Coup de Chœur 2022
« Chaque clan doit allégeance à l’Empereur. L’empereur doit assistance à chaque clan. L’empereur est garant de la paix »
Vous êtes plutôt Dragon, Tigre, Tortue, Phénix ou Kirin ? Long temps d’hésitation ? Vous n’avez pas encore découvert l’univers de Porcelâme de Célia Flaux aux éditions Bayard. Ici ce n’est pas le « choixpeau magique » qui détermine si vous êtes plutôt Griffondor, Serdaigle, Poufsouffle ou Serpentard. Cela dépend un peu de votre lieu de naissance et de vos gènes … à moins que l’animal sacré d’un des cinq clans ne se manifeste devant vos yeux. Et là votre destin peut basculer en un clin d’œil. Ajoutez à cela une petite statuette, de matière magique, qui vous suit partout et représente vos états d’âmes profonds. Terminez par un grand empire au bord de l’implosion, avec cinq clans qui s’attirent et se déchirent, des enfants royaux qu’on veut utiliser et des samouraïs, fidèles ou indépendants, lâches ou dangereux. On pense d’abord au Clan des Otori de Lian Hearn mais l’histoire nous absorbe très vite. Après avoir dévoré le tome 1 La voie du Kirin où l’on suit l‘évolution de la jeune et robuste guide des montagnes Tomoe et du rōnin Kiyoshi, discret et puissant ; on se délecte du second opus : Porcelâme, Le chant du Phénix. (Penchez-vous d’abord sur le 1er volume avant de lire ce qui suit)
« Le traité fondateur est écrit sur un rouleau en porcelâme appelé l’âme de l'Empire, qui représente les cinq animaux sacrés ».
Cette fois-ci, les lecteurs suivent moins les battements de cœur de Tomoe, bien qu’elle reste une des protagonistes de l’histoire. Désormais, nous nous penchons sur le cas de son amie Aïko. Les montagnes sacrées du Kirin n’ayant plus de secrets pour nous, partons à la découverte du clan du Phénix, peu évoqué dans le précédent tome. La jeune miko, longtemps restée auprès de la Grande Prêtresse, ne connaît pratiquement rien du clan du Phénix et de son animal sacré. Elle aura bien besoin de Tomoe, Kiyoshi et du jeune prêtre Chihiro pour s’acclimater à ces terres hostiles. D’autant plus que les intrigues politiques mettant en jeu l’harmonie des différents clans se précisent et se compliquent. L’empereur (clan du dragon) est-il complice de la régente du clan du Phénix ? Peut-on faire confiance à la nouvelle gouverneuse du Tigre et pourquoi le porte-parole de la Tortue ne prend jamais parti ?
« Le Phénix, dieu du Sud et du Feu, recherche l’art et le savoir. Il s’incarne dans une seule personne, choisie selon des critères mystérieux ».
Les complots apportent du rythme et du suspens au récit. Néanmoins, c’est la richesse et la complexité des personnages qui accrochent les lecteurs. Ainsi on partage les sensations, la palette d’émotions mais aussi les nouveaux liens que traversent Aïko au fil de l’histoire. Comme elle, nous suivons les légendes de l’empire, nous nous imprégnions de l’atmosphère propre à chaque clan puis de la magie et la poésie qui irriguent Porcelâme à chaque instant. La nature et l’art sont également présents dans la trilogie de Célia Flaux et il nous tarde de savoir quel territoire nous allons découvrir dans le dernier tome. Concluons cette chronique en saluant le beau travail d’illustration de Florent Grattery qui accompagne les romans. Le chant du Phénix est sorti fin octobre mais c’est toujours plaisant de finir l’année 2022 en décernant un brûlant coup de Chœur ! (À lire dès 12 ans)
Image: Bayard
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