

    Elle la chantera magnifiquement

    Et je corrigerai son chant

    Et elle corrigera mon écriture

    Jusqu'à ce que ce soit mieux que magnifique

    Puis nous l'écouterons

    Pas souvent

    Pas toujours ensemble

    Mais de temps à autre

    Pour le restant de nos jours. (p57)

     

     

    léonard cohen,the flame,nicolas richard,adam cohen,editions du seuil 2018The Flame (éditions du Seuil Sept 2018) est un recueil de notes, poèmes et chansons, confectionné en partie par Léonard Cohen et son fils Adam Cohen pour une parution posthume.

    On y retrouve les chansons de ses trois derniers albums, des notes inédites glanées dans ses nombreux carnets ainsi que des autoportraits.

    Le livre document est à l'image du personnage : secret, solitaire et aimant.

    Même s'il était célèbre, on sent qu'il n'était pas dupe du personnage extérieur acclamé par les foules (autodérision de ses dessins).

    Ses autoportraits parfois cyniques dénotent un manque de confiance en soi et il se demande souvent s'il est parvenu, au terme de sa vie, à la hauteur de la tâche ou de la mission esquissée par d-ieu (c'est ainsi qu'il l'écrit). A t'il bien entendu d'ailleurs cette Voix entres toutes, se demandera t-il tardivement ?

    Son vécu et son incarnation semblent profondément christique, lui qui nourrissait des foules mais qui souffrait dans sa chair pour la misère du monde. Parolier de l'Amour qu'il avait dû rencontrer intérieurement, sa vision de la divinité était à la veille de sa mort plus proche d'un Job ou d'un Jésus crucifié.

    Ses textes sont emprunts d'une profonde humanité avec quelques élans mystiques. Il se considérait comme "mission-né" pour l'écriture. Il griffonnait partout en toute occasion sur tous les supports à sa disposition. Son fils Adam nous rappelle en préface que "L'écriture était sa raison d'être. C'était le feu qu'il entretenait, la flamme la plus significative qu'il entretenait. Elle ne s'est jamais éteinte...Chaque page qu'il a noircie fut la preuve de l'incandescence de son âme."

    Sa vision des événements était très poétique mais penchait pour une dominante de couleurs plutôt sombres. On imagine que ses chansons furent souvent retravaillées avant d'êtres portées à la vue de tous.

    Lui qui se voyait sans véritable talent, il possédait une voix, reconnaissable entre toutes, mélancolique, profonde et habitée ; toujours grave et sensuelle, reliée à un cœur aimant blessé par la vie, l'amour, la mort.

    Ses textes témoigneront de l'éternel chantre de l'amour, humain et divin qu'il fût jusqu'au bout même dans les périodes de doute ou d’épreuves.

    Ce qu'il tenait à léguer à l'humanité, dans sa profonde humilité, c'est cette flamme qui éclaira son âme de la noirceur qu'il traversa, dans son monde intérieur comme extérieur.

    léonard cohen,the flame,nicolas richard,adam cohen,editions du seuil 2018

    crédit photo : leonardcohen.com

  • Christine Pedotti relie les évangiles

    Jésus va tenir la promesse des prophètes et faire passer la loi de la pierre à la chair, comme le suggère l'évangéliste Jean en ne cessant de mener ses lecteurs sur les chemins de l'allégorie. Pourquoi ne pas voir, dans la fragilité des signes tracés sur la poussière, ce moment ou la loi perd de sa rudesse pour pouvoir s'inscrire dans la tendresse et la miséricorde ? La loi de Moïse a été écrite sur la pierre "par le doigt de Dieu", le doigt de Jésus dans la poussière esquisse t-il la loi nouvelle de la miséricorde et de l'amour, celle qui va s'inscrire dans le cœur des hommes et des femmes ? (Jésus, l'homme qui préférait les femmes, p115).

