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Choeur - Page 58

  • L'effi(s)cience psychanalytique

    "Comme c'est quelqu'un d'intelligent (W.Pauli), il a très bien compris que, lorsqu'un homme est en difficulté et que son esprit conscient est bouleversé ou dérangé, l'inconscient, qui est la partie la plus instinctive de la psyché, parvient peut être à générer certaines compensations (de même pour le corps et l'esprit), parce que c'est un système organique qui s'autorégule". (p.334)



    c.g jung,symboles oniriques du processus d'individuation, la fontaine de pierre,W.Pauli,mandalas,Soi, indivuduation,aout2021La Fontaine de Pierre édite un inédit de C.G. Jung en français : "Symboles oniriques du processus d'individuation". Il s'agit de la retranscription de deux séminaires donnés en Amérique (Bailey Island et New York) avant la seconde guerre mondiale, à un public averti par la résonance de l'inconscient. Ce matériau brut (on entend Jung dans son oralité) préfigure les thématiques et concepts que le psychiatre zurichois développera quelques années plus tard dans ses différents livres (Tout est déjà là en l'état), avec une focale sur les mandalas, figures et symboles de compensation et d'auto-guérison du Soi lorsque des conflits submergent la conscience.
    Quelques dizaines de rêves du physicien W. Pauli (prix Nobel en 45 et découvreur de la physique quantique) parmi des centaines sont ainsi analysés et éclairés par la science et l'érudition d'un des pères fondateurs de la psychanalyse,  puisque c'est par paquets (de rêves) que se discerne un changement ou une évolution dans la psyché de l'analysé.
    Notons l'importance accordée au contexte , comme toujours, pour l'interprétation des rêves ou la mise en perspective de concepts ou paroles clés.
    A ce propos, l'individuation ne semblerait, à la lecture dudit livre être destinée qu'à des esprits brillants, ici un scientifique émérite, faisant de la psychanalyse une science élitiste, ce qu'elle fut sans doute à l'époque des balbutiements.
    L'épais document (près de 500 pages d'exposés suivis de questions-réponses) offre un condensé d'images et de récits numineux proches de la symbolique unitive (le 4, le carré, le cercle, la pierre angulaire) et de la complétude au sens de la conjonction réussie des opposés (le processus d'individuation).
    Les quatre fonctions (pensée, sentiment, intuition, sensation) prennent une large place chez l'analysé et s'insèrent ici dans un contexte universaliste où chacun puisera une nourriture pour son âme en quête d'un peu de lumière ou d'une vérité toute expérimentale.


    "L'individuation signifie simplement que vous trouvez votre place dans la tourmente, que vous restez au cœur du conflit, que vous êtes dans le conflit et pourtant au-dessus de lui...car sans conflit pas de mouvement, ni d'énergie". (p.128).

     
  • L'exhalaison du féminin

    titane.jpgUn scénario est toujours le reflet d'une époque, d'un imaginaire collectif conscient et inconscient.
    Titane est la naissance d'un mythe, du premier cyborg autogéneré, moitié organique moitié alliage de voiture. Puisque telle est la passion de l'héroïne (la morphique Agathe Rousselle) garçon manqué puis plus tard danseuse aguicheuse qui ne fait qu'un avec une voiture designée feu.
    Une autre de ses passions est de tuer des personnes pour assouvir son appétit dévorant, signe d'une personnalité totalement borderline, écorchée vive.
    Son père biologique quasi absent puis finalement abandonné par la belle, la mettra en
    quête d'un pére de substitution, protecteur et sans jugement (Vincent Lindon bodybuildé sous steroïdes) qui saura préserver sa mue (de garçon déguisé en femme et de femme enceinte en nouveau-né).
    Résumé ainsi le sujet détonne, encore plus à la vue du second film de Julia Ducourneau, Palme d'or 2021, qui hypnotise et marque durablement les esprits par certaines scènes (le plan séquence du Salon auto underground, les danses garçons/fille dans la caserne des pompiers ou encore la naissance du cyborg), lumières, musique, alternance de plans chocs ou drôles.
    Culturellement parlant on est dans un cinéma fantastico-horrifique aux références plutôt américaines (Carpenter/Christine, Cronenberg/Crash, Cameron/alien...) Avec un personnage de roman cyberpunk plutôt dantecquien (Maurice G) ou sorti de l'univers d'une Virginie Despentes, un mix à nouveau comme la fin des genres stéréotypés pour faire advenir une humanité hybride nouvelle, transhumaniste, à la fois androgyne et unifiée. La réalisatrice ne renie pas le caractère religieux messianique de cette naissance quasi virginale (une transformation "huilée" jamais vue à l'écran) pour une humanité assoiffée de sensations fortes.
    Même si dans ce monde apocalyptique et humainement  brutal à souhait, le féminin est bridé, sexualisé à outrance, exacerbé dans sa violence, caché ou dénigré, il irrigue le film presque à chaque plan, dans ses formes et sa matrice.
    Reste à discerner le souffle qui inspire l’œuvre pour faire pencher la balance du côté du coup de génie ou d'une diabolique vision de l'époque...

