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Littérature - Page 20

  • Le Bossu est en lien avec le féminin divin

     

    Le Bossu dans les contes, les mythes et la littérature,La Fontaine de Pierre,Jung,Marie Louise Von Franz,Inconscient collectif,nain,bouffon,Bès,Mythes précolombiens,légende arthurienne,Notre Dame de Paris,Commedia Del Arte,2018"Le Bossu", paru à la Fontaine de Pierre, est le fruit d'un travail personnel sur des dizaines d'années, de Monica Malamoud. Cette dernière fut une adepte de la psychologie des profondeurs telle que pratiquée et développée par Jung et ses disciples. L'auteure, elle même analysée par Barbara Hannah, aida notamment à la publication des œuvres de son amie Marie-Louise Von Franz.

    Non destinée à être publiée à l'origine, cette étude posthume comporte six parties distinctes, chacune étant une amplification de la figure et du thème du Bossu (par extension du nain et du bouffon), dans des comptines, en Égypte antique, dans les cultures précolombiennes, dans la littérature médiévale française, dans Notre Dame de Paris de V. Hugo et dans la commedia Del Arte.

    Long et profond voyage donc, dès lors qu'il s'agit d'analyse psychologique, à travers la musique, le théâtre, l'histoire et la culture littéraire, domaines choyés par Madame Malamoud on imagine.

     

    Historiquement parlant, le bossu-nain n'a pas toujours été connoté de façon péjorative ou négative. On le retrouve en effet sous la forme du Dieu protecteur Bès en Égypte, proche du frère jumeau de Quetzalcoatl, Xolotl au Mexique (donc lié au Cosmos) et récemment, même si le cinéma n'est pas abordé dans cet opus, à l'honneur dans des films comme "willow" ou encore "Bilbo le Hobbit". Protecteur, bien-aimé des enfants, en lien avec la nature et les animaux magiques, proche de l'Amour...Ces aspects représentent la face lumineuse voire numineuse du symbole.

    Il cristallise par contre également, à travers les siècles chrétiens, l'ombre et les projections maléfiques des fidèles, soit le mal incarné, comme pour les figures de Judas, de Belzébuth ou encore des sorcières. Il peut apparaitre laid, méchant, difforme ou rustre dans les romans anciens de chevalerie par exemple et leurs actes parlent effectivement contre eux. Face sombre donc.

    Au-delà cependant de la dualité du personnage, ce que démontre bien l'auteure avec l'analyse de Quasimodo, c'est qu'il est un paradoxe vivant, un archétype représentant l'esprit religieux naturel, proche du sentiment féminin et tend, en ce sens, à l'universalité (dans le monde matriarcal originel, pendant du monde patriarcal spirituel).

    Pour les familiers de Jung ou non, contes, mythes et littérature sont conviés pour l'amplification du thème et de nombreux parallèles sont tracés avec la figure du Christ (le poids terrestre de la croix, du chemin de vie) mais jamais le joug de ce dernier n'est évoqué, lui qui fut également méprisé en tant que témoin de l'Amour.

    En ce temps-là, Jésus prit la parole et dit : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour votre âme. Oui, mon joug est facile à porter et mon fardeau léger. » (Matthieu 11,28-30).

    Il y avait là pourtant un lien intéressant à creuser avec le symbole de la bosse (comme avec ces gens qui finissent par se courber sous le poids de leur vécu) et le fameux Messie souffrant d'Isaïe ployant sous le poids des souffrances de l'Humanité, un Messie profondément féminin là-aussi.

     

    La voie de la psychologie des profondeurs milite pour une réunification des contraires et donc une nécessaire intégration de l'ombre pour retrouver l'unité psychique (le hiérogamos ou noces alchimiques), celle de l'Enfant. Elle va donc à l'encontre de la tradition religieuse pour qui le mal est extérieur à soi mais qui prive le croyant de la connaissance de l'aspect ombrageux et terrifiant du Créateur, présent dans la totalité psychique et dont le Bossu est un symbole.

    Une belle entrée en matière donc du concept d'inconscient collectif propre à Jung avec cette étude dans la lignée des travaux de Marie-louise Von Franz sur les contes de fées.

     

  • Instants d'éternité en compagnie de G. Ringlet

    Gabriel Ringlet,La grâce des jours uniques,Albin Michel,Louvain,Célébration religieuse ou laïque,rituels sacrés, instant d'éternité,culture,partage,septembre2018

     

    Gabriel Ringlet (écrivain, poète et théologien belge) est un homme de culture dont les actes portent des fruits. L’un d'eux est ce livre paru chez Albin Michel, La grâce des jours uniqueséloge de la célébration, à la fois beau et pratique qui, en plus de donner quelques pistes de re-création, propose une méthode de réflexion active sur la façon la plus juste de célébrer des moments de vie.

