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méditation - Page 16

  • Les matrices du Dieu

    Coup de Choeur spiritualité

     

    Les femmes savent car elles ont la garde du mystère...ce don de voir, cette capacité de discernement des signes du divin signera la sacralisation de leur corps et ainsi leur enfermement” (p.53 et 54).

    “Mais suis-je bien sûre de désirer être l'égale de celui qui a établi son règne partout dans la culture et jusque dans le langage ? Ne s'agit-il pas plutôt pour moi de réussir à me convertir ou à me reconvertir au féminin dans lequel je suis née et de réaliser ce devenir propre à mon sexe, dont l'identité est à reconquérir ?” (p.132).


    karima.jpgLes Gardiennes du Secret publié chez Albin Michel, est un livre important, écrit par Karima Berger.
    Son titre, son ambition (un point de vue féminin sur la hiérohistoire islamique), sa couverture (une magnifique peinture d'Osman Hamdu Bey de femme cultivée et dévoilée), font de ce livre un manifeste féministe, une force de témoignage et un baume pour toute femme soucieuse de se réapproprier son histoire et sa culture propre.
    En filigrane se délie le tiraillement personnel de l'auteure, entre tradition (être une femme du dedans) et modernité (à cause de la transparence, après avoir perdu la vue intérieure, danger de se perdre de vue avec les hommes - p.210); entre  ouverture à la spiritualité judéo-chrétienne dominante (les mystiques plutôt que la mère spirituelle) et fidélité à sa culture religieuse (Ibn Arabi et l'émir Abdelkader en tête). Le conflit s'avérera truffé de paradoxes.
    La réflexion centrale de Karima Berger s'articule autour du verset coranique 4,34 :

    Les femmes -vertueuses et pieuses- sont les gardiennes du mystère de ce que Dieu garde (dans le mystère).

     

    Quel est donc ce point commun entre Dieu et les femmes, ce fameux secret bien gardé - Al Gayb -  (organe ? Valeurs ? Vertus ?), qu'en déduire du statut et de la stature de la femme ? Enfin qu'est-ce que cela dévoile sur l'homme musulman et sa psyché en profondeur ?
    C'est la trame de cet essai passionnant, foisonnant et juste de ton, qui nous fait (re)découvrir autrement les
    principales figures féminines de l'imaginaire musulman, de Hagar la mère d'Ismaël à Isabelle Eberhardt et, en passant, questionner le Coran, les hadiths et la poésie orientale. Un portrait de femme s'en dessine à la fois sensuel et spirituel, sensible et visionnaire. Le dévoilement opère à point, sans être voyeuriste Karima effleure l'intime des femmes de sa tradition.

    Accueil, réceptivité, passivité réactive mais aussi pudeur, silence, retrait, humilité...sont les deux faces du féminin reconnues, en essence (chez les femmes) ou apparence (chez les hommes), d'après l'auteure. Les prophètes, saints ou mystiques de tous bords ont toujours épousé cette part profonde d'eux-mêmes (l'Orient intérieur) qui mène à la complétude ou l'unité, entourés qu'ils furent de facto de nombreuses femmes. Une relation à Dieu , Karima Berger le pressent bien, est forcément alliance avec le féminin, comme le sont de  nombreux Noms ou attributs d'Allah : le Matriciant - le Matriciel (Chouraqui), le Misericordieux ou le très Rayonnant d'Amour (Gloton).

     

  • Une traduction consciencieuse

    27,65 : Dis : "Sauf Allah, ceux qui sont dans les cieux et sur la terre ne connaissent pas le mystère". Or ils ne pressentent pas quand ils seront réanimés.

    44,16 : Un jour, Nous nous déchaînerons avec la plus grande violence. Vraiment, Nous userons de représailles.