     
  • Notre mémoire extra-terrestre

    "Nos ancêtres extra-terrestres prendront contact quand nous serons devenus pleinement humains" (p.57).

    "Rencontrer l'humain, c'est incarner dans toute sa chair, de tout son corps, l'énergie la plus puissante de l'Univers, qui est l'Amour".(p.28)

     

    don.jpgDon Marcelino publie discrètement  son 5eme essai, tous centrés sur la sagesse amérindienne aux éditions Louise Courteau. Avec "Les Amérindiens et les extraterrestres" il donne une vision à la fois personnelle et culturelle de l'existence d'êtres venus d'ailleurs. Temples, pyramides, empreintes, agroglyphes...autant de traces laissées. Télépathie, voyage sacré, rêves, quête de vision, auto-guérison... autant d'héritages légués.
    Les Amérindiens sont coutumiers et se sentent proches, biologiquement parlant, de leurs frères des étoiles. L'esprit (au sens corps-âme- esprit) est d'ailleurs pour eux de nature extra-terrestre, à l'image du Grand Esprit cosmique qu'ils vénèrent.
    Leur connaissance est empirique plutôt que religieuse et s'acquiert moins par la foi que par l'expérimentation et l'intuition première.
    Le silence (qui est un palier et niveau sur le plan de l'être), la méditation, les marches dans la forêt ou l'observation de la nature permettent de purifier le cœur et de toucher une énergie plus subtile afin de rejoindre les mondes vibratoires supérieurs (4ème dimension et au-delà). Par ces techniques simples les ancêtres peuvent être contactés, des défunts (puisque la mort n'existe pas) aux créateurs mythiques de l'humanité (la femme bison, la femme cosmique...).
    Ce livre pratique (des photos, des questions-réponses, des encarts synthétiques) est aussi un moyen pour Don Marcelino d'évoquer le sens de l'incarnation et les mondes parallèles aux nôtres, avant et après notre existence sur terre.
    Un rapprochement de la sagesse amérindienne est fait avec le druidisme mais on mesure à quel point elle a pénétré nos croyances et intuitions sur l'invisible. Un des sens de l'incarnation est par exemple de purifier notre arbre généalogique, une fois notre famille choisie.
    Une bonne ouverture d'esprit est nécessaire pour adhérer à la cosmogonie amérindienne, d'autant qu'elle perçoit les religions comme contre-nature (ce qu'en ont fait les prêtres) et finalement à l'opposé du message sain, lui, des prophètes. Petit bémol, l'étude des textes sacrés peut, contrairement à ce que pense l'auteur, amener à cette ouverture de cœur ou à une prise de conscience cosmique en méditant sur ses images ou personnages archétypiques, de nombreux savants ou mystiques l'ont montré.
    Il est également  heureux et comique de constater que les Amérindiens sont tous fous, selon nos critères  psychiatriques, puisqu'ils invoquent l'invisible et vivent des réalités non tangibles...et pourtant personne ne les juge ou ne leur tient rigueur raisonnable.
    Tout est question de mémoire, de se souvenir d'où l'on vient (l'univers ou poussière d'étoile) pour accomplir au mieux sa destinée, en se sachant accompagné, avant de rejoindre un monde infini où rien n'a de limites. 

