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méditation - Page 12

  • Un don de Soi

    Le Royaume des cieux est royal parce qu'il ne lâche rien. On ne peut y entrer que si on s'est délivré de l'homme superficiel, de l'homme violent et de l'homme inaccompli. On n'y entre que si on sait honorer l'amour et la liberté. (p.287)


    Bertrand Vergely,Voyage en haute connaissance,éditions du Relié,éditions Trédaniel,philosophie,Christ,évangiles,Michel Henry,Jung,Royaume intérieur,voie traditionnelle,mental,Soi,Janvier 2023Voyage en haute connaissance - philosophie de l'enseignement du Christ, paru aux éditions du Relié - Trédaniel,  est le fruit de conférences données par Bertrand Vergely, proposant des ponts entre philosophie et religion.
    L'auteur nous livre ses réflexions sur l'évangile et l'apport du Christ au monde. Amour et liberté sont les deux symboles de son incarnation en montrant un autre chemin, divin, possible face à l’éternel esclavage mental et à la relation toxico-tyrannique de l'ego (jalousie, vengeance, haine de l'être...).
    S'appuyant sur des philosophes, Michel Henry notamment, il évoque de ce dernier l'"Archi-vivant" à trouver en soi, la pensée profonde, féconde ou l'intelligence illuminative qui, par un recentrage ou désidentification (à la pensée automatique), permet de vivre selon le vaste Soi (cher à Jung) ou l'être relié et plus sur un existant limité dans l'espace-temps (le moi-je et ses passions destructrices).

    Ce n'est pas le Christ qu'il faut supprimer. C'est le principe même de l'univers, de l'humanité et de l'Esprit qu'il faut retrouver. Dans les évangiles, c'est ce qui se trouve enseigné. Or cela n'a pas été compris. (p.20)

    Cette "haute connaissance" originellement destinée aux initiés s'approche de la voie de sagesse traditionnelle, représentant l'homme et sa double origine (un des titres de Graf Durckheim) avec cependant la nouveauté toute christique de l'Esprit, de l'intelligence, de la vision que recouvre le Verbe.
    La bonne nouvelle ou évangile perdure jusqu'au jugement dernier ou apocalypse, qui est la vérité cachée (si peu), ontologique de l'humanité : le royaume intérieur, source de paix, de joie et de transfiguration.
    Un essai nourrissant, résolument optimiste et réconfortant qui récapitule l'essence du message de l'Homme vivifié par le souffle de Dieu.

    On ne sait plus voir. On prend le noble pour de l'illusion et la brutalité pour la vérité. On peut faire de la brutalité et de son mensonge le principe du monde. Le Christ vient mettre fin à ce monde et à ce principe du monde. Il vient pour faire du jugement brutal qui prétend bien juger, le dernier jugement. (p.307)

     

  • L'âme du Phénix

    Coup de Chœur 2022

    Célia Flaux, Porcelâme, Tome 2 Le chant du Phénix, Tome 1 La voie du Kirin, Bayard, Florent Grattery, fantasy japonaise, Lian Hearn, Le clan des otori, décembre 2022. « Chaque clan doit allégeance à l’Empereur. L’empereur doit assistance à chaque clan. L’empereur est garant de la paix »

    Vous êtes plutôt Dragon, Tigre, Tortue, Phénix ou Kirin ? Long temps d’hésitation ? Vous n’avez pas encore découvert l’univers de Porcelâme de Célia Flaux aux éditions Bayard. Ici ce n’est pas le « choixpeau magique » qui détermine si vous êtes plutôt Griffondor, Serdaigle, Poufsouffle ou Serpentard. Cela dépend un peu de votre lieu de naissance et de vos gènes … à moins que l’animal sacré d’un des cinq clans ne se manifeste devant vos yeux. Et là votre destin peut basculer en un clin d’œil. Ajoutez à cela une petite statuette, de matière magique, qui vous suit partout et représente vos états d’âmes profonds. Terminez par un grand empire au bord de l’implosion, avec cinq clans qui s’attirent et se déchirent, des enfants royaux qu’on veut utiliser et des samouraïs, fidèles ou indépendants, lâches ou dangereux. On pense d’abord au Clan des Otori de Lian Hearn mais l’histoire nous absorbe très vite. Après avoir dévoré le tome 1 La voie du Kirin où l’on suit l‘évolution de la jeune et robuste guide des montagnes Tomoe et du rōnin Kiyoshi, discret et puissant ; on se délecte du second opus : Porcelâme, Le chant du Phénix. (Penchez-vous d’abord sur le 1er volume avant de lire ce qui suit)

    « Le traité fondateur est écrit sur un rouleau en porcelâme appelé l’âme de l'Empire, qui représente les cinq animaux sacrés ».

