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Choeur - Page 54

  • Gorbo le merveilleux Snerg

    Le merveilleux pays de snergs, Veronica Cossanteli, Edward Wyke-Smith, Tilt!, milan jeunesse, Melissa Castrillon, Bilbo le Hobbit, J. R. R. Tolkien, claude Ponti, novembre 2021« Par-delà les murs de l‘orphelinat, la falaise descendait à pic vers la baie, où le soleil étincelait sur les flots. Les vagues léchaient le sable clair dont la texture rappelait des miettes de biscuits ».

    Allez viens faire un tour dans Le merveilleux pays des Snergs de Veronica Cassaneli, aux éditions Milan ! Là-bas, il y a des invitations-biscuits à dévorer, des maisons accrochées aux branches, de la ficelle à l’infini et des taxis-ours odeur de cannelle. Oui, ça peut être dangereux si tu croises des beleuils collants à long bec, mieux vaut éviter les Varechs dévoreurs de bébés bouillis, ou l’ogre aux crocs acérés, sans oublier gobelins et autres écurettes. Heureusement que les méchantes sorcières n’existent pas dans ce monde là ! D’ailleurs, d’après Miss Watkyns, la directrice de l’orphelinat, tout ça, ce ne sont que des histoires inventées. Ah bon ? Pourtant monsieur Gorbo, idiot et Snerg de son état est bien vivant lui. C’est même le nouvel ami de Flora et Pip.

    « Est-ce que ça va ? Pip contempla les pieds nus de son amie, son tablier déchiré et le nid brindilles qu’elle avait dans les cheveux ».

    Les deux enfants, inutiles et superflus, recueillis à l’orphelinat de Sunny Bay s’ennuient ferme avec toutes les règles très utiles et indispensables décidées par Miss Watkyns. Les bêtises de Gorbo, elles, sont toujours plaisantes. De toute façon ni Pip ni Flora n’arrivent à se plier aux lois impossibles de l’établissement austère ni à s’amuser avec les autres élèves. Ils aimeraient vivre des aventures improbablesques mais difficile quand on est coincé à Sunny Bay. Alors quand une étrange femme violette les entraîne, malgré-elle, dans le monde des Snerg, est-ce le début du changement ? A l‘image des petits héros, le jeune (ou grand) lecteur attend avec impatience de découvrir ce nouveau monde. La brillante et délicate couverture du livre ainsi que les dessins à chaque chapitre, illustrés par Melissa Castrillón sont déjà une belle promesse. Malgré quelques longueurs dans le texte, l’auteure distille cet univers parallèle dès les premières pages.

    « - Nom d’un pudding et d’une tarte ! Mais qu’est-ce que vous fabriquez dans ces bois, vous deux, à courir dans tous les sens avec un ours à la cannelle ? »

    On s’imagine tout de suite lire ce conte fantastique chaque soir au coin du feu avant que les enfants ne se couchent. Chaque nouvelle créature est comme une friandise supplémentaire. Il ne faut pas tout dévorer d’un coup mais prendre le temps de découvrir les subtilités et autres mots-valises comme « mots ronflampoulés » ou sa « Resplendissante Reinitude » qui rappellent ceux des albums de Claude Ponti. Les Snergs pourraient également ressembler aux ancêtres des Hobbits et leurs maisons aux rêves brumeux de Bilbon Sacquet. Pour ce qui est de fêtes et de victuailles, les uns n’ont rien à envier aux autres. En effet, J. R. R. Tolkien, auteur du Seigneur des anneaux s’est inspiré du monde des Snergs pour inventer le monde de Frodon et Samsasagace. Néanmoins l’univers inventé par Edward Wyke-Smith, et mis au goût du jour par Veronica Cossanteli, bien que modeste comparé à celui de Tolkien, est unique et fait grandir les lecteurs aux côté de Flora et Pip ou retomber en enfance et compassion comme Miss Watkyns.

    A lire en famille ou seul.e à partir de 9 ans.