     

    coran.jpgLe Coran, pour Rappel, est le Livre Saint fondateur de l'Islam et l'un des grands textes sacrés fondamentaux de spiritualité dont la lecture attentive ne peux laisser indifférent.
    Alors que se multiplient de façon exponentielle ces 20 dernières années, les essais de traductions en français, celui de Maurice Gloton nommé Ubayd Allah, "petit serviteur de Dieu" (1926-2017) paru en 2014 et dont c'est la troisième réédition aux éditions Albouraq, fera date, résonance et poids.
    D'obédience soufi, intéressé par le dialogue interreligieux (sa seconde femme était chrétienne), il se situe dans la lignée des occidentaux qui tels René Guénon ou encore Michel Valsan (qui fut son maître spirituel), se convertirent à l'Islam, par conviction traditionnelle.
    Leur visée, inspirée des écrits de grands spirituels comme Ibn Arabi, se veut avant tout ésotérique, dans l'esprit de la révélation plutôt que dans l'apparence légiférante ou purement rigoriste du texte coranique.
    Cet essai de traduction propose ainsi une lecture plus intériorisée, mûrie ou méditée du Texte révélé, avec des néologismes et un vocabulaire imagé, évocateur, presque illuminé de l'intérieur.
    Ainsi en va t'il du "Très Rayonnant d'Amour", qui dépasse le "Matriciant - Matriciel" de Chouraqui et place "Le Dieu", Allah, dans une identité indéfinie et insondable plus proche d'une Source de lumière irradiante. Faut-il entendre un vécu du traducteur ? Une relation symbolique ou vivante avec le numineux ou une intuition géniale ?
    Le Jour du Jugement dernier devient celui de la "Redevance", du "passage à la limite", de la "Réanimation"...puisqu'il est question d'une "croissance ultime", une Nouvelle Création à la fin des temps.
    La "mise en œuvre du dépôt confié" remplace la foi, comme une graine originellement placée en chacun mais que seuls les "théotropes" ou "êtres doués de conscience quintessentielle" arrosent, en pratiquant notamment l'"action unifiante de grâce" ou prière rituelle.
    Pour les autres, L'"Enseigneur des êtres de l'Univers" ne souffre pas de "codéification" et menace " Ceux qui s'enténèbrent d'injustice" de représailles proportionnelles à leur cécité (aux signes divins), surdité (aux paroles prophétiques) ou privation d'Amour originelles, eux qui refusent de faire retour et s"automagnifient"...
    On l'aura compris cette traduction nécessite un effort de manducation, une lecture attentive et soutenue. Là où elle pèche un peu en rythme (une certaine lourdeur ou pesanteur comme chez Jacques Berque) par une volonté lexicale innovante mais importante, elle emporte adhésion et reste longtemps en mémoire grâce peut-être au souffle symbolique qui l'anime (idem pour la traduction de AbdAllah Penot ou André Chouraqui par exemple). Mais Dieu sait mieux qui sont les bien guidés !
    La traduction de Maurice Gloton est une re-découverte du Coran dont on mesure l'infinité du champ lexical et la profondeur corrélative.

     

  • La force de la lignée

    Continuez la pratique, disent les maîtres d'aujourd'hui, lorsqu'ils ont pris la place de cette authentique transmission dont les règles sont celles de simplicité et de partage. Partage de notre concentration, de nos efforts, de notre abandon...c'est cela la foi véritable sans objet, la pratique de zazen". (p.139)


    Françoise Lesage,petit traité de sagesse sauvage,éditions l'Originel-Antoni,Fuyo DOkai,Gion Shogi,zen,zazen,posture,respiration,Shunryun Suzuki,Mars 2022Françoise Lesage a consacré une vie entière (43 ans) à la pratique zazen, posture et respiration essentielles du zen. Dans ce Petit Traité de Sagesse Sauvage paru chez l'Originel-Antoni, elle transmet la quintessence et la profondeur de son expérience à travers sa compréhension mûrie d'un texte testament du moine Fuyo Dokai : le Gion Shogi, qui au 12eme siècle, ramena l'esprit de l'enseignement du Bouddha à sa nature originelle de simplicité et de partage.
    Il y est question de pratique dénuée d'intérêt ; du sentiment de non séparation (tout en gardant sa différence) ressenti quand la posture zazen vient relâcher les tensions inhérentes au repli crispé du petit ego ; de communion d'un esprit vaste, englobant, illimité ; d'une vie vécue en épousant l'essence des éléments naturels (feu, eau, nuages, terre,...) ; du vide qui est absence de connaissance ; de vision non duelle de l'ombre et de la lumière ou encore de croissance d'une plante-rejeton capable de fissurer les pierres les plus récalcitrantes.
    Pour l'enseignante
    Françoise Lesage, le comportement et la philosophie quasi érémitique de l'époque peuvent illuminer et nourrir, par une lecture symbolique et intériorisée, un ancrage moderne (social, familial, professionnel) au monde.
    Ce petit traité exhumé,  agrémenté de peintures à l'encre de chine de l'auteure, amène le piquant du rappel de l'esprit originel du zen : sa posture majestueuse s'inspirant d'une montagne et dont la foi véritable permet parfois, subrepticement, son effacement.
    La signification de la posture qui ponctue l'explication du texte avec un glossaire, donne à l'ensemble un excellente entrée en la matière de l'esprit zen, que
    Shunryu Suzuki qualifiait à juste titre d'esprit neuf, renouvelé à chaque instant.

