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Histoire - Page 21

  • Le système actuel est antichristique

     

    L'antichrist va capter les pensées des hommes et mettre ses pensées dans leurs pensées pour les amener à se comporter comme il le souhaite, c'est une véritable conditionnement” (p.159)

     

    l'antichrist les signes de sa venue,Jean-Marc Thobois,Emeth éditions,Nouvel Ordre Mondial,APocalypse,Parousie,apostasie,Islam,Juin 2021Emeth éditions publient “l'Antichrist, les signes de sa venue”, un livre posthume (la covid l'a emporté en mars 2020) d'un exégète protestant reconnu, spécialisé dans l'eschatologie et dont on avait apprécié l'intervention dans le documentaire “Les sept églises de l'Apocalypse”.

    Pour Jean-Marc Thobois le texte biblique est inaltérable et sa méditation ou ruminement lignée après lignée (il est issu d'une famille d'Huguenots) est le garde-fou d'une conscience en éveil...jusqu'à ce que la créature s'émancipe de son Créateur, change les fondements de la création et veuille orgueilleusement se hisser au rang du Démiurge. Or le “progrès” que l'on nous vend depuis le milieu du siècle dernier (qui correspond selon l'auteur à Mai 68) ne servirait qu'à instaurer une “brisure” au sein de l'harmonie, l'apostasie propice à l'avènement de l'antichrist et donc de la fin des temps. Que cette entité soit une personne importe moins que le système qui la porte et il ne fait aucun doute que le temps de Pharaon (63 familles contrôlent 90 % de la finance mondiale) se reproduise sous fond d'asservissement au tout numérique (identité, données, attention, travail...).

    Ce constat du danger de la machine, synonyme de fin des relations humaines (désacralisation du mariage, banalisation du divorce, émancipation de la femme, théorie des genres...) est d'après lui, sciemment programmé (le Nouvel Ordre Mondial) pour mieux amener l'humain au repli sur soi et à la dépendance des objets ou services connectés, puisque plus rien d'autre n'aurait de sens.

    Cette thèse, ce travers, se propage de plus en plus, y compris chez des non religieux, éclairant chacun sur son rapport à la technologie et finalement sur le sens qu'il souhaite donner à sa vie. On voit par exemple que l'épisode Covid a accéléré des changement d'emploi, de partenaire ou de villégiature, en soi un mal pour un bien.

    La seule différence avec le présent essai c'est qu'il qualifie cette période d'apocalyptique, prélude à une guerre des forces de lumière contre celles des ténèbres (justes contre méchants, Messie contre serpent) et à l'avènement d'un Messie roi et prophète (la Parousie du Christ pour les chrétiens) pour contrer et entériner celui de l'antichrist.

    J.M Thobois nous donne en ce sens une grille de lecture “religieuse” intéressante et cohérente des événements (une partie du Coran et les hadiths sur la fin des temps partagent cette vision), qui aurait suffi à elle-même sans y mêler des positions somme toute assez réactionnaires (les rôles préétablis de l'homme et de la femme, le faux prophète Mahomet, antisionisme égal antisémitisme...), basées sur l'étude de textes à qui l'on peut faire dire tout et n'importe quoi. Car c'est bien connu, la lettre tue et l'esprit seul vivifie. Sans lui le sens de la prophétie est perdue et la loi reste morte.

    Qui par exemple saurait nier que le Coran possède aussi un souffle ? Est-ce de la propagande d'accuser les sionistes de colonisateurs, eux pour qui le Messie est d'ailleurs le peuple élu entier ? Faut-il forcément choisir un peuple-camp ou les “élus” peuvent-ils être épars au milieu de toute nation, religion (ou absence), couleur, genre ?

    Il est dit en lettres de feu (Ézéchiel) qu'à la fin le cœur de pierre serait remplacé par un cœur de chair, qu'enfants et vieillards prophétiseraient, que chaque adhérent donc serait un livre ouvert actualisé (pour la connaissance du bien et du mal), soit une véritable revivification de la Parole en souffle et vérité, que l'on ait ou pas étudié.

    L'auteur aime à rappeler en leitmotiv une phrase de David Wilkerson (dans “la vision”) ; “Dieu tient tout sous son contrôle” et prône la patience et la persévérance dans les épreuves par la foi et la remémoration de la Parole, puisque in fine la Lumière sera. Encore s'agit-il de distinguer entre toute parole sacrée, celle datée historiquement et celle valable de toute éternité, grâce du souffle saint accessible et commun à toute l'humanité.