    Cette fois-ci, les lecteurs suivent moins les battements de cœur de Tomoe, bien qu’elle reste une des protagonistes de l’histoire. Désormais, nous nous penchons sur le cas de son amie Aïko. Les montagnes sacrées du Kirin n’ayant plus de secrets pour nous, partons à la découverte du clan du Phénix, peu évoqué dans le précédent tome. La jeune miko, longtemps restée auprès de la Grande Prêtresse, ne connaît pratiquement rien du clan du Phénix et de son animal sacré. Elle aura bien besoin de Tomoe, Kiyoshi et du jeune prêtre Chihiro pour s’acclimater à ces terres hostiles. D’autant plus que les intrigues politiques mettant en jeu l’harmonie des différents clans se précisent et se compliquent. L’empereur (clan du dragon) est-il complice de la régente du clan du Phénix ? Peut-on faire confiance à la nouvelle gouverneuse du Tigre et pourquoi le porte-parole de la Tortue ne prend jamais parti ?

    « Le Phénix, dieu du Sud et du Feu, recherche l’art et le savoir. Il s’incarne dans une seule personne, choisie selon des critères mystérieux ».

    Les complots apportent du rythme et du suspens au récit. Néanmoins, c’est la richesse et la complexité des personnages qui accrochent les lecteurs. Ainsi on partage les sensations, la palette d’émotions mais aussi les nouveaux liens que traversent Aïko au fil de l’histoire. Comme elle, nous suivons les légendes de l’empire, nous nous imprégnions de l’atmosphère propre à chaque clan puis de la magie et la poésie qui irriguent Porcelâme à chaque instant. La nature et l’art sont également présents dans la trilogie de Célia Flaux et il nous tarde de savoir quel territoire nous allons découvrir dans le dernier tome. Concluons cette chronique en saluant le beau travail d’illustration de Florent Grattery qui accompagne les romans. Le chant du Phénix est sorti fin octobre mais c’est toujours plaisant de finir l’année 2022 en décernant un brûlant coup de Chœur ! (À lire dès 12 ans)

    Image: Bayard

  • L'Aide céleste

    "Un récit initiatique ne dit pas comment aller mieux ici-bas, mais comment devenir vivant, c'est à dire re-né, ressuscité". (p.16)

    "Dans ce voyage merveilleux, l'Ange est le guide intérieur de l'Âme en quête de Sagesse éternelle". (p.123)

     

    kelen.jpgJacqueline Kelen nous offre avec Le temps de la bonté - Le livre de Tobit, paru aux éditions du Cerf le fruit de ses méditations sur la fable et ses propres manducations spirituelles.
    D'un seul généreux souffle, elle déroule l'histoire des Tobit(e) père et fils (de l'hébreu Tov-bon), de leurs quêtes initiatiques respectives et de la grâce de Dieu à leur égard par l'entremise de l'archange Raphaël voyageant incognito (Azarias).
    Ce dernier accompagne Tobie fils pour recouvrer un trésor d'épargne du père mais aussi et surtout pour le marier à Sarra, son âme sœur destinée, en la guérissant d'une malédiction. Ce sont le foie et le cœur d'un poisson (une préfiguration du Corps du Christ ?) qui éloigneront Asmodée, un mauvais démon de Sarra ; et son fiel qui redonnera vue à son père aveugle.
    Cette édification spirituelle écrite au 3eme siècle avant J.C présente vraisemblablement des racines perses et zoroastriennes avant inclusion dans le canon biblique.
    Bien nous fait Jacqueline Kelen d'avoir repris cet épisode énigmatique et  salutaire, agrémenté de citations réconfortantes puisées dans l'ancien testament.
    Sa saine réflexion nous amène comme toujours à une profondeur de vue, un changement de focale, une nouvelle vision des évènements. La bonté et l'Amour de Dieu abondent ici plus que sa vindicte et récompensent la fidélité, la foi et l'espérance de ses adorateurs, comprenne qui voudra.
    Le choix judicieux de cette aventure positive pour tous permet à l'autrice une digression finale sur la Jérusalem céleste et ses justes remparts comme autant de cœurs vivants.
    Une manne spirituelle qui  fortifie l'âme et vivifie le cœur, par temps trouble.