    Deuil, naissance, baptême, mariage, office …autant de passages rituels qu'il est bon de moderniser, à la suite de Vatican II ( constitution Sacrosanctum Concilium du 4 Décembre 1963 : "le prédicateur est invité à relire la Parole à la lumière de l'actualité" et "tous les participants sont des célébrants"), mais aussi de réenchanter pour faire sens, marquer d'une pierre de conscience ou tout simplement re-susciter l'envie de se mettre en marche vers l'à venir, par une parole ou un acte juste.

    Tel un acte de psychomagie (je pense à Jodorowsky), chaque geste ou attention du rituel vient nimber de magie l'instant par un artifice ou un complice littéraire, musical ou théâtral. La richesse de l'adjonction entraîne souvent celle d'un auditoire ému ou touché par cette sacralisation nouvelle et réfléchie. Il peut s'agir aussi d'amplification (je pense à Jung) quand la lecture du jour vient s'insérer dans une histoire plus vaste, œcuménique, interreligieuse ou historico-sociale.

    Le livre alterne célébrations du quotidien (avec des anonymes) et célébrations des jours saints au prieuré de Louvain où Gabriel Ringlet invite depuis des années des artistes ou écrivains au parcours singulier ou qui privilégient l’ouverture à l'autre ou à la transcendance (acteurs, metteurs en scène, clowns, auteurs,...).

    Mais C’est quand il évoque des histoires d'anonymes croyants ou non que l’auteur touche au plus près de l’émotion avec un regard poétique sur la vie et les êtres, des mots simples et qui touchent au cœur.

    Un Livre de plus certes mais pas un livre vain. Il aura le mérite de nous léguer la mémoire de gens extra-ordinaires qui croient encore qu'un acte ou une parole mûrie peuvent tout simplement faire du bien et parfois même guérir l’âme d’un individu ou celle d'un collectif…les petits miracles du quotidien en quelque sorte...

     

  • A l'heure d'Israël : Un trésor du Judaïsme exhumé

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    Trente ans après l'événement, Albin Michel exhume avec les héritiers Chouraqui et l'historien des idées Denis Charbit, le riche échange qu'eurent à Jérusalem Léon Askénazi et André Chouraqui sur Israël.

    Qu'attendre d'autre entre un Maître talmudique surnommé "Manitou" et le traducteur des trois principaux textes sacrés et pourfendeur du dialogues interreligieux des trois monothéismes abrahamiques ?

    Le mimétisme de parcours fait de ce dialogue un duo à la cause du sionisme et de la renaissance spirituelle de l’État d'Israël. Les sujets abordés à l'époque restent au cœur des problématiques mondiales actuelles puisqu'éternels dans le cœur des croyants : prophétie(s), messianisme, dialogue interreligieux, identité de Jésus, Kabbale et lectures hébraïques parsèment ce livre qui se veut aussi explicatif et historico-politique sur le projet sioniste.

    La magie de la relation opère et atteint des hauteurs de vues rarement égalées à notre époque moderne.

    Reste à mesurer la distance prise actuellement par le projet politique sioniste et son ambition spirituelle originelle. L'antique prophétie se réalise en effet pour les exilés juifs de 102 pays : "La langue, la culture et la nation hébraïque ressuscitent" en l’État d'Israël...mais en faisant de la nation juive le seul peuple élu, "capable de réaliser cette unité de l'homme en chacun et pour tous et que les prophètes ont nommé le fils de l'Homme", le sionisme ne se détache t'il pas du projet universel divin d'appeler "Pierre d'Israël" ceux qui, symboliquement, entreprennent ce retour vers Dieu, toute confession (ou hors confession) confondue, le chemin des cœurs unis ?

    Un document exceptionnel introduit et annoté par Denis Charbit, spécialiste du sionisme et professeur en sciences politiques.

     

  • La Preuve de Dieu, un futur classique de l'Esotérisme

     Les vaincus de l'Histoire sont les vainqueurs de l'Esprit (p.63)

    La Preuve de Dieu, en Islam shi'ite, c'est l'Imam, même après la mort du Prophète de l'Islam.

