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société - Page 2

  • Racines Carré.e.s

    Okhty.jpgLina et Sarah Baraka sont jumelles d'origine algérienne et descendant.e.s de mineurs du Pas de Calais. Okthy (ma sœur en arabe) est leur premier spectacle autour de la gémellité, l'identité et la transmission, hommage aussi à leur défunt père acteur.
    Pendant une heure le public est en immersion sensorielle et littérale dans la culture franco-algérienne ancestrale jusqu'aux revendications récentes, par le prisme d'un trio familial résilient.
    Passionnant, passionné et passionnel à souhait.
    Entretien audio (12 min) avec les deux sœurs à l'issue de la représentation du samedi 15 mars 2025 au Théâtre des Clochards Célestes de Lyon. 

    podcast

  • Trompe l'oeil

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    Le public a répondu présent en nombre ce jeudi 20 Février, au théâtre du Point du Jour de Lyon, à la proposition de Cléa Petrolosi de mettre en scène le handicap invisible : Personne n'est ensemble sauf moi.

    Coup de bluff réussi également entre interprétation professionnelle et fraîcheur du jeu des amateurs : le charismatique Oussama Karfa, le solaire Félix Omgba, la touchante Marine Déchelette et le drôlissime Kerwan Normant. À parité, le quatuor d'acteur est accompagné de Noé Dollé, jeune guitar héros talentueux qui habille de couleurs les saynètes. Chacun se dévoile avec pudeur, sans trop en montrer, si ce n'est la vitalité qui l'anime. Et c'est là qu'on mesure la richesse (à interpréter, à partager,...) du et des sujet(s) tant le public est touché, empathique et déjà sensibilisé. 

    L'universalité du rejet, mépris, déni pour la différence, parle à chacun.e malgré le manque de moyens financiers et humains (évident) ou d'informations.

    Cléa Petrolosi magnifie ses acteur.ices, les met littéralement en lumière et explique avoir integré de nombreux souvenirs de ses sessions d'enseignements avec des porteurs de sensibilité autre, durant plusieurs années (dans le cadre du programme Phare). Tout est très écrit et l'interprétation minutieuse est à la fois fidèle et respectueuse du handicap.

    Pari gagné donc pour cette mise en scène calibrée, aérée, chorégraphiée et mélodique. Plus de 100 représentations au compteur avec un coup de cœur au festival d'Avignon 2023...ouvrons nos regards !

  • Un nom vénéré

    Il réunissait dans l'impeccabilité de sa personne la totalité des réalités spirituelles : Vérité (Haqîqa), Voie (Tarîqa) et Loi (Sharî'a). Dans l'âge moderne, nous ne connaîtrons plus pareille synthèse monothéiste, l'intégralité de l'expérience religieuse. (p.236)

     

    berger.jpgLe jeune méditant érudit Abd El-Kader (1808-1883) fut projeté guerrier contre le colonisateur français, puis fait prisonnier en France et restitué à sa patrie. L'exil et le contact de la culture chrétienne lui fit approfondir sa foi de musulman, sur les pas d'Ibn Arabi dont il fut exégète, avant de suivre un chemin  d'unification au divin avec un maître soufi Al-Fâsi Al-Shâdili (1863). 
    Karima Berger lui restitue dans Abd El-Kader, l'arabe des lumières, paru chez Albin Michel, sa noblesse de caractère et sa grandeur d'âme, révélant la place qu'il occupe dans son cœur et dans celui de la nation algérienne.
    Un ouvrage quasi hagiographique à la hauteur cependant de l'aura de l'émir des croyants dont les faits et gestes sont nimbés de bonté ou de grâce, notamment avec le livre des Haltes, œuvre marquante qui lui fut inspiré.
    Il est question ici de jihad, le petit (contre l'envahisseur ou le mécroyant) mais surtout le grand (contre des ennemis intérieurs) dont l'émir fut un digne représentant, accueillant sans jugement ses prisonniers ou hôtes, d'où qu'ils viennent. Son ouverture d'esprit et son traitement impartial et équanime de l'Autre inspira nombre de traités de guerre ou de chartes.
    Karima Berger officialise son rang de cœur, bien au chaud derrière le Prophète Muhammad et le sceau de la sainteté Ibn Arabi, tout au moins pour l'initiation spirituelle, sur l'échelle céleste, au Panthéon de l'Islam.