     

    Rester chrétien dans le temps de l'antichrist, c'est garder la Parole et savoir que si nous le faisons, nous serons gardés par Dieu. Dieu seul peut nous tenir debout.” (p.202)

     

  • Belles âmes

    old soul,nancy guibert,editions courtes et longues,2021,ferus,loups,canada,richard wagamese,bernard assiwini,elisabeth stewart,jean-françois chabas«Emâ, aucun ours brun n’est assez effrayant pour nous empêcher de défendre ceux qu’on aime. Je lis dans vos yeux que vous aussi, vous en avez un jour affronté un. Et que vous l’avez vaincu ».

    Réserve naturelle, forêt sauvage, meute de loups, grands espaces...Vous voici en Mauricie au Canada. C’est dans ce décor à la fois idyllique et effrayant que se déroule l’histoire. Celle de quatre personnes qui ne se connaissent pas mais ont toutes un point commun. Elles se sentent seules, incomprises, sont confrontées à une vie semée d’embûches et tentent tant bien que mal de réparer leurs cicatrices. Le nouveau roman de Nancy Guilbert, Old Soul aux Éditions Courtes et Longues a sa part d’ombres mais il est parcouru d’actes lumineux. Certains personnages font sciemment le mal et d’autres apportent foi en l’humanité. Quelques scènes sont terribles et les suivantes valent la peine d’être partagées, amplifiées. Les loups, magnifiquement décrits, paraissent dangereux et pourtant si solidaires envers ceux qui les protègent.

    « Après deux heures d’une course effrénée, je finis par m’effondrer au pied d’une souche d’arbre mort, en larmes. Je hurle ma colère et ma frustration, mes cris se perdent dans le fracas de l’écume qui frappe la roche de la rivière du loup ».

    Brindille, Will, Emâ et Mahikan, sont impressionnants de courage et offrent des ailes aux lecteurs. Ils donneraient presque envie de les rencontrer dans la vraie vie. Une petite fille lectrice compulsive, un infirmier au cœur débordant, une amoureuse des loups et un ado épris de liberté du peuple des Atikamekw (Premières Nations) . Chacun est si fort et fragile à la fois tout en inspirant le respect. Les bouffées d’angoisse qui montent à la gorge sont immédiatement remplacées par de l’oxygène pur et frais venu des forêts épaisses et froides du Québec. Le mal y est englouti sous des élans poétiques, des brassées d’amour et des dessins d’oiseaux libres. Les chants, distillés tout au long du roman, comblent les peines en rassemblant les humains et bêtes par delà les océans et les années.

    « Pete n’a rien dit, quand tu es enfin rentré chez vous avec une haleine de chacal et déguisé en homme des cavernes ? On s’est rencontré après et je ne le lui ai jamais avoué. On éclate de rire ».

    La liberté, la non-violence, la solidarité humaine et animale, le respect, la place des Premières Nations, la nature, la famille, le silence et la paix nourrissent la trame de ce roman qui porte si bien son nom. L’âme des lecteurs en sort enriche et apaisée. En refermant le livre, on a juste envie de dévorer les autres histoires de la romancière Nancy Guibert.

    Matikan, « le loup » du peuple des Atikamekw rappelle d’autres héros qui, comme lui, ont du mal à trouver leur place dans un monde d’ « hommes blancs» qui traite les habitants des premières Nations avec mépris (pour ne pas dire pire). L’histoire de Saul, de la nation Ojibwé, qui doit renoncer à ses traditions, dans Jeu blanc de Richard Wagamese, fait écho à celle de Matikan. L’auteur est lui-même ojibwé.

    Un jeune indien est accusé de meurtre dans Justice pour Louie Sam. Elisabeth Stewart s’est inspirée d’une histoire vraie pour écrire ce livre éclairant sur le statut des peuples premiers. Les rêves rouges de Jean-François Chabas se penche sur les légendes et croyances autochtones et nous raconte la vie de Lachlan et Daffodil près du lac Okanagan, toujours au Canada. Ici aussi la nature est essentielle et fait partie de l’histoire. Enfin Bernard Assiniwi (de la nation des Cris) retrace la naissance et la fin tragique des Béothuks, peuple disparu de Terre-Neuve dans la La saga des Béothuks.