     

  • Un cadencé d'humanité

    Fusion,lézarts urbains,Joëlle  Sambi Nzeba,Hendricks Ntela,la mécanique des ombres,Naïf production,Sylvain Bouillet,Mathieu Desseigne-Ravel,Lucien Reynès,théâtre des Doms,festival d'Avignon,19 Juillet 2021.Garden Party au Théâtre des Doms, une terrasse aménagée en plein air à l'ombre d'un arbre plus que centenaire pour des représentations plateau minimalistes.
    Jusqu'au 27 Juillet se joue "Fusion", un duo slam/krump, une interaction entre la poétesse Joëlle  Sambi Nzeba et la danseuse Hendrickx Ntela. Des mots crus, percutants, des visions sonores qui soulignent des maux socio-culturels de citoyens en marge puisque ostracisés bien souvent en raison de leur couleur de peau.
    C'est ce cri du cœur particulièrement poignant à l'évocation d'une liste interminable de bavures policières qui résonne encore avec sa juste émotion verbale et corporelle. Chaque nom cité est un soubresaut, un coup porté, un
    haut le cœur, une syncope du corps.
    C'est l'association des deux sœurs d'arme qui forme un Verbe imagé, immergé dans un contexte brûlant où sourde la colère, le ressentiment et la soif de justice.

    Fusion,lézarts urbains,Joëlle  Sambi Nzeba,Hendricks Ntela,la mécanique des ombres,Naïf production,Sylvain Bouillet,Mathieu Desseigne-Ravel,Lucien Reynès,théâtre des Doms,festival d'Avignon,19 Juillet 2021.Le collectif Naïf productions formé des trois acrobates Sylvain Bouillet, Mathieu Desseigne-Ravel et Lucien Reynès était également de la Garden Party, invités pour 4 représentations de leur spectacle en version courte "La mécanique des ombres". Tel un nouveau-né, un premier personnage quasi démantibulé (Mathieu Dessaigne-Ravel impressionnant de souplesse) découvre de façon simiesque la mécanique de son corps pour se tenir debout. La seconde étape en trio masqués évoquerait plutôt la socialisation et l'entraide, la force de l'humanité unie belle jusque et surtout dans la chute, jamais aussi parfaite que dans ses tentatives répétées d’œuvrer en collectif.
    Les trois compères s'écoutent à merveille, virtuoses du déséquilibre avec une précision du geste qui souligne une attention d'autrui accrue.
    Leur ballet rythmé crescendo est un mélange de styles complémentaires, du hip-hop aux arts martiaux en passant par les arts du cirque.

    Deux propositions, deux appropriations de l'espace scénique nécessairement réduit, deux conditions de funambules avec pour fil un corps-don.

    Photos: Théâtre des Doms
  • Nuit de joie à Vienne

    Jazz à Vienne 2021, Ayo, Léon Pahl Quintet, Arthur Allard, Gauthier Toux, Zacharie Kysk, Rémi Bouyssière,Cheick Tidiane Seck, Majid Bekkas Il y avait du monde à Vienne pour la clôture du festival fêtant sa  40ème édition, avec une nuit blanche dédiée au Jazz sous toutes ses formes. La fougue, la jeunesse et le rythme trépidant pour l'ouverture avec le lauréat du tremplin RéZZo 2019, le Léon Pahl Quintet (nom du saxophoniste). Un deuxième album au compteur "Dust to Stars", succès de cette assemblée de musiciens passionnés et chevronnés dont le duo endiablé et à l'écoute parfaite batterie-clavier (Arthur Allard-Gauthier Toux). Le public de mélomanes présent rentra instantanément dans l'énergie et l'ambiance du nectar distillé.

