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méditation - Page 18

  • La valse des croyances

    Les chamans, les scientifiques, les médecins et les poètes, filles et fils de l'Aigle et du Condor, collaborent et réinventent la femme et l'homme de demain dans une approche intégrative. Nous intégrerons la plénitude de notre humanité non pas en améliorant chacun nos spécialités en silos, mais en sachant établir des ponts entre les différents domaines de notre même humanité”. p.81

     

    riou.jpgLa prophétie de l'Aigle et du Condor” est un livre synthétique qui pourrait devenir le manifeste de toute une génération en quête de moyens naturels pour parvenir à un équilibre personnel.

    L'auteur, Arnaud Riou, est passé d'acteur-metteur en scène à enseignant spirituel-conférencier, en apprenant pendant 20 ans la sagesse ancestrale de maîtres indiens, tibétains et mongols. L'ouvrage n'est d'ailleurs pas avare de sentences sapientiales.

    Gravement intoxiqué à l'époque par un mode de vie stressant, il s'en est sorti en intégrant aux soins du corps, ceux de l'âme et de l'esprit.

    Guéri, il a établi des ponts entre la sagesse des peuples premiers (les enfants du Condor) et notre monde moderne (les enfants de l'Aigle), pour particuliers et entreprises.

    La prophétie repose sur un cycle de 500 ans qui alterne la prédominance de l'une des deux visions de l'être et du monde. Actuellement nous entrons dans une phase de renaissance (ère du Condor) de toutes ces connaissances intuitives présentes en l'être humain (télépathie, soins énergétiques, réincorporation de l'âme ou chamanisme, acupuncture,...) pour peu que ce dernier s'ouvre et croit à son potentiel de régénération.

    Lorsque les fils et les filles de l'Aigle cherchent une réponse, ils se tournent vers les spécialistes, les ouvrages de référence ou internet. Lorsque les fils et les filles du Condor cherchent une réponse, ils la cherchent en eux, car ils savent être l'Univers. (p.101)

    De l'infusion et de l'interaction des deux paradigmes-mondes dépendra l'avenir de la planète, à l'image de l'interpénétration juste du yin et du yang.

    L'apport depuis quelques dizaines d'années d'une science ou connaissance toute spirituelle (la médecine parallèle, les états de conscience modifiés, l'aide des esprits tutélaires, la pharmacopée végétale...) pourrait en effet amener le renouveau (nouveau souffle) d'un monde “ancien” (patriarcal, égotique, scientifique et rationnel...) où l'amour se raréfie, à l'exemple d'Arnaud Riou, qui a complétement transformé sa cartographie mentale par une révolution du cœur et de l'esprit.

    Spiritualisation de la matière dans un sens donc, mais aussi possibilité de matérialisation de l'esprit dans l'autre sens (la connaissance pragmatique de l'Aigle sert la sensibilité du Condor), dans un rapport gagnant-gagnant, une gageure possible et souhaitable dans un monde que l'on croirait parfois à feu et à sang.

    Sans basculer totalement dans un paradigme indigène, de nombreux ponts sont envisagés, en France notamment avec des auteurs qui intègrent la connaissance de l'invisible, Philippe Guillemant, Philippe Rosset, Romuald Leterrier, Ian Kounen, Brigitte Pietrzak,...et nous ouvrent à une dimension jusqu'alors inconnue de notre cerveau.

    Cette vision panthéiste du monde se heurte cependant encore à celle (éculée ?) du monothéisme occidental. L'une est trop souvent opposée à l'autre sous couvert de vieux relents colonialistes. Mais là aussi de nombreuses croyances demeurent (paternalisme, violence, souffrance...) qui mériteraient un œil neuf ou un dépoussiérage, car l'Esprit (de Dieu) est souffle...

