blogger hit counter

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Choeur - Page 81

  • Paix à l'âme de Francine Perrot

     

    M.L Von Franz à qui j'avouais en rougissant que je n'avais pas de père me fit remarquer que, dans les contes de fées, ce sont les bâtards et les êtres méprisés par autrui parce que différents qui, s'ils réussissent à surmonter les épreuves de la vie, règnent sur leur royaume intérieur pacifié et épousent la Princesse, leur anima inspiratrice. Quant aux personnages féminins maltraités et poursuivis par une marâtre ou une sorcière, leur patience et leur animus leur font rencontrer le Prince charmant, leur animus créateur (p.58)

     

    Francine Perrot,Terre intérieure,La Fontaine de Pierre,Jung,M.L Von Franz,ELie G. Humbert,Thérèse d'Avila,Saint Jean de la Croix,Jésus,Etienne Perrot,La table ronde,Le Graal,Octobre 2018Depuis ses débuts la Fontaine de Pierre édite des livres qui sont autant de voyages intérieurs dans la jungle de la psyché.

    Consacrés à la diffusion de la psychologie analytique Jungienne (écrits de Jung, M.L Von Franz) et aux écrits de personnes engagés dans un processus d'individuation (Etienne Perrot notamment), nous avons désormais un beau témoignage de cette aventure avec l'autobiographie de Francine Perrot (1928-2016) qui fut à l'origine avec son mari (entres autres) de ce projet d'envergure.

    L'essentiel cependant est ailleurs car le livre "Terre intérieure" retrace un parcours de vie, l'histoire d'une âme et des empreintes de la vie sur celle-ci. Ce livre est un peu le pendant féminin de "ma vie" de Jung, sans aucune prétention, mais aussi le reflet et témoignage d'une psyché du siècle passé.

     

    Passionnée de musique, de dessin et de nature dès son plus jeune âge, son ouverture mystique (intérêt pour les dieux égyptiens à 4 ans, découverte de son dieu intérieur à 5...) la mène, jeune adulte, à envisager une vie de contemplation chrétienne mais c'est sa rencontre avec Elie G. Humbert, analyste jungien puis Marie-louise Von Franz (à l'âge de 33 ans), qui auront les faveurs de ses rêves les plus fous.

    La question de la folie se pose en effet pour Madame Perrot qui doutera jusqu'à tard du bien-fondé de ses expériences mystiques et numineuses. Peut-on avoir une relation saine avec Dieu ? Des dialogues avec des personnes disparues (son mari décédé, Saint Jean de la Croix et Thérèse d'Avila) ou vivants à distance (C.G Jung par exemple qu'elle ne rencontra jamais physiquement) dans ses rêves diurnes ou éveillés ?

    Même si elle reconnut très tôt sa voix intérieure comme étant une autorité et un moyen de discernement ; même si "elle ne prie pas, au sens habituel du terme, mais fait seulement le vide et sait se taire pour se mettre à l'écoute de ce qui vit et se dit en elle" (...que cela vienne de parties de moi ou de ce qui est ressenti comme le non-moi, l'au-delà du moi...p.220) ; même si elle sait que " dans sa vie intérieure ou pour les choses concrètes, la seule chose qui lui est demandée est de ne pas faire acte de volonté" (p.222) ; les épreuves de la vie (un père inconnu, la seconde guerre, les dépressions, les deuils...) l'handicapèrent fortement et la firent chavirer de nombreuses fois mais elle restera fidèle au message de ses rêves, voie royale du Soi et de son pouvoir guérisseur pour Jung, dont elle reçut la formation pour les interpréter (elle fut analyste en sus de son métier de traductrice).Francine Perrot,Terre intérieure,La Fontaine de Pierre,Jung,M.L Von Franz,ELie G. Humbert,Thérèse d'Avila,Saint Jean de la Croix,Jésus,Etienne Perrot,La table ronde,Le Graal,Octobre 2018

     

    En lisant ce livre et d'autres on peut se demander s'il n'existe pas des familles d'âmes (nébuleuse Castaneda, Jung, Gurdjieff...), unies par un destin lié qui est de concourir à une œuvre commune.

    Là où ces familles se rejoignent c'est sur le tronc commun de la métamorphose ou de la transformation, de son vivant ou après, en être de lumière, rapproché en cela de La Source. Pour ces êtres singuliers, l'incarnation prend un sens nouveau, inédit et presque symbolique ("l'archétype, lui, reste indestructible". p.219) et les événements intérieurs ont autant voire nettement plus de poids qu'une vie centrée sur le tout extérieur.

