Notre conscience est plus vaste que nous le pensons.
De nombreuses écoles de pensées ou techniques spirituelles et scientifiques émergent et convergent ces dernières années sur ce fait.
Raviver les mémoires utérines (car le bébé naît avec une mémoire) par des postures appropriées ou des ouvertures de conscience (par la transe chamanique, une technique de respiration ou la prise de substances enthéogènes) fait par exemple partie d'une mouvance actuelle. Il y a trente ans c'était le souvenir des vies antérieures...
Mais aussi large que soit la conscience, on ne peut s'éviter de panser cette existence, les blessures de l'égo ou les maux de l'âme, qu'ils soient d'ordre familiaux ou professionnels.
Martine Gercault, psychanalyste de formation (de l'école freudienne) fait partie de ces thérapeutes qui ont senti le besoin à un moment donné, de sortir des carcans du prêt à penser et du "manque de sensibilité, tact ou empathie de l'analyste, souvent responsable de l'échec thérapeutique".
Empêtrée dans une histoire familiale douloureuse et des aventures violentes à répétition, elle décide de franchir le pas un fameux jour de rencontre avec la technique de respiration holotropique de Stanislav Grof. A ce moment "elle donnait le jour à la femme en elle réanimée, la nomade, dont la terre nourricière se nomme féminité...".
S'ensuivit une aventure et des voyages (au sens propre comme figuré) dans la sphère des thérapies intégratives et transpersonnelles, incluant le rituel chamanique de feu Michael Harner et Sandra Ingerman.
C'est de toutes ces rencontres et états non ordinaires de conscience (et de leur potentiel de guérison) que relate "Une psy parle aux esprits", paru chez Mama Éditions.
C'est également et surtout le livre d'une recréation originale de soi-même et de la relation interpersonnelle, puisque l'autrice l'avait bien compris au début de sa quête de sacré, "une dimension autre se fait jour (dans la relation avec le patient), celle d'un avenir incertain, friable et activateur d'une déstabilisation individuelle et collective", où il s'agit désormais de "danser avec le chaos tout en respectant notre humanité". Ces approches parallèles prennent en compte l'aspect multidimensionnel de l'être humain et redonnent au praticien ses lettres de noblesse (de thérapeute-guérisseur), dans une intégration psyché-âme.
Même si elle tient à ancrer sa démarche dans les pas de ses pairs (Freud évidemment, Ferenczi ou même Jung pour sa théorie de l'Inconscient collectif) comme caution et fidélité aux pères (dont le sien), Martine Gercault peut désormais se définir avec une identité beaucoup plus ouverte et féminine qu'auparavant ("Peu à peu, à travers la méditation, la danse, la peinture, le yoga, le jeu, le chamanisme et l'acceptation des désirs miens, une nouvelle femme naquit, dans sa pluralité"), se prévaloir d'avoir rencontré des pionniers (et peut-être futurs grands noms) de la conscience modifiée et jouir d'un statut de précurseur dans son domaine comme Olivier Chambon, également psychiatre ou d'autres ponts entre plusieurs disciplines ou approches, dont la Francophonie n'est pas en reste (Jan Kounen, Laurent Huguelit, Jeremy Narby, Romuald Leterrier...).
Dans cette spiritualité explorée par choix, l'autrice évoque souvent la métaphore de la graine qui pousse et qui pour le coup devient un bel arbre au tronc solide (la psychanalyse) et aux branches étoffées (les techniques et disciplines transpersonnelles), avec des racines religieuses certes présentes mais presque reléguées au second plan. L'écriture est riche mais parfois décousue et l'on aurait aimé plus de liant, de fil conducteur, de sève...tout ce qui constitue somme toute les traces de l'Un visible.
Mère est un bon gros livre qui vous accompagne quelques jours avec plaisir. C'est l'histoire d'une apocalypse au sens de dévoilement. Dévoilement du cœur dévoyé des hommes d'après l'esprit de la forêt et dévoilement de Laurent Huguelit, l'auteur et scribe, dans son intimité personnelle et professionnelle, aussi loin que ses souvenirs le portent.
Dans Stand up, rester debout et parler, l'air de ne pas y toucher, Alvie Bitemo, seule en scène, pointe avec fougue et talent nos pensées stéréotypées parfois héritées de blancs occidentaux dominants et colonialistes.
Le cœur du chamane paru aux éditions Véga, est un recueil de mythes et de conversations amicales qu'eut Alberto Villoldo (il les côtoie depuis 25 ans) avec des chamanes andins et notamment Don Manuel Quispe, un des derniers représentants du peuple des Laïkas.
Le collectif féminin Canine à la chorégraphie bien rodée, le jeune vétéran du rap français Youssoupha et sa chaleureuse prestation, le duo planant Trinix, les huit membres du combo lyonnais Kumbia Boruka et son set de cumbia endiablé ainsi que les jeunes vaporeux mais talentueux Caballero et Jeanjass nous ont enjaillé jusqu'à l'heure d'Alpha Wann dont c'était la seconde venue cette année sur Lyon.
Le silence des prophètes est un jeu de questions réponses entre le croyant juif Gérard Haddad et son homologue chrétien auteur et éditeur Marc Leboucher, paru récemment aux éditions Salvator. L’entretien est tour à tour spécialiste sur le prophétisme hébreu, la psychanalyse, les religions monothéistes ou le conflit israélo-palestinien et plus intimiste à l'abord de la foi et du parcours de l'écrivain, également agronome et psychanalyste. Résident français, l'auteur naquit en terres arabes (Tunisie) et demeura quelques années en Israël. Amoureux de l'Italie (de par sa femme), d'art et de musique classique, il développa en tant que chercheur médecin une oeuvre singulière au contact de la Bible et de la bibliothèque hébraïque.
De Jeanne Added nous ne connaissions que ses deux albums, "Be sensationnal", brut et martial et "Mutate" plus sombre et intimiste.