blogger hit counter

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

méditation - Page 20

  • Dix femmes matricielles

     

    "Quel travail intérieur faisons nous pour contribuer à plus de paix dans le monde ? Plus nous guérissons, plus notre taux vibratoire augmente, plus notre entourage le ressent et sera inspiré à faire de même. De toute l'observation du monde, je retiens que la paix passe avant tout par la paix en soi" (Amandine Roche)


    aventurieres.jpgL'écrivaine et journaliste
    Nathalie Calmé publie "Aventurières de l'esprit" chez Trédaniel éditions, dans la collection prestigieuse du Relié.
    Il s'agit de dix portraits de femmes interviewées à une ou plusieurs reprises par l'autrice, remaniés et actualisés à l'aune de l'épisode Covid. Le lien entre toutes est l'esprit (au sens spirituel) qui les anime et leurs parcours jonché d'actes de foi à déplacer des montagnes (socio-politiques, religieuses ou culturelles) au point qu'on pourrait les qualifier de femmes remarquables.
    Ancrées dans le concret du quotidien, en interaction constante avec l'élément humain, naturel ou symbolique, elles ont su dans leurs vies singulières, accorder une large part à l'intuition et œuvrer dans le profond respect de leur rythme et sens de l'harmonie intérieurs. Aidées un temps d'une autorité spirituelle elles surent pour certaines s'en affranchir et à leur tour baliser un chemin de création pure.
    (faire) Silence, (vivre avec) légèreté, (faire vœu de) pauvreté, (revenir au) souffle, (prendre appui sur une) vision...à chaque fois ce leitmotiv du peu, de l'épure (mentale ou matérielle), ce retour à l'essentiel en soi et pour soi, ce souvenir d'un instant numineux avec lequel elles réussissent à bâtir des mondes ou communautés d'esprit.
    C'est au service de l'unité qu'elles se rejoignent et excellent, dans des qualités quasi divines : UNterprètes (la pianiste
    H.J Lim, la cheffe d'orchestre Claire Gibault, la théologienne orthodoxe Annick de Souzenelle), simples et pacifiées  (la navigatrice  Isabelle Autissier, l'écrivaine Dominique Loreau, l'humanitaire Amandine Roche), en quête de vérité (la théologienne protestante Lytta Basset, l'ermite Soeur Catherine) ou encore du côté de l'Amour dans une attitude non-duelle (l'enseignante Byron Katie, la nonne bouddhiste Soeur Chân Không).
    Derrière chacun des dix visages dépeints avec minutie et tendresse se cachent des voyages dans la géographie de mondes intérieurs ou extérieurs, avec des cheminements verticaux ou horizontaux même si la frontière entre les deux univers est souvent ténue.
    La crise du Covid n'affecte aucunement celles dont la transformation était déjà amorcée par des années passées à se mettre au diapason de l'Un. Pas ou peu d'incidence notoire donc que d'être prêtes à servir et à œuvrer pour le nouveau monde, en portant fruits.
    Dix parcours exemplaires de femmes, inspirantes à souhait.

    "En nous reconnectant à notre vraie nature, il n'y a rien que l'on ne puisse aimer. Nous ne sommes plus séparés de ce qui nous entoure, de l'ensemble du vivant. Nous sommes unifiés. C'est cela l'Amour." (Byron Katie)

     

  • Jean Rofidal ou le corps enseignant

     