     

    Christine Pedotti,Jésus l'homme qui préférait les femmes,Anne Soupa,L'Encyclopédie de Jésus,Le comité de la jupe,Jacqueline Kelen,France Quéré,Annick de Souzenelle,Albin Michel,Octobre 2018L'histoire publique de Jésus est jalonnée de femmes, de sa naissance à sa mort sur la croix jusqu’à sa résurrection. Elles sont des témoins privilégiées de l'incarnation du divin en l'homme. Dans son dernier livre "Jésus, l'homme qui préférait les femmes", paru chez Albin Michel, Christine Pedotti rappelle qu'Il a eu des relations bienveillantes avec ces dernières, ce qui, pour l'époque et son environnement judaïsé, était une avancée considérable (Il ne répudie pas l'adultère, Il appelle "fille d'Abraham" une veuve courbée...).

     Anne Soupa (avec qui elle a fondé le Comité de la jupe pour lutter contre la discrimination à l'égard des femmes dans l’église catholique) a récemment réhabilité Judas et de façon générale depuis quelques années, ce sont plutôt les femmes qui mettent en lumière l'ombre du christianisme, dans la lignée de Jacqueline Kelen, France Quéré ou encore Annick de Souzenelle. La nouveauté c'est donc ce point de vue féminin avec "des femmes lectrices, chercheuses, exégètes et théologiennes...". Il s'agit de se battre contre la vision enfermante et obscurantiste de l’église à travers siècles  avec son "mouvement d’effacement des femmes".

    Dans l'Encyclopédie de Jésus, parue l'an dernier, Madame Pedotti est d'ailleurs coordinatrice du projet dans lequel elle introduit chaque chapitre en ra-contant la scène qui sera auscultée par des spécialistes ou admirateurs de Jésus.

     

    Pour revenir au livre, Jésus "libère donc la femme de l'assignation de genre" (elle appartiendrait à l’homme, elle est appelée à des tâches domestiques ou de procréation …). Pour Lui, "les femmes sont des personnes et non des fonctions" et Christine Pedotti rappele à juste titre que les Évangiles ne sont en soi "ni mysogines ni masculinistes mais que seule l'interprétation l'est", à travers les siècles avec notamment cette focale mise sur Marie comme modèle de vertu difficilement atteignable...

    Autre point important du Livre, la mise en exergue de modèles de femmes prophètesse ou Apôtre. Ainsi la samaritaine qui reconnaît Jésus comme étant le Messie, à qui Il offre de l'eau vive pour la vie éternelle ; Marie de Béthanie avec le lavement des pieds de Jésus par un parfum de haut prix et qui préfigure et devance celui des Apôtres ou encore Marie-Madeleine, première témoin et messagère de la résurrection !

     Alors que quasiment tous les sages jalousent Jésus et veulent sa mort, beaucoup de femmes le suivent, l'écoutent et mettent en pratique ses enseignements. Une sagesse innée caractériserait-elle la femme à la différence de la sagesse acquise par connaissance pour l'homme ? On peut se poser la question.

     Quoi qu'il en soit, malgré les mœurs de l’époque, Jésus met les hommes et les femmes sur un pied d’égalité. Christine Pedotti penche pour le fait que Jésus préférait les femmes, parce qu'il était homme mais dans l'évangile de Thomas apocryphe, au dernier logion, le 114ème, Simon-Pierre veut que Marie-Madeleine sorte d'entre les disciples car "les femmes ne sont pas dignes de la Vie". Or Jésus répond : "voici que je la guiderai afin de la faire Homme" , c'est à dire "souffle vivant...pour entrer dans le Royaume". La promesse de Jésus dont il s'agit ici concerne la naissance à l'esprit, ce qui va bien au-delà d'une préférence de genre mais d'une équité, d'une équanimité même de Dieu envers Sa Création.

    Rappelons que le Dieu du Coran est matriciel, IL EST un Feu dévorant et un Torrent d'eaux vives dans l'Ancien Testament, représenté par Jésus et le "féminin divin" dans le Nouveau Testament (avec ses qualités d'accueil, d'ouverture…). On voit donc que le projet divin n'oublie pas le féminin et le livre de Christine Pedotti en témoigne avec perspicacité et subtilité.