     

  • Carole Thibaut revendique une saine désobéissance

    petite fille non.jpgSous le vernis de la perfection ( mère, microcosme, État) la faille, qui cache souvent des peurs, un manque, une zone d'ombre, un modèle obsolète ou vermoulu de fonctionnement.

    Désobéir, aller à l'encontre d'un schéma préétabli, peut parfois mener à l’émancipation et à l’édification d'un chemin ou d'une réflexion singuliers. Le loup tapi dans l'ombre peut des lors se révéler lumière d'une conscience en éveil.

    En brodant autour du chaperon rouge, Carole Thibaut redonne à ce conte, la petite fille qui disait non, sa dimension initiatique originelle et guérit toute une lignée de femmes blessées (Marie Rousselle-Olivier, Hélène Seretti et Yann Mercier), sans oublier le loup (joué aussi par Yann Mercier !).

    Rencontre avec l'autrice et metteuse en scène :


    podcast

    La petite fille qui disait non se joue au théâtre de la Croix-Rousse jusqu'au 20 octobre.

  • Mélissa Zehner actualise la sirène d'Andersen

    tete brulée 1.jpgAu commencement était le conte, la petite sirène d'Andersen, lu par une jeune femme sensible aux symboles et à la modernité des rôles. Au final une réflexion sur l’idéal féminin qui s’émancipe de la fatalité avec zeste d'écologie.

    On assiste médusés à un foisonnement d’idées, de l’écriture à la mise en scène, alternant légèreté et profondeur, rythme et pauses, rires et larmes. Mélissa Zehner accorde également de l'importance à la sonorité des paroles, imagées ou crues.

    C'est le défaut de la jeunesse de vouloir souvent trop en dire et de passer à côté de la simplicité narrative, mais c'est aussi sa force de témoigner d'une complexité allant à l’encontre de schémas préétablis ou de dénoncer des forfaits impunis avec fougue et brio.

    Mélissa Zehner, ancienne élève de l'école de la Comédie de Saint-Etienne, avait déjà expérimenté le conte lors de sa formation. rencontre avec l'autrice :


    podcast

    Une tête brulée sous l'eau se joue jusqu'au 20 octobre à la Comédie de Saint-Etienne.

  • Ervart, un hold-up mental et théâtral

    ervart ou les derniers jours de frédéric nietzsche,hervé blutsch,laurent fréchuret,théatre de l'incendie,stéphane bernard,jean-claude bolle-reddat,james borniche,maxime dambrin,vincent dedienne,margaux desailly,pauline huruguen,tommy luminet,marie-christine orry,Édouard signolet,flore simon,alain deroo,laurent castaingt,colombe lauriot prévost,caroline frailich,françoise chaumayrac,pierre grange,françois pellaprat,sébastien combes,elsa jabrin,arnaud olivier,slimane mouhoub,la comédie de saint-Étienne,théâtre du rond-point,espace des arts de chalon-sur-saône,théatre de la croix-rousse,octobre 2018L'association Blutsch-Fréchuret détonne pour cette joyeuse folie qu'est Ervart (joué par Vincent Dedienne) dont l'aventure ne fait que commencer. On n'a pas l'habitude d'assister au théâtre à la dissection et à l'exploration déjantée d'une psyché malade de jalousie et à ses projections sur un environnement lui aussi bien débridé.

    Les neuf comédiens convoqués, comme autant de sous personnages d'un mental en fusion, s'en donnent à cœur joie pour dynamiter les codes du théâtre classique et faire de cette œuvre très originale un sommet de tragi-comédie aigüe

    Et Nietzsche dans tout cela ? Lui aussi perdit raison à force d'inflation et l'on se demande si Ervart n'est pas hanté par son fantôme...ou peut-être l'inverse ?

     

    Rencontre avec Laurent Fréchuret du Théatre de l'Incendie, l'un des deux complices de cette ré-création onirique.


    podcast

     Le spectacle vient de se terminer à la Comédie de Saint-Étienne et se joue jusqu'au 13 octobre au Théâtre de la Croix-Rousse.

    Retrouvez également ici l'interview de Vincent Dedienne pour son premier seul-en-scène au festival d'Avignon en 2016.

