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lyon - Page 3

  • La clé de la liberté

     Lisa Guez,Les femmes de Barbe-bleue,compagnie juste avant la compagnie,Valentine Krasnochok,Valentine Bellone,Anne Knosp,Nelly Latour,Jordane Sourdre,féminicide,sororité,prédateur,Pinkola Estes,Femmes qui courent avec les loups,Théâtre de la Croix Rousse,Lyon,Décembre 2021

    Ligne claire pour la mise en scène, entrer dans le vif du sujet : 4 femmes claudicantes, anciennes proies de Barbe-bleue, s'expriment tour à tour sur leur féminicide et s'entraident pour rejouer autrement la scène fatidique en musclant leur jeu. Dans Les femmes de Barbe-Bleue, le thème est dramatique à souhait mais allégé par les prestations drôles, inventives ou déjantées des quatre actrices principales - Jordane Sourdre, Nelly Latour, Valentine Bellone et Anne Knosp - dont les imaginaires ont formé la trame du conte théâtral.
    Il est question de désir et d'emprise quand celui-ci flirte avec le feu. Lisa Guez (metteuse en scène) et Valentine Krasnochok (la dramaturge qui joue également la femme résiliente) décortiquent la complexité de la psyché féminine, ses paradoxes face au danger et ses façons de déjouer les pièges du conditionnement patriarcal ou des auto-flagellations mentales.
    Sur une inspiration de la psychanalyste Clarissa Pinkola Estes (femmes qui courent avec les loups), le travail et le sens de la réflexion portent sur le comportement approprié, l'intuition juste à opposer à la violence. Sur un plan plus intériorisé il est discernement de la voix de la sagesse parfois confondue avec celle de la sauvage en soi, une voie de liberté totale pas si éloignée d'une source de conscience éclairée.
    Le public passe un bon moment entre phases de tension et de détente, avec cette pièce aux contours universels, peinte de symbolique rouge et bleu, sur des airs de Gainsbourg.
    Entretien avec Lisa Guez et Valentine Krasnochok à l'issue de la dernière représentation au Théâtre de la Croix-Rousse.

    podcast

    Photo: Théâtre de la Croix-Rousse

  • Fichu corps, corps magique !

     

    6-ReverieCarcasse_A5-1.jpgNotre cœur, notre diaphragme, notre estomac et tous nos organes, on sait qu'ils sont là, quelque part en nous, mais nous ne les voyons pas, nous les connaissons plus ou moins. Ils doivent souvent nous rappeler leur présence, surtout si nous avons l'habitude de préférer notre cerveau pour fonctionner/vivre. Dans Rêverie carcasse, Léa Carton de Grammont a voulu mettre à plat les rapports que chacun entretient avec son corps et sa perception. La metteuse en scène a donc imaginé l'histoire d'une femme, jouée par Alice Vannier, découvrant et redécouvrant son corps tout au long de sa vie. Avec l'aide des scénographes Lucie Auclair, Aviva Masson et la costumière Cécile Laborda, elles ont créé un décor et des accessoires où chaque élément du corps est visible, tangible et devient un personnage à part entière.

    Une manière pour le spectateur de voir enfin, ce qu'il a/est à l'intérieur. Entendons la voix (qui sort de son corps) de Léa Carton de Grammont, compagnie PTUM* au micro de Choeur (7'27) :

    podcast

     

    * Prends-toi un mur si t'es vivant

  • L'unité célébrée au Woodstower

     

    Yseult remplacée au pied levé par le prometteur Obi, invité du joyeux Gaël Faye, qui prit au corps un public enthousiasmé par la proposition artistique d'Abd Al Malik, telle fut la soirée du Mercredi 25 Août au festival Woodstower !