     

    Les peuples du Sud nous transmettent un message. Nous rentrerons dans l'ère du Condor lorsque nous nous affranchirons de ce patriarcat ; lorsque les femmes auront pardonné aux hommes et lorsque les hommes n'auront plus peur des femmes. La paix reviendra lorsque nous saurons à nouveau harmoniser nos capacités de méditer, d'apprendre du silence, de revenir en nous, dans notre sagesse, d'agir dans la paix, dans le calme, dans la conscience et dans l'amour.” (p.162)

     

  • Le mystère de la tendresse

    "L'enfant a besoin d'être accompagné, soutenu dans sa curiosité naturelle, dans sa créativité, et quand ses besoins de base à la fois physiologiques et psychologiques sont suffisamment étayés et nourris - ni trop ni trop peu -, alors l'enfant se dirige vers l'autonomie et se construit une identité".(p.114. Suzanne Robert-Ouvray)

    tendresse.jpgL'avenir est à la tendresse paru aux éditions du Relié, est un ouvrage collectif et holistique sur le thème de la tendresse et sous la direction de Patrice Van Eersel.
    Le livre, profond dans ses réflexions et riche de ses intervenants, fait la part belle aux thérapeutes de tous bords (psy-chologue/-cothérapeute/-chiatre/-canalyste, médecins, chercheurs, écrivains...) qui portent un regard pratique au quotidien sur la relation thérapeutique.

    La psychologie des profondeurs de C.G Jung et l'enseignement des Dialogues avec l'Ange ont également une forte résonance sur les réflexions. Il ne sera donc pas rare d'envisager l'ego sous l'angle de ses besoins ou de ses carences, qui influeront sur les évènements de notre vie. Rappel constant aussi d'un intérêt à élever ou amplifier (à ne pas confondre avec son inflation) ce “petit moi” (sont évoquées les notions d'ombre, d'inconscient, de programmation neurolinguistique) puisque la tendresse questionne la qualité de la relation à soi et aux autres. En fait il ne s'agit dans l'idée initiale, pas tant de penser la tendresse que de panser les maux dans une visée d'intégration.
    Comme le rappelle Jacques Salomé : "
    Comment vivre épanoui, dans l'ouverture et le don que suppose la tendresse, quand nous avons été imbibés de cette violence latente que nous avons tous reçue ?" (p35).
    Le livre rappelle que de la naissance à la mort nous sommes tous friands de tendresse puisque "
    lorsque les besoins de reconnaissance, de respect et de tendresse de l'enfant ont été suffisamment satisfaits, alors l'enfant se développe dans la spontanéité, dans la joie de vivre, dans l'affection et dans le désir de rencontrer les autres".(p.123. Suzanne Robert-Ouvray).
    Cependant, n'est pas tendre qui veut car "
    Cette douceur ne peut venir que lorsque l'on a soi-même évacué colère, tensions, contrariétés personnelles, ce qui nécessite un immense travail sur soi".(p.304. Dr Michèle Salamagne)

    Rappelons également que la tendresse n'est pas faiblesse ou absence de virilité. Il s'agit avec le temps et dans des prises de conscience, de s'accepter sans se juger, se pardonner, se faire du bien, se ménager des pauses et respirer. Annick de Souzenelle (grande absente du livre) aurait évoqué les épousailles d'avec son féminin intérieur et ses qualités d'ouverture, de don de soi, de miséricorde. C'est ce que perçoit également Paule Salomon dans une redistribution récente des rôles : “
    L'homme en train d'émerger à travers ses recompositions, ses morceaux, est un homme plus spirituel, un homme dont la virilité n'est plus fondée sur la force, l'argent ou l'intelligence mais couplée à la sensibilité".(p.203).
    La tendresse au final apparait comme le fruit d'une lente et subtile maturation de l'ego, qui entre dans une tâche collective (et non plus centré sur soi) et universelle d'aider donc d'aimer son prochain, quel que soit son âge, en lui portant de l'attention, de la présence, de la conscience. Les alchimistes parleraient du feu purificateur dont la forge est le corps et plus particulièrement le cœur. Pour reprendre un enseignement des “Dialogues avec l'Ange”, la personne doit brûler intensément jusqu'à se consumer et s'oublier. Reste l'être, le plus grand que soi, ce qui sous-tend toute existence : une main qui caresse.