     

  • Un Stabat Mater incarné

     

     Stabat Mater,Giovanni Battista PergolesiCaroline Mutel,David Bobée,Sébastien d'Hérin,Bobie M’foumou,Salvatore Cappello, Aurore Ugolin,Thibault Noally,Anaëlle Blanc-verdin,Gabriel Ferry,François Costa,Laurent Gaspar,Rémy Petit,David Van Bouwel,les nouveaux caractères,Projet ADOMA,Théatre de la Renaissance,Oullins 2018Entretien avec Caroline Mutel et David Bobée, les co-metteurs en scène d’un Stabat Mater imagé par les corps en souffrance d’un migrant (le danseur congolais Bobie M’foumou) ou d'un acrobate (le circassien italien Salvatore Cappello).

    Le spectacle est un présent actualisé qui amène chacun à apporter de l'attention à ce qui se joue sur et en dehors de la scène.

    Les matrices sont touchées par tant de violence perpétrée envers des corps saints ou innocents et la profondeur du chant (Caroline Mutel : soprano et Aurore Ugolin : mezzo-soprano) couplée à l’exécution parfaite et minimaliste des musiciens (dirigés d'un même souffle par Sébastien d'Hérin des "nouveaux caractères") amène une communion immédiate du public .stabat mater,giovanni battista pergolesicaroline mutel,david bobée,sébastien d'hérin,bobie m’foumou,salvatore cappello,aurore ugolin,thibault noally,anaëlle blanc-verdin,gabriel ferry,françois costa,laurent gaspar,rémy petit,david van bouwel,les nouveaux caractères,projet adoma,théatre de la renaissance,oullins 2018

    Ce Stabat Mater est également une « histoire de famille » issue de rencontres évidentes et passionnelles entre acteurs du drame à la fois baroque et contemporain, expurgé certes de son aspect religieux mais relié et par conséquent fidèle à une certaine unité.


    podcast

    Crédit Photo : Arnaud Bertereaux

     

  • Le Bossu est en lien avec le féminin divin

     

    Le Bossu dans les contes, les mythes et la littérature,La Fontaine de Pierre,Jung,Marie Louise Von Franz,Inconscient collectif,nain,bouffon,Bès,Mythes précolombiens,légende arthurienne,Notre Dame de Paris,Commedia Del Arte,2018"Le Bossu", paru à la Fontaine de Pierre, est le fruit d'un travail personnel sur des dizaines d'années, de Monica Malamoud. Cette dernière fut une adepte de la psychologie des profondeurs telle que pratiquée et développée par Jung et ses disciples. L'auteure, elle même analysée par Barbara Hannah, aida notamment à la publication des œuvres de son amie Marie-Louise Von Franz.

    Non destinée à être publiée à l'origine, cette étude posthume comporte six parties distinctes, chacune étant une amplification de la figure et du thème du Bossu (par extension du nain et du bouffon), dans des comptines, en Égypte antique, dans les cultures précolombiennes, dans la littérature médiévale française, dans Notre Dame de Paris de V. Hugo et dans la commedia Del Arte.

    Long et profond voyage donc, dès lors qu'il s'agit d'analyse psychologique, à travers la musique, le théâtre, l'histoire et la culture littéraire, domaines choyés par Madame Malamoud on imagine.

     

    Historiquement parlant, le bossu-nain n'a pas toujours été connoté de façon péjorative ou négative. On le retrouve en effet sous la forme du Dieu protecteur Bès en Égypte, proche du frère jumeau de Quetzalcoatl, Xolotl au Mexique (donc lié au Cosmos) et récemment, même si le cinéma n'est pas abordé dans cet opus, à l'honneur dans des films comme "willow" ou encore "Bilbo le Hobbit". Protecteur, bien-aimé des enfants, en lien avec la nature et les animaux magiques, proche de l'Amour...Ces aspects représentent la face lumineuse voire numineuse du symbole.

    Il cristallise par contre également, à travers les siècles chrétiens, l'ombre et les projections maléfiques des fidèles, soit le mal incarné, comme pour les figures de Judas, de Belzébuth ou encore des sorcières. Il peut apparaitre laid, méchant, difforme ou rustre dans les romans anciens de chevalerie par exemple et leurs actes parlent effectivement contre eux. Face sombre donc.

    Au-delà cependant de la dualité du personnage, ce que démontre bien l'auteure avec l'analyse de Quasimodo, c'est qu'il est un paradoxe vivant, un archétype représentant l'esprit religieux naturel, proche du sentiment féminin et tend, en ce sens, à l'universalité (dans le monde matriarcal originel, pendant du monde patriarcal spirituel).