    Image: Éditions courtes et longues

  • La magie d'une conscience en éveil

     

    "Nous allons passer d'une phase tournée vers l'ego à une phase vraiment transpersonnelle. Une telle conscience sera la conscience de l'empathie pour l'ensemble du vivant et de la biosphère, une plus grande solidarité, une sensibilité artistique, spirituelle et esthétique plus importante. Les sociétés seront bouleversées dans leur fonctionnement même." (p.41)

    merlin.jpgLes éditions Véga-Trédaniel sortent "
    Merlin-La magie de la conscience", un livre au contenu et à l'architecture originaux, ludico-pratique. A la fois dense et léger dans ses thématiques (son, eau, conscience, temps, Univers) profond mais fugace dans ses explorations, l'ouvrage de Philippe Rosset allie théorie et pratique, accompagné d'un cd de 7 méditations sur des symboles arthuriens.
    Merlin, dont la légende est résumée, trône comme archétype d'un nouveau modèle de perception d'une réalité modifiée et réenchantée. Il est l'homme sans âge, connecté et magicien de la conscience.
    La lecture est comme un voyage dans les pas de
    C.G Jung (notions de mercure alchimique ou de fripon divin, évocation du processus d'individuation) et en hommage à Emma Jung sa femme qui se passionna pour "la légende du Graal" toute sa vie.

    On surfe également en imagination sur cette terre mythique (pays Galles, Angleterre), tout en flirtant avec de nouveaux courants de pensée (Romuald Leterrier qui fait la préface, Philippe Guillemant, pour les français...) qui redéfinissent la notion de conscience en accord avec les théories des physiciens quantiques.
    Ces auteurs, comme d'ailleurs
    Philippe Rosset, sont sans doute les véritables continuateurs de l'esprit jungien, à la fois touche à tout et précurseurs d'un nouveau paradigme de la conscience dont la source est non locale et hors temps. La notion de vide quantique (tout n'est qu’énergie et informations) côtoie les expériences de rétrocausalité (un futur qui envoie des synchronicités dans le présent) ; les visions chamaniques en états de conscience modifiés dressent une nouvelle nomenclature des multivers ou de la relativité du temps (importance également des pensées sur le métabolisme composé essentiellement d'eau) ; l'astrologie rejoint comme science le parcours ou destin personnel inscrit de façon codée dans la plénitude d'un Soi unifié...Autant de pierres à l'édifice d'un monde nouveau dont l'essence est lumière.
    Le cap et la ligne directrice de l'ensemble se veut résolument optimiste. L'idée globale est une orientation vers un futur désirable, une apocalypse joyeuse (au sens originel de révélation ou dévoilement du Réel) où l'on renoue avec l'émerveillement et la magie, un monde du tout possible guidé par la joie et l'Amour.
    Les sept méditations sonores associant la nature (lieux, plantes, minéraux, sources), la création de conscience et la magie de la régénération (images, énergie, pensées) constituent le cœur et la mise en pratique des thèses du livre.
    L’émerveillé
    Philippe Rosset s'immisce dans l'interstice, la fêlure de l'espace-temps, la bulle d'éternité d'où Merlin l'enchanteur déploie ses ailes et appelle ses disciples : "Merlin est à l'image même de l'univers décrit dans les hypothèses actuelles : il est l'éternel mouvant, l'absolu savoir encyclopédique du monde, l'ensemble de toutes les incarnations, la mémoire du passé et du futur de l'Univers". (p.90)
    Un livre pour et à méditer donc.

     

  • La jonction judéo-chrétienne

    Souvent, la meilleure preuve d'une théorie reste son pouvoir explicatif et quand dans la recherche académique, on arrive à proposer une théorie unique qui soudainement unit et rend compte d'un ensemble de données autrement sans relations apparentes entre elles et inexplicables, c'est souvent un indice selon lequel on a rejoint la vérité”. (p.173)

     

    John Bergsma,Jésus et les manuscrits de la mer Morte-révélations sur les origines juives du christianisme,Bayard éditions,Qumrân,esséniens,Jean-Baptiste,Maïtre de Justice,étude biblique,Avril 2021Il existe des liens évidents entre “Jésus et les manuscrits de la mer morte” découverts au siècle dernier. Les écrits de Qumrân appartenaient aux esséniens, une secte juive contemporaine de Jésus, qui prônait une vie communautaire pieuse et sainte. Radicaux dans leurs rites proches des textes de l'ancien testament, ils attendaient la venue de deux messies (sacerdotal et royal) pour une fin des temps imminente, sous la direction du Maître de justice ( qui faisait office de grand prêtre).