    Jazz à Vienne 2021, Ayo, Léon Pahl Quintet, Arthur Allard, Gauthier Toux, Zacharie Kysk, Rémi Bouyssière,Cheick Tidiane Seck, Majid Bekkas Les vibrations cosmiques d'un clavier fou se prolongèrent avec la solide formation de Cheick Tidiane Seck venu rendre un généreux hommage à son ami Randy Weston, comme ce fut le cas sur l'album Timbunktu (2019). Pour l'occasion Majid Bekkas fit sa première apparition scénique (chant et oud), déroulant un set à l'image des deux accolytes : maîtrise, force tranquille et sagesse aux couleurs de l'Afrique.

    Jazz à Vienne 2021, Ayo, Léon Pahl Quintet, Arthur Allard, Gauthier Toux, Zacharie Kysk, Rémi Bouyssière,Cheick Tidiane Seck, Majid Bekkas Après ces deux démonstrations techniques et artistiques vint la joyeuse, naturelle et apaisée Ayo. Avec beaucoup de douceur et de simplicité elle a su toucher les cœurs des festivaliers avec quelques anecdotes et reprises (Né quelque part-Le Forestier, Rédemption song-Bob Marley), alternant ballades, rythmes chaloupés et même rap, dans une vague d'amour et d'équilibre. La joie de la surfeuse (une de ses passions) fut hautement communicative jusqu'à virevolter et toucher l'ivresse, alors que le concert prenait déjà fin. Beaucoup d'énergie et quelques cris de colère pour ce répertoire qui s'étoffe chaque année un peu plus (6ème album "Royal" en 2020) depuis son premier fulgurant succès "Down on my knees" en 2006, qui clôtura sa prestation entêtante.

    La soirée ne faisait pourtant que commencer: L'armée mexicaine (groupe de Rachid Taha), Cimafunk et Merzerg clôturaient les 40 ans du Festival. Et un p'tit café croissant pour les plus vaillants (vers 5h du matin) ...

    Photos: Jazz à Vienne

  • Un Biolay électrisant

     

    bio.jpg

    Voix rauque, groupe rock pour les retrouvailles de Benjamin Biolay avec Lyon, sur le roc de Fourvière.
    Le cœur était de mise en ce mercredi 7 Juillet avec une arène quasi pleine venue pour enfin retrouver l'enfant du pays. Ce dernier a déroulé un set dédié en grande partie à son dernier album taillé pour la route (titre qu'il n'a pas chanté) avec aussi quelques incartades de "Palermo Hollywood" (le chaloupé "miss miss" ou le galvanisant "Palermo Hollywood"), une part belle à La superbe ("La superbe", "Lyon presqu'île" forcément acclamée, "ton héritage" qui touche toujours en plein cœur ou encore le slamé "Padam") et trois covers (H. Mounier - "voyager léger", E. Daho - "Duel au soleil" et les Strokes - "Ode to the mets" francisé).
    Adé l'a rejoint pour le tube pop "Parc fermé" et constitue avec La Féline en douce première partie, les seules apparitions féminines de la soirée.
    Heureux de retrouver sa ville natale et son public fidèle, B.B s'est appuyé sur son solide et expérimenté quatuor scénique (guitare - Pierre Jaconelli, basse - Philippe Almosnino, batterie - Philippe Entressangle, synthé - Johan Dalgaard) pour puiser dans son répertoire éclectique, une large palette émotionnelle, alternant chansons pop et rythmes cubains, chansons rock et ballades bien senties.
    Public heureux et conquis par certains rythmes dansants, des références à la ville-lumière et des refrains entêtants, surement souvent entendus pendant l'année de tous les confinements, comme "une voiture volée" scandée en chœur avant deux courts rappels (timing obligé).
    Tout était au rendez-vous pour un spectacle total son et lumières qui fut de qualité : un temps clément, le pass sanitaire pour tous, le bon timing et surtout un album "Grand prix" de haute volée, dont on mesure sur scène la pertinence, la force et l'à propos.
    L'artiste fut comme s'il retrouvait ses 20 ans, gambadant et porté par un mur en chœur ravi. Un succès mérité pour ce virtuose de la composition un peu à part, ce "garçon bizarre" aux éclats de génie. 