     

  • L'Islam fédérateur

     

    dimensions-universelles-de-l-islam.jpgLes éditions Tasnim et le philosophe universitaire Patrick Laude s'associent pour proposer un recueil de textes thématiques autour des "dimensions universelles de l'Islam". Les collaborateurs anciens (Guenon, Lings, Ampaté Ba...) ou modernes (Hossein Nasr, Geoffroy, Chittick...) sélectionnés sont tous d'éminents spécialistes reconnus pour leur ouverture ou construction de ponts interreligieux voire interdisciplinaires.

    L'accent est mis sur la tolérance et l'universalité de la dernière religion révélée. Même si la branche ésotérique de l'Islam se différencie du mysticisme (chrétien) par son aspect initiatique datant de l'imitation du comportement du Prophète Muhammad, c'est bien elle qui opère l'union, le soufisme en particulier.

    La révélation du Coran contient autant de versets prônant l'essence commune de toute religion que la disqualification des autres formes (charia), en fonction des abrogations successives. Dur donc de s'y retrouver légalement parlant.

    Néanmoins, en dehors d'une pratique ritualisée, l'adoration du Créateur entraîne logiquement le respect et l'accueil de la différence, pour autant que l'Amour ait pénètré le coeur du croyant sincère. 

    Les exemples de convergence et d'entente parfaite sont, et c'est l'intérêt de ce livre, multiples entre voies religieuses ou spirituelles : la sagesse commune à toutes, l'état de serviteur qui couronne le cheminant, le travail de sape de l'ego ou de polissement de la rouille du coeur, la préexistence de l'être sur la personne...le dialogue interreligieux, le socle traditionnel, ou encore l'appropriation culturelle ( les traductions du Coran ou des grands penseurs de l'Islam en langues étrangères) dans une visée plus exotérique.

    De même que tous les musulmans ne sont pas fanatiques, ils n'envisagent pas tous une lecture (du Coran) ou une pratique intériorisée (prière, ramadan, aumône, pèlerinage) de leur religion. Les auteurs sélectionnés par patrick Laude apportent leur pierre à l'édifice de ce message originel de l'Islam.

    Cet ouvrage compilation est un rappel salutaire qui ouvre à d'autres dimensions englobantes et recapitulatrices de l'Islam et de son Livre révèlé. Tayeb Chouiref (édité par Tasnim), islamologue français, oeuvre par exemple en ce sens plus symbolique, en traduisant des textes majeurs du patrimoine arabo-musulman.

    Une élévation en soi, un rappel salvateur.

     

  • Quelqu'un plutôt que rien

    Mais il avait persisté dans sa secrète détermination à servir le tout en s'accomplissant. Et le tout, de guerre lasse, sans doute, avait fini par le lui rendre”. (p.11)

    Voilà ce qu'il avait compris : perte et rédemption, damnation et rachat, étaient la diastole et systole de la circulation de cette vie, elles en régissaient le cœur dans sa marche immémoriale”. (p.41)