    Le bibliste et spécialiste de ces manuscrits, John Bergsman a scruté pour ce livre paru chez Bayard éditions, quelques détails du nouveau testament qui ne sauraient s'expliquer sans l'influence essénienne.

    Bain rituel, baptême, eucharistie, effusion de l'Esprit-saint...autant de rites communs avec le christianisme naissant, issus du judaïsme ancien. L'organisation même de l'église des premiers temps ou les pouvoirs sacerdotaux des apôtres sont calqués sur des habitus déjà existants.

    L'auteur avance l'hypothèse de l'éducation essénienne de Jean-Baptiste et l'appartenance à la secte du rédacteur de l'évangile de Jean pour mieux saisir certaines subtilités ou incohérences des évangiles (le jeune homme nu vêtu de lin au jardin des oliviers, le déroulement de la cène dans un quartier et selon le calendrier essénien...).

    Farouchement opposé aux saducéens ou pharisiens, Jésus aurait pu compter sur l'assistance des esséniens pour accomplir sa mission mais la construction de son royaume tout intérieur lui est propre comme la taille des pierres brutes de l'édifice ecclésial que sont les cœurs circoncis de ses disciples.

    Singulier également le message du Christ qui unifie les fonctions de prêtre et de roi, dont la nature lui sera reconnue comme divino-humaine et qui s'inscrit comme le Rédempteur de l'humanité pécheresse, alpha et oméga de la Création.

    Le livre est plaisant avec de courts chapitres thématiques et des résumés synthétiques. L'auteur passe en revue la recherche et les chercheurs récents sur les manuscrits de la mer morte et convoque les auteurs de théologie influents du point de vue américain. Il réfute également certains poncifs (l'authenticité de la lettre de Paul aux éphésiens notamment) et éclaire d'un angle neuf l'origine juive de certaines pratiques du christianisme (la symbolique du mariage ou le célibat des prêtres, une mythologie commune ténèbres vs lumière...).

    L'ouvrage insiste plus sur les rites alors que la matière des manuscrits de Qumrân est plus large. Leur philosophie est aussi et surtout d'inspiration prophétique et à forte teneur eschatologique (Melchisédech est attendu à la fin des temps). La figure et l'identité du Maître de Justice sont par ailleurs juste évoqués et des parallèles avec Jésus (inspiration, rôle et légitimité, discernement prophétique...) auraient pu être menés...peut-être le sujet d'un prochain essai ?...

     

  • Une lecture chrétienne d'Ezéchiel

    Une fois l'Esprit venu, il ne manque plus rien à la vie bienheureuse...Pour la plus grande partie, ils ont quitté la terre et les choses terrestres, et ils se tournent désormais vers le ciel et vers la vie qu'on y mène, car le Sauveur les a rendus tels pour sa part à Lui”. (p.81)

    Ezéchiel, prophète de l'Incarnation,Nicolas cabasilas,Marie-Hélène Congourdeau,Les Pères dans la foi,Migne,Editions du Cerf,Avril 2021Ézéchiel, prophète de l'Incarnation” est un travail de recension et de synthèse de trois exégèses d'un théologien byzantin du 14ème siècle, Nicolas Cabasilas, sur des versets attribués à Ézéchiel et effectué par Marie-Hélène Congourdeau (docteur en histoire et chercheur au CNRS en histoire byzantine) aux éditions du Cerf, dans la collection “les Pères dans la foi” qu'elle dirige.

    Les trois textes sont distants dans le temps et montrent bien l'affinage de la réflexion chrétienne (fond et forme) de son auteur (d’exégèse à catéchèse pour le dernier commentaire) ainsi que l'évolution de sa foi. Avec les années, l'Incarnation prend poids et cause dans le cœur et l'esprit de Nicolas Cabasilas, et il devient lui-même observateur participant en tant qu'homme nouveau, rené en Christ, la distanciation s'estompe.

    Le travail minutieux de madame Congourdeau donne à lire les textes dans leur version de l'époque avant d'aborder leur explicitation. Son introduction et guide thématique de lecture sur ces trois fragments (elle est aussi responsable de la traduction et des annotations) sont une invite à découvrir l’œuvre majeure de Nicolas Cabasilas, “La vie en Christ”, en 4 volumes. Intérêt et curiosité naissent pour cet auteur méconnu.

    Moins connu également qu'Isaïe, le choix et l'originalité de l'étude : le grand prophète Ézéchiel. Si le premier convoque le “serviteur souffrant”, on doit au second des symboles forts comme le “tétramorphe” (le char constellé d'ailes et d'yeux du premier chapitre) ou les “ossements desséchés” (chap 37,1 à 14), signes de la résurrection.

