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Histoire - Page 20

  • La part du Lyon

    De part son statut spécial et ses immenses possibilités de réalisation spirituelle qui lui sont données à la naissance, l'homme a en quelques sorte le "devoir" d'accomplir en cette vie le Grand Œuvre alchimique, c'est à dire de forger son corps de lumière”.(p.161)


    lyon-et-la-fin-des-temps.pngAvec Lyon et la fin des temps, paru au Mercure Dauphinois, Daniel Robin nous invite à un voyage à travers le temps, l'histoire sainte, l'art et la littérature occulte.
    La ville de Lyon serait en effet marquée d'un sceau divin pour jouer un rôle eschatologique de premier plan en tant que porte ou pont célestiel, à l'image de l'arche d'alliance, disparue en 586 av J.C après la destruction du premier temple de Salomon par l'occupant babylonien.
    L'arche était en effet, d'après l'auteur, une "sorte de machine qui permettait d'établir une communication directe avec la transcendance", le Dieu des Hébreux YHWH s'entend. Or outre le fait que celle-ci aurait pu transiter par Lyon, dans les sous-sols de la ville, une construction antique (4e siècle après J.C), les "arêtes de poisson", ressemble à une antenne-râteau TV souterraine, sans qu'on sache encore son but, si ce n'est que son mimétisme est frappant avec des plans de l'ancien temple de Jérusalem.
    Par ailleurs la cathédrale de Fourvière, haut lieu tellurique, regorge d'allusions angéliques, de l'archange Michel aux tétramorphes, en passant par la symbolique du 8, chiffre entre autre de la résurrection...
    Dans ses confréries et rites initiatiques la ville a enfin toujours été vivifiée par la lignée johannite, qui est "une filiation par l'Esprit qui transmet l'héritage spirituel du christianisme des origines" (p.49), avec Saint Polycarpe (disciple de Jean l'évangéliste, l'aimé de Jésus), Pothin ou Saint Irénée (les deux premiers évêques de Lyon), puis au 13ème siècle les templiers et plus tard la franc-maçonnerie.
    Pour résumer Lyon serait un terreau propice à l'avènement d'êtres éclairés pour accomplir la volonté du Christ jusqu'à son second avènement : histoire, architecture, énergies, situation géographique...tout concoure à favoriser (en certains) un processus alchimique de divinisation, en spiritualisant la matière.
    Le livre pourtant est moins un enseignement spirituel (comment ?) qu'un traité concis de connaissances en vue d'édifier la conscience. Il constitue un complément et ultime chapitre aux chroniques ésotériques de Lyon, série de documentaires en ligne.
    Daniel Robin livre et révèle quelques clés ésotériques réservées jusqu'alors à des initiés. On comprend mieux dès lors les arcanes de la capitale des Gaules, son attirance occulte a travers siècles, sa branche spirite aussi mais l'auteur ne mentionne pas le rayonnement en plein jour de Maître Philippe, le célèbre (un des derniers) thaumaturge chrétien, en tant que signe fort d'un destin honorifique et prestigieux pour la ville lumière.

     

  • Le miroir intérieur

    Ce juif maudit qui, au cours de toutes les épreuves qu'il est censé traverser, passe par la colère silencieuse, l'intolérance contenue, l'impatience invisible, la violence muette, le zèle maîtrisé, le tout dans une absolue solitude, abyssale, vertigineuse, infinie...le juif errant, l'homme sans Dieu, est alors le parfait reflet d'Elie, l'homme de Dieu.”(p.188)