    Sortir de ces cercles vicieux est aussi une bonne initiation à la tendresse envers soi-même. Et cela peut s'apprendre. Ni accusation, ni dévalorisation, mais plutôt responsabilisation, meilleure définitions de soi, affirmation...le jour où l'on deviendra coauteur de tout ce qui nous arrivé, la communication relationnelle non violente aura franchi une étape importante".(p.42. Jacques Salomé)

     

  • La tradition revivifiée

    "Ni abri, ni refuge, ni serre, le désert est plutôt un creuset où, grâce à un certain feu, qui sera à la fois celui des passions et celui de l'Esprit Saint, un métal noble sortira purifié de ses scories, où un nouvel alliage verra le jour, audacieux, neuf, inconnu jusqu'à présent. Ou pour employer une image biologique et biblique à la fois, le désert est une matrice où, dans les douleurs inévitables d'un enfantement , un nouvel être viendra au jour, l'Homme nouveau, créé en Jésus-Christ, dans la justice et la sainteté". (p.69)



    lhomme-interieur.jpgDom André Louf (1929-2010) fut un moine savant contemporain, écrivain, traducteur et accompagnateur spirituel de surcroît, dans la droite lignée de l'école traditionnelle chrétienne pour ce qui concernait l'intériorité de l'homme en quête de Dieu.
    Charles Wright, écrivain et journaliste, a exhumé des écrits intimes du père trappiste, lui permettant de devenir son biographe (le chemin du cœur paru en 2017) et "l'homme intérieur" paru chez Salvatore Éditions est un recueil de ses interventions publiques sur le sens du travail intérieur, un chemin d'élévation où il s'agit paradoxalement de parvenir à un état d'humilité proche du cœur christique, où la volonté de Dieu opère absolument.
    On y découvre un érudit, fin connaisseur des Pères de l'église grecs et orientaux (Ruusbroec, Saint Séraphim de Sarov, Isaac le Syrien, Saint Jean Cassien...) anciens ou modernes mais aussi de la psychologie des profondeurs dans sa branche psychanalytique, dont il s'inspira tout en lui donnant une limite métaphysique :

    "Ce joyeux repentir  n'a rien à voir avec le sentiment diffus de culpabilité, avec les remords de conscience qui hantent la psychologie de tout homme et que l'on a parfois confondu avec une action de l'Esprit Saint... Celui-ci ne mord jamais, il oint, il console, il est douce onction. Le repentir chrétien est à l'opposé de la culpabilité qu'elle vient guérir en profondeur"...(p.120)

    Il fut, en le lisant en filigrane, un fin connaisseur de la psyché humaine, de ses travers et voiles cachant le soleil ou feu du discernement, et sachant séparer et reconnaître le "gendarme" du "maître intérieur" à ses fruits. Autrement dit différencier le petit ego avec ses tares (orgueil, amour propre, vanité, susceptibilité...) et l'esprit sain en ses qualités de "spontanéité, liberté et joie profonde", tout un art pour sortir du repli sur soi et aller vers un rayonnement de l'être.
    La force et l'attrait de ces conférences thématiques (la prière, le repentir, la solitude,, l'ascèse...) sont issus d'un vécu, d'une relation nourrie de l'esprit sain et d'un cœur contrit que Dieu peut investir totalement :

    "L'ascèse c'est laisser éclater la joie de Dieu en nous, et la force de Dieu en nous, qui est l'Esprit Saint" (p.150)

    C'est une véritable naissance en esprit que nous laisse entrevoir le Père Louf, en fin connaisseur de la voie érémitique et de ses pièges.
    Il est, par ses écrits encore et son aura authentique, une balise dans le désert de la solitude et du jeûne (au monde) pour qu'advienne par frictions, une conscience, une personne, une autorité, un esprit de discernement, un Moi Roc...et devenir témoin d'un Réel transfiguré par un Plan divin.
    Un auteur à découvrir ou à retrouver ici dans ses "homélies laïques".