     

  • Un monde évanescent

    "Plus d'âmes, que des clients".

    "Un monde enténébré par ses lumières".

     

    muguet.jpgChristian Bobin revient après trois années d'absence avec un recueil poétique sur la vie, le monde moderne, les éveillés a l'éternité.
    Le muguet rouge célèbre les vivants , ceux dont la présence irradie (rêves, livres, musique, science) bien qu'ils aient disparu de corps, alors que le monde, en son progrès, se phagocyte, fabrique des machines, empêchant les ailes de l'âme de se déployer.
    L’œil du poète sait capter les instants d'éternité, ceux où l'on s'oublie. Il avance en âge en gardant cette acuité d'esprit qui le fait témoin d'une époque chronophage où s’étiole la mémoire vive.
    Le rêve et le réel se côtoient dans ce court mais dense essai et la frontière mort-naissance s'estompe, laissant apparaître en filigrane le rouge sang des cœurs épris de leur vivant et qui laissent une trace pérenne, famille ou compagnons de route.
    Chaque mot est pesé, arrangé et empaqueté et Christian Bobin s'amuse à magnifier ou haranguer ce qu'il perçoit, tel un Descartes poète. Il suggère sans les nommer, les signes d'un temps eschatologique où les aveugles sont rois alors qu'au ciel des fixes se préparent les noces des amants.
    Il n'est plus sûr de rien que d'aimer l'instant puisque le temps passe et broie tout sauf l'offrande. 

    "Tu n'as pas écrit tes livres. Tu as laissé la vie même pas "tienne" les écrire, assembler soleils et lunes dans la corbeille de tes bras".

  • Dieu recrute des coeurs

    "A une vie angélique , préférons donc humblement une vie évangélique. Fût-ce celle, toute terrestres, de ces bons à rien que Dieu affectionne et auxquels il accorde sa grâce ici bas, sa gloire au-delà". (p.22)

     

    "Cette pâte minérale est la matière première de notre humanité, et, partant, l'étoffe commune de tous les bons à rien. Dieu ne la voit pas comme nous. Tel le souffleur de verre, il la travaille dans la fournaise étincelante de son amour. Il l'aime, lui, et il continue de l'aimer, envers et contre tout. Envers et contre nous". (p.57)

     

    gloire.jpgDans La gloire des bons à rien paru aux éditions du Cerf, Sylvain Detoc, prêtre dominicain, fait un rappel judicieux de l'alliance humano-divine et du Plan céleste qui est Amour de et pour la création. Les géants de la Bible ont d'abord été de petites gens, parfois pétris de doutes mais qui ont su écouter la Parole et la mettre en pratique. L'auteur mentionne aussi la mission du Christ de convertir les pêcheurs plutôt que les sains et son œuvre de spiritualisation de la matière en cours.
    Le livre est court certes, mais concis et propose un tour d'horizon assez complet des saints, prophètes, figures de la Bible et de la chrétienté pour vivifier la foi chancelante de tout à chacun. L'humain avec son corps de chair peut se montrer ingrat ou infidèle mais en se souvenant de son Créateur, il se laisse insuffler un esprit de concorde, d'ouverture et de réconfort pour dépasser les passages obscurs ou ombrageux.
    Pour Sylvain Detoc, notre pesanteur (lourdeur) ne doit pas esquisser la gloire promise à la pâte humaine avec pour preuve les transfigurations du Sauveur et de Marie.
    Cet opuscule rend la co-naissance accessible et naturelle pourvu, faut-il le rappeler que l'on se mette au service d'autrui, de nos frères en humanité et  de l'être (l'Autre) en soi. Une tâche d'aidant qui n'est pas contrainte mais joie pérenne en l'Aimé.

     

  • Des lois nouvelles

    La fin dont parle Jésus n'est pas le moment où tout s'arrêtera, mais au contraire cet achèvement vers lequel tend toute l'histoire humaine”. (p.57)

     

    Adrien Candiard,Quelques mots avant l'Apocalypse,éditions du Cerf,mal,Amour,retour du Christ,tribulations,catastrophes,paraclet,Octobre 2022Adrien Candiard, moine dominicain vivant au Caire publie un court recueil aux éditions du Cerf : “Quelques mots avant l'Apocalypse – lire l'évangile en temps de crise”.

    Il s'agit d'un juste rappel de ce à quoi s'attendre, pour le chrétien en particulier et pour tout croyant de bonne volonté qui ne renie pas l'Amour (de Dieu) en son critère inconditionnel.