    La-Fabuleuse-Histoire-du-juif-errant.jpg"La fabuleuse histoire du juif errant" de Pierre-Henry Salfati*, paru chez Albin Michel, évoque le retournement symbolique à travers arts et lettres, dont il fut le bénéficiaire. Maudit par le Christ (selon une légende sortie d'un monastère bénédictin au 13eme siècle) pour l'avoir éconduit, il sera condamné par ce dernier à un châtiment éternel jusqu'au jugement dernier et à la parousie : errer et expier sans trouver le repos.
    Quelques siècles plus tard il devient un héros populaire pour sa ténacité (il ne s'est jamais converti), sa sagesse millénaire (il a tout vu, tout vécu), son courage ou son idéal de justice sociale (il défend la veuve et l'opprimé), aidé en cela par la presse à grande diffusion ( Edgard Quinet, Dumas) ou la littérature (Eugène Sue, Benjamin de Tudèle, Cervantès,...) avec des auteurs le rehaussant et le réhabilitant.
    Religieusement parlant, il fera le grand écart entre Judas ou Caïn pour leur malédiction et Élie pour sa vie de solitude et d'isolement. Il devient même avec le temps, l'archétype de l'existence, pour tout à chacun, en quête du sens de la vie, puisque le Messie, sa rédemption, est toujours à attendre et qu'Auschwitz est passé par là.
    L'auteur sonde les écrits donc l'histoire et aussi la géographie pour démontrer que cette figure est aussi parfois fantasmée,  certaines diasporas sont en effet  sédentarisées depuis longtemps. Il n'empêche, comme le mat du tarot (ou le fou), au-delà des chapelles, il est un référent, une image d'Épinal, un héraut involontaire de l'humanité, un témoin immortel du mystère du monde et du temps qui passe. Le cinéma moderne a incorporé un peu de son âme dans ses super-héros (superman, Highlander, les éternels ...), pressentant un destin hors du commun pour ce paria qu'on imagine mal renié par le Christ (dont le Dieu-Père est amour) sans arrière-plan...
    Sa judéité pose aussi question et réflexion dans l'ouvrage comme l'éternel dilemme d'un peuple qui méconnu Jésus comme le messie et n'attendit plus ce dernier (les orthodoxes sauf) pour se regrouper sur leur terre promise.
    Et Dieu dans tout cela, qui tarde à venir ? Peut être le juif errant,  depuis tous ces siècles en solitaire a t'il trouvé en lui le Témoin et Compagnon d'infortune de ses pérégrinations ? un bien d'un mal in fine, une metanoïa, à défaut d'une conversion. Ce serait son secret le mieux gardé ! 

    *A noter qu'un documentaire éponyme réalisé par l'auteur sera prochainement diffusé sur Arte TV.

     

  • Le Royaume, oeuvre subconsciente

    le royaume.jpg

    Nouvelle création scientifico-spirituelle de Maud Lefebvre, écrite a trois mains, pour des plans séquences futuristes (avec néanmoins une bande son d'aujourd'hui) mettant en scène un(e) jeune ado et un adulte dans un vaisseau proche d'un trou noir, prélude à une fin des temps lointaine mais pourtant proche.
    Les références cinématographiques sont à nouveau présentes, notamment "2001 l'odyssée de l'espace", pour ses créations visuelles, la voix de l'Intelligence artificielle ou la jeune créature potentiellement à l'origine  de l'Univers.
    L'écriture va très loin, aux confins du temps et à un croisement pluridisciplinaire total, philosophico-mystique, quantico-sciencefictionnel, historico-cosmogonique !
    Tout comprendre est une option, ressentir intuitivement l'esprit de la pièce une évidence, au risque de se laisser happer parfois par une certaine abstraction.
    Puisant dans le répertoire de ses pairs, la metteuse en scène propose une œuvre originale sur la cause originelle, en y mêlant les capacités inexplorées de l'esprit, de quoi susciter de vives discussions à la sortie...

    Petite explication de texte (10 min) avec les trois protagonistes clés : Maud Lefebvre, Agnès d'Halluin et Arthur Fourcade (qui joue aussi l'adulte) :


    podcast

  • La charge du califat

    Le triomphe qui s'incarne dans l'entrée symbolique à Jérusalem a été porteur de malheur : la peste et la famine. L'image idyllique du calife juste, à la conduite exemplaire, cache une face sombre et malsaine, incarnée par la présence au cœur de son régime d'un individu machiavélique comme Mughîra, que Umar ménage à son tour par machiavélisme. Derrière le calife droit et rigoureux qui veut tout administrer d'une manière rationnelle et impartiale, on découvre un souverain capricieux qui prend des décisions dictées par ses sentiments, comme lors du limogeage de Khâlid Ibn al-Walîd, et qui ne manquent pas de faire de nombreux mécontents...”. (p.185)

