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Choeur - Page 51

  • Humaine miséricorde

    La réponse des hommes - 29-07-20 - Simon Gosselin 1-20.jpg

    Dans La Réponse des Hommes au TNP, pas le temps de se laisser porter par la première scène : l'écran nous happe immédiatement et nous plonge dans la tête d'une jeune mère déboussolée. La pièce commence en effet par du cinéma filmé en direct derrière le décor. Le public de s'étonner de voir un film et déjà les comédiens arrivent sur scène pour poursuivre le récit captivant et dérangeant de la première histoire : nourrir les pauvres, accueillir les étrangers.

    La metteuse en scène et auteure Tiphaine Raffier (35 ans), artiste  associée au TNP, s'est inspirée pour son quatrième spectacle, des œuvres de miséricorde de la Bible. Elle en a tiré neuf chapitres déclinés en neuf scènes qui se répondent.

    Sur le plateau, dix comédiens et trois musiciens qui nous tiennent en haleine tout au long de la pièce. La miséricorde existe t-elle ? Peut-on faire un don d'organe à un criminel ? Doit-on choisir qui soigner, qui sauver ? Dans quelle mesure peut-on partager les émotions d'autrui ?

    Hier le public a largement partagé les émotions transmises par les acteurs et une mise en scène qui, entre caméra au poing et décors ambulants, nous embarque vers la fractale !

    La pièce se joue jusqu'au 12 Février au Théâtre National Populaire puis en tournée dans toute la France.

    Rencontre avec François Godart, l'un des comédiens, à l'issue de la pièce.


    podcast

    © Simon Gosselin 

  • Le regard miséricordieux


    "C'est le manque d'amour pour nous-mêmes qui nous fait mal aimer le terre et mal agir sur terre. Il faut dépolluer l'homme de son autojugement négatif contre lui-même et lui apprendre à devenir précieux à ses propres yeux pour que la terre devienne elle aussi, précieuse à ses yeux. Alors le besoin de polluer disparaîtra". (p.253)

     

    montaud.jpgHeurté profondément par la vieillesse digne et emplie de sagesse de Gitta Mallasz, Bernard Montaud fait revivre son influence avec la saga César dont ce dernier épisode sur la transmission écrit avec Sanjy Ramboatiana "César, l'imparfait heureux", parait aux éditions Dervy-Tredaniel.
    Cet opus constitue une parfaite synthèse de son enseignement spirituel développé au fil des ans avec l'école Artas, en sus d'être un livre ludique (jeux, QR codes vidéos, trame simple et schématique, rédaction à deux voix), comme le fut la sagesse pratique de Gitta avec Patricia Montaud (qui s'est spécialisée dans les Dialogues avec son ange) et Bernard, dans les dernières années de sa vie.
    C'est aussi un livre précieux qui contient des questions (et l'art de poser la bonne) mais surtout des réponses (La vie de couple c'est apprendre la miséricorde... L'Homme inspiré c'est l'avenir de l'homme...Les Maîtres, sages et saints sont les pionniers du meilleur de l'Homme...), pour celui qui, à l'instar d'un Jung, considère le tourisme intérieur comme la destination du futur de l'humanité.
    Traditionnellement parlant, l'homme possède une double origine (ego et être), G.I Gurdjieff distinguerait l'existence Les multiples moi) de l'essence (Le Je Suis), ici dans la lignée des Dialogues avec l'Ange, sont différenciés la personne et son histoire traumatique, de l'individu relié verticalement, en voie d'être inspiré.
    Rien ne sert de sauter les étapes, on ne peut s'affranchir qu'avec le temps de déterminismes liés à notre naissance spatio-temporelle.
    Bernard Montaud propose à qui veut l'entendre, un programme de miséricorde envers soi d'abord (apaiser notre histoire personnelle), puis envers l'autre (le sentir et le servir) dans une tâche qui se révèle plutôt collective et enfin envers la terre, à l'image des personnages de l'histoire sainte et sacrée qui "souffraient les fléaux du monde comme leur propre douleur", de quoi s'occuper et trouver un sens véritable à la vie.
    Ce manuel de sagesse ordinaire, "là où se situe le plus sacré", se veut inspiré par Gitta Mallasz, peut-être l'étape ultime du service envers l'humanité, qui se perpétue au-delà de l'incarnation ? Il se pourrait ainsi que tout (visible et invisible) serve un Plan divin...

