La jeune compagnie Construire un feu pratique un théâtre immersif en tentant de coller au plus proche de la réalité.
En s'emparant d'une nouvelle de Jack London, qu'ils ont rebaptisé Chechako, ils se sont rendus sur place dans le grand nord canadien (le Yukon) pour éprouver les conditions de vie extrêmes, ressentir l'urgence du feu et apprendre à en fabriquer un. Charles Pommel à la mise en scène s'est aussi chargé de traduire au plus juste le texte et les sensations de l'épopée en français.
Sur scène l'illusion est parfaite. Ali Lounis Wallace incarne un chechako empreint de gravité, ivre de sensations et flirtant avec la folie du survivant.
Son ami de toujours, Marceau Beyer, l'accompagne au violoncelle et au chant. Ses touches de légèreté sont une allégorie de la petite voix interieure joyeuse ou morne.
Le froid est palpable, l'intensité dramatique respectée et le déploiement physique concoure à un réalisme bluffant.
A souligner également la scénographie simple et subtile qui évoque la densité des paysages blancs polaires, de Manon Rougier et Lara Gueret, soulignés et mis en valeur par les lumières tantôt aveuglantes tantôt crépusculaires de Jéremy Ravoux.
Beaucoup de talents dans cette compagnie limougeaude qui présente un projet complet (exposition, documentaire vidéo, projet éducatif) dont le théâtre est la raison d'être (la pierre angulaire).
Rencontre avec les trois protagonistes aventuriers, Ali, Charles et Marceau (13min) :
Tous les jours jusqu'au lundi 17 Février à 14h30 et 19h30. Samedi à 16h30 - Clochards Célestes - Lyon 1er.
@Crédit photo : Marion Boucher

"On dit que Josepha" c'est d'abord quatre jeunes acteurs formidables issus du conservatoire de Lyon (Simon Alopé, Laure Barida, Johan Boutin et Mathilde Saillant) qui s'emparent d'un texte pour en jouer tous les personnages, entre fiction et réalité. La pièce se passe à Babylone-sur-Isette, un petit patelin où l'ennui est propice, pour ces quatre adolescents, à mettre en scène avec le rythme qui est celui de la jeunesse, une rumeur et laisser libre cours à leur imagination délirante, au jeu du "on dit que...".
Désormais actrice et autrice-interprète de son très culotté troisième album, elle le défend sur scène avec brio et une voix à éveiller les consciences. Entourée de quatre hommes (un batteur, un programmateur et deux parfaits choristes) elle officie telle une cheffe, finissant souvent ses chansons a cappella et en trio. A l'instar d'une Camille ou d'une Yaël Naïm, on la sent véritablement en quête de la note juste dans son combat plus général contre l'injustice.
Dans Stand up, rester debout et parler, l'air de ne pas y toucher, Alvie Bitemo, seule en scène, pointe avec fougue et talent nos pensées stéréotypées parfois héritées de blancs occidentaux dominants et colonialistes.
Le collectif féminin Canine à la chorégraphie bien rodée, le jeune vétéran du rap français Youssoupha et sa chaleureuse prestation, le duo planant Trinix, les huit membres du combo lyonnais Kumbia Boruka et son set de cumbia endiablé ainsi que les jeunes vaporeux mais talentueux Caballero et Jeanjass nous ont enjaillé jusqu'à l'heure d'Alpha Wann dont c'était la seconde venue cette année sur Lyon.
De Jeanne Added nous ne connaissions que ses deux albums, "Be sensationnal", brut et martial et "Mutate" plus sombre et intimiste.