     

    meurtre mosquée.jpg"Meurtre à la mosquée" est le troisième et dernier tome des "Califes maudits" publié chez Albin Michel, à l'initiative de l'islamologue Héla Ouardi.
    En croisant les sources traditionnelles, en relevant les incohérences, en grossissant les détails (on aurait aimé qu'elle étudie le cas Judas en chrétienté!), la chercheuse historico-critique déterre un véritable sarcophage nimbé de gloriole et de représentation pieuse ou morale, en la personne du second calife Umar, pour mieux l'humaniser : "Notre but n'est ni de juger Umar, ni de le glorifier, pas plus que de le dénigrer, mais de révéler l'homme qu'il a été. Ce qu'il perd en légende, il le gagne en humanité" (p.22).
    Chemin faisant c'est une véritable cabale clanique qui se découvre à l'origine de son assassinat (entre Hashémites et Ummayades du même clan Quraysh avec Abd Lanâf comme aïeul commun), ce qui dessert fortement l'Islam et sa pureté originelle entachée en son image vertueuse.
    Devenu religion d’État, le christianisme a pâti des mêmes reproches et l'esprit de la prophétie, messianique dans sa révélation (redistribution des rôles et des rangs notamment), perdure rarement au-delà d'un siècle ou deux sans subir de sérieuses déviations ou déconvenues.
    Pour en revenir au livre, clair, à la démonstration implacable et qui se lit comme un bon roman noir, en filigrane se pose la question de la charge sacrée et du dépôt confié aux représentants d'une religion quand il s'agit de livres inspirés ou ici révélé.
    Sur quels critères élire un successeur ? Comment supporter la pression intérieure (santé mentale) et extérieure (jalousie, violence, haine...) inhérente à un tel poids ? Comment respecter au mieux le texte sacré entre la lettre et l'esprit ? Quelle est la part de Dieu et de l'homme dans l'exercice de l'autorité ?
    Chez les tribus arabes comme pour les musulmans, les liens du sang prévalent sur ceux de l'esprit et l'on voit que la tradition possède des racines anté-islamiques plus ancrées que la foi dans les coeurs. Pour l'auteure en effet, l'éviction de Umar au profit futur de Uthman puis Ali signe le retour à un pouvoir de caste et de clan que le Coran et donc la parole sacrée, voulait abolir.
    Pour autant à l'origine du calendrier hégirien ; de prodigieuses conquêtes en Syrie, Égypte et Irak et de trois lieux de cultes Médine, la Mecque et Jérusalem ; Umar Ibn al-Khattab meurt assassiné le 3 Novembre 644 après 10 ans de règne.
    Son élection et califat furent-ils légitimes à l’œil de sa fin ? Ou fut-il un des derniers bastions de l'esprit muhammadien ?
    C'est toutes ces questions qu'aborde l'enquête de Héla Ouardi avec un rebondissement final inattendu et qui vient clore la série des "califes maudits", maudits à l'origine par une femme, Fatima (fille de Mohammad et épouse de Ali), spoliée de son héritage à la mort du prophète et qui remettait en cause la légitimité sacrée du pouvoir successoral.



    Coran 2,30 : Quand ton Rabb a dit aux Messagers: «Me voici, je mettrai sur terre un calife», ils ont dit: «Y mettras-tu quelqu’un pour la corrompre et y répandre le sang, quand nous, consacrés à Toi, nous glorifions ta désirance?».
    Il dit: «Me voici, je sais ce que vous ne savez pas.» (Chouraqui)

     

  • La hiero-histoire de France

    Coran 16,2 : "Lui qui fait descendre des anges avec l'Esprit, de Sa sphère sur celui qu'Il veut parmi Ses adorateurs : "Donnez l'alarme : il n'est de Dieu que Moi ; prémunissez-vous donc envers Moi !"" (Trad. J. Berque)

     

    "Oui, tout est consommé de la vie antérieure, de mes combats politiques, de mes œuvres polémiques. Reste ceci : comme j'étais agenouillé auprès du Saint, la tête dans ses draps, il posa sa main sur mon crâne. Une vive et délicieuse brûlure  s'empara de moi tandis qu'une voix très douce descendit dans mon être : "le plus court chemin vers le divin est l'humain." (p.286)

     

    l'ile d'or.jpgRoman testament que l'Île d'or de Henry Bonnier (21.02.1932/14.04.2021) paru chez Erick Bonnier éditions.
    Note finale pleine de foi et d'espérance, après son autobiographie "nuits de lumière" (2018), une vie sociale richement menée (écrivain, critique, directeur de maisons d'éditions), une vie intérieure sous le signe de l'ouverture et de la vision pacifiée. Ami d'André Chouraqui ("un prophète parmi nous"), initié à l'Amour par Catherine Delorme, seule européenne portant le titre honorifique soufi de "connaissant(e) par Dieu", amoureux du Maroc et de la France, de leurs cultures et civilisations, il voyait à l'instar d'un Louis Massignon, le Christ Jésus comme le rédempteur de l'humanité et sa parousie proche.