    Dans ce livre récent paru aux éditions du Cerf, Mohammad-Ali Amir-Moezzi traduit et exhume pour les lecteurs français, l’œuvre d'un mystique shi'ite, Kulayni, qui fut un compilateur de hadiths entre le 9ème et 10ème siècle, soit presque trois siècles après la mort de Muhammad.

    Les hadiths retenus traitent majoritairement de la nature de l'Imam, de ses fonctions, de certains de ses attributs ou pouvoirs, qui lui confèrent d'ailleurs un rang presque supérieur ou égal à celui de Prophète (Physiognomonie, ascension céleste...).

    Le Shi'isme tel qu'entendu et perçu au Xème siècle de notre ère, est la religion du Verbe divin fait homme, celle de l'Imam, comme le christianisme est celle du Christ. L'Imam est d'ailleurs d'une double nature, issu du moule christique en quelque sorte, puisqu'étant le prolongement de la famille prophétique...Au passage, l'historien des religions qu'est Mr Amir-Moezzi, vient rappeler que le "sceau" des prophètes n'est pas forcément le dernier mais aussi celui qui vient confirmer les messages précédents.

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    L'Islam shiite est aussi proche des mythes gnostiques et manichéens (dualité du monde, combat entre les forces de lumière et celles des ténèbres...) et les Imams duodécimains (branche majoritaire) ont la même "aura" que Jésus pour le Christianisme, en ce sens, qu'ils sont des figures de l'Homme divin dont l'archétype cosmique est au Ciel. Ses adeptes ou initiés sont ceux qui lui reconnaissent cette "fonction". La "Walaya" est d'ailleurs l'amour à l'égard de l'Homme Divin puisque le secret de l'initiation est la "déification possible de l'homme".

    Les hadiths shi'ites différent donc, au regard de ceux publiés dans ce recueil, de ceux du courant majoritaire sunnite. Certains Hadiths valideraient même la thèse d'un Coran amputé et/ou falsifié par les premier successeurs de Muhammad, évoquant notamment la figure d'Ali et de la famille du prophète, ses héritiers également.

     

    Parti pris ou pas du traducteur, on ne sait si Kulayni a parlé en détail du Mahdi attendu par les fidèles shiites (au sens originel du terme) autrement nommé par lui : Al Qâ'im, Le Seigneur de l'Ordre, Le Sauveur de la fin des temps, Le Seigneur de la Cause ou encore l'Imam Résurrecteur...

    Autre interrogation non résolue dans ce livre : l'identité de l'Imam cosmique ou métaphysique, la Preuve et la Face de Dieu, le Guide...celui dont les 12 imams du schi'isme duodécimain sont des modèles terrestres. Qui est-il réellement ? Le Mahdi ? Jésus ? Le Messie ? Dieu ?

    Peut-être davantage d'informations dans les prochaines recherches de Mohammad-Ali Amir-Moezzi, que nous avions rencontré il y a quelques mois alors qu'il venait de terminer cet opus qui pourrait devenir un classique de l'ésotérisme, au sens de l'Esprit qui anime et précède la Lettre.


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    "Nous sommes les trésoriers de la Science de Dieu, les interprétes de la Révélation de Dieu, la plus éclatante Preuve de Dieu pour ceux qui vivent sous le ciel et sur la terre" (p.177)

     

  • Arcade Fire, biographie passionnante et passionnée

    arcade fire.jpgLe public d'Arcade Fire est à leur image, généreux.

    Matthieu Davette est l'un d'eux, depuis 2005. Il vient de sortir une biographie fantastique mais non encore officielle du groupe.

    Lui-même musicien à ses heures, il nous fait rentrer dans le processus créatif du groupe, dans lequel nous replongeons à chaque album, car Arcade Fire sait se réinventer et créer à chaque sortie, un projet conceptuel fort.

    Par ailleurs, il est au fait de l'actualité officielle ou officieuse et relate chaque anecdote connue ou moins sur le groupe. Il a su contourner les barrières inhérentes à ce type de travail en investiguant brillamment chaque source potentielle pour reformer un puzzle cohérent, tentant de ressembler au modèle.

    En lisant son travail millimétré on comprend pourquoi l'on aime ce groupe parti de Montréal, pourquoi les albums sont si riches, pourquoi le succès est présent et pourquoi Arcade Fire est un des plus grands groupes de musique actuels. matthieu Davette.jpg

    Entretien avec le premier biographe français du groupe, Matthieu Davette, ICI.

  • Hubert Artus nous remémore Dantec, le personnage

    Couv_MauriceGDantec_HD.jpgLe cas Dantec, Maurice Georges de son prénom est épineux.

