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  • L'Oeil illumi-notoire

    hofmann.pngPerceptions et perspectives est un court testament philosophique du créateur du LSD Albert Hofmann (1906-2008). Publié pour la première fois en français par les éditions Solanacée spécialisées dans les enthéogenes, ces mémoires surgirent à l'aune de ses 80 ans (en 1986), sous titrées Essais sur la nature de la réalité.
    Chimiste émérite, contemplatif dans l'âme, il fut un émerveillé de la Création, grossissant avec forte acuité les processus chimico-psychologiques à l’œuvre en l'homme et par l'homme, grâce à ses images perceptives. La beauté et la complexité de la nature terrestre et stellaire le porta vers la croyance en un Créateur, un Œil divin qu'il reconnut  également en soi, abolissant la frontière duelle entre intérieur et extérieur (l'ouvrage contient aussi des poèmes-haïkus méditatifs).
    Dissertant sur les notions de focale, de possession ou d'énergie, il sous-tend le potentiel créatif et déconditionné de l'esprit humain, capable d'adaptation ou de mutation pour se réaliser pleinement dans sa tâche ontologique.
    Ce court essai somme toute assez académique bouleverse à microdose les codes du genre en y introduisant son pesant de foi, qui éclaire de l’intérieur une vision originale du monde.

     

     
  • Mythologique Anca

    Dans la peau de mon perso préféré, Evelyne et Julien Guérif, Syros, Oz, des histoires ou presque tout est possible, Athéna, Achille, mythologie grecque, jeu vidéo, avatar, juillet 2023"En commençant par moi, Athéna, bien entendu : celle qui dirigera les débats et définira les orientations stratégiques, Héphaïstos, qui [...]"

    Anca est fan du jeu vidéo "Olympus rising". Première à l'école et en haut du classement virtuel, elle se prendrait presque pour Athéna, la déesse grecque : fine stratège, son avatar dans le jeu. Anca va en faire l'expérience Dans la peau de mon perso préféré d'Evelyne et Julien Guérif aux éditions Syros. C'est le 4e roman de cette nouvelle collection Oz : Dans la peau de*. Ainsi Anca devient Athéna et la fille de Zeus découvre le monde du 21e siècle. Elle rencontre Achille, le frère d'Anca et la mère de celle-ci, presque aussi intransigeante que le Dieu de l'Olympe. 

    "-Bonjour, jeune homme, quels sont tes atouts ? - Euh... pourquoi tu parles bizarrement ? Pas brillant, cet enfant."
     
    De chaque côté de l'écran les deux héroïnes vont devoir mener la quête de l'autre. Pas facile de vivre comme la vraie déesse Athéna, de communiquer avec sa Chouchou (sa chouette) , d'attaquer un cyclope et de coordonner une équipe de guerriers et demi-dieux.  Pour Athéna, il faut s'adapter à la vie moderne, se comporter en collégienne, s'initier à ces "pavés lumineux" et arriver à communiquer avec des ados aux réactions étranges. Elle a pourtant besoin d'un garçon comme Vassilis, joueur d'Olympus Rising et de son nouveau petit frère pour peaufiner son rôle et aider Anca. Et si prendre de la distance avec sa vie permettait d'y voir plus clair...
     
    "Afin d'observer rapidement les membres de mon équipe et leur positionnement, je dois utiliser ma chouette !"
     
    Une plongée attrayante dans l'univers du jeu vidéo (et son vocabulaire) et un récit plus instructif qu'il n'y paraît. Le duo de romanciers a du bien s'amuser à imaginer l'arrivée d'une déesse guerrière dans notre société actuelle. Parallèlement, devenir la fille d'un dieu n'est peut-être pas aussi grisant qu'il n'y paraît. Evelyne et Julien Guérif redonnent le goût de l'Histoire et l'envie de se remémorer la place de chaque personnage du panthéon grec. Quant aux relations entre parents et enfants, qu'explorent les auteurs, ont-elles vraiment changées depuis l'antiquité ?
     
    Ceci n'est pas un avatar mais une chronique d'un roman vif et sympathique à lire, à partir de 10 ans, sans avoir besoin d'allumer son carré lumineux. Athéna vous le revaudra !
    Et si vous aimez changer d'époque, n'hésitez pas à découvrir le petit roman Coup de foudre précédemment chroniqué.
     
    *Dans la peau de : 
    - Trois jours dans la peau d'un garçon 
    - Vendredi dans la peau de ma prof
    - Un extraterrestre dans ma peau
     