    C'est uniquement cette rencontre qui crée en l'homme la métanoïa, ce retournement du "noûs", la volte-face du cœur, où l'homme se dessaisit de toute prétention de justice, de toute ambition de sainteté même, cède devant Dieu, et se livre à Lui, pour s'apercevoir que l'étincelle de la colère un instant redoutée  s'est muée instantanément en un brasier de tendresse infinie, celle d'un dieu qui est Feu consumant mais qui consume par l'amour”. (p.87)

     

  • Du silence éclot le Verbe

    "Pendant ce temps les justes abandonnés dans le désert tiennent ferme, malgré leur propre désarroi et leurs heures d'agonie dans la nuit du néant...leur souci premier reste en permanence d'aider ce Dieu démuni, de consoler ce Dieu répudié, de lui trouver de nouveaux abris : l'innombrable cœur humain. Car celles et ceux qui se tiennent à genoux au profond de leur être dépouillé à l'unisson de Dieu, sentent bien que ce Dieu souffre d'être rejeté par tant de ses enfants fugueurs, rebelles, voleurs et fratricides"...(p.101)


    9782226454324-j(1).jpgAlbin Michel réédite dans sa collection poche "espaces libres" un court essai de Sylvie Germain initialement paru en 2006 : les échos du silence.
    L'autrice sonde le silence de Dieu, plus particulièrement dans ces décennies passées, sur le théâtre du monde et en soi.
    Elle convoque aussi la Bible, Job bien évidemment, Élie et Jésus mais aussi plus proche de nous la poésie littéraire avec les personnages de Shakespeare, le moins connu Paul Célan, ou encore les mystiques Thérèse de Lisieux et Etty Hillesum.
    Sa réflexion-méditation suit une logique de renoncement-effacement du Créateur. D'abord le "tsimtsoum" ou retrait de Dieu de Sa création pour en couronner ses créatures et en faire des êtres libres et autonomes. Puis l'impuissance de ce dieu "désarmé" presque mendiant une place dans les cœurs où sa présence n'est plus, qu'il est louable d'aider avant qu'Il ne s'oublie soi-même.
    Sylvie Germain scrute les signes laissés ça ou là par écrits, tente une synthèse  pour mieux déjouer un silence que l'on sent en elle pesant, lourd de questionnements sur la qualité d'amour que l'on est susceptible de LUI donner, sans souvent ne rien attendre en retour.
    "Les échos du silence" c'est un verbe qui se cherche, qui se fait poétique parfois, léché et érudit, en quête de beauté esthétique. Une écriture qui ne manque pas de souffle et de vérité mais qui ne trouve pas de réponse en soi, qui n'étanche pas notre soif de co-naissance. La relation (à dieu) ne semble pas s'être véritablement nouée sans quoi des trésors de paroles seraient entendues et retranscrites de facto pour clamer qu'à jamais le verbe se fait chair ici-bas et que le silence n'est d'or que pour les nantis de preuve, afin de garder le mystère éclairant intact.
    Un livre personnel, intime, qui laisse transparaître une souffrance ou incompréhension sourde à travers ses lignes, celle-là même qui peut confiner à l'universel pour tous ceux qui doutent de l'existence en soi du Vivant, Source inépuisable de réconfort.

     

  • Oeil d'ange, coeur léger

    "C'est qu'à la différence du devin, le pro-phète "parle devant", il devance, il précède. C'est un lecteur et un déchiffreur d'aujourd'hui. Il n'est pas hors du temps mais très enraciné au contraire, imprégné par la culture et la sensibilité de ses contemporains. Et c'est là son originalité. Pleinement présent à son époque, il la pénètre avec une telle intensité qu'il en fait surgir une vérité qui la dépasse et souvent la dérange". (p.15)


    9782226462329-j.jpgVa où ton cœur te mène est une livre de et sur la transmission. C'est aussi un manifeste de la prophétie d'hier à aujourd'hui, au sens d'"éveilleur de souffle".
    Gabriel Ringlet évoque en des pages d'amour sublimé, la relation particulière qu'il a noué avec son filleul Élie, notamment pendant l'épisode covid. Émerveillement, contact avec l'Enfant intérieur (le puer aeternitus des alchimistes), caractère précieux de l'instant ou encore conscience accrue des paysages et de la beauté des éléments
    Ce livre, paru chez Albin Michel est une sorte de cadeau-testament qu'il lui lègue, profitant de l'occasion pour ressusciter la figure du prophète Élie dans son contexte hiéro-historique. Il nous parle de ses miracles, de ses rencontres avec un Dieu changeant, de transmission aussi d'avec le jeune Élisée par le truchement d'un manteau magique.
    Il relate également de sa recension dans les évangiles ou le Coran et de la symbolique hébraïque de son nom.