    Depuis sa mort, survenue à l'âge de 56 ans en 2016, un vide s'est créé et seul un site "mauricegdantec.net", sorte de revue de presse assez complète des interventions de l'auteur, a vu le jour. Blackout total jusqu'à ce jour sur des œuvres posthumes et silence radio sur l'homme, ce qu'il fût, comment il vécut.

    Hubert Artus, n'en déplaise à certains, est le premier biographe officiel de l'écrivain nord américain de langue française. "Prodiges et outrances", paru aux éditions Séguier résume assez bien, par son titre, la trajectoire d'un écrivain fascinant, sorte d'étoile filante, source d'influence pour beaucoup, déflagration littéraire par son style, sa vision, ses mondes, producteur de Verbe et qui aura su toucher un public pas forcément littéraire ou de même culture musicale.

    Mais l'auteur punk rock qu'il fut (Il meurt en même temps que ses acolytes de l'époque musicale Artefact, sauf Vennettilli alias Riton, comme si ce collectif avait eu un destin commun), converti au catholicisme sur les terres américaines, fut aussi décrié et rejeté en France, pour avoir eu quelques accointances avec le bloc identitaire, vu en l'Islam un danger pour l'Occident et s'être rapproché d'une nébuleuse que l'on pourrait qualifier de fachosphère puis complosphère (équivalent de l'alt-right américaine). "Il est passé de la contre-culture à la contre-révolution", nous dit le biographe*.

    Il finira malade, presque abandonnée de tous (journalistes comme publics de ses premiers romans) et incompris, tant ses derniers romans tranchaient par leur style "touffu, confus, abstrait et moins tout public qu'avant".

     

    H. Artus est resté fidèle à l'écrivain jusqu'au bout, en tant que lecteur et interviewer. "J'étais un des quelques rares journalistes qui avaient suivi son œuvre depuis le début, l'ayant critiqué, chroniqué puis interviewé...Je connaissais bien le contexte et certaines de ses sources, je connaissais bien le bonhomme même si je n'étais pas d'accord avec l'évolution de ses idées...Je l'avais connu sur plusieurs époques, étais au courant de ses changements...

    Selon lui, trois périodes phares correspondant à trois types de lectorat se dessinent clairement :

     

    *De la Sirène rouge à Babylon Babies, période Gallimard avec son ami éditeur Raynal à la barre et Goldman à la relecture (ce trio de choc sera également celui des "résidents", son dernier roman). Les ventes décollent, il devient un auteur culte et dans le vent. Nouveau souffle dans le polar, quitte à casser parfois ses codes. "On avait un style plus moderne que ce qui se faisait dans le polar français de l'époque, quelque chose de plus rock, syncopé. Il vient du groupe Artefact, il publiait aussi des paroles pour No one is innocent à l'époque de Gallimard, puis plus tard avec Pinhas. Flow rock donc avec des phrases très courtes, incarnées, denses. On a quelque chose qui colle parfaitement avec des road movies, notamment La sirène rouge. Cela reste vrai jusqu'à Villa Vortex". La bascule, et sans doute la fin d'une époque aussi, intervient quand sa femme se fait agresser par un ami commun musulman en banlieue parisienne et ils décident de quitter la France.

     

    *Du Théâtre des opérations à Cosmos inc, avec le passage chez Albin Michel pendant l'exil au Canada : "Tout à coup il se révèle analyste et non plus raconteurs d'histoires. Cela a participé aussi à un gonflement de son phrasé. C'était peut-être trop tôt et Gallimard a publié ces journaux à contre cœur pour ne pas qu'il aille voir ailleurs (Raynal, l’éditorialiste des débuts avait déjà quitté le navire). Ce n'est plus une phrase lyrique, pour la fiction. Il se met à dire "moi, je pense que"...et on a quelque chose de plus verbeux, abstrait, codifié. Il a tout à coup recraché tout ce qu'il avait appris comme autodidacte et sans bagages solides, philosophiquement ou géopolitiquement parlant, on pouvait difficilement le suivre"...

    Début 2000, Maurice G. Dantec choisit donc l'exil canadien. Le livre charnière et pivot de cette époque sera Villa Vortex et en amont, la publication des deux premiers tomes du Théâtre des opérations (TDO) chez Gallimard. Pour H. Artus, ce qui illuminait ses premiers romans c'était "deviens ce que tu es" et l'accomplissement se trouve pour lui dans Villa Vortex où les thématiques chères (transmission, survie, mort, éternité), s'insèrent dans un nouvel univers où tout devient sacré et religieux.