    Pour les familiers de Jung ou non, contes, mythes et littérature sont conviés pour l'amplification du thème et de nombreux parallèles sont tracés avec la figure du Christ (le poids terrestre de la croix, du chemin de vie) mais jamais le joug de ce dernier n'est évoqué, lui qui fut également méprisé en tant que témoin de l'Amour.

    En ce temps-là, Jésus prit la parole et dit : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour votre âme. Oui, mon joug est facile à porter et mon fardeau léger. » (Matthieu 11,28-30).

    Il y avait là pourtant un lien intéressant à creuser avec le symbole de la bosse (comme avec ces gens qui finissent par se courber sous le poids de leur vécu) et le fameux Messie souffrant d'Isaïe ployant sous le poids des souffrances de l'Humanité, un Messie profondément féminin là-aussi.

     

    La voie de la psychologie des profondeurs milite pour une réunification des contraires et donc une nécessaire intégration de l'ombre pour retrouver l'unité psychique (le hiérogamos ou noces alchimiques), celle de l'Enfant. Elle va donc à l'encontre de la tradition religieuse pour qui le mal est extérieur à soi mais qui prive le croyant de la connaissance de l'aspect ombrageux et terrifiant du Créateur, présent dans la totalité psychique et dont le Bossu est un symbole.

    Une belle entrée en matière donc du concept d'inconscient collectif propre à Jung avec cette étude dans la lignée des travaux de Marie-louise Von Franz sur les contes de fées.

     

  • Francesco et le Hang, une histoire d'Harmonie

     

    Francesco Agnello,Hang II,Aircac,Chapelle de l'oratoire,equinoxe de chateauroux,trident de Cherbourg,Forum 104 Paris,2018Je suis un homme, associé à la chapelle de l'Oratoire à Avignon depuis de nombreuses années pour le festival et partenaire de "chrétiens en Avignon". J'ai une formation de percussionniste, je suis pédagogue auprès d'enfants et également metteur en scène (entre autres Pierre et Mohamed, Charles de Foucauld, le prophète, les Fioretti...). Je joue du Hang (qui signifie main en bernois), un instrument complet, récent (mis au point en 2000 et fruit de 25 ans de recherches par ses créateurs suisses Félix et Sabine), aux vibrations infinies, que j'intègre dans chacune de mes mises en scène...Je suis, je suis ? Francesco Agnello bien évidemment !

    Son actualité est cette fois musicale puisqu'il vient de sortir Hang II, fruit de ses rencontres et improvisations depuis quelques années. Chacune des 12 musiques de l'album est une invitation à l'exploration intérieure, chaque écoute est une ouverture à un champ de possible en terme de voyage émotionnel, sensitif ou imagi-natif. Pas de titres "pour ne pas orienter l'auditeur et rester large (*)", un concept à l'image de Francesco, l'être.

    La musique est ici "intuitive, fruit d'improvisations et de collages, proche parfois de la musique en boucle dite contemporaine" (des auteurs comme Glass ou Reich que ne renie pas l'auteur) mais assurément d'inspiration féminine. A part deux titres plus rapides et rythmés (N°16 et 17), le percussionniste de formation livre ici une prestation plus sensible, douce et d'avantage à l'écoute de soi que dans la performance ou la maîtrise technique. Il aime à dire que "la présence féminine est un déclencheur de création".

    Avec ce disque et cet instrument "tout est neuf, sans point de comparaison et sans loi précise, tout est affaire de travail et de découverte personnelle". Mis au point au début de notre siècle, le Hang est capable de sentiments et se prête aisément à l'inspiration du moment, en se mariant avec d'autres cordes, percussions ou instruments à vent. Généreux et ouvert à l'autre, Francesco Agnello a fait découvrir gratuitement à des centaines de personnes déjà, sur Avignon et ailleurs (Il est aussi le premier artiste à jouer dans des théâtres nationaux à l'Equinoxe de Chateauroux ou au Trident de Cherbourg) ce curieux objet, accompagné ici ou là par une trompette, un trombone, un saxophone, des danseurs, des comédiens ou encore une cornemuse...

    Il jouera en Novembre et Décembre prochain à Paris 6ème, au forum 104 rue de Vaugirard.

    Pour se procurer l'album, il suffit de laisser un message sur son site.

    Extrait de la piste 16 de l'album Hang II :
    podcast

    *Cette note est le fuit d'un entretien téléphonique avec l'auteur.