    Au-delà du prophète c'est aussi sa fonction qu'il interroge en convoquant ses nombreux amis poètes ou écrivains contemporains (André Chouraqui, Jean Grosjean, Sylvie Germain, Christian Bobin...), le fameux souffle inspiré accessible à tous, qui définit aussi Le Dieu polymorphe de la Bible : “la voix subtile du silence, le bruit d'une brise légère...”
    Gabriel Ringlet opère également une digression sur Qohélet et Syméon, deux autres figures testamentaires en lien avec la jeunesse et le sacré (Il tint le petit Jésus blotti dans ses mains) pour mieux célébrer le miracle de la vie et de cette génération lumineuse qui ensemence le monde pour un possible renouveau. L'apex de l'histoire biblique, la naissance du Messie et l'évocation de l'ange accompagnateur sont un prétexte allégorique pour définir l'espoir qu'il porte dans ce petit être encore chétif et qu'il espère farouchement libre d'aimer pleinement en déraison en grandissant.
    Cet essai touche et fait mouche. Tout est montré sous un jour neuf, mis à niveau dans un souffle poétique et énamouré. Le Verbe porte fruits et le germe éclot renouvelé.

    Élie, un si petit nom pour un si grand destin...quand tu grandiras, ne te crois pas obligé d'habiter cette désignation prophétique et d'embarquer partout son étymologie...J'espère que tu te sentiras libre, vraiment, y compris libre de Dieu.(p.132)

     

  • Un coeur ouvert à l'amour

    Je ne suis pas fort en méditation, mais j'ai réalisé à quel point la pratique était importante, Cela n'empêche pas que j'aime aussi regarder le sport, faire du basket et regarder des dessins animés. J'adore la malbouffe et parfois j'aime les blagues salaces. Je suis en amour avec la vie”. (p.147)


    jay 1.jpgJarvis Jay Masters est dans le couloir de la mort à San Quentin aux U.S.A depuis plus de trente ans pour le meurtre prémédité d'un maton qu'il nie. 4% des détenus du couloir sont innocents. En fait-il partie ? Notre rôle n'est pas de juger et son karma ou ses fautes passées (première condamnation en 81 pour braquage, alors âgé de 19 ans) ne regardent que lui.
    L'intérêt de son livre traduit en français pour le courrier du livre, "
    Méditations d'un condamné" vaut pour son écriture pleine d'humanité et de compassion pour ses codétenus, souvent victimes d'une enfance violente, et qui ne peuvent ou n'ont pas les outils pour apaiser leur cœur ou leur mental emplis de colère, de rancune ou de rage.
    Jarvis Jay Masters a entrepris une petite révolution intérieure à partir de sa cellule : pratiquer la méditation bouddhiste tibétaine enseignée par ses maîtres et amis Chagdud Tulku Rinpoché (1930-2002) et Pema Chödrön, qui postfacent et préfacent ce livre.
    Cette ascèse quasi quotidienne lui a permis d'épurer ses émotions et mémoires douloureuses et de mieux accueillir la souffrance, en soi et chez autrui, quand elle survient.
    Devenu un homme respecté dans sa prison d'état, personnage public par son combat pour être innocenté (freejarvis.org) et ses écrits étudiés à l'école, il est un parfait exemple de libéré vivant ou en voie de l'être (si le temps ou Dieu le permet), retrouvant "
    la nature pure de l'esprit" dans l'ici et maintenant, en communion avec ses frères méditants.
    Ses anecdotes de vie en prison sont pétries d'humour et d'amour pour le prochain, lucides quant au mal qui ronge les êtres ou les institutions, miséricordieuses quand il s'agit d'essayer de se voir sans concessions.
    Il s'agit aussi d'un témoignage sur les conditions de vie dans un centre pénitentiaire rude abritant souvent des détenus à perpétuité, leurs codes et règles de survie, leurs fragilités, les touches d'espoir mais aussi quelques perles de sagesse.jay 2.jpg
    Au-delà de toute étiquette, l'auteur reste un écrivain doué pour l'écriture (réalisme, talent de conteur, épure du style), libérée ici de son pesant pour ne garder que la légèreté des êtres.
    Méditations d'un condamné” reste un ensemble de textes poignants, une façon de survivre pacifié dans un monde ultra violent et une belle leçon d'humilité.