    gilles farcet,la réalité est un concept à géométrie variable,éditions l'originel-antoni,arnaud desjardins,yvan amar,g.i gurdjieff,yogi ramsuratkumar,christ,vivant,coeur,compassion,mystère,enseignement spirituel,mars 2022Les éditions l'Originel-Charles Antoni, nouvellement renouvelées, proposent une inspiration de Gilles Farcet sur le concept du Réel : La réalité est un concept à géométrie variable.
    L'auteur, mature en âge et discernement, y jette un regard compatissant sur son passé et son passif ; dresse un portrait lucide de sa génération, de ses contemporains et de sa propre tâche (“pas sage mais accoucheur”) ; nous livre ce qu'il a compris du monde, du sens et du mystère de la vie (l'Amour ?), du temps qui passe, de la mort.
    Reconnaissant des amis spirituels rencontrés sur le chemin (A. Desjardins, Y. Amar, Yogi Ramsuratkumar, G.I Gurdjieff...), il goûte aux fruits de leurs enseignements, par une pratique assidue et continue depuis une quarantaine d'années, se découvrant et s'acceptant homme heureux, conscient, aimant et vivant.
    Cet "homme nouveau" au sens chrétien du terme, avec sa vision compatissante de l'humain, la responsabilité d'être au service de son prochain, d'accueillir toute souffrance pour la transcender et se donner en corps tel une hostie, la bonté d'âme aussi...s'est imposé avec le temps, reléguant l'homme ancien ou l'ego-centré en seconde place de la psyché consciente (le “il” narratif est employé à dessein).
    Rien de permanent pour autant, aucun élu ni parvenu, ni fonction à laquelle s'identifier. Des années de lutte intérieure lui ont appris la patience, la veille stratégique et la nécessité de rester dans l'ouverture de vue et de cœur (“vivant plutôt qu'éveillé”).
    Gilles Farcet traverse la vie en baroudeur, sans apporter de réponse toute faite au mystère insondable mais ressent de plus en plus le besoin de remercier pour l'assise, les signes et la confiance mis en lui. Il trace son sillon à la fois dans les pas de ses prédécesseurs mais aussi dans l'intime connivence et relation de l'être en soi.
    Un auteur que l'on sent proche. La profondeur et l'acuité du Vivant qu'il est permet la mesure.

    Entretien en trois parties (11, 8, 9 et 9 minutes) avec l'auteur :


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    Crédit Photo : L'Originel-Antoni

  • Le regard miséricordieux


    "C'est le manque d'amour pour nous-mêmes qui nous fait mal aimer le terre et mal agir sur terre. Il faut dépolluer l'homme de son autojugement négatif contre lui-même et lui apprendre à devenir précieux à ses propres yeux pour que la terre devienne elle aussi, précieuse à ses yeux. Alors le besoin de polluer disparaîtra". (p.253)

     

    montaud.jpgHeurté profondément par la vieillesse digne et emplie de sagesse de Gitta Mallasz, Bernard Montaud fait revivre son influence avec la saga César dont ce dernier épisode sur la transmission écrit avec Sanjy Ramboatiana "César, l'imparfait heureux", parait aux éditions Dervy-Tredaniel.
    Cet opus constitue une parfaite synthèse de son enseignement spirituel développé au fil des ans avec l'école Artas, en sus d'être un livre ludique (jeux, QR codes vidéos, trame simple et schématique, rédaction à deux voix), comme le fut la sagesse pratique de Gitta avec Patricia Montaud (qui s'est spécialisée dans les Dialogues avec son ange) et Bernard, dans les dernières années de sa vie.
    C'est aussi un livre précieux qui contient des questions (et l'art de poser la bonne) mais surtout des réponses (La vie de couple c'est apprendre la miséricorde... L'Homme inspiré c'est l'avenir de l'homme...Les Maîtres, sages et saints sont les pionniers du meilleur de l'Homme...), pour celui qui, à l'instar d'un Jung, considère le tourisme intérieur comme la destination du futur de l'humanité.
    Traditionnellement parlant, l'homme possède une double origine (ego et être), G.I Gurdjieff distinguerait l'existence Les multiples moi) de l'essence (Le Je Suis), ici dans la lignée des Dialogues avec l'Ange, sont différenciés la personne et son histoire traumatique, de l'individu relié verticalement, en voie d'être inspiré.
    Rien ne sert de sauter les étapes, on ne peut s'affranchir qu'avec le temps de déterminismes liés à notre naissance spatio-temporelle.
    Bernard Montaud propose à qui veut l'entendre, un programme de miséricorde envers soi d'abord (apaiser notre histoire personnelle), puis envers l'autre (le sentir et le servir) dans une tâche qui se révèle plutôt collective et enfin envers la terre, à l'image des personnages de l'histoire sainte et sacrée qui "souffraient les fléaux du monde comme leur propre douleur", de quoi s'occuper et trouver un sens véritable à la vie.
    Ce manuel de sagesse ordinaire, "là où se situe le plus sacré", se veut inspiré par Gitta Mallasz, peut-être l'étape ultime du service envers l'humanité, qui se perpétue au-delà de l'incarnation ? Il se pourrait ainsi que tout (visible et invisible) serve un Plan divin...