    Dans ce roman, son personnage phare Louis Chaumeil, chancelier de l'Institut de France et proche du Président Macron va subir en quelque sorte une métanoïa tardive, fraîchement décoré de la grande-croix de l'ordre de la légion d'honneur, en se rendant en des contrées marocaines sur l'île d'or, une ziggourat entourée de verdure, pour suivre un séminaire à l'initiative d'une confrérie soufie.
    Les rencontres (Le docteur Soulier, Sidi Achraf, Nour, frère Damien, le Saint) , la teneur et le niveau des conférences (l'ADN cosmique, le rapprochement de la science et de la Religion révélée...) lui ouvriront l'âme à une dimension spirituelle de l'Histoire qui mettra à mort en lui le "vieil homme" éduqué dans l'esprit des lumières et fervent défenseur agnostique de la laïcité française, soit le système actuellement dominant.
    Mélange de fiction et de réalité (l'île d'or n'existe que dans l'imaginal comme l'Atlantide d'ailleurs), cette fable n'est que prétexte convenu pour espérer toucher quelques consciences influentes et provoquer un effet boule de neige en se souvenant du rôle primordial de la France sur l'échiquier des temps derniers.
    On voyage à travers l'histoire sainte des rois de France jusqu'à la révolution, en parallèle avec le royaume de droit divin bâti et prolongé par Mahomet au Maghreb, on se remémore les visites symboliques de François d'Assise et du sultan Al-Khamil il y a 8 siècles, celle plus récente du pape François et du grand Imam d'Al-Azhar en 2019.
    Et l'on rêve d'une union des religions révélées autour de la figure de Jésus, le liant, qui passe par une réinterprétation du fameux verset 4,157 du Coran sur sa crucifixion fantôme ; un souhait d'unité également entre musulmans de tous bords et avec leurs frères juifs et chrétiens.

    Homme de concorde et de paix, non pas au-dessus des dogmes mais dans l'esprit de la révélation, Henry Bonnier nous lègue un dernier texte humaniste, empreint de cœur, de sensualité et d'envie, à l'image de l'Homme nouveau. Saisirons-nous le message à temps ?

     

  • Oeil d'ange, coeur léger

    "C'est qu'à la différence du devin, le pro-phète "parle devant", il devance, il précède. C'est un lecteur et un déchiffreur d'aujourd'hui. Il n'est pas hors du temps mais très enraciné au contraire, imprégné par la culture et la sensibilité de ses contemporains. Et c'est là son originalité. Pleinement présent à son époque, il la pénètre avec une telle intensité qu'il en fait surgir une vérité qui la dépasse et souvent la dérange". (p.15)


    9782226462329-j.jpgVa où ton cœur te mène est une livre de et sur la transmission. C'est aussi un manifeste de la prophétie d'hier à aujourd'hui, au sens d'"éveilleur de souffle".
    Gabriel Ringlet évoque en des pages d'amour sublimé, la relation particulière qu'il a noué avec son filleul Élie, notamment pendant l'épisode covid. Émerveillement, contact avec l'Enfant intérieur (le puer aeternitus des alchimistes), caractère précieux de l'instant ou encore conscience accrue des paysages et de la beauté des éléments
    Ce livre, paru chez Albin Michel est une sorte de cadeau-testament qu'il lui lègue, profitant de l'occasion pour ressusciter la figure du prophète Élie dans son contexte hiéro-historique. Il nous parle de ses miracles, de ses rencontres avec un Dieu changeant, de transmission aussi d'avec le jeune Élisée par le truchement d'un manteau magique.
    Il relate également de sa recension dans les évangiles ou le Coran et de la symbolique hébraïque de son nom.