    Image: Éditions Milan

  • Un système cruel

    Corde raide,Debbie Tucker Green,Vanessa Amaral,Caroline Boisson,Serge Pillot,,Emmanuel Gaillot,Blandine Pélissier,Kelly Rivière,cie Bleu Gorgone,cie de L'Iris,Quentin Baret,Guilhem Barral,Camille Allain-Dulondel,Marion Vaïtilingom,Anne Dumont,Benjamin  Wolff,Théâtre de l'Iris,Novembre 2021,Villeurbanne

    Une agression a été commise à une époque ressemblant étrangement à la nôtre. La victime, incarnée avec gravité et passion par Vanessa Amaral, se retrouve face à deux fonctionnaires en fin de carrière (Caroline Boisson et Serge Pillot), drôles malgré eux et désemparés par sa fougue et sa colère. Au final elle pourra choisir le châtiment de son agresseur parmi 4 méthodes, procédure oblige.
    La très discrète afro-caribéenne debbie tucker green* (traduite ici brillamment en français par Emmanuel Gaillot, Blandine Pélissier et Kelly Rivière), signe ici avec corde raide, un brûlot contre un système étatique aberrant et oppressant où les victimes se transforment en bourreaux avec des institutions complices mais dénuées d'empathie. La pièce oscille entre tension, rage et respirations plus légères. Le texte nous tient au corps : syncopé, haletant.
    Une autrice anglaise à découvrir d'urgence, servie par trois acteurs unis au jeu précis.
    Rendez-vous au théâtre de l'Iris de Villeurbanne jusqu'au 13 Novembre. Voici un avant-goût de la pièce avec l’entretien de Vanessa Amaral et Caroline Boisson co-metteuses-en-scène, comédiennes des compagnies de l’Iris et Bleu Gorgone.

    podcast

    * debbie tucker green ne souhaite pas que son nom soit écrit en majuscule en référence à l'afro-féministe bell hooks.

    Photo: Théâtre de l'Iris

  • Le japon flottant de Catherine

    La jeune fille et la mer, Catherine Meurisse, Dargaud, octobre 2021, Les grands espaces, Oreiller d'herbes, Soseki, Hokusai, Basho, Hayao Miyazaki, Jiro TaniguchiInstallez-vous confortablement, ouvrez grand vos yeux et soyez attentif au détail le plus infime. Voilà, vous êtes prêt à embarquer avec Catherine Meurisse à la découverte du Japon. Après Les grands espaces, où l’autrice nous conte (entre autre) son amour pour la nature et le dessin, La jeune femme et la mer, publié chez Dargaud, pourrait être la suite logique tant l’art et la nature sont entremêlés au pays du soleil levant. Comme elle, nous faisons nos premiers pas dans cet univers lointain, fascinant et « étrangement familier ». La poésie, les couleurs, la communion avec les éléments fait partie intégrante de la vie des japonais. Au fil des pages nous découvrons, comme Catherine Meurisse, le décor, les habitants et les croyances de l’île. Tanuki affable, haïkus prophétiques, visage de « femme des eaux » nous suivent et nous poursuivent dans cette quête de l’esprit du japon. Sans oublier l’humour constant de la caricaturiste.

    «- Si je pouvais renouveler ma banque d’images mentales, par trop occidentale, ce serait formidable. - Vous parlez japonais ? »

    A travers ce surprenant pays, la dessinatrice cherche à percer le mystère de l’esthétique, l’essence de la peinture et la posture de l’artiste. La maîtrise de son sujet se déploie tout au long de l’album par touches subtiles, éléments d’abord délicats, couleurs simples puis tout devient de plus en plus profond et intense. Lorsque le dessin tient sur une page, tel un tableau, on ne peut être qu’ému et transporté dans ce « monde flottant », moment éphémère capté par l’artiste, selon les japonais. Le lecteur pense forcément à Hokusai (1760-1849), peintre le plus connu dans l’archipel. Catherine Meurisse fait en effet référence à La Vague, son tableau le plus célèbre mais aussi à Sosêki (1867-1916) dont elle s’est inspirée pour composer La jeune femme et la mer. Cela donne immédiatement envie de découvrir le roman Oreiller d’herbes écrit par ce poète.

    « - Il est écrit : L’ombre d’un bambou nettoie l’escalier mais la poussière ne bouge pas. - C’est joli. - Oui, c’est joli la poésie. Mais ça ne m’aide pas à faire le ménage dans cette baraque ».

    La nature, personnage central, est aussi complice que dangereuse, tour à tour belle et terrifiante. En effet, pour les habitants, tempête, tsunami et tremblements de terre sont presque banals, la dessinatrice, elle, n’en a jamais vécu. De quoi paniquer au moindre souffle de vent ou à une légère montée de l’eau. Marcher dans ces espaces devient donc épique, le trait et le reflet n’en est que plus grandiose. Sauf lorsque le paysage est remplacé par une dalle de béton censée protéger les côtes. Les peintres japonnais préfèrent alors le sublime à la réalité crue. Cela ne nous empêche pas, en refermant l’album, de chercher le premier billet pour voyager vers le pays de Miyazaki, Bâsho et Taniguchi. Oui, Catherine, on peut l’appeler par son prénom maintenant, a semble-t-il réuni les trois dans sa bande dessinée. Seule question qui nous taraude : Le tanuki va-t’il nous accueillir à notre arrivée pour nous guider dans ces lieux incroyables et foisonnants ?

