blogger hit counter

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

roger lipsey

  • La posture et l'attitude justes

    "Ce n'est qu'à partir du moment où tu prends conscience du caractère toujours imparfait de ta pratique que le moindre de tes pas devient une ascèse qui t'engage corps et âme. Autrement dit, tu commences à donner "le meilleur de toi-même en tout lieu et à tout moment et tu te sens un avec toi-même."" (p.45)


    Force-Votale-Couverture-Web-300x467.jpgForce vitale de Kodo Sawaki (1880-1965) publié chez l'Originel-Antoni a tout d'un futur classique de la spiritualité. Le contenu, forme et fond rappelle Esprit zen, esprit neuf de Shunryu Suzuki, une référence dans la voie de la posture zazen.
    On doit à la ténacité de quelques disciples ces paroles de celui qui fut le maître de Taisen Deshimaru, le célèbre moine bouddhiste zen qui moissonna le sol français et européen. Vastes comme l'univers sont les portes d'entrées qui mènent à la compréhension "étrique" du vrai visage qui se contemple, ici regroupées en 24 chapitres et autant de courtes perles interconnectées.
    Kodo Sawaki possède en outre une excellente connaissance de la Bible et de l'essence du religieux : "la pratique elle-même est le satori... c'est mener une vie religieuse".
    Il insiste notamment sur l'acte de "se brancher sur la même longueur d'onde que l'Univers" pour ainsi "remettre son baromètre intérieur en état de marche...perpétuellement actualisé".
    A la lecture de son enseignement on se sent en contact avec la profondeur "du Bouddha et des anciens maîtres", englobant une sagesse universelle qui va de Castaneda et sa voie du guerrier (vivre chaque instant comme le dernier) à celle des prophètes monothéistes. Il s'agira toujours de s'oublier dans une pratique dénuée d'intérêt et au service de l'Univers, contenu dans la simple cellule familiale ou “sangha” par exemple.
    Être un avec soi-même et autrui, transcender l'existence individuelle et personnelle, être relié, s'abandonner, voir...autant d'attitudes étriques que la posture permet de vivre et d'incarner chaque jour, dans la simplicité d'un esprit désintéressé et neuf tel celui du disciple.
    Angélique Dailcroix (peinture de couverture), Frédéric Blanc (traduction de l'allemand) et Roger Lipsey (préface) ancrent en outre ce manuscrit intemporel (agrémenté de photos du maître par Muho Nölke, le traducteur en allemand du japonais) dans la modernité. Un bel objet en sus donc, format poche, pour en faire un compagnon de route auquel on peut se référer souvent.

     

  • Un Gurdjieff recomposé

    "Ma mission est de créer un sage capable d'allier le tempérament oriental avec les techniques occidentales". p.214


    Guedieff un regard nouveau,Roger Lipsey,éditions Trédaniel,Gilles Garcet,Groupes Gurdjieff,musiques sacrées,Mouvements,magnétisme,science traditionnelle,maître spirituel,Je Suis,Roger Lipsey porte "Un regard nouveau (sur) Gurdjieff" en fin défricheur de tout document écrit (livres de disciples, de contradicteurs, archives inédites des écoles ou groupes...), visuel (les mouvements) ou sonore (les musiques de Thomas De Hartmann) existant. Ce matériau composite connu ou inédit (il a fait lui même partie des groupes Gurdjieff en Amérique et rencontra bon nombre de disciples) constitue la base de ce gros œuvre (460 pages) avec nombre de citations, et vient étayer ou appuyer en opérant une synthèse, tout le bien qu'il pense de ce maître spirituel authentique, de son enseignement, de ses influences (des philosophes antiques aux écrivains modernes)  et des groupes qui lui survécurent.
    Balayant rumeurs et détracteurs, il dresse un portrait plutôt élogieux de l'homme (avec ses contradictions) en accord avec son temps, qui vivifia un message somme toute assez traditionnel, sous une forme originale et propre à sa vie d'aventurier : il parcourut le globe et chercha la vérité avant de la trouver et d'expérimenter ce qui l'éveilla à une autre dimension :


    "
    Gurdjieff avait introduit l'idée d'un "centre magnétique", une capacité innée, possédée par certaines personnes, de discerner une vérité libératrice et d'avancer vers elle, la capacité de regarder au-delà de ce qui lui est familier". (p.33)


    Plus sensible aux mouvements chorégraphiés et à la musique sacrée,
    Roger Lipsey y fait la part belle en distinguant bien trois périodes d'enseignements (le Prieuré, les années 30 et les femmes de la Cordée, l'appartement au 6 rue des Colonels-Renard) et trois visages évolutifs  ou adaptables à l'environnement et à la perception de son enseignement, dont les bases étaient "l'effort conscient, la souffrance volontaire et la lutte contre son propre principe négatif, par la pratique du remords de conscience, de la relaxation et du rappel". (p.284).
    Magnétique et centré en profondeur (le "Je Suis" qui est Source d'Amour inconditionnel  et centre de gravité), il sut jouer d'innombrables rôles et fonctions, alternant le maître de danses, le référent spirituel, le cuisinier eucharistique, le conférencier d'Outre-atlantique ou l'écrivain monstre. Déroutant ou mouvant pour certains, son amour infini pour l'humanité transparaissait parfois aux yeux des plus avertis ou éveillés, sa tristesse de l'essence aussi (toute la souffrance du monde...). Il se prit pour Dieu un temps avant de se découvrir Diable de nature et n'eut de cesse d'en réhabiliter la figure (notamment dans
    les Récits de Belzébuth à son petit fils), pour la gloire de son nom. Tel un chamane de la jungle urbaine (en voyage à Carnac il avouera un penchant émotionnel fort pour une peinture rupestre), Il était l'exemple vivant de pouvoirs et hautes possibilités Inhérents aux "mineurs de fond" : magnétisme, hypnotisme, discernement du réel, corps-don...
    Ses trois livres restent comme des classiques de la littérature ésotérique, idem pour les groupes de travail relativement discrets de par le monde et son aura reste positive malgré tout par la force et la quantité des témoignages gratifiants ou de reconnaissance, 70 ans après sa mort.
    Cet ouvrage paru au
    éditions du Relié à l'initiative bienvenue de Gilles Farcet (qui signe par ailleurs la préface) et traduit par Frédéric Blanc, vient à point saluer sa mémoire vivante empreinte de mystère et de respect. En un siècle si fécond de fortes personnalités (Jung, Massignon, Durckheim, Gandhi, Corbin, Guénon, Mallasz, Davy, Maharshi, Desjardins...) il reste un phare, un aiguilleur d'être(s), un aimant véritable, dans tous les sens du terme.


    "
    Les enseignements authentiques évoluent au gré des temps et des circonstances. Il ne s'agissait pas d'une innovation mais d'un retour à une vérité éternelle. Encore fallait-il la revivifier, la réorganiser, la lier de manière étroite à une pratique et l’étayer au moyen de ces outils intemporels que dont la conversation, la méditation, la danse, la musique et toutes les formes d'artisanat du quotidien". p.415.