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edition mijade

  • La chance circule

    Seconde chance, L. Karol, Zone J, Edition Mijade, novembre 2021, économie circulaire, zone rurale« - Le but est de courir quatre kilomètres non-stop fin décembre. On va commencer doucement, cette semaine avec un kilomètre sans s’arrêter. Je ne veux pas de plaintes, c’est trop facile. Si je n’avais pas peur que ça déplaise au principal, je vous le ferais faire sur les mains ».

    La diagonale du vide. Peu de visiteurs, à part en coup de vent sur la route des vacances, plus d’usines, délocalisées les unes après les autres, pas de loisirs et toujours les mêmes têtes à des kilomètres à la ronde. Un reportage de temps en temps pour parler d’un agriculteur à l’agonie ou d’une boulangerie qui ferme. Bref, ça fait pas rêver mais c’est là qu’habitent Jeanne, Inaya, Lou-Ann et Manoa, les protagonistes de Seconde chance, roman de L. Karol aux éditions Mijade. Ils sont en 6ème et connaissent déjà les difficultés de leur territoire et celles de leurs parents à conserver leur travail. Ainsi, quand la joyeuse bande découvre que l’une des leurs cache sa honte d’être devenue « pauvre », ils décident d’agir pour changer les choses.

    « Tu vas être riche ! Faudra pas nous oublier quand tu auras ta villa avec piscine sur la côte, je poursuis sur le même ton. Le visage de Lou-Ann se ferme brusquement. Elle serre les mâchoires avant de nous tourner le dos et s’éloigner précipitamment ».

    Plus facile de donner à quelqu’un dans le besoin que d’avouer qu’on aimerait de l’aide. Les parents de Lou-Ann préfèrent vendre leurs meubles en cachette, tandis que leur fille porte manteau et chaussures qui ne lui vont plus depuis longtemps. Jeanne a donc l’idée géniale de créer un système d’échange entre élèves, au sein même du collège auquel tout le monde peut participer sans être jugé ou méprisé en raison de sa pauvreté. La bonne humeur d’Inaya, la réflexion de Manoa et l’enthousiasme de leur professeure de français vont l’aider à concrétiser cette utopie. Dès lors la fameuse « diagonale du vide » ne paraît plus si inutile...

    « L’effet de la doublure argent brillante sur le tissu noir mat est magnifique. On dirait que c’est fait pour. Elle l’a customisé en nouant une espèce de scoubidou en ruban turquoise et rose attaché à la fermeture éclair de la poche de poitrine ».

    Seconde chance, qui se lit facilement (à partir de 11 ans), aborde la question de la perte d’emploi et de statut social avec justesse, sans pathos et à hauteur d’enfant. Les discussions entre adolescents apportent légèreté et bonne humeur. Le livre permet de découvrir l’intérêt de l’économie circulaire et du développement durable sans être moralisateur et en s’adaptant à la passion des jeunes pour leur look en perpétuel (re-)construction. De fait, de plus en plus de collèges aujourd’hui organisent par exemple des défilés de mode avec des vêtements donnés par les élèves ou les professeurs. À la fin de la journée chacun repart avec le T-shirt ou le jean de son choix. Ce roman pourrait donc à son tour inspirer les jeunes -et leurs parents- pour leur établissement, leur immeuble ou leur quartier et ce quel que soit leur lieu de vie, à Paris ou Ici-ya-rien-village.

    Image: Éditions Mijade