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amazonie

  • La mémoire à vif

    kounen.jpgAvec Doctor Ayahuasca, paru aux éditions Trédaniel graphic, Jan Kounen nous livre ses croquis de l'expérience intérieure qu'il a vécu et vit encore au Pérou, après 24 ans, en immersion avec le peuple Shipibo et ses chamans guérisseurs (dont Kestenbensa).
    Le roman graphique, œuvre ethnologique, est comme un guide d'une initiation à la médecine indigène, ses diètes, ses chants et son breuvage hallucinatoire, l'ayahuasca, issu de la décoction de deux plantes locales. 
    L'auteur cinéaste retrace sa découverte de l'invisible organique (en soi) et inorganique (les esprits alliés). Il partage ses visions et perceptions de décorporation ou de perte d'identité mais aussi ses ravissements lors de visions luminescentes et fabuleuses d'où émerge un nouveau centre.
    Manuel dessiné à usage pédagogique, il rappelle le long travail de nettoyage psycho-émotionnel (l'ombre) avant d'entrevoir la lumière de manière pérenne. Comme dans tout rite initiatique, des années de labeur consciencieux sont nécessaires avant d'atteindre les cimes (se relier verticalement notamment).
    La particularité de cette culture chamanique réside dans l'alliance avec le végétal et ses esprits (que possède chaque plante) pour se purifier, s'harmoniser et se protéger durant notre passage sur terre. Le corps est en effet assimilé à un vaisseau qu'il convient de perfectionner et d'entretenir pour que le voyage stellaire (la cosmologie est importante également) se déroule pour le mieux.
    Questionnant depuis l'enfance la réalité de ce monde, il nous prouve avec détails infimes, minutie et précision, l'existence d'une autre réalité imagée et symbolique que les peuples indigènes ont de tout temps préservé, malgré la christianisation et l' étiquette de folie accolée.
    Ironie du sort, c'est vers eux que se tourne désormais le monde entier pour retrouver équilibre personnel et éthique envers la planète.
     

  • La voix(e) de la forêt-Mère

    mere2.jpegMère est un bon gros livre qui vous accompagne quelques jours avec plaisir. C'est l'histoire d'une apocalypse au sens de dévoilement. Dévoilement du cœur dévoyé des hommes d'après l'esprit de la forêt et dévoilement de Laurent Huguelit, l'auteur et scribe, dans son intimité personnelle et professionnelle, aussi loin que ses souvenirs le portent.

    Qui mieux qu'un chamane en effet saurait entendre et retranscrire l'enseignement ou plutôt le message de la foret amazonienne qui est sans doute la mère mythologique et ontologique de l'humanité, l'ancêtre racine. La description de la médecine indigène (diète, ivresse et purge) explicite les conditions de réception de ces bribes de sagesse ainsi que le nécessaire équilibre des chamanes pour rester sain de cœur et d'esprit.

    Le livre aurait pu s'appeler le cœur du chamane s'il ne nous mettait en garde sur la distance qui nous sépare de son univers mental sain.

    Et l'on découvre l’ascèse, la minutie préparatoire et la clarté lumineuse de ces êtres portés il n'y a pas si longtemps aux gémonies. Qui est fou ? Celui qui purifie son cœur à souhait ou celui coupé de ses racines, le cœur ensanglanté, en souffrance, qui ne fait que projeter sur autrui son mal être biologique.

     

    Mère est aussi un livre pratique qui ne fait pas que dresser un constat à savoir "les intentions sont bonnes mais le cœur n'est pas pur". Il propose une voie, une praxis pour retrouver le chemin de la clarté intérieure qui est celui d'un cœur rayonnant et cela passe par un travail d'attention à soi (sensibilité, équanimité, réflexivité et compassion) et de rétablissement de l'intégrité de l'espace sacré du cœur.

    Ce nécessaire travail de purification du cœur n'est pas nouveau mais la méthode indigène l'est, à base de diète, de chants (les icaros) et de comptes rendus (au sens littéral du vomissement), le tout en pleine immersion dans l'atmosphère moite et exotique d'une maloca (sorte de village thérapeutique ou chacun médite esseulé au sein de la foret) . De quoi laisser le charme agir pour ceux prêt à tenter l'aventure.

    Pour les autres, multiples sont les chemins, pourvu qu'ils aient du cœur, car ce sont ses blessures qui amènent in fine au biocide qui s'avère être en fait un matricide.

    Ce qu'il faut retenir c'est que nous sommes aussi symboliquement des arbres contenant une parcelle de l’arbre ancestral et l'autre n'est qu'un reflet de soi-même à qui parfois l'on inflige le pire des cauchemars. Saurons-nous donc nous sauver nous-même de l'autodestruction, telle est la question ? D'autant que "le pardon est la mère de toutes les purges" mais que l'orgueil est son frein…qui saurait vraiment être à l'écoute donc, et en capacité de dépassement de la nature humaine , une expérience quasi extatique ? Un petit nombre certes mais saura t-il contaminer toute la planète ? Puisse l'avenir le démontrer...