     

  • Un Gurdjieff recomposé

    "Ma mission est de créer un sage capable d'allier le tempérament oriental avec les techniques occidentales". p.214


    Guedieff un regard nouveau,Roger Lipsey,éditions Trédaniel,Gilles Garcet,Groupes Gurdjieff,musiques sacrées,Mouvements,magnétisme,science traditionnelle,maître spirituel,Je Suis,Roger Lipsey porte "Un regard nouveau (sur) Gurdjieff" en fin défricheur de tout document écrit (livres de disciples, de contradicteurs, archives inédites des écoles ou groupes...), visuel (les mouvements) ou sonore (les musiques de Thomas De Hartmann) existant. Ce matériau composite connu ou inédit (il a fait lui même partie des groupes Gurdjieff en Amérique et rencontra bon nombre de disciples) constitue la base de ce gros œuvre (460 pages) avec nombre de citations, et vient étayer ou appuyer en opérant une synthèse, tout le bien qu'il pense de ce maître spirituel authentique, de son enseignement, de ses influences (des philosophes antiques aux écrivains modernes)  et des groupes qui lui survécurent.
    Balayant rumeurs et détracteurs, il dresse un portrait plutôt élogieux de l'homme (avec ses contradictions) en accord avec son temps, qui vivifia un message somme toute assez traditionnel, sous une forme originale et propre à sa vie d'aventurier : il parcourut le globe et chercha la vérité avant de la trouver et d'expérimenter ce qui l'éveilla à une autre dimension :


    "
    Gurdjieff avait introduit l'idée d'un "centre magnétique", une capacité innée, possédée par certaines personnes, de discerner une vérité libératrice et d'avancer vers elle, la capacité de regarder au-delà de ce qui lui est familier". (p.33)


    Plus sensible aux mouvements chorégraphiés et à la musique sacrée,
    Roger Lipsey y fait la part belle en distinguant bien trois périodes d'enseignements (le Prieuré, les années 30 et les femmes de la Cordée, l'appartement au 6 rue des Colonels-Renard) et trois visages évolutifs  ou adaptables à l'environnement et à la perception de son enseignement, dont les bases étaient "l'effort conscient, la souffrance volontaire et la lutte contre son propre principe négatif, par la pratique du remords de conscience, de la relaxation et du rappel". (p.284).
    Magnétique et centré en profondeur (le "Je Suis" qui est Source d'Amour inconditionnel  et centre de gravité), il sut jouer d'innombrables rôles et fonctions, alternant le maître de danses, le référent spirituel, le cuisinier eucharistique, le conférencier d'Outre-atlantique ou l'écrivain monstre. Déroutant ou mouvant pour certains, son amour infini pour l'humanité transparaissait parfois aux yeux des plus avertis ou éveillés, sa tristesse de l'essence aussi (toute la souffrance du monde...). Il se prit pour Dieu un temps avant de se découvrir Diable de nature et n'eut de cesse d'en réhabiliter la figure (notamment dans
    les Récits de Belzébuth à son petit fils), pour la gloire de son nom. Tel un chamane de la jungle urbaine (en voyage à Carnac il avouera un penchant émotionnel fort pour une peinture rupestre), Il était l'exemple vivant de pouvoirs et hautes possibilités Inhérents aux "mineurs de fond" : magnétisme, hypnotisme, discernement du réel, corps-don...
    Ses trois livres restent comme des classiques de la littérature ésotérique, idem pour les groupes de travail relativement discrets de par le monde et son aura reste positive malgré tout par la force et la quantité des témoignages gratifiants ou de reconnaissance, 70 ans après sa mort.
    Cet ouvrage paru au
    éditions du Relié à l'initiative bienvenue de Gilles Farcet (qui signe par ailleurs la préface) et traduit par Frédéric Blanc, vient à point saluer sa mémoire vivante empreinte de mystère et de respect. En un siècle si fécond de fortes personnalités (Jung, Massignon, Durckheim, Gandhi, Corbin, Guénon, Mallasz, Davy, Maharshi, Desjardins...) il reste un phare, un aiguilleur d'être(s), un aimant véritable, dans tous les sens du terme.


    "
    Les enseignements authentiques évoluent au gré des temps et des circonstances. Il ne s'agissait pas d'une innovation mais d'un retour à une vérité éternelle. Encore fallait-il la revivifier, la réorganiser, la lier de manière étroite à une pratique et l’étayer au moyen de ces outils intemporels que dont la conversation, la méditation, la danse, la musique et toutes les formes d'artisanat du quotidien". p.415.