    Jean Rofidal a acquis par la pratique du Do-In, un enchaînement de techniques d'auto-massage, une large connaissance des lois universelles à l’œuvre dans le corps et sur terre (nourriture, saisons, étapes de l'existence). Il est l'auteur de plusieurs livres formant un tout cohérent à travers le temps et les phases de la vie.
    Avec "
    La voie suprême du Do-In" paru fidèlement chez Ambre Éditions il passe de chercheur à créateur en proposant une technique de "relaxation-méditation debout" en trois étapes, longuement expérimentées, pour atteindre un état de vide absolu (le rien qui est le silence mental) qui donne accès au Tout. La connaissance devient alors quasi intuitive, comme insufflée (l'ange-gardien ou esprit-guide), directe et illuminatrice. Un nœud émotionnel, physique ou mental peut donc se dénouer par la pratique qui permet également de se relier à la dimension cosmique de l'existence, de son vivant (les signes et autres sens des épreuves). L'assise immobile est jusqu'à présent un modèle classique menant à l'éveil mais la méthode originale de postures debout semble aux yeux de l'auteur, plus naturelle et à même d'obtenir un état de détente, "d'entretien et d'économie des forces vitales" sur la durée.
    Par ailleurs cette méditation debout, en accord avec des principes christiques qu'il ne renie pas, permet de développer un corps spirituel, immortel qui survit à la mort physique, le fameux corps de lumière.
    De lumière et d'amour il est d'ailleurs beaucoup question dans ce nouvel opus qui effleure de nombreux sujets dont l'intéressante classification des êtres par éléments type (métal, eau, air, feu, terre) jusqu'aux expériences d'unité vécues par l'auteur et les leçons tirées de l'interdépendance ombre/lumière à l'image du Yin-Yang oriental.
    De nouveau avec
    Jean Rofidal, un ouvrage mûrement réfléchi sur de solides observations cliniques, jusqu'à intégrer l'invisible.

     

  • Dieu est une brise légère

     

    Le malentendu dans nos rencontres avec Dieu, c'est que nous allons vers Lui avec une requête limitée. Nous attendons “quelque chose”. Il veut nous donner “quelqu'un”. C'est lui-même et Sa tendresse sans mesure qu'Il veut nous offrir. C'est Lui qui veut mendier une réponse à Son amitié”. (p.247)

     

    Stan Rougier, prêtre et écrivain-conférencier catholique français nous livre aux éditions Artège son testament spirituel : “Au souffle des béatitudes”.

    L'exercice lui permet de récapituler ses souvenirs de rencontres littéraires ou charnelles depuis sa jeune communion jusqu'à ses 90 printemps, fraichement rescapé qu'il est de l'épisode Covid.

    Leitmotiv de sa vie et de cet ouvrage : la joie de vivre qui ne l'a quasiment jamais quitté depuis sa rencontre avec Jésus :

    La joie n'est possible en plénitude que si nous avons trouvé sa source ultime : Dieu”(p.188).

    A travers ses émotions intenses en tant qu’aumônier, ses voyages à travers le monde en tant que prêtre, ses rencontres comme écrivain-conférencier (les papes, Christiane Singer, André Chouraqui...) ou ses lectures spirituelles (Saint François d'Assise, Antoine de Saint Exupéry notamment), la figure de l'autre l'a souvent émerveillé, comme reflet du dieu-Homme qu'il porte en lui.

    Joie et louange sont comme les deux faces d'une même réalité : l'amour filial”. (p.269)

    Ce livre synthétique est également une brillante relecture des passages clés de la Bible (psaumes, Prophètes, Sagesse, Job, Apocalypse, Évangiles...) à travers le prisme de la joie, l'annonce de joie étant le “premier et dernier mot des évangiles, le premier et dernier mot de l'existence”. Et l'on redécouvre pour ainsi dire ce qui parsème en filigrane le texte Saint judéo-chrétien, du début à la fin, avec parfois un souci de la traduction et donc de l'interprétation dont il est friand et coutumier, tant le sens peut être biaisé sans l'épreuve de la vie chrétienne qui va avec.

    Philosophes, saints, écrivains célèbres ont accompagnés sa vie en esprit mais il ne les place pas au-dessus des nombreux visages rayonnants moins connus ou anonymes qu'il côtoya lors de l'exercice de ses fonctions comme parangon de l'Amour de Dieu.