    À paraître ce vendredi 29 octobre 2021.

    Image: Édition Dargaud

  • Une attente salvatrice

    "Dans l'art de l'attente on se révèle maître du temps, on s'affine et on s'approfondit, on s'allège aussi et on recueille le plus subtil et même l'inalterable des jours et des ans qui passent inévitablement. C'est en quelque sorte un art de distillation". (p.53)


    kelen.jpgAvec "Grandeur de l'attente" paru aux éditions du Cerf, Jacqueline Kelen nous amène crescendo à un apex qui transcende le thème, vers une espérance du Royaume de Dieu par l'intermédiaire d'une figure hautement eschatologique, commune à toutes les religions (Mahdi, Paraclet, Messie).
    En revisitant ses classiques de la littérature contemporaine (Becket, Kafka, Buzzati...), puis en flirtant avec les mythes ou les contes (Ulysse, la belle aux bois dormant...) avant d'aborder son versant mystico-prophétique, l'autrice aborde l'attente dans toutes ses variations : entre personnes, à propos d'un événement, autour de l'amour charnel et jusqu'à l'amour absolu.
    Les années passent mais dame Kelen ne dévie pas d'un iota de son idéal de vie, haranguant même le quidam insouciant de se mettre à l'ouvrage, pour "développer ses talents et ses dons, étudier, se connaitre, chercher et s'interroger, créer, faire le bien, être utile". Pour elle, "ne pas remplir sa tâche humaine, c'est refuser sa vocation spirituelle, l'exigence de grandeur, c'est se prélasser et se contenter de sa condition terrestre". (p.85).
    Fustigeant le transhumanisme, les adeptes de l'instant présent ou ceux du développement personnel, elle rappelle l'essentiel, l'essence même de l'attente, qui est la naissance d'un souffle, d'un œil neuf, d'une co-naissance, quand ce n'est pas un nouveau monde.
    Nourrie de textes sacrés ou rendus tels par la pureté de leur intention, le glissement se fait naturellement vers l'infini ou l'éternité et "en un vertige éblouissant, l'attente affirme que l'absolu de l'absence surpasse en beauté et en majesté toute présence concrète"(p.122).
    La maturation des ans, la fidélité à l'Esprit, les signes d'universalité (d'unité ?) ou la période propice à rêver de renverser l'ordre (Le déni des lois divines) établi, tout concoure à un dévoilement subtil d'une présence et d'une joie qui perdure en soi, ce sens du discernement qui s'affine avec le temps, presque une transfiguration, allégée de nos pesanteurs.
    Une fois de plus, Jacqueline Kelen touche juste en nous rappelant les fondamentaux d'une vie au service d'un plus grand que soi, d'un plus grand en soi qui ne fait que nous tendre une main secourable et aimante, loin de celle détestable des appâts rances.
    Sous l'égide d'Isaïe, elle se fait prophétesse, crevant la gangue du commun pour sonder la profondeur, l’intériorité, l'icône même du fidèles d'Amour.

     

  • Béton, imagination, bande-son

    cité des argonanutes,des mensonges plus grands que le collège,insa sané,milan jeunesse,octobre 2021,wilfied n'sondé,comédie urbaine,les cancres de rousseau,sarcelles-dakarAdieu le CM2 ! La classe des p’tits c’est fini. Maintenant Bounégueux, Maya, Erwan, Jeanne et Medi sont prêts à franchir les grilles du collège. Bon, prêts, c’est peut-être pas le mot. Oui, parce que Bounégeux est toujours vu comme le « nouveau » bizarre, qui vient d’ailleurs, Erwan attend encore la petite souris, Jeanne n’ose pas dire à sa mère que ses amis sont noirs et arabes et Medi a peur de passer pour une « victime » puisqu’il se fait harceler dès la rentrée. Quant à Maya, elle a de plus en plus de mal à vivre avec le mensonge qui la ronge.

    « Le nouveau ? Il a toujours un tronche qui nous revient pas. Personne ne sait ce qu’il est venu chercher. Lui non plus sans doute, tout pataud dans ses habits impeccables.»

    Voici la nouvelle bande de Cité Les argonautes d’Insa Sané aux éditions Milan jeunesse. Après sa Comédie Urbaine, à découvrir d’urgence, qui suit l’évolution du lycéen Djiraël et ses amis (Les cancres de Rousseau, Sarcelles-Dakar, etc.), place à la jeunesse puisque les protagonistes sont cette fois au collège. Bonne nouvelle, les lecteurs auront le temps de s’attacher aux adolescents. En effet, il s’agit du tome 1 : Des mensonges plus grands que le collège, et quatre autres épisodes devraient suivre.