     

  • Un rire cathartique

     

    tiens ta garde,collectif marthe,clara bonnet,larie-ange gagnaux,aurélia lüscher,itto medhaoui,maybe vareilles,guillaume cayet,maurin oliès,Élodie asorin,elsa dorlin,emma depoid,eléonore pease,juliette romens,cécile kretschmar,clémentine pradier,clémentine gaud,florence verney,féminisme,techniques de défense,théâtre du point du jour,février 2022Tiens ta garde, du collectif Marthe, est un manifeste de combat contre toute forme de domination, notamment envers les femmes.
    S'inspirant entre autre du livre de la philosophe Elsa Dorlin "Se Défendre, une philosophie de la vie", les quatre protagonistes,
    Clara Bonnet, Marie-Ange Gagnaux, Aurélia Lüscher et Maybe Vareilles, s'en donnent à cœur joie dans une ivresse burlesque et avec grande énergie communicative, pour exhumer et remettre en lumière des instants clés de l'histoire féministe (les suffragettes par exemple) ou d'oppression politique des minorités (Black Panters, Indiens d'Amérique...). Il s'agit de déterrer jusque dans la psyché même, les racines du déni, du mépris ou de la mise sous silence de la juste et mordante agressivité auto-défensive.
    A l'heure de #me too, la charge est salvatrice et libère les corps d'un carcan trop académique, pour une pièce déjantée, rythmée et musclée à souhait.

    Marie-Ange Gagnaux et Aurélia Lüscher sont au micro de Choeur


    podcast

    La pièce se joue jusqu'au 5 Février

     

  • Un Gurdjieff recomposé

    "Ma mission est de créer un sage capable d'allier le tempérament oriental avec les techniques occidentales". p.214


    Guedieff un regard nouveau,Roger Lipsey,éditions Trédaniel,Gilles Garcet,Groupes Gurdjieff,musiques sacrées,Mouvements,magnétisme,science traditionnelle,maître spirituel,Je Suis,Roger Lipsey porte "Un regard nouveau (sur) Gurdjieff" en fin défricheur de tout document écrit (livres de disciples, de contradicteurs, archives inédites des écoles ou groupes...), visuel (les mouvements) ou sonore (les musiques de Thomas De Hartmann) existant. Ce matériau composite connu ou inédit (il a fait lui même partie des groupes Gurdjieff en Amérique et rencontra bon nombre de disciples) constitue la base de ce gros œuvre (460 pages) avec nombre de citations, et vient étayer ou appuyer en opérant une synthèse, tout le bien qu'il pense de ce maître spirituel authentique, de son enseignement, de ses influences (des philosophes antiques aux écrivains modernes)  et des groupes qui lui survécurent.
    Balayant rumeurs et détracteurs, il dresse un portrait plutôt élogieux de l'homme (avec ses contradictions) en accord avec son temps, qui vivifia un message somme toute assez traditionnel, sous une forme originale et propre à sa vie d'aventurier : il parcourut le globe et chercha la vérité avant de la trouver et d'expérimenter ce qui l'éveilla à une autre dimension :


    "
    Gurdjieff avait introduit l'idée d'un "centre magnétique", une capacité innée, possédée par certaines personnes, de discerner une vérité libératrice et d'avancer vers elle, la capacité de regarder au-delà de ce qui lui est familier". (p.33)


    Plus sensible aux mouvements chorégraphiés et à la musique sacrée,
    Roger Lipsey y fait la part belle en distinguant bien trois périodes d'enseignements (le Prieuré, les années 30 et les femmes de la Cordée, l'appartement au 6 rue des Colonels-Renard) et trois visages évolutifs  ou adaptables à l'environnement et à la perception de son enseignement, dont les bases étaient "l'effort conscient, la souffrance volontaire et la lutte contre son propre principe négatif, par la pratique du remords de conscience, de la relaxation et du rappel". (p.284).
    Magnétique et centré en profondeur (le "Je Suis" qui est Source d'Amour inconditionnel  et centre de gravité), il sut jouer d'innombrables rôles et fonctions, alternant le maître de danses, le référent spirituel, le cuisinier eucharistique, le conférencier d'Outre-atlantique ou l'écrivain monstre. Déroutant ou mouvant pour certains, son amour infini pour l'humanité transparaissait parfois aux yeux des plus avertis ou éveillés, sa tristesse de l'essence aussi (toute la souffrance du monde...). Il se prit pour Dieu un temps avant de se découvrir Diable de nature et n'eut de cesse d'en réhabiliter la figure (notamment dans
    les Récits de Belzébuth à son petit fils), pour la gloire de son nom. Tel un chamane de la jungle urbaine (en voyage à Carnac il avouera un penchant émotionnel fort pour une peinture rupestre), Il était l'exemple vivant de pouvoirs et hautes possibilités Inhérents aux "mineurs de fond" : magnétisme, hypnotisme, discernement du réel, corps-don...
    Ses trois livres restent comme des classiques de la littérature ésotérique, idem pour les groupes de travail relativement discrets de par le monde et son aura reste positive malgré tout par la force et la quantité des témoignages gratifiants ou de reconnaissance, 70 ans après sa mort.
    Cet ouvrage paru au
    éditions du Relié à l'initiative bienvenue de Gilles Farcet (qui signe par ailleurs la préface) et traduit par Frédéric Blanc, vient à point saluer sa mémoire vivante empreinte de mystère et de respect. En un siècle si fécond de fortes personnalités (Jung, Massignon, Durckheim, Gandhi, Corbin, Guénon, Mallasz, Davy, Maharshi, Desjardins...) il reste un phare, un aiguilleur d'être(s), un aimant véritable, dans tous les sens du terme.