    Woodstower post-covid garde un charme fou, avec une jauge réduite, une seule et grande scène (au lieu de trois), et un aménagement de l'espace restauration bien pensé, convivial et aéré pour les groupes d'amis.
    La nourriture est toujours aussi éclectique, on consomme pratique et original avec une vraie réflexion écologique (jusqu'aux toilettes sèches)

    woodstower,mercredi 25 aout 2021,obi,gaêl faye,abd al malik,le jeune noir à l'épée,lundi méchant,festival,lyon,parc miribel jonageCôté scène, Obi (réfugié nigérian issu d'un squat de la Croix-Rousse) fut la révélation malgré lui (à deux reprises donc), titillant l'oreille par sa voix à réveiller les morts (Il faut dire qu'il revient de loin !) ragga-dancehall-rap et ses mélodies entêtantes,d'un public ouvert aux vibrations positives et aux phénomènes artistiques, en remplacement d'Yseult enrouée.
    Les frères
    Fayette-Mikano, Abd Al Malik et Bilal, programmeur (avec leur ami d'enfance Mattéo Falkone en featuring) ont marqué lourdement les esprits avec un show chorégraphié par 4 danseurs qui en imposent (Du burkinabé Samia Sanou), imagé et théâtralisé (L'ombre de Gérard Jouannest, pianiste de Brel et époux de J. Gréco plane sur le set), version live du livre-cd concept "Le jeune noir à l'épée". De cœur à cœur le message passe : "Peut-on dire que le monde a changé si ta couleur de peau te met encore en danger ?" (Tirailleur tiraillé). L' art et la culture ont créé ce pont entre artiste et public pour une écoute totale à laquelle le rappeur issu de Strasbourg-Neuhof fut sensible, lui l'homme blessé qui prêche désormais l'amour salvateur.woodstower,mercredi 25 aout 2021,obi,gaêl faye,abd al malik,le jeune noir à l'épée,lundi méchant,festival,lyon,parc miribel jonage
    La formule unitive longtemps cherchée semble payer et la foule parfois novice est toute réceptive à l'art poétique. "
    Nous sommes un", clamera t'il après sa performance cathartique.
    Sa voix puissante et vibrante résonne et émeut encore longtemps après...

     

    Gaël Faye arrive à point nommé pour relâcher la tension tout en étant sur la même longueur d'ondes. Cette fois c'est la fièvre de la bougeotte, de la joie, des rythmes qui t'emportent et te portent. L' artiste, enjoué et détendu, est ici en terrain conquis, sur ses terres paternelles. Une petite heure pour dérouler ses tubes de l'année écoulée : Histoire d'amour avec Samuel Kamenzi, Chalouper, Boomer avec OBI donc, Respire ou Lundi méchant sans oublier quelques pépites de son répertoire rap des débuts.
    C'est l'espoir d'un beau monde heureux et réconcilié et les mots de
    Christiane Taubira se gravent dans nos têtes : " Et vos enfants joyeux et vifs feront rondes et farandoles avec nos enfants et leurs chants et s'aimant sans y prendre garde vous puniront en vous offrant des petits-enfants chatoyants" (elle a écrit la chanson Seuls et vaincus).
    woodstower,mercredi 25 aout 2021,obi,gaêl faye,abd al malik,le jeune noir à l'épée,lundi méchant,festival,lyon,parc miribel jonageMême si le dernier album de
    Gaël Faye enregistré à New-york prend un virage plus pop et mélodique, il garde son équipe motivée (Guillaume Poncelet aux claviers-trompette  et l'exubérant Louxor aux rythmiques) à ses côtés et nous embarque dans des contrées plus colorées et romancées aux rythmes afro-carribéens.
    Le public danse, chante, en redemande. L'auteur de Petit pays est aussi venu pour rappeler que la musique est essentielle après ces temps contraints, heureux de retrouver ici, à Woodstower, un semblant fugace de liberté.