     

  • Paix à l'âme de Francine Perrot

     

    M.L Von Franz à qui j'avouais en rougissant que je n'avais pas de père me fit remarquer que, dans les contes de fées, ce sont les bâtards et les êtres méprisés par autrui parce que différents qui, s'ils réussissent à surmonter les épreuves de la vie, règnent sur leur royaume intérieur pacifié et épousent la Princesse, leur anima inspiratrice. Quant aux personnages féminins maltraités et poursuivis par une marâtre ou une sorcière, leur patience et leur animus leur font rencontrer le Prince charmant, leur animus créateur (p.58)

     

    Francine Perrot,Terre intérieure,La Fontaine de Pierre,Jung,M.L Von Franz,ELie G. Humbert,Thérèse d'Avila,Saint Jean de la Croix,Jésus,Etienne Perrot,La table ronde,Le Graal,Octobre 2018Depuis ses débuts la Fontaine de Pierre édite des livres qui sont autant de voyages intérieurs dans la jungle de la psyché.

    Consacrés à la diffusion de la psychologie analytique Jungienne (écrits de Jung, M.L Von Franz) et aux écrits de personnes engagés dans un processus d'individuation (Etienne Perrot notamment), nous avons désormais un beau témoignage de cette aventure avec l'autobiographie de Francine Perrot (1928-2016) qui fut à l'origine avec son mari (entres autres) de ce projet d'envergure.

    L'essentiel cependant est ailleurs car le livre "Terre intérieure" retrace un parcours de vie, l'histoire d'une âme et des empreintes de la vie sur celle-ci. Ce livre est un peu le pendant féminin de "ma vie" de Jung, sans aucune prétention, mais aussi le reflet et témoignage d'une psyché du siècle passé.

     

    Passionnée de musique, de dessin et de nature dès son plus jeune âge, son ouverture mystique (intérêt pour les dieux égyptiens à 4 ans, découverte de son dieu intérieur à 5...) la mène, jeune adulte, à envisager une vie de contemplation chrétienne mais c'est sa rencontre avec Elie G. Humbert, analyste jungien puis Marie-louise Von Franz (à l'âge de 33 ans), qui auront les faveurs de ses rêves les plus fous.

    La question de la folie se pose en effet pour Madame Perrot qui doutera jusqu'à tard du bien-fondé de ses expériences mystiques et numineuses. Peut-on avoir une relation saine avec Dieu ? Des dialogues avec des personnes disparues (son mari décédé, Saint Jean de la Croix et Thérèse d'Avila) ou vivants à distance (C.G Jung par exemple qu'elle ne rencontra jamais physiquement) dans ses rêves diurnes ou éveillés ?

    Même si elle reconnut très tôt sa voix intérieure comme étant une autorité et un moyen de discernement ; même si "elle ne prie pas, au sens habituel du terme, mais fait seulement le vide et sait se taire pour se mettre à l'écoute de ce qui vit et se dit en elle" (...que cela vienne de parties de moi ou de ce qui est ressenti comme le non-moi, l'au-delà du moi...p.220) ; même si elle sait que " dans sa vie intérieure ou pour les choses concrètes, la seule chose qui lui est demandée est de ne pas faire acte de volonté" (p.222) ; les épreuves de la vie (un père inconnu, la seconde guerre, les dépressions, les deuils...) l'handicapèrent fortement et la firent chavirer de nombreuses fois mais elle restera fidèle au message de ses rêves, voie royale du Soi et de son pouvoir guérisseur pour Jung, dont elle reçut la formation pour les interpréter (elle fut analyste en sus de son métier de traductrice).Francine Perrot,Terre intérieure,La Fontaine de Pierre,Jung,M.L Von Franz,ELie G. Humbert,Thérèse d'Avila,Saint Jean de la Croix,Jésus,Etienne Perrot,La table ronde,Le Graal,Octobre 2018

     

    En lisant ce livre et d'autres on peut se demander s'il n'existe pas des familles d'âmes (nébuleuse Castaneda, Jung, Gurdjieff...), unies par un destin lié qui est de concourir à une œuvre commune.

    Là où ces familles se rejoignent c'est sur le tronc commun de la métamorphose ou de la transformation, de son vivant ou après, en être de lumière, rapproché en cela de La Source. Pour ces êtres singuliers, l'incarnation prend un sens nouveau, inédit et presque symbolique ("l'archétype, lui, reste indestructible". p.219) et les événements intérieurs ont autant voire nettement plus de poids qu'une vie centrée sur le tout extérieur.