    "
    Les enseignements authentiques évoluent au gré des temps et des circonstances. Il ne s'agissait pas d'une innovation mais d'un retour à une vérité éternelle. Encore fallait-il la revivifier, la réorganiser, la lier de manière étroite à une pratique et l’étayer au moyen de ces outils intemporels que dont la conversation, la méditation, la danse, la musique et toutes les formes d'artisanat du quotidien". p.415.

     

  • Les bourrins de la Terre

    Les Bourrinologues,  Bande d’Ados, éditions Milan, Lucie Castel, Nicole Augereau, Grégory Jarry, Géo Ado, pollution, collapsologie, stage de 3ème, janvier 2022« L’époque dans laquelle nous vivons est extraordinaire ! », « On assiste à la destruction de l’ensemble du vivant », « Et c’est à l’humanité qu’on le doit ! C’est pas génial ? »

    Lasse de dénoncer les scandales écologiques, la pollution, l’inaction humaine ? Lucie Castel, Nicole Augereau et Grégory Jarry prennent le contre-pied avec Les Bourrinologues dans la nouvelle collection Bande d’Ados aux éditions Milan et Bayard. Les épisodes ont d’abord été publiés dans le magazine Géo Ado. Dans chaque mission, il est en effet question de se rendre quelque part sur la planète pour montrer le triomphe de l’humain sur la nature ou plutôt des grandes entreprises ou États sur le reste des êtres vivants, homo-sapiens compris. En s’appelant Donald, on pourrait applaudir face aux bulldozers et autres machines infernales inventés par des êtres fascinants d’ingéniosité et de rapacité (quoi qu’un rapace ne tue que ce qu’il mange).

    Les auteurs se mettent en scène dans la bande dessinée sous les noms de Grégory Bour, Nickye Rino et Lucie Logue. Ces trois Bourrinologues reporters se délectent de la suprématie humaine qui va d’ailleurs souvent de paire avec une certaine « supériorité occidentale » ou du « monde moderne » sur le reste des populations de notre planète. C’est à la fois cynique, effrayant et drôle. Les stagiaires de 3ème, qui changent à chaque nouvel épisode apportent réconfort et espoir puisque la plupart sont scandalisés par les découvertes à l’opposé de la fierté de la rédac’ de la Bourrinologie (« l’étude de l’effondrement du vivant »). Malheureusement, ils ne s’en sortent pas toujours mais c’est le prix à payer pour comprendre l’envers du décor !

    Indignez-vous disait Stéphane Hessel, il y a de quoi avec l’étendue des actions humaines plus néfastes les unes que les autres : assèchement des mers pour implanter une agriculture intensive, enfouissement des plastiques et rejets de produits polluants dans l’océan, destruction des forêts tropicales et des peuples qui y vivent sans parler de la place d’internet qui fonctionne avec l’équivalent de 200 réacteurs nucléaires (enfin pour l’instant). Visiblement, l’indignation ne suffit pas, les bourrinologues sont donc passés mettre dans l’art de célébrer : « les déchets, l’avenir de la planète », « place à une belle forêt de palmiers à huile bien rangés », «les bateaux-usines prennent à eux seuls 50 % de la pèche mondiale, un bel exploit ».

    Avec Les Bourrinologues, les rencontres sont toujours instructives comme avec Léonid Brejnev, dirigeant de l’URSS dans les années 60, Larry Page, cofondateur de Google ou Taib Mahmoud, premier ministre de la Malaisie. De plus, les auteurs mélangent traits de crayons et photos qui permettent de voir les conséquences de l’activité humaine de plus près, du septième continent de plastique aux immenses champs produits en plein désert en passant par les régions où l’on extrait des terres rares. Une bande dessinée édifiante et indispensable à tous les futurs stagiaires de 3èmes !