    La joie du chrétien vient avant tout de ce qu'il se sent aimé par Dieu d'un amour fou. Il croit en un Dieu empêché par notre indifférence et magnifié par notre amour. Il croit en un Dieu qui nous a confié sa création pour la continuer”. (p.215)

    A l'orée de sa vie, fervent croyant de l'au-delà et à ne garder que l'optimisme et les souvenirs de petites et grandes victoires de la lumière (sur les forces ténébreuses), on sent Stan Rougier allégé d'une vie qui pesa pourtant lourdement sur terre (son aura dans les foyers de charité en particulier, les nombreux témoignages de gratitude reçus de son vivant).

    Si l'on me demandait de résumer en quelques mots la mentalité hébraïque, je répondrais volontiers : l'amour de la vie et la joie de l'action de grâces pour l'amour dont Dieu aime son peuple”. (p.216)

    Stan Rougier s'est toujours identifié à un fils d'Israël par essence à travers son noviciat. Il le croit, sa force fut cette joie inébranlable qui fit de sa vie une louange perpétuelle. Estimant avoir beaucoup reçu il n'eut de cesse de communier par l'amour avec son prochain. Son regard éveillé lui a même fait oublier l'inimitié puisque tout concourt au joyeux plan divin, sur la terre comme au ciel des fixes.

    Un livre léger, pétillant et festif, comme des bulles de champagne !

     

    De toute éternité, Dieu est une communion de personnes : le Père est la source, le Fils le visage, l'Esprit Saint est la ferveur” (p.290)

     

  • L'homme et sa double origine

     

    Caïn n'est donc plus la figure du méchant par excellence, c'est au contraire celle de l'homme dans son plein épanouissement, l'homme ayant assumé la totalité de son être. Il est à la fois le meurtrier mais aussi le créateur de la civilisation, le fondateur. En lui, les pulsions de vie et de mort cohabitent, sans se nier l'une, l'autre.” p.81


    Si l’œdipe est un arbre (vertical), le Caïn est un rhizome, proliférant dans toutes les directions, charriant haine et amour mêlés, d'un horizon à l'autre.” (p.171)

     

    Gérard Haddad,A l'origine de la violence - d'oedipe à Caïn, une erreur de Freud ?,Salvator éditions,Freud,Lacan,Bible,mythes,Christ,Janvier 2021Les éditions Salvator publient “A l'origine de la violence – d'Oedipe à Caïn, une erreur de Freud ?”.

    Dans ce livre consensuel et synthétique (il regroupe des éléments épars de ces trois derniers ouvrages), Gérard Haddad aborde le complexe de Caïn (définition et crédit), l'origine de sa réflexion (les attentats islamistes dont beaucoup sont commis par des frères), ses ramifications (les traces du complexe laissées par Freud et Lacan) et son importance pour le mouvement psychanalytique futur. Il apparaît en effet vital d'appréhender et interpréter autrement le drame humain que par le seul parricide. Et intégrer le “Caïn refoulé” permettrait, selon l'auteur, à l'institution psychanalytique, de progresser sans s'entredéchirer.

    A travers l'étude de la genèse biblique (“la société humaine et sa culture surgissent à travers un fratricide”) et de quelques auteurs classiques (Shakespeare notamment) , il cautionne son intuition première et adjoint au célèbre complexe d'Œdipe celui plus collectif et souterrain de Caīn et de la violence fraternelle. Car si l'Oedipe se résout généralement dans l'amour par la mort ou castration symbolique du sujet, le Caïn lui nous accompagne plus longuement et peut devenir source de guerres sur un plan extérieur mondialisé (“un fratricide à grande échelle”)...
    Il donne également des exemples de pacification et de pardon (Joseph et Isaac/Ismaël bibliques, Mandela, Gandhi, Yitzhak Rabin...) avant de proposer un chemin de guérison, “un chemin idéal de sainteté et de justice”.