    Image: Syros
  • Âme punk

    sigur-bd.jpg

    Il était question de justesse hier pour le concert de Sigur Ros au Festival des Nuits de  Fourviere et sa première partie Claire Days (accompagnée de Premier jour pour la basse/clavier et batterie). Justesse de la voix donc et émotions qui forcèrent l'écoute d'une arène pleine à craquer.
    Après la délicate et seule présence féminine lyonnaise de la soirée (qui sort son premier album emotional territory) le quatuor mené par Jón Pór Birgisson au chant et "guitare archet" (comme des vrombissements) investit l'espace avec un spectacle images et lumières nuancées tout au long des deux heures du set, alternant anciennes et nouvelles compositions (le 8eme nouvel album symphonique Atta sortira physiquement en Septembre, 10 ans après Kveikur).
    Le show se centre sur Jónsi, son chant falsetto et sa langue inventée, le Vonleska, dans la première demi-heure. Le temps d'accorder le public à l'univers atypique des artistes islandais, lent, angélique et délicat et nous amener à quitter les amarres d'un mental stigmatisant. Au moment où les repères sautent, instaurant l'écoute de l'instant, le calme apparent dévoile une complexité de sentiments sombres ou agités et le magma qui couvait se révèle éruptif. Le vaisseau islandais (les cordes tendues faisaient penser à un navire) nous fait alors voyager dans ses terres ou sur/sous la mer  et l'imaginaire décolle aussi grâce aux images oniriques qui défilent sur les trois écrans. C'est crescendo que le groupe (les 3 membres fondateurs Georg Holm à la basse, Jon Birgisson au chant et à la guitare, Kjartan Sveinsson de retour aux claviers et le nouveau batteur) décolle jusqu'à l'artifice final, prouvant après 30 ans de carrière qu'il reste un atout majeur des artistes rock internationaux.
    Assez proche de Thom Yorke (Radiohead) par sa sensibilité et timidité, le charismatique Jónsi et ses acolytes proposent un univers fantasmagorique aux textures variées, du calme introspectif à l'explosion émotionnelle, une bataille somme toute universelle entre l'ange et le démon intérieur, attisée par les nouvelles du monde, que l'artiste véritable, passeur, restitue dans toute sa complexité.

     

  • Un simple regard

    Ramana maharshi,Coeur est ton Nom Ô Seigneur,Bharati Mirchandani,2ditions Almoro les deux océans,Arunachala,Sri ramanasramam,Inde,Soi,Je Suis,Juillet 2023

    Le silence est continuelle éloquence,
    Flot ininterrompu de langage (p.32)

     

    Cœur est ton Nom ô Seigneur ! est un recueil de photos de Ramana Maharshi (1879-1950) et de son environnement, agrémentées de notes essentielles de son message-enseignement. Le livre hommage concocté par un dévot, Bharati Mirchandani, pour le 125eme anniversaire du sage et son ashram-fondation, reparaît aux éditions Almora-Les deux océans (A.L.T.E.S.S en 2008 pour la première) à un prix volontairement abordable. Les portraits sont magnifiques et donnent à voir la Source infinie du Soi dans les nuances (ni âge, ni émotion) avec un cœur aimant, aux deux sens du terme. Quant aux perles de sagesse, les plus simples et parlantes égrènent l'ouvrage, résumant bien l'univers sémantique du Guru d'Arunachala qui, après une expérience subite de mort corporelle illuminatrice du Soi intérieur à 16 ans, ressentit l'appel (pour y séjourner) de cette montagne sacrée de l'Inde.
    Solitude et contemplation devinrent le quotidien de celui qui s'immergea le plus souvent dans un silence et une paix éloquents pour signifier la dissolution d'une montagne en soi (le mental ou ego) et la découverte d'un mont analogue, le Cœur ou Soi, qui est aussi Centre de la conscience absolue ou fameux "Je Suis".
    Ce beau livre est une ode à la méditation pour ajuster son regard (dans le sien) ou saisir la source d'où émanent ses paroles œcuméniques.
    Quelques photos flous ou une traduction manquant parfois de nuances n'entament en rien la joie de feuilleter cet album traversé par le Vivant.

     

    Jésus est l'ego, la Croix est le corps,
    Lorsque l'ego est crucifié et périt,
    Ce qui survit est l'Être Absolu,
    Et cette glorieuse survivance est appelée Résurrection. (p.59)

     

  • Immobile est le Donne

    Devenir indéracinable est paradoxalement le meilleur moyen d'aller vite par la suite (p.17)

     

    s'ancrer.jpgLa collection "petite bibliothèque" de Mama éditions permet à un.e auteur.e de déployer son univers sur un format court : entretien, vision ou essai ici avec S'ancrer pour se déployer de Marie-Pierre Dillenseger.
    Influencée tôt par la culture chinoise (médecine, philosophie, art de vivre) et vivant aux États-Unis, elle compose un texte philosophico-littéraire original (style et fond) autour de l'ancrage et de son salutaire rappel au quotidien. Savoir dire non, prendre son temps, poser, méditer, se cristalliser intérieurement...autant d'attitudes ou de comportements peu valorisés dans un Occident où le rythme effréné impose performance et rapidité d'exécution.
    Mahomet aurait déclaré (dans un hadith) devoir rechercher la science jusqu'en Chine s'il le fallait, sans doute pour rester dans l'ouverture et l'écoute d'autres traditions afin de trouver le trésor permanent en soi ?
    Tel l'arbre fort de ses racines et élancé vers le haut, l'homme relié et capable de se recentrer (après avoir trouvé cette source immuable) traverse chaque épreuve en s'adaptant au mieux aux exigences de l'époque.
    Envisagé dans un esprit pratique et nourri d'exemples concrets ou de maximes façon Yi-King, S'ancrer pour se déployer est un ouvrage résolument permissif qui rend libre d'explorer des zones parfois trop policées.