    Au-delà du prophète c'est aussi sa fonction qu'il interroge en convoquant ses nombreux amis poètes ou écrivains contemporains (André Chouraqui, Jean Grosjean, Sylvie Germain, Christian Bobin...), le fameux souffle inspiré accessible à tous, qui définit aussi Le Dieu polymorphe de la Bible : “la voix subtile du silence, le bruit d'une brise légère...”
    Gabriel Ringlet opère également une digression sur Qohélet et Syméon, deux autres figures testamentaires en lien avec la jeunesse et le sacré (Il tint le petit Jésus blotti dans ses mains) pour mieux célébrer le miracle de la vie et de cette génération lumineuse qui ensemence le monde pour un possible renouveau. L'apex de l'histoire biblique, la naissance du Messie et l'évocation de l'ange accompagnateur sont un prétexte allégorique pour définir l'espoir qu'il porte dans ce petit être encore chétif et qu'il espère farouchement libre d'aimer pleinement en déraison en grandissant.
    Cet essai touche et fait mouche. Tout est montré sous un jour neuf, mis à niveau dans un souffle poétique et énamouré. Le Verbe porte fruits et le germe éclot renouvelé.

    Élie, un si petit nom pour un si grand destin...quand tu grandiras, ne te crois pas obligé d'habiter cette désignation prophétique et d'embarquer partout son étymologie...J'espère que tu te sentiras libre, vraiment, y compris libre de Dieu.(p.132)

     

  • Les dialogues avec l'Ange

    Coran 35,28. Il y a pareillement des couleurs différentes, parmi les hommes, les animaux et les bestiaux. Parmi Ses serviteurs, seuls les savants craignent Allah. Allah est, certes, Puissant et Pardonneur.

     

    jambet.jpgLes élus de Dieu sont de tout temps, éternels, exemples vivants d'une relation inspirée à Dieu. Une intelligence commune ou lumière de l'esprit, accompagne ces témoins de vérité pour un discernement au-delà des apparences, pouvant aller jusqu'à "la révélation de l'intériorité diversifiée des êtres humains"(p.228), ce qui constitue en soi un événement eschatologique.
    Dans "Le philosophe et son guide - Mullâ Sadrâ et la religion philosophique" paru chez Gallimard, Christian Jambet se fait à nouveau l'herméneute du philosophe shiite (1571-1641) dans sa conception élogieuse et rehaussée du savant qui vient après les prophètes et les Imams duodécimains (qui sont les preuves de Dieu selon Mohammad-Ali Amir Moezzi) mais dont l'existence est caution jusqu'à la fin des temps.
    Le savant ou philosophe (en référence au néoplatonisme hellénistique) n'a de cesse de perfectionner son intellect, la fine pointe de l'âme, en vue de percevoir le Réel (ou dévoilement de l'essence) conformément à l’œil divin. Cette illumination du "cœur spirituel" le place de facto dans la "vie dernière" ou vie véritable, évoquée dans le Coran comme étant destinée aux rapprochés de Dieu, puisqu'il s'agit d'un effacement (de progressif à définitif) de la personne au profit du Messager intérieur (l'Autre en soi, le double lumineux) qui est Présence.
    Mullâ Sadrâ fustige les tenants de la religion exotérique, essentiellement des juristes, qui ne s'intéressent qu'au monde d'ici-bas et à la perpétuation de l'ignorance, contrairement au contenu de la gnose composé de connaissances théologiques, psychologiques ou eschatologiques, qui sont la base d'un juste discernement. Les fidèles de son époque, ritualistes et littéralistes sont pour lui les ennemis véritables de la religion, qu'il définit par "l'ensemble des savoirs ésotériques directement inspirés par Dieu" (p.291).

    On le perçoit, l'Islam politique et conquérant récent a tout d'une hérésie aux yeux du philosophe platonicien, pour qui "en sa perspective eschatologique, l'ici-bas se révèle pour ce qu'il est, le miroir inversé de l'ordre réel"(p.242)...
    Christian Jambet fait œuvre de traducteur et d'exégète (alternant le dense et l'ardu avec le limpide et les fulgurances) du philosophe dont la réflexion et les conclusions apparaissent plus que jamais contemporaines. Les savants ou exégètes spirituels de la Parole inspirée, passés ou présents constituent bien des jalons essentiels à la révélation ésotérique du message. Dans un souci d'élévation (perfectionnement moral) et de rapprochement du chœur divin, ils essentialisent la connaissance jusqu'à tendre a l'objectivité de leur science, un moyen pour tous de se repérer et progresser encore, en ces temps troubles mais passionnants.


    "Par ses alliances comme par ses effets politiques, la religion du savant eschatologique s'est transformée en une religion de ce monde , réduisant progressivement à peu de choses le pouvoir des authentiques tenants de la voie spirituelle comme celui des esprits animés de volonté messianique, tout cela par la toute puissance de l’État" (p.337).