    L'interprétation de ces versets clés est ici résolument christo-centrée, reprenant la nature divino-humaine du Sauveur. Plus selon l'auteur, tout concoure à l'Incarnation et à la révélation ou parousie du Fils de l'homme, à la fois dans l'entièreté de la Bible et dans les signes extérieurs apparents. Le temps de l'Histoire sainte se confond avec l'histoire de l'humanité. In fine la matière se spiritualise puisque l'Esprit se corporalise (idée chère à Henry Corbin), afin que l'homme soit, sur le modèle du Christ.

    Selon Nicolas Cabasilas toujours, les prophètes sont parmi les élus de Dieu, christophores avant l'heure (du Jugement dernier). Ils partagent une même identité et une même communion ou communication céleste, verticale, hors espace-temps, là où le Verbe prend forme.

    A relire les textes prophétiques, insufflés, il s'avère difficile malgré les lectures historico-critiques, de démêler le temps de la prophétie et leur adresse. L'inspiration d'un verset peut en effet être à la fois temporelle et universelle car toute symbolique : révélation passée qui parle d'un futur par une vision dans l'éternité de la Présence...

    Néanmoins et pour résumer, ce petit opuscule est riche de promesses et vérifie l'adage selon lequel le salut de l'âme (religieuse par nature) et l'éveil de la conscience passent notamment par le déchiffrement de l’Écriture et la perception aigüe de ses images ou symboles prophétiques. (analogies, associations et méditation).

     

  • L'esprit du Tibet animé

     

    Invincibles-900x1278.jpgLe bouddhisme tibétain vise la conversion des cœurs plutôt que le ressentiment ad nauseam. La compassion et le pardon sont les maîtres-mots de ce manga à destination de la jeune génération, la dernière selon le Dalaï-Lama à pouvoir sauver notre planète de son extinction, par la force de l'esprit et avec des actes qui partent du cœur. Le titre "Les invincibles" qualifient leur grandeur d'âme (endurance, empathie...)
    Depuis l'ingérance (ou colonisation) de la Chine sur le Tibet en 1959 (1/6ème de la population décimée) beaucoup ont fui en Inde dans l'espoir un jour de retrouver leur patrie et son chef spirituel. Ce dernier, s'il prie pour ses persécuteurs, s'est fait moine errant pour défendre la cause, en édifiant un Potala intérieur, en souvenir du palais de Lhassa, demeure des lamas.
    De tout cela il est question dans cette BD écrite par Sofia Stril-Rever qui se met en scène dans une histoire inspirée de faits réels. Elle commence par la rééducation physique et mentale de Maya, qui vient de perdre une jambe dans un attentat terroriste. L'héroïne va ainsi découvrir et s'intéresser à la tragédie tibétaine à travers la méditation. Cela la conduira jusqu'en Inde et au delà vers une renaissance et une aventure humaine à déplacer les montagnes. L'histoire touche même au merveilleux (les pouvoirs secrets) et à l'invisible (la prescience du massothérapeute Bernard Dubreuil) par le biais ingénieux et intelligent de cette anime-action dessinée en(tre) ombre et lumière par la mangaka Kan Takahama (merveilleuse auteure de La lanterne de Nyx et Le dernier envol du papillon, à découvrir). Il y a une certaine fraîcheur à voir le dalaï-lama et son histoire, ainsi croqués, à destination d'un lectorat plus jeune ( de 14 à 90 ans...), à l'initiative de Massot éditions.
    On mesure également à la lecture de ce roman graphique, l'importance de l'alliance franco-tibétaine, pays proches en philosophie spirituelle et conception des droits de l'homme. Une forte mobilisation sur les réseaux sociaux a permis de faire connaître et avancer la cause tibétaine, un exemple de dépassement de soi en vue d'un meilleur vivre ensemble.

     

  • En quête de la voie des maîtres

    L’œuvre de Gurdjieff brille dans le monde contemporain non seulement comme expression magistrale de la voie des maîtres dans la diversité de ses concepts philosophiques et l'efficience de ses méthodes pédagogiques, mais aussi comme réactualisation de la philosophie des cultures majeures de l'Antiquité occidentale”. (p.324).