     

  • Une symbiose souhaitable

    La 500ème chronique résonne naturellement comme un chœur à 4 voix dans notre thématique éditoriale...

    Quel est le point commun de tous ces créateurs d'une nouvelle culture ? Elles/ils se tournent de façon concomitante vers quatre pôles de valeurs, la solidarité et l'écologie, et deux moins connues, les valeurs souvent appelées féminines et la dimension de l'être. (p.27)

     

    mutants.jpgDans Mutants militants - une alliance nouvelle face aux défis de notre époque - paru chez Massot éditions, Vincent Commenne souhaite insuffler dans les révoltes actuelles (altermondiales ou alterlocales) un vent d’intériorité (psychologique ou spirituel). L'idée est d'harmoniser les actions (Avoir) avec une attitude juste (Être). Il se trouve que ces 4 sous-groupes partagent des idéaux communs, notamment le changement (intérieur ou extérieur), la transparence ou l'éthique (un monde plus juste où être soi), révélés par deux sérieuses études en Amérique et Belgique, à 15 ans d'intervalle.
    L'auteur milite pour et incarne cette nouvelle vague "CC" ou "créateurs d'une nouvelle culture", qu'il souhaite opposer (et non imposer) au Moloch néolibéral sans cesse (et c'est un paradoxe) renaissant d'une de ses têtes coupées.
    Vincent Commenne rappelle que ce mouvement est porté en grande majorité par des femmes (plus de 60%) ou des hommes, comme lui, ouverts à leur féminin intérieur (écoute, lâcher prise, solidarité, lenteur de la maturation...), porteur donc en soi d'un paradigme révolutionnaire face au patriarcat jusqu'ici dominant.
    Puisse ce livre porter du fruit en ateliers et brassage de points de vue sur le monde et le(s) sens de la vie.
    Longtemps refoulé ou occulté, le féminin révélé confère à l'unité d'un mouvement, d'un peuple ou d'une psyché et va à l'encontre de la division souvent exercée et souhaitée, pour mieux régner...

     

  • Entrez dans la danse du Katafali

    Redflower, Tome 1 Le Jeune Coq et Le Soleil, shonen, Loui, Glénat, afrique de l’ouest, juillet 2023« Il était une fois … au plus profond de la jungle sur une île très éloignée… un jeune garçon du mon de Kéli .. »

    Les mangas sont légions, mais quand on les dévore, parfois les lieux ou les histoires se ressemblent et nous lassent. Et puis les personnages principaux ont toujours plus ou moins la même tête. Avec Redflower Tome 1 Le Jeune Coq et Le Soleil, nous voici dans un univers très peu représenté dans les mangas. Il est en de même pour les personnages et pour notre jeune pousse d’héros Kéli. Son créateur : Loui, jeune mangaka franco-ghanéen que Glénat a eu la bonne idée de publier.

    Cette histoire démarre sur les chapeaux de roue ou plutôt sur le poing géant d’un gorille furieux en pleine jungle. Les lecteurs et lectrices découvrent Aïsha, petite sœur (trop craquante) de Kéli et petit à petit sa famille au grand complet. Comme tous les adolescents, le garçon veut prouver sa force et sa vaillance et devenir un « homme » lors de la cérémonie du village. Évidemment, cela ne se passe pas toujours comme prévu. La danse du Katafali que Kéli rêve de maîtriser à la perfection ressemble à un art martial destiné à vaincre les autres. C’est du moins l’interprétation du jeune disciple. Or, la suite des aventures nous montre qu’elle est davantage destinée à maintenir la paix. Elle aurait d’ailleurs été transmise par le Dieu Singe …. mais maintenons le suspens.

    «- Notre père, Yao, est le plus grand guerrier de toute la tribu !!! - Alors si tu es vraiment celui que tu prétends, raconte-nous tes exploits ! »

    Ce qui saute aux yeux dans ce manga, c’est l’humour distillé à chaque page. L’auteur, sans doute féru des célèbres bandes dessinées japonaises, nous présente Kéli, comme un « héros » ordinaire de mangas, imbattable au premier abord puis Loui brouille les pistes. Le manga typique shonen s’étoffe et révèle tout un imaginaire avec les légendes du peuple Bao’ré, la vie concrète du village et bien sûr la quête du héros dont l’entourage se révèle essentiel. Le décor est très réaliste, ainsi que les tenues et coiffures des personnages (très précises et majestueuses). En effet, le mangaka s’est réellement inspiré de « [sa] culture et de [son vécu] en Afrique de l’Ouest » pour écrire et dessiner cette histoire. Elle s’achève sur la rencontre d’un nouveau personnage très étonnant dans l’univers déployé jusqu’alors. 5 tomes sont prévus pour découvrir cette Red flower...

    « Moi Efua ! Je m’y oppose car je ne te crois pas. Je suis la plus rapide et la plus habile de tous les guerriers […] »

    Image : Glénat éditions