Matthieu 10,19 et 20 : Lorsqu'ils vous livreront, ne vous inquiétez pas de savoir comment parler ou quoi dire, ce que vous aurez à dire vous sera donné à cette heure-là, car ce n'est pas vous qui parlerez, c'est l'Esprit de votre Père qui parlera en vous.
“La divinité du Christ face à l'Islam” est une livre apologétique de Rémi Gomez, paru chez BLFstudia. En bonne connaissance des textes sacrés il propose de façon pratique des argumentations et réfutations des principales affirmations de musulmans sunnites (ils sont majoritaires) sur l'humanité du Christ seule, qui fleurissent sur la toile et dans certaines réunions exégétiques. Pour rappel ces derniers réfutent la divinité du Christ, la Trinité et la crucifixion de Jésus, qui n'est qu'un prophète parmi d'autres mais d'un rang élevé, Mohammad étant le dernier.
Dans cet ouvrage dense (380 pages), référencé et quasi théologique, l'auteur, pasteur protestant, défend la nature humano-divine de Jésus (Dieu fait homme) en recensant ses Noms divins (que les apôtres ou des proches ont avancé), ses attributs divins (Ils peuvent correspondre notamment aux 99 noms d'Allah), ses œuvres divines (pardon des péchés, résurrection des morts...) et honneurs divins.
Il puise, pour sa défense, dans l’entièreté des textes bibliques mais aussi, pour l'attaque, dans les interstices du Coran : Jésus est un Verbe et un Esprit de Dieu, dont le terme "Ruh" lui confèrerait une nature spirituelle immortelle et à la différence de Mohammad , il est né sans péché...
Pour Rémi Gomez, la faille des apologètes musulmans est de n'avoir pas perçu la double nature du Christ, entraînant deux types d'actes et de paroles dans les évangiles. Cette double origine de l'homme a nourri l'ésotérisme chrétien en profondeur (Durkheim, Desjardins, De Souzenelle...) mais aussi toute la Tradition unitive (de l'Egypte antique au soufisme). Elle peut décontenancer le croyant musulman littéraliste pour qui Dieu demeure inaccessible mais qui aura tendance à sacraliser son Prophète dans les faits.
Ainsi, selon l'auteur, Jésus n'imposerait pas sa divinité (il ne s'est jamais qualifié de Dieu) mais l'exposerait par ses œuvres, en quelque sorte un dieu malgré lui alors puisqu'à notre connaissance, il fuyait les honneurs, préférant la solitude et l'intimité avec Dieu le Père...Et si d'ailleurs la croix n'était que la conséquence de cette idolâtrie non recherchée, le péché n'étant que l'oubli de la nature divine en chacun (plus besoin de la projeter sur quelqu'un) ? Mais c'est un autre sujet.
L'apologète de profession (il forme également des chrétiens au dialogue avec les musulmans) multiplie les arguments textuels pour conforter une défense raisonnable face aux détracteurs du christianisme mais il oublie (mais l'oral est différent de l'écrit) l'aide et la force de l'Esprit sain, apte à défendre (parfois par un silence parfait) dans l'instant le croyant en mal d'arguments. Le Verbe en question court-circuite en effet toute pensée puisqu'il est au-delà du mental parfois retors. Acte de foi par excellence.
Pourquoi ne pas finalement admettre un mystère de l'identité du Christ au lieu d'opposer systématiquement une religion à l'autre sous prétexte de vérité absolue (et finir par invectiver son prochain) ? Être en relation avec le Vivant c'est communier au mystère du “fiat Lux”, de l'union au-delà des contraires, d'Amour inconditionnel pour toute la Création, ce qui en soi laisse pantois et sans argument massif autre que la Fraternité de cœur et l'unité des croyances.