    @crédit photos :  Justine Targhetta - @iam_justeen

  • Un "dimanche" ensoleillé

    julie tenret,sicaire durieux,sandrine heyraud,dimanche,théâtre des célestins,collectif focus et chaliwaté,joachim jannin,jean-raymond brassinne,zoé tenret,bruno mortaignie,sébastien boucherit,sébastien munck,guillaume toussaint fromentin,brice cannavo,tristan galand,lyon,octobre 2020

    Tout juste auréolé de deux prix Maeterlinck de la critique pour le "meilleur spectacle" et la "meilleure création artistique et technique", Dimanche, du collectif bruxellois Focus et Chaliwaté détonne par sa créativité et son originalité.
    Les trois compères auteur/trices , metteur/euses en scène et acteur/trices (Sicaire Durieux, Julie Tenret et Sandrine Heyraud) s'en donnent à cœur joie et rivalisent d'ingéniosité physique et poétique pour évoquer par plusieurs saynètes (des documentalistes animaliers à la famille subissant les éléments chaleur et vent violent), le tragique et effrayant dérèglement climatique (les sons de Brice Cannavo sont terrifiants) contrebalancé par ce ton plutôt burlesque et comique qui confine à l'absurde.
    Les références à Chaplin ou Keaton sont assumées pour le théâtre gestuel, Philippe Genty à nos yeux, pour la presque magie, tout en incorporant d'autres disciplines artistiques : marionnettes, théâtre d'objets ou vidéo.
    Il y a cependant une vérité qui point au milieu de tout ce chaos, c'est cette possibilité pour l’être humain de créer et de jouer avec la matière-corps pour la transfigurer en quelque chose de lumineux. L'espoir est permis !

    A voir jusqu'au dimanche 25 Octobre au Théâtre des Célestins.

    Petit entretien audio (5 min) avec Julie Tenret

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  • Le réalisme de Chechako

    Affiche CHECHAKO (web).jpgLa jeune compagnie Construire un feu pratique un théâtre immersif en tentant de coller au plus proche de la réalité.

    En s'emparant d'une nouvelle de Jack London, qu'ils ont rebaptisé Chechako, ils se sont rendus sur place dans le grand nord canadien (le Yukon) pour éprouver les conditions de vie extrêmes, ressentir l'urgence du feu et apprendre à en fabriquer un. Charles Pommel à la mise en scène s'est aussi chargé de traduire au plus juste le texte et les sensations de l'épopée en français.

    Sur scène l'illusion est parfaite. Ali Lounis Wallace incarne un chechako empreint de gravité, ivre de sensations et flirtant avec la folie du survivant.

    Son ami de toujours, Marceau Beyer, l'accompagne au violoncelle et au chant. Ses touches de légèreté sont une allégorie de la petite voix interieure joyeuse ou morne.

    Le froid est palpable, l'intensité dramatique respectée et le déploiement physique concoure à un réalisme bluffant.Diff scéno-22_.jpg

    A souligner également la scénographie simple et subtile qui évoque la densité des paysages blancs polaires, de Manon Rougier et Lara Gueret, soulignés et mis en valeur par les lumières tantôt aveuglantes tantôt crépusculaires de Jéremy Ravoux.

    Beaucoup de talents dans cette compagnie limougeaude qui présente un projet complet (exposition, documentaire vidéo, projet éducatif) dont le théâtre est la raison d'être (la pierre angulaire).

    Rencontre avec les trois protagonistes aventuriers, Ali, Charles et Marceau (13min) :

    podcast

    Tous les jours jusqu'au lundi 17 Février à 14h30 et 19h30. Samedi à 16h30 - Clochards Célestes - Lyon 1er.

    @Crédit photo : Marion Boucher

  • Les ingrédients d'une réussite

    On dit que Josepha,Gwendoline Soublin,Philippe Mangenot,Simon Alopé,Laure Barida,Johan Boutin,Mathilde Saillant,Théatre de l'entre-deux,Festival en Acte(s),Pig Boy 1986-2358,ENSATT,Les Clochards Célestes,Décembre 2019,Lyon "On dit que Josepha" c'est d'abord quatre jeunes acteurs formidables issus du conservatoire de Lyon (Simon Alopé, Laure Barida, Johan Boutin et Mathilde Saillant) qui s'emparent d'un texte pour en jouer tous les personnages, entre fiction et réalité. La pièce se passe à Babylone-sur-Isette, un petit patelin où l'ennui est propice, pour ces quatre adolescents, à mettre en scène avec le rythme qui est celui de la jeunesse, une rumeur et laisser libre cours à leur imagination délirante, au jeu du "on dit que...".