    Caïn est le double (“Il naît de l'angoisse primordiale du double”), l'ombre tapi dans notre inconscient, l'autre en devenir ou potentiel, peut-être celui que les ésotéristes de tous bords nomment l'”être”(par opposition à l'égo), d'origine céleste, en tout cas obéissant à d'autres lois, de la reconnaissance à la co-naissance ? Sa non-réalisation ferait tomber l'humain dans une forme de fanatisme que seule la loi et la peur du gendarme stopperait.
    Le Christ est pour certains ce frère lumineux, rançon de Caïn et fin de la malédiction, de la violence extérieure. Au-delà des chapelles ils Le reconnaissent comme l'archétype de l'esprit, né d'en haut et à qui il est louable de céder la place dans une attitude respectueuse, le Connaissant étant relié à la Source, Il est naturellement d'un rang plus élevé.

     

  • Réconciliations : L'énergie de l'espoir

     

    “Selon les soufis, chaque femme et chaque homme sont le théâtre d'un combat, de ce jihad intérieur, qui voit s'affronter au quotidien, dans nos poitrines, l'âme charnelle – qui ne cesse de se débattre toujours tournée sur elle-même et attirée finalement par le seul plaisir égoïste – contre l'esprit supérieur – magnifiant à chaque instant la beauté et l'unité de tous les êtres – aimanté vers le monde spirituel” (p.102)

     

    abd al malik.jpgLa République peut compter sur Abd Al Malik pour imaginer et construire “le monde d'après” : un monde souhaitable, apaisé et réconcilié, ce fameux monde unifié du discours politique qui n'en a malheureusement pas la prétention.

    Réconciliation” paru chez Robert Laffont est un essai-manifeste court mais concis dans lequel on retrouve l'artiste plus engagé que jamais et à maturation d'Homme (au sens relié à l'Esprit).

    Jeune adulte, avec son groupe N.A.P, il “priait en attendant la fin du monde”, pratiquant alors un Islam peu conventionnel et moralisant. Depuis, il a œuvré lourdement d'abord en solo, explorant des univers à priori irréconciliables et tissant des ponts entre chanson française et scansion. Puis il s'est mis à l'écriture, la mise en scène et la réalisation cinématographique, déployant totalement son univers dans plusieurs couleurs politico-poétiques.

    La reconnaissance vint tôt mais ce sont véritablement deux mains tendues qui l'amenèrent à une révolution intérieure, une résilience et une renaissance, un regard neuf sur le monde : Juliette Gréco et sa foi en l'humanité, le maître soufi Sidi Hamza et son Amour équanime envers toute créature.

    Ces deux piliers-béquilles ne sont plus physiquement présents mais intégrés au plus profond d'un cœur qui souhaite désormais “faire peuple”, fort de sa réconciliation d'avec soi-même, son passé, ses origines et ses rancœurs passées si peu fortuites.

    La période sanitaire actuelle a ravivé des fractures que l'on croyait d'un autre âge mais qui n'ont jamais disparu et c'est avec une certaine hauteur de vue (bel équilibre trouvé entre avoir et être, entre intériorité et action extérieure) qu'Abd Al Malik s'érige non pas en donneur de leçons mais frère de la nation, multipliant sa présence sur les fronts : Contre le fanatisme de pseudos musulmans, pour la marche des libertés et donc contre la loi de “sécurité globale” aux cotés d'Aïssa Traoré...toujours en réflexion-médiation et force de propositions malgré l'impact financier négatif notoire sur les projets culturels en cours (annulation de la tournée-spectacle Le jeune noir à l'épée).

    Depuis l'irruption durable du virus la parole n'est plus qu'aux professionnels du verbiage et l'on déplorait la présence chaleureuse et ô combien précieuse des artistes taxés un temps de “non-essentiels”.

    Avec ce livre on sait qu'ils patientent, fulminant, dans l'attente d'irradier le monde de demain de leur lumière évanescente, celle trouvée dans la profondeur de l'ombre.