    L'énumération des catastrophes actuelles (crise climatique, guerres, repli sur soi, épidémie...) pourrait annoncer l'épreuve des tribulations annoncée par le Christ dans les évangiles mais de tous temps cette prévision a montré ses limites, d'autant que seul Dieu connaît l'Heure.

    L'Amour par contre, comme le rappelle Adrien Candiard est rarement aimé en retour, tant le péché ou le mal (en soi ou chez l'autre) peut rendre aveugle à toute forme de rédemption, fût-elle gratuitement et gracieusement donnée à tous. Ce paradoxe humain explique la montée de l'ombre à l'approche du Royaume de Dieu promis sur terre et la nécessaire vigilance ou veille consciencieuse afin que le cœur ne commette trop d'impairs ou qu'il éprouve après coups quelques judicieux remords de conscience.

    L'auteur omet, parmi les signes “intérieurs” de la “Révélation”, de mentionner la joie pérenne et ce, malgré les vicissitudes du corps. Le corps-lumière ou corps christique ne souffre pas des affres du Temps. Il est ce corps-don tout entier relié (le religare de Religion) au Père, à la Source et qui n'attend rien en retour que le sacrifice de la personne et sa capacité grandissante à s'extirper de l'espace-temps.

    Rien non plus du Verbe, cette parole enfantée de l'Esprit Saint, rempart crypté contre toute injonction, jugement ou pensée délétère. A la fois nourriture et ogive défensive à l'intrusion mentale. Sa promesse est contiguë aux temps apocalyptiques comme paraclet contre les ténèbres de corps et d'esprit. Ce texte concis et surprenant par son discernement porte en soi néanmoins ce souffle vivifiant.

     

  • La porte étroite

    "D'un point de vue yogique, une propriété vraiment précieuse de ces plantes psychédéliques est qu'elles fournissent un moyen relativement facile d'expérimenter l'état de non-dualité décrit par plusieurs traditions, telles que l'hindouisme, le bouddhisme, le taoïsme, le soufisme, qui offrirait à l'homme de réaliser sa vraie nature par la compréhension intime qu'il ne fait qu'un avec tout".(p.194)

     

    schillinger.jpgStephan Schillinger propose dans la sagesse interdite paru chez Vega-Tredaniel, une vision sublimée de la nature et des plantes enthéogenes, qui "procurent une expérience spirituelle". Associées à une démarche spirituelle, il scrute les traces de ces dernières dans les textes ou rites sacrés (Bible, rituels soufis ou bouddhistes, Védas) pour valider des visions prophétiques (le buisson ardent, le char d'Ezékiel) ou des actes nimbés de mystère comme la cène, la crucifixion ou l'ascension nocturne de Mahomet. Le secret bien gardé étant une conscience cosmique atteignable de son vivant par dissolution de la structure égotique et ingestion d'enthéogene. C'est ce qu'il semble avoir vécu au bout de trois années d'initiation chamanique avec le peuple shipibo en Amazonie et la décoction ayahuasca (en sus de vingt années de quête spirituelle).
    De fait, tout en rejetant les dogmes religieux et leur "désir de contrôle",  il se rapproche de la philosophie bouddhiste en valorisant l'état de samadhi (état de conscience universelle) ou Éveil spirituel.
    En associant Jésus ou les prophètes à des "psychonautes", Stephan Schillinger escamote cependant  la richesse de la tradition et foi chrétienne : un verbe fait chair, une co-naissance, un double numineux, un Amour inconditionnel, une conscience connectée à la Source.
    Par ailleurs s'il suffit parfois d'une seule prise de psychédélique pour transformer à jamais notre vision du monde (notamment la peur de la mort ou l'évanescence de la structure égotique), elle peut aussi créditer comme véridiques après coup, des paroles inspirées ou révélées de textes sacrés. La substance psychoactive se révèle donc un outil parmi d'autres (méditation, arts martiaux, lectio divina, marche...) pour approcher le mystère du Vivant.
    L'information expresse que délivre l'enthéogene, liée à la fascination de voir ne doit pas gommer, à notre sens, le long et solitaire travail de maturation personnelle pour germer, croître et livrer un fruit digeste. Trouver le fameux Centre en soi comme prélude au rayonnement ?
    La sagesse interdite reste un livre bien écrit, intelligent dans sa structure et son propos, avec une enquête passionnante, probante et préfacée logiquement par Olivier Chambon mais qui se trompe parfois de cible ou de co-naissance à la nature véritable de l'esprit.