    À ce moment clé de la vie de l'auteur, "Il côtoie une autre civilisation, de race blanche, religieuse, chrétienne, suprématiste presque. L’idée de Dieu apparait à ce moment là, là ou avant il y avait de la transcendance et du sacré. Les chrétiens qu'il rencontre sont plutôt évangélistes et intégristes, ce sont d'ailleurs ces gens là qui le baptiseront. Il passe du coté obscur et dans tous ses autres romans, le Dieu chrétien sera supérieur à celui des autres religions dont l'Islam. La religion catholique est alors la seule valable et l'Islam n'est qu'une idéologie. Dieu devient le meilleur vecteur de pensée possible et surtout les écrivains chrétiens comme certains philosophes, pour qui il avait une fascination avant même de les avoir bien ou suffisamment lu".

     

    *Du troisième tome du Théâtre des opérations (American Black Box) aux Résidents, avec son passage par Ring puis les éditions Inculte. En pleine inflation égotique et loin de sa terre natale et de son éditeur de l'époque, il accepte moins les critiques, change de maison d'édition et d'agent (période David Kersan) pour être présenté comme une véritable rock star contre-révolutionnaire, un statut convoité de longue date par l'auteur qui avait pour vocation d'être le plus grand auteur de ce siècle. "Il était possédé, devenant réactionnaire, irascible, colérique, imbu de lui-même et n'acceptait plus les critiques, considérant qu'il était arrivé à maturité".

    Ce qu'on sait moins c'est qu'il prenait alors un traitement médical pour problème psychique mais en inversant les posologies du soir et du matin, tout en fumant allégrement mais légalement du cannabis canadien : il était stone la journée et productif et éveillé le soir...

    Sur la fin, il eut à subir trois opérations lourdes de chirurgie (suite à un problème à l'estomac) puis perdit l'usage d'un œil et marchait difficilement, jusqu'à ce qu'il parte, presque apaisé, d'un corps meurtri.

     

    dantec 2.jpg

    Sur le fond, les romans de Dantec sont très sombres, très noirs, encore plus pour les derniers, presque diaboliques. Sa conversion au catholicisme n'a pas vraiment illuminé ses mondes même si la lumière éclot du chaos. Côté productif par contre sept romans jusqu'aux résidents verront le jour, dont Grande Jonction, Artefact ou encore Metacortex. Il aura exploré les ténèbres jusqu'à la lie.

    Etait-il en mission, "témoin" du Verbe et de son irruption au bout du langage ou dans une imposture : "moi" sauf, c'est à dire dans la performance et donc l'ego...Troisième alternative : obéissant à une mission de transcription, dans la posture de quelqu'un dont le temps est compté ?

    Toujours est-il qu'il donnait avec générosité à lire une écriture qui, quoi qu'on en dise, était une véritable nourriture intellectuelle et spirituelle, un Verbe incandescent.

    Un essai de théologie pure aurait peut-être pu le ramener à de plus basses résolutions, tant ses fulgurances ou aphorismes christiques détonnaient, dans les deux premiers volumes du TDO.

    Il se disait au service de ses lecteurs, parfois jusqu'à la démesure et l'excès (il écrira jusqu'au bout, même très diminué). Il aura été une sorte de messager apocalyptique, en guerre contre tous et pressé de délivrer un message somme toute christique : la lumière gît au sein des ténèbres...mais les ténèbres n'en ont pas voulu (il est mort en vendant 10 fois moins qu'à ses débuts)...c'est une interprétation mais l'avenir dira qui il fût vraiment.

    Coté sorties, trois courtes nouvelles seraient potentiellement à attendre et éventuellement un autre travail autobiographique. C'est désormais du coté du site officiel "mauricegdantec.net" qu'il faudra lorgner.

    *Cette note est le fruit d'un entretien téléphonique avec Hubert Artus

    crédit photo : le Figaro

  • Gilles Farcet, l'enseignant beat

    farcet.jpgEntretien libre avec Gilles Farcet, suite à la sortie de son dernier livre et premier roman "la joie qui avance chancelante le long de la rue - Fragments d'une parole beat inconnue".

    Trente ans après avoir côtoyé quelques acteurs de la Beat Génération, dont A. Ginsberg, il exhume une parole intemporelle et d'une modernité absolue, personnifiée par un certain Hank...

    C'est aussi l'occasion de poser quelques jalons sur le journaliste qu'il fût et l'enseignant qu'il est, dans la lignée d'Arnaud Desjardins.

    Audio en trois parties d'une bonne dizaine de minutes chaque, réalisé début Aout 2017.


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