     

    “Je crois véritablement aux artistes, je crois sincèrement que ce sont eux, nous, qui changeront véritablement le monde parce qu'on travaille directement les imaginaires. Justement parce qu'on a pas peur de nos émotions, parce qu'on sait précisément d'où elles viennent et quoi en faire. Et, finalement, on est dans trois tendances qui marquent nos sociétés, l'empathie, la tendresse et la spiritualité. Les artistes pourraient diriger le monde et réussir.” (p.139)

     

  • Le mystère de la foi absolue

     

    Coran 50,16 : Nous avons effectivement créé l'homme et Nous savons ce que son âme lui suggère et Nous sommes plus près de lui que sa veine jugulaire.

     

    Jacqueline Kelen,Mise au tombeau,Editions Salvator,Janvier 2021Avec “Mise au tombeau” paru chez Salvator éditions, la prolixe Jacqueline Kelen renoue avec un exercice de style quasi lyrique qui fut couronné de succès critique avec “l'histoire de celui qui dépensa  tout et ne perdit rien”. Une mise au tombeau est en effet un statuaire composé de 7 personnes “immobiles et muettes” entourant le Christ à sa descente de Croix, que l'autrice “a eu envie de faire parler, afin qu'elles expriment nos sentiments divers face à ce drame unique et témoignant d'une foi qui transcende tout”.

    Férue de symbolique (33 chapitres) et amie de Jésus, Jacqueline Kelen donne donc vie et âme à ces pierres vivantes que sont sans nul doute les 7 témoins fidèles du Christ en croix : Marie sa mère, Marie-Madeleine, Marie-Cléophas la sœur de Marie, Marie-Salomé la mère de Jean l'évangéliste, Jean, Joseph d'Arimathie et Nicodème.

    Chacun des protagonistes est auparavant replacé dans un contexte apocryphe ou de légende et ce qui était figé devient subitement interactions et fruit de méditations.

    Comme les 7 dormants d’Éphèse, légende commune au christianisme et à l'Islam, ces 7 “pierres” (ou prières oserais-je dire) ressuscitent après 7 siècles et se mettent à parler, sur et à propos de l'Homme du huitième Jour, dont le retour ou en tous cas les signes de ce dernier, se font de plus en plus sentir...mais cela reste peut-être affaire de foi intérieure.

    Symbolique encore avec ce chiffre rond et infini du huit, que l'on retrouve souvent dans les contes ou les rêves et qui vient marquer une complétude ou unité, étant également le nombre du Ressuscité. Le psychanalyste C.G Jung, spécialiste en interprétation des songes donna une méthode psychologique pour en dénouer les fils : considérer chaque personnage comme une sous-personnalité de soi, masculine ou féminine.

    A travers ce prisme interprétatif, J. Kelen donne à voir beaucoup de sa part intime et de son lien à Jésus et se/nous questionne sur la nature de sa/notre relation avec Lui : disciple ou ami véritable ?

    Par ailleurs se dessinent en filigrane des perspectives méditatives propres à tout chercheur-se de vérité : de quel mystère se pare l'homme-dieu dans sa mort ignominieuse ? Que symbolisent les attributs de la passion, la couronne d'épines notamment ? Sur quel “imago dei” poser sa foi, celle du supplicié à mort ou celle de sa résurrection ? Quel est l'archétype du Christ en Croix ?...

    A l'épreuve du temps, il semble bien que le paradoxe soit l'apanage du chrétien sincère. Sa relation vécue en profondeur rend plus proche qu'on ne le croit, la figure fraternelle ou sororale du Christ.

    "Mise au tombeau" pourrait aisément s'intituler "sortie de tombeau" tant l'épanchement d'un cœur croyant et fervent pourrait aisément renverser (et combien une assemblée de fidèles) une montagne de pierres...ou rendre une statue bel et bien vivante.