    @crédit photo : Nuits de Fourvère

  • Se réapproprier le féminin mythique

    "Les antécédents des romances médiévales populaires sont plus larges que concentrés autour de l'individu et de sa guérison possible. Ils parlent d'un monde dans lequel la puissance et la sagesse féminine ont été perdues, dans lequel la nature a été violée et les trésors de l'Autre Monde ont été pillés, un monde devenu une Malterre. La quête du Graal, le principe féminin, la donneuse et gardienne de vie, n'est pas simplement une quête pour nous restaurer personnellement, c'est une quête pour restaurer le monde". (p.319).

     

    femmes 1.jpgDans "Femmes enracinées-femmes qui s'élèvent" de Sharon Blakie, publié chez Véga-Trédaniel, le constat est amer mais la solution est amour, comme toujours.
    La planète agonise, les hommes et leur quête héroïque ont accéléré le processus de destruction, le statut inférieur des femmes est une des causes du désenchantement du monde...et l'autrice projette de donner des clés pour que le féminin refleurisse et ensemence fertilement la planète, pour ce qui peut encore être sauvé.
    Sur près de 500 pages s'entremêlent son vécu, ses rencontres avec des femmes fortes et inspirantes et quelques histoires et légendes celtes mythiques, dans une forme de psychologie narrative. On pense à des pionnières du genre comme Clarissa Pinkola Estès ou Marie-Louise Von Franz mais Sharon Blackie veut pousser plus loin le curseur de l'explication archétypale rationnelle classique, en convoquant le mystère irrationnel de la pleine incarnation charnelle et sensation-elle. Elle questionne les terres habitées ou visitées en se rapprochant des éléments  (saisons, paysages, folklore, mythes et légendes...) pour retrouver le sens profond et la magie de la connaissance intuitive ou "iomas" qui provient de l'Autre monde, l'imaginal évoqué par H. Corbin, la hiérohistoire éternellement présente dans l'instant, l'esprit hors espace-temps.
    A la différence pourtant d'un Joseph Campbell et de sa "quête du héros", Sharon Blackie propose un parcours résolument féminin, non calqué sur celui de l'homme, car ce parcours rend la femme amnésique de ses valeurs, de ses atouts (son corps  et sa matrice plus que sa tête et son mental) et de son rôle depuis toujours dévolu de sage, gardienne et protectrice de la Terre, bien avant que les religions et leur Dieu ne vienne compliquer les choses et spolier leur génie (La "Malterre").
    Dans ses conclusions cependant, même si une forme d'animisme est préférée au monothéisme "masculin", l'autrice évoque un sain courroux, une miséricorde matricielle envers créatures et création ou encore une forme de co-naissance intuitive, proche du verbe insufflé, autant de preuves que le Dieu des textes sacrés est autant et c'est dommage, méconnu sous son aspect féminin et universel.
    Faire œuvre féminine c'est donc se réapproprier sa souveraineté et son énergie bien souvent accaparées. C'est aussi descendre en corps et creuser les souvenirs du cœur jusqu'aux instants d'un pacte contre (sa) nature pour survivre dans un monde apparaissant parfois comme inhospitalier. C'est enfin s'ancrer où les pieds portent et en ce centre si typiquement féminin des matrices pour à nouveau rayonner de soi. Autant de chemins que de prises de consciences, autant de jalons que de retours à l'enfance.
    Le récit est plaisant et enchanteur. Le style coule de source alternant moments intimistes et coups de projecteurs sur une altérité nourrissante et riche en créativité.
    La selkie, Cerydwen, Rihanon  n'auront plus de secrets pour vous, vous saurez ce qu'est une Elder, une "Cailleach" ou la "bean feasa" en vous plongeant dans ce livre fleuve qui se lit comme un bon roman, avec cette idée que la descente en soi, le désencombrement de ce qui ne nous appartient pas ou plus, la quête du centre dans un corps souvent égocentré, permet de s'alléger et de s'élever spirituellement et moralement, afin de ne pas passer à côté de sa vie...et retrouver ce qui sourd comme potentiel intérieur trop souvent méprisé, occulté ou jalousé.

     

    "La femme sage est l'héroïne, de retour de voyage, ancrée enfin dans sa souveraineté intérieure et dans la Terre où elle vit. Elle est prête à offrir son savoir et ses cadeaux à la communauté" (p.374).