    “Le temps doit toujours être apprécié, à chaque moment de nos vies, comme si c'était le dernier instant. Quand nous sommes capables de faire cela véritablement - être constamment dans le présent et voir ce moment dans tout ce que nous sommes, sans avoir le temps d'abriter de la haine, de garder de l'amertume dans nos cœurs, ou d'apporter de la souffrance ou de la douleur aux autres - chaque instant de nos vies peut être apprécié totalement, maintenant, et non demain. Parce que notre existence demain n'est pas assurée”. (p.169)

     

  • L'effi(s)cience psychanalytique

    "Comme c'est quelqu'un d'intelligent (W.Pauli), il a très bien compris que, lorsqu'un homme est en difficulté et que son esprit conscient est bouleversé ou dérangé, l'inconscient, qui est la partie la plus instinctive de la psyché, parvient peut être à générer certaines compensations (de même pour le corps et l'esprit), parce que c'est un système organique qui s'autorégule". (p.334)



    c.g jung,symboles oniriques du processus d'individuation, la fontaine de pierre,W.Pauli,mandalas,Soi, indivuduation,aout2021La Fontaine de Pierre édite un inédit de C.G. Jung en français : "Symboles oniriques du processus d'individuation". Il s'agit de la retranscription de deux séminaires donnés en Amérique (Bailey Island et New York) avant la seconde guerre mondiale, à un public averti par la résonance de l'inconscient. Ce matériau brut (on entend Jung dans son oralité) préfigure les thématiques et concepts que le psychiatre zurichois développera quelques années plus tard dans ses différents livres (Tout est déjà là en l'état), avec une focale sur les mandalas, figures et symboles de compensation et d'auto-guérison du Soi lorsque des conflits submergent la conscience.
    Quelques dizaines de rêves du physicien W. Pauli (prix Nobel en 45 et découvreur de la physique quantique) parmi des centaines sont ainsi analysés et éclairés par la science et l'érudition d'un des pères fondateurs de la psychanalyse,  puisque c'est par paquets (de rêves) que se discerne un changement ou une évolution dans la psyché de l'analysé.
    Notons l'importance accordée au contexte , comme toujours, pour l'interprétation des rêves ou la mise en perspective de concepts ou paroles clés.
    A ce propos, l'individuation ne semblerait, à la lecture dudit livre être destinée qu'à des esprits brillants, ici un scientifique émérite, faisant de la psychanalyse une science élitiste, ce qu'elle fut sans doute à l'époque des balbutiements.
    L'épais document (près de 500 pages d'exposés suivis de questions-réponses) offre un condensé d'images et de récits numineux proches de la symbolique unitive (le 4, le carré, le cercle, la pierre angulaire) et de la complétude au sens de la conjonction réussie des opposés (le processus d'individuation).
    Les quatre fonctions (pensée, sentiment, intuition, sensation) prennent une large place chez l'analysé et s'insèrent ici dans un contexte universaliste où chacun puisera une nourriture pour son âme en quête d'un peu de lumière ou d'une vérité toute expérimentale.


    "L'individuation signifie simplement que vous trouvez votre place dans la tourmente, que vous restez au cœur du conflit, que vous êtes dans le conflit et pourtant au-dessus de lui...car sans conflit pas de mouvement, ni d'énergie". (p.128).