    "On dit que Josepha" c'est aussi la révélation d'une jeune autrice diplômée de l'ENSATT de Lyon, au texte ciselé qui ne manque pas de souffle et dont les racines plongent dans la magie de la ruralité.

    De la même autrice, Gwendoline Soublin, "Pig Boy" du 14 au 16 Mai au Théâtre de la Renaissance à Oullins.

    "On dit que Josepha" c'est enfin une direction d'acteurs au service du jeu et de l'imaginaire, à l'inventivité folle face à un dépouillement scénographique imposé. Philippe Mangenot sait magnifier l'énergie d'une jeunesse talentueuse en l'invitant à investir tout l'espace (y compris les gradins) en côtoyant même les spectateurs. Il émane de la pièce une vitalité, une fraicheur et une chorégraphie chirurgicale des acteurs.

    Entretien avec Philippe Mangenot, le metteur en scène et directeur du théâtre de l'entre-deux (7') :


    podcast

    @Crédit photo : Théâtre des Clochards Célestes

  • La mue de Camélia Jordana

     

    "Camélia semble s’être re-trouvée sur cet album Lost en collaboration avec Laurent Bardainne sur des mélopées trip hop, soul, pop ou de chanson traditionnelle. Profondeur du chant et expérimentation sonore, racines arabes pour un disque de musique universelle, cris et lassitude d'une jeunesse stigmatisée mais déterminée, consciente et politisée. Le fruit maîtrisé d'une époque, un futur classique".

     

    On ne cachait pas notre ferveur en fin d'année 2018 pour la sortie de Lost, troisième album de la révélation du célèbre télé-crochet. Un album qui sortait après 4 années de maturation. Restait à découvrir son pendant scénique...

    Elle avait en effet déjà tout d'une grande il y a quelques années au festival Paroles et musiques de Saint Étienne, tout juste estampillée "Nouvelle star" alors qu'elle n'avait pas encore de répertoire propre. Sa voix, qu'elle n’aimait pas vraiment, avait déjà de quoi réveiller les morts.

    cameli.jpgDésormais actrice et autrice-interprète de son très culotté troisième album, elle le défend sur scène avec brio et une voix à éveiller les consciences. Entourée de quatre hommes (un batteur, un programmateur et deux parfaits choristes) elle officie telle une cheffe, finissant souvent ses chansons a cappella et en trio. A l'instar d'une Camille ou d'une Yaël Naïm, on la sent véritablement en quête de la note juste dans son combat plus général contre l'injustice.

    Innervée en profondeur, chantant souvent les yeux fermés, en français, arabe et anglais, elle donne le ton mais aussi la justesse et l'à propos. En l'écoutant, viennent parfois les larmes aux yeux tant elle touche le cœur avec sa voix.

    Coté covers, une reprise sur le pouce d'Alicia Keys (If I aint got u) et une autre de Frank Ocean dont elle est fan. Privilège également pour le public lyonnais, Camélia nous offre un nouveau titre pop, fredonné en chœur, qui sera sur le prochain album en préparation.

    Elle nous confiait également, outre sa joie d'être à Lyon devant un public conquis, le long périple pour faire exister ses chansons du disque à la scène, chansons engagées et générationnelles crachées sur un beat éléctro deep dark blues (oui, c'est une invention !) à la Portishead.

    Tantôt charmante et charmeuse, inspirante et inspirée, légère et concentrée, Camélia Jordana s'est construit un public à son image : tolérant, ouvert et profondément à l'écoute.

    Crédit photo : Fb Camélia Jordana