     

  • Carole Thibaut revendique une saine désobéissance

    petite fille non.jpgSous le vernis de la perfection ( mère, microcosme, État) la faille, qui cache souvent des peurs, un manque, une zone d'ombre, un modèle obsolète ou vermoulu de fonctionnement.

    Désobéir, aller à l'encontre d'un schéma préétabli, peut parfois mener à l’émancipation et à l’édification d'un chemin ou d'une réflexion singuliers. Le loup tapi dans l'ombre peut des lors se révéler lumière d'une conscience en éveil.

    En brodant autour du chaperon rouge, Carole Thibaut redonne à ce conte, la petite fille qui disait non, sa dimension initiatique originelle et guérit toute une lignée de femmes blessées (Marie Rousselle-Olivier, Hélène Seretti et Yann Mercier), sans oublier le loup (joué aussi par Yann Mercier !).

    Rencontre avec l'autrice et metteuse en scène :


    podcast

    La petite fille qui disait non se joue au théâtre de la Croix-Rousse jusqu'au 20 octobre.

  • Mélissa Zehner actualise la sirène d'Andersen

    tete brulée 1.jpgAu commencement était le conte, la petite sirène d'Andersen, lu par une jeune femme sensible aux symboles et à la modernité des rôles. Au final une réflexion sur l’idéal féminin qui s’émancipe de la fatalité avec zeste d'écologie.

    On assiste médusés à un foisonnement d’idées, de l’écriture à la mise en scène, alternant légèreté et profondeur, rythme et pauses, rires et larmes. Mélissa Zehner accorde également de l'importance à la sonorité des paroles, imagées ou crues.

    C'est le défaut de la jeunesse de vouloir souvent trop en dire et de passer à côté de la simplicité narrative, mais c'est aussi sa force de témoigner d'une complexité allant à l’encontre de schémas préétablis ou de dénoncer des forfaits impunis avec fougue et brio.

    Mélissa Zehner, ancienne élève de l'école de la Comédie de Saint-Etienne, avait déjà expérimenté le conte lors de sa formation. rencontre avec l'autrice :


    podcast

    Une tête brulée sous l'eau se joue jusqu'au 20 octobre à la Comédie de Saint-Etienne.

  • Ervart, un hold-up mental et théâtral

    ervart ou les derniers jours de frédéric nietzsche,hervé blutsch,laurent fréchuret,théatre de l'incendie,stéphane bernard,jean-claude bolle-reddat,james borniche,maxime dambrin,vincent dedienne,margaux desailly,pauline huruguen,tommy luminet,marie-christine orry,Édouard signolet,flore simon,alain deroo,laurent castaingt,colombe lauriot prévost,caroline frailich,françoise chaumayrac,pierre grange,françois pellaprat,sébastien combes,elsa jabrin,arnaud olivier,slimane mouhoub,la comédie de saint-Étienne,théâtre du rond-point,espace des arts de chalon-sur-saône,théatre de la croix-rousse,octobre 2018L'association Blutsch-Fréchuret détonne pour cette joyeuse folie qu'est Ervart (joué par Vincent Dedienne) dont l'aventure ne fait que commencer. On n'a pas l'habitude d'assister au théâtre à la dissection et à l'exploration déjantée d'une psyché malade de jalousie et à ses projections sur un environnement lui aussi bien débridé.

    Les neuf comédiens convoqués, comme autant de sous personnages d'un mental en fusion, s'en donnent à cœur joie pour dynamiter les codes du théâtre classique et faire de cette œuvre très originale un sommet de tragi-comédie aigüe

    Et Nietzsche dans tout cela ? Lui aussi perdit raison à force d'inflation et l'on se demande si Ervart n'est pas hanté par son fantôme...ou peut-être l'inverse ?

     

    Rencontre avec Laurent Fréchuret du Théatre de l'Incendie, l'un des deux complices de cette ré-création onirique.


    podcast

     Le spectacle vient de se terminer à la Comédie de Saint-Étienne et se joue jusqu'au 13 octobre au Théâtre de la Croix-Rousse.

    Retrouvez également ici l'interview de Vincent Dedienne pour son premier seul-en-scène au festival d'Avignon en 2016.