     

    Contempler c'est comprendre intelligiblement, rationnellement une vérité ou essence dicible des phénomènes cosmiques composant la réalité”. (p.141)

     

    Patrick Négrier,Gurdjieff et la voie des maîtres,La Pierre Philosophale éditions,Jeanne de Salzmann,Ashyata Sheyimash,Castaneda,Voir,Récits de Bélzébuth à son petit fils,Janvier 2021Patrick Négrier publie un nouvel opus sur “Gurdjieff et la voie des maîtres” aux éditions la Pierre Philosophale, dessinant avec ses trois précédents ouvrages, une quaternité sur le sujet.

    Les deux principaux écrits du Maître caucasien dont l'immense et populaire “Récits de Bélzébuth à son petit fils” sont prétexte dans cet essai-bibliothèque à évoquer la tradition originelle ou voie des maîtres par opposition à celle des rites, dont les ramifications sont proche-orientales, Judéo-chrétiennes ou encore grecques anciennes (Platon, Socrate, Pythagore...). L'auteur insiste notamment sur l'aspect philosophique de l'enseignement et décortique bon nombre de termes ou d'idées codées du livre fleuve, se faisant ainsi “herméneute moderne de mythes anciens”.

    La bibliographie inclut tout ce qui touche de près ou de loin à Gurdjieff que Patrick Négrier découvrit vers l'âge de 20 ans. Même s'il n'a jamais fréquenté les groupes, on mesure à quel point il a approfondi ses connaissances personnelles en suivant les signes laissés dans les "Récits de Bélzébuth", tel un élève assidu et érudit mais de façon autodidacte. Il obtint également des informations de première main avec deux de ses élèves directs, Solange Claustres et Paul Beckman.

    De nouveau on accède à une somme de dévoilements plus particulièrement sur les différents types d'idiots auxquels on portait des toasts dans les groupes Gurdjieff, et sur la figure toute pythagoricienne d'Ashyata Sheyimash qui comprit parmi les premiers, l'horreur de la situation propre aux êtres humains à travers le temps : leur processus de destruction mutuelle.

    Fort de son autorité en la matière Patrick Négrier avance cependant quelques conclusions personnelles inappropriées.

    Il remet en question la fiabilité de l'enseignement du bras droit de Gurdjieff, Jeanne de Salzmann, en sa tournure mystico-évasive (en concentrant son attention sur le mystère, l'incontournable, l'insondable, elle fait l'apologie de la nescience), lui reprochant sa posture méditative silencieuse, prélude nécessaire à toute irruption d'une raison objective (le Verbe à notre sens). L'auteur, philosophe de formation mais pourtant adepte de l'enseignement de Castaneda ne fait pas le rapprochement avec l'exercice de “stopper le monde” qui donne un coup d'arrêt au mental et à la raison reine pour laisser advenir le langage du rêve ô combien symbolique et irrationnel. D'autre part le Christ n'est-il pas né d'une vierge, soit ésotériquement parlant le Verbe ne provient-il pas d'un silence mental dans une pureté loin de l'abstraction ? Une des thèses de l'auteur est de voir en Gurdjieff un "philosophe rationaliste" eu égard à ses Maîtres théoriques (Frédéric Lenoir perçoit aussi un “Christ philosophe”...) mais à lire les deux volumes parus récemment sur les groupes de paris (comptes rendus brutes de son enseignement aux cotés de Jeanne de Salzmann) il est dépeint comme très pragmatique, concret et cru dans ses explications avec une analyse plutôt scientifique et empathique des attitudes étriques de ses élèves.

    Par ailleurs existe t-il une seule façon de comprendre les récits et l'enseignement de Gurdjieff (faut-il chercher à tout comprendre d'ailleurs) ? Pourquoi s'adresserait-il plutôt à des raisons qu'à des intuitions ou des ressentis ? Voulait-il attirer à lui un seul type de personne par un seul canal de communication ? Tous ceux qui ont découvert les Récits intégralement ont forcément été touchés mais pour un résultat peut-être différent d'autrui. L'un s'est dirigé vers les arts martiaux, l'autre à entrepris la lecture interprétative du Coran, un troisième s'est mis à peindre des paysages galactiques, qui sait ? Pourvu que l'acte (Travailler au perfectionnement intellectuel et moral de soi) concourt à l'avènement du Royaume des Cieux, du Bien à venir donc...C'est le propre d'un Maître d'appartenir à l'univers (et non à une classe ou caste) comme la Source de connaissance à laquelle il est censé s'abreuver. L'unité qui relie toutes choses est moins une perception intellectuelle qu'une aperception globale, fruit d'un discernement étrique (christique pour le Chrétien véritable), d'une vision, d'une clarté de l'essence.