     

  • Révolution spirituelle : ma part de réflection

     

    Rien dans ce mot d’Esprit,

    Au sens où je le dis,

    Qui serait forcément religieux,

    Rien qui obligerait à croire en un dieu,

    Je ne parle pas en effet d’une croyance,

    Juste d’une expérience,

    Que nous faisons parfois

    Lorsque notre petit moi

    Se sent relié à l’infiniment plus grand que soi :

    Une Réalité incomparablement plus vaste que

    nos vies,

    Une Réalité qui n’est qu’unité, harmonie,

    Une Réalité que nous percevons seulement

    Par instants,

    Dans nos moments

    De plus claire clarté,

    De plus intense intensité,

    Et que dès lors on peut nommer

    Esprit,

    Parce qu’elle nous saisit

    Pour nous communiquer

    La Présence,

    La Conscience,

    La Jouissance

    De l’Infini…(p.86 et 87)


    bidar.jpgAbdennour Bidar revient avec un court manifeste poétique (rimé et rythmé) et politique “Révolution spirituelle” paru aux éditions Almora, forme par laquelle il espère toucher, si ce n'est plus de monde voire un autre public, tout au moins le cœur de ses futurs lecteurs.

    L'auteur s'adresse de manière originale à la nouvelle génération, celle qui se doit de réenchanter le monde, le “régénérer, le transfigurer”. Il se présente comme un “optimiste conscient”, pragmatique et mitoyen entre les prophètes de malheur et ceux du meilleur à venir. Adepte de la fin du temps (le lâcher prise de l'ego sur le monde) il récuse la fin des temps et, comme mû par une vision du futur,

    Car voici ces enfants d'un nouveau temps, dont je redis et le devine, le passé n'est plus l'origine”

    il s'érige en grand frère qui, fort de ses expériences spirituelles et de son discernement de philosophe, connaît les pièges et forces à mobiliser pour changer en profondeur un système matérialiste et opportuniste à souhait, qui ne cherche qu'à perdurer à travers l'histoire.

    Par le passé, nombreux furent les êtres éveillés ou politisés qui cherchèrent une porte de sortie pour se libérer d'un système trop contraignant voire tyrannique à certains égard, en s'y cassant les dents.

    Abdennour Bidar propose que les uns s'allient désormais aux autres dans une culture unifiée de “méditants engagés” et de “militants éveillés”.

    Il salue au passage les “infiltrés” et les “exilés” de bonne volonté qui tentent par l'intérieur ou l'extérieur du système, de panser le monde de sa folie. A l'action juste et efficiente, il y adjoint la force de l'Esprit, qu'il décrit et dont il témoigne, sans qui rien de concret et de solide ne peut advenir. On pense ici au “Roc” des corps saints selon la terminologie chrétienne.

    Je veux que mon expérience mystique devienne chemin initiatique

    De culture musulmane, Abdennour nous livre en effet aussi ici, dans ce jet d'un seul souffle, une de ses deux expériences mystiques qui le transporta, enfant, dans un ravissement sans nom avec l'infini pour seul horizon. Plus tard il l'assimilera au Soi cher à Iqbal ou au fana (anéantissement ou extinction de l'ego) des grands mystiques soufis, ce fameux instant d'éternité.

    Militant d'une spiritualité hors dogmes, Abdennour Bidar ne propose ni plus ni moins qu'une science pour se relier, au sens “religare” de la religion et dans le but de créer un corps collectif (la somme des individus reliés) unifié pour contrer l'emprise (un temps souhaitée) d'une entité étatique qui n'a plus rien d'universel.

    On comprend mieux le titre de cet ouvrage “Révolution spirituelle”, véritable ode à la vérité intérieure et dont la conclusion, méditative et prophétique à souhait, mérite à elle seule l'attention portée à ce texte engagé.

     

    Coran 40,15 : Celui qui est élevé au plus haut degré de gloire, qui est assis sur le trône sublime, envoie son esprit à ses élus, afin qu'ils prêchent la résurrection (trad. Savary)