  • L'Être père

    Liza Machover,Florian Bessin,Julien Moreau,Thibault Villette,carolina Rebolledo-Vera,Alex Mesnil,Corine Ravaud,Florian Bessin,Marie Rasolomanana,Julien Moreu,Benjamin Möller,Maureen Sizun Vom Dorp,Paul Argis,Alex Mesnil,Claire Dantec,Jonathan Devrieux,compagnie,compagnie superfamilles,Théâtre du point du jour,Lyon, 1er Février 2024

    La compagnie Superfamilles nous entraine hors du Théâtre du Point du Jour de Lyon 5. Nous allons à la découverte de L'île aux pères (ou pourquoi les pères sont-ils absents ou morts) écrit et mis en scène par Liza Machover. Les comédiens Florian Bessin, Julien Moreau, Thibault Villette, dont un danseur et un circassien, se défient au jeu dangereux du cap ou pas cap avant de nous embarquer sur la scène dans un dispositif bi-frontal et de nous convier dans leur quête autour des "papas", de la filiation en passant par l'assimilation des codes des "supers-héros". Chacun y va de son histoire ou ses expériences touchantes: cueillir des fleurs sur un terrain de foot...si mignon mais pas vraiment au goût du paternel ! La vie des héros, des comédiens ou la parole récoltée pendant 3 ans sert à dresser le portrait des pères d'hier et d'aujourd'hui, parfois grandioses, parfois détestables, humiliants ou simplement absents ou morts. Une pièce qui ne laisse pas indifférente car renvoyant forcément au vécu de chaque spectateur. Celui-ci est d'ailleurs invité à partager ses propres souvenirs. Les acrobaties, costumes et fantaisies de nos trois comédiens apportent ce qu'il faut de sourire et de rire pour que L'île aux pères reste léger tout en traversant les questions actuelles sur la masculinité et le rôle des pères.

    Liza Machover répond aux questions de Chœur pendant que le public déambule sur scène (9min 30)

    podcast

    Crédit Photo : Théâtre du Point du Jour

  • le son du chophar

    Les conséquences d'Internet en tant que médium sont aujourd'hui visibles dans la vie politique française. La question juive est devenue omniprésente dans les polémiques qui émaillent presque quotidiennement la conversation nationale...les juifs accompagnent l'agenda quoi qu'il arrive, comme si les catégories de droite et de gauche avaient cédé la place à celles de sioniste versus antisémite. Qui pourrait trouver cela sain ? (p.234)


    Guillaume Erner,judéobsession,Flammarion éditions,Guillaume Erner, sociologue, publie Judéobsessions chez Flammarion, un essai assez complet sur l'antisémitisme, ses racines, ses ressorts, son expansion.
    Obsédé par le mot et l'être juif, notamment depuis la Shoah, par ses descendants, il explicite un énième paradoxe actuel : l'omniprésence médiatique du juif malgré sa constante disparition sur le territoire européen (il n'y restent que 9% sur les 14 millions dont la majorité en Amérique et Israël).
    Il résume et démonte brillamment toutes les théories anti-juives depuis des millénaires, jusqu'aux complotismes récents.
    Il rappelle également le nécessaire distinguo à opérer entre juif et sioniste, religieux et laïque ou encore l'existence de juifs à gauche politiquement parlant. C'est surtout le réductionnisme et le retour du refoulé concernant son identité, depuis le 7 octobre 2023 qui l'ont amené à pousser ce cri d'alarme, en s'en tenant aux faits pour désamorcer des idées reçues ou pensées mécaniques.
    Peu porté sur le religieux, il évoque néanmoins la particularité de ce peuple monothéiste originel, coutumier de l'exil et victime du nazisme. L'embrasement mondial du conflit politique et sémantique laisse augurer des lendemains difficiles jusqu'à l'hypothétique venue du Messie tant attendu (par les trois religions monothéistes), dont l'avènement pourrait éclaircir ou tout du moins donner un sens aux événements tragiques de l'Histoire.
    Un livre nécessaire, utile, courageux et pourfendeur de clichés sur la question juive.