    « Et ben, devinez quoi ? La petite souris est passée pendant la nuit ! Et elle m’a lâché un billet. Pas une pièce, mais un billet. C’est fou, non ? »

    En attendant la suite, nous découvrons la vie quotidienne de ces jeunes dans leur cité, appelée Les argonautes. Ils apprennent à grandir et accepter les différences de leurs amis mais aussi de leurs ennemis. Cela ne les empêche pas de prendre de mauvaises décisions ou de faire des bêtises mais ils savent se serrer les coudes quand il le faut. Le collège peut parfois prendre l’allure d’un environnement dangereux pour eux tout en leurs permettant de s’ouvrir à la culture, autre que celle du quartier, comme la rencontre avec un écrivain du nom de Wilfried N’Sondé, Tiens ! Tiens ! …

    « Wilfried N’Sondé, qui n’en perd jamais une miette, intervient fermement : - C’est toujours plus facile de parier sur la défaite des autres plutôt que de les aider à réussir ».

    Ce nom ne vous dit rien ? De la fiction s’échappe parfois la réalité. Wilfried N’Sondé est bien un écrivain français (Prix Senghor pour le roman Le cœur des enfants léopards), il pourrait donc tout à fait venir à la rencontre d’une classe de collégiens comme celle de Bounégueux. D’ailleurs, Insa Sané, l’auteur de Cité des Argonautes, se rend lui aussi souvent dans les établissements scolaires pour parler de ses ouvrages. Il connaît donc bien les élèves et s’en inspire visiblement ici. À l’image du papa de Bounégeux, Insa Sané est aussi chanteur et compositeur. C’est pourquoi il propose aux lecteurs cinq chansons en lien avec le livre. Mention spéciale pour le slam La flûte d’Ismaël et pour le personnage du roman.

    Un petit livre où les cinq protagonistes ont la parole et racontent l’histoire à leur manière. Une entrée fracassante en 6ème et dans l’univers de la Cité des argonautes, à mettre entre toutes les mains dès 10 ans.

    Image: Editions Milan Jeunesse

  • Fichu corps, corps magique !

     

    6-ReverieCarcasse_A5-1.jpgNotre cœur, notre diaphragme, notre estomac et tous nos organes, on sait qu'ils sont là, quelque part en nous, mais nous ne les voyons pas, nous les connaissons plus ou moins. Ils doivent souvent nous rappeler leur présence, surtout si nous avons l'habitude de préférer notre cerveau pour fonctionner/vivre. Dans Rêverie carcasse, Léa Carton de Grammont a voulu mettre à plat les rapports que chacun entretient avec son corps et sa perception. La metteuse en scène a donc imaginé l'histoire d'une femme, jouée par Alice Vannier, découvrant et redécouvrant son corps tout au long de sa vie. Avec l'aide des scénographes Lucie Auclair, Aviva Masson et la costumière Cécile Laborda, elles ont créé un décor et des accessoires où chaque élément du corps est visible, tangible et devient un personnage à part entière.

    Une manière pour le spectateur de voir enfin, ce qu'il a/est à l'intérieur. Entendons la voix (qui sort de son corps) de Léa Carton de Grammont, compagnie PTUM* au micro de Choeur (7'27) :

    podcast

     

    * Prends-toi un mur si t'es vivant

  • Les racines du christianisme

    frerejohnmartin-entete.jpgFrère John Martin Sahajananda est un moine bénédictin responsable spirituel du centre Santivanam en Inde. Elevé dans une double culture (indienne par sa mère et catholique par son père), il forgea sa solide vision des évangiles au contact de Bede Griffiths, lui-même dans la lignée du Père Monchanin et de Henri Le Saux.

    Il opère une synthèse entre les textes sacrés hindous, les paroles des sages éveillés (Ramana Maharshi, Nisargadatta Maharaj...) et les paroles ou paraboles de Jésus.

    Nous l'avons interrogé au lendemain d'une conférence à Francheville sur le thème “Rester calme dans les tempêtes de la vie” (à l'initiative de la paroisse et du groupe de méditation chrétienne) , car il est aussi depuis quelques années écrivain-conférencier, très attaché à la France.

    Pour une meilleure audience nous n'avons laissé que la traduction en français de Claude Lhuissier-Noël (2 fois dix minutes).

    Une parole d'une grande clairvoyance, pour qui sait l'entendre.


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