    « Pour faire un stage de 3e vachement plus fun que dans le cabinet comptable de votre mère, contactez-nous ! »

    Image:  éditions Milan

  • Indice ou rumeur ?

    Lucie Vérot,Maïanne Barthés,Prouve-Le,Compagnie Spell Mistakes,Théâtre de la Renaissance,Simon Alopé,Cécile Maidon,Alice Garnier-Jacob,Clément Rousseaux,Sylvain Brunat,Dominique Fournier,théorie du complot,Oullins,Janvier 2022.

    Prouve-le, écrit à partir d'une vraie rencontre, évoque le danger inconscient que peuvent colporter des rumeurs montées en épingle, ici par deux adolescents dans un collège. Plus généralement le texte de Lucie Vérot aborde les ressorts et prémisses de toute théorie du complot, et son emballement caractéristique sur les réseaux sociaux.
    Écriture ciselée, haletante, jouée avec grande jubilation et énergie par Simon Alopé et Cécile Maidon, en convaincants ados, victimes malgré eux. La prolifique et visionnaire Maïanne Barthés signe de sa patte (rythme, humour, inventivité dramaturgique) cette pièce originale qui se joue au Théâtre de la Renaissance à Oullins et recommandée tous publics, avec une nouvelle thématique à son arc : la nécessaire prudence à accorder à une information brute, trop vite analysée et digérée par le mental et l'émotion.
    Une belle entrée en matière pour une saine réflexion future dans la construction d'un esprit critique.

    Entretien (6 et 5 minutes) avec Maïanne Barthés en compagnie de Cécile Maidon et Simon Alopé:


    podcast

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    Image: Théâtre de la Renaissance

  • Un plaidoyer pour l'élevation

    "Le Hassidisme c'est voir Dieu dans toutes choses et l'atteindre par chaque action pure". (p.60)


    Il faut inclure l'Autre dans l'unité, alors on agit sur lui dans le sens du bien. (p.179)

     

    Martin Buber,Le Message Hassidique,Albin Michel spiritualités,Baal Shem Tov,messianisme,Prophétisme,Zen,Tao,Mysticisme,Tsadik,Martin Buber (1878-1965), grand penseur juif du XXième siècle, nous restitue dans cet essai Kaléidoscopique inédit en français "le message hassidique" et paru chez Albin Michel, l'essence de ce mouvement mystique apparu au 18eme siècle sous la férule initiale du Baal Shem Tov.
    Messianisme, prophétisme, taoïsme et zen ou mysticisme sont convoqués dans ce patchwork thématique pour essayer d'approcher au plus prêt la particularité d'un mode de vie, d'un art de vivre où "le temps est sanctifié". Il s'agit précisément de "rendre son cœur entier et l'unifier pour Dieu". Pour le Tsadik (le chef spirituel de la communauté) l'autre est notre prochain, que ses actes soient mauvais ou non (de manière  éthique ou religieuse), en ce sens qu'il est unique et doué aux yeux de Dieu. Sa réintégration comme parcelle divine en notre cœur (il mérite mieux qu'un jugement partial), constitue le chemin, un effort et un exemple constant d'harmonisation interne afin de transmuter le mal en bien.
    Dans un style raffiné et une érudition tentaculaire, Martin Buber tente aussi de théoriser dans cet ultime recueil l'âme même du Hassidisme, après en avoir retranscrit l'esprit à travers ses contes ou récits. Par là même il y synthétise ses thèmes de prédilection (eschatologie, interreligieux, philosophie, pensée judaïque...) en un syncrétisme novateur dans lequel l'amour est intuition du manque d'autrui et la vie don de soi, service. Cet "au-delà" de la religion (la connaissance intellectuelle) ou de l'ascèse (la contemplation solitaire) fut trouvé et expérimenté il y a deux siècles par des hommes qui sanctifiaient chaque parole et acte les plus anodins soient-ils, pour vivre en conformité avec l'esprit de dieu qui est sainteté.  "Le modèle à suivre c'était l'homme pur, uni, qui chemine avec Dieu au milieu du monde, qui participe à la vie du peuple et l'élève vers Dieu".
    Le philosophe des religions fut marqué de cet idéal au point d'y dévouer une partie de sa vie d'adulte comme un témoignage de ce qui fût, préfigurant peut-être l'"homme-hostie"
    ou élu, véritable nourriture mi matière mi-lumière pour l'humanité. Au sein d'un monde où la vie sacramentelle est destinée à être profanée, demeurent des corps sacralisés, théotropes, qui suivent l'esprit de Dieu partout où il souffle, sauvant le monde de la banalisation ou du néant d'être ?...mais il n'est plus là pour nous le dire.