  • La co-naissance du Christ

    le christianisme face aux autres religions,Edouard-Marie Gallez,éditions Artege,messianisme,spiritualisme,Christ,Janvier 2025Avec Le Christianisme face aux autres Religions, le père Edouard-Marie Gallez relate, dans un court essai charnu, paru chez Artège éditions,  sa spécificité originelle, tout en évoquant les deux principales excroissances issues de son dogme, survenues après l'irruption du Christ.
    Il démontre en effet en quoi les messianismes et les spiritualismes se sont détournés d'une saine relation avec une Personne qui est "le Chemin, la Vérité et la Vie", la remplaçant par un peuple/État/technologie sauveur ou un sauveur qui n'est autre que soi-même.
    De ce fait seul compte le présent et l'avènement d'un royaume terrestre (une terre sainte ou
    une théocratie légaliste) plutôt que la quête effrénée d'une Présence seule à même de rendre libre en basculant hors de l'espace-temps, là où règne l'amour, la paix et le champ des possibles.
    Il replace ainsi le Christ au "centre de l'histoire" et comme Centre de l'Homme afin de témoigner d'un Autre en soi, à la fois immanent et transcendant les limites du mental, pour se positionner dans la foi pure, en silence et dans l'attente d'événements qui sauraient peut être bousculer à jamais les assises du monde, en apparence prédéterminé.
     

  • La banalité d'un fléau

    L'objet incestuel concrétisera donc la projection par cette mère de l'idéalité qui la fait survivre à la place des présences internes qui lui manquent. Quel périple ! Ou plutôt quel court-circuit ! Oui : le court-circuit narcissique remplace les trajectoires libidinales (p.43).

     

    L'inceste et l'incestuel,Paul-Claude racamier,éditions Dunod,indifférenciation,autonomie,fantasme,Freud,Décembre 2024Avec l'Inceste et l'Incestuel paru initialement en 1995 chez Dunod, Paul-Claude Racamier (1924-1996) a publié un texte écrit de manière originale sur une pathologie insidieuse et psychique qu'il contribua à révéler, notamment chez les psychotiques : l'Incestuel.
    Il s'agit d'une sorte de fusion identitaire entre un enfant et un parent un peu froid ou intérieurement vide (le manque de tendresse est un signe), avec une forte projection/séduction narcissique, intimant l'enfant à croire au parent incestueux plutôt qu'à consolider son propre moi. En somme n'exister qu'indifférencié, pour valoriser une fonction parentale par exemple.
    Le problème survient plus tard si l'autonomie est empiétée mais le complexe peut évoluer "positivement" vers des énergies libidinales certes inappropriées mais résilientes à terme, avec le parent de sexe opposé ou toute figures tutélaire.
    L'ouvrage est assez élitiste dans l'ensemble et même s'il intègre des cas concrets actuels et mythologiques, on aurait souhaité y trouver plus de signes cliniques, de pistes thérapeutiques ou de chemins de guérison pour dédramatiser l'"en-jeux".
    En l'occurrence l'auteur ne répond pas à cette question de savoir si la faute originelle est pour la mort (liens morbides et angoissants en tout) ou pour la vie, dans le cas d'un dépassement sur le plan spirituel par exemple. Il y a là néanmoins une prodigieuse prise de conscience sur un phénomène familial contaminant des générations, pour peu qu'un individu s'éveille afin de stopper ce délire confusionnel, cet imbroglio collectif.