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Spiritualité - Page 23

  • L'Oeil du Résurrécteur

    “Être là, vivant, c'est manifester dans nos limites quelque chose de l'invisible présence et de l'infini patience. C'est être une icône de l'Être, qui est Vie, conscience et Amour”. (p.20)

     

    paradoxe.jpgJean-Yves Leloup publie le Paradoxe Chrétien aux éditions du Relié-Tredaniel. Une saine et salutaire réflexion sur la figure du Christ, humain et divin à la fois, Roi du Royaume céleste mais crucifié sur terre, uni à Dieu et "co-naissance" du croyant sincère.
    Trois essais ponctuent cet ouvrage : l'essence actuelle du chrétien, l'importance d'une vision iconique et l'esprit (saint) des 8 béatitudes.
    L'auteur rappelle qu'une relation authentique au mystère christique, vécue dans sa chair par la transfiguration, est le signe et l'essence même du chrétien en cette époque. Être chrétien c'est porter en soi et naître Autre, christophore. C'est montrer la Lumière qui éclaire ce monde par l'Amour, la conscience, la Vie et le souffle qui sont ses attributs. 
    C'est aussi se situer dans un axe vertical qui relie terre et ciel, Père et Saint-Esprit (la Mère ou Sagesse), dans le Fils, Corps-don. C'est enfin connecter la Source à laquelle Jésus s'abreuvait, était vivifié et qui le rendait libre. C'est laisser l'infini et l'éternelle vie traverser l'existence et, par la trouée du regard, dépasser l'idolâtrie pour devenir l'icône qui nous meut et nous survivra.
    Cette Présence issue du silence et qui n'est pas de ce monde, cet au-delà du mental prélude au Verbe, cette sortie de l'échelle des intelligences (le bien, le mal...) pour un discernement incardié et relié...mais aussi ce si mal aimé, violenté et méprisé prince de la paix. Ce sont ces paradoxes que développe depuis tant d'années le père orthodoxe renommé Jean Seraphim en faisant ici une mémoration synthétique.
    Au risque de heurter certaines sensibilités, Jean-Yves Leloup nous (dé)montre qu'il est toujours à la page, ni démodé ni conventionnel.
    L'ancien qui traduisait il y a quarante ans avec André Chouraqui certains passages de la Bible hébraïque (dont le "en marche" des béatitudes ou le “va vers toi" du cantique) est toujours en verve et en verbe. Il incarne véritablement comme d'autres (une tendre pensée à Annick de Souzenelle) la promesse du Christ et de la survenue du Royaume en cette vie. Un témoignage d'une importance cruciale en ces temps troublés.

     

  • Au service de la Vie

    Contrairement à l'ego, "soi-même" préfère jouer que se répéter.


    shaman 2.jpgLe second tome de
    Shaman, imaginé par Tigran aux éditions Mama s'intitule La Vision et s'avère plus théorique que le premier.
    Les liens spirituels entre le narrateur, sa femme Hilga, leur fille Seta et la chamane Otharjanat sont dénoués et dévoilent la complexité du dessein céleste.
    Tout s'imbrique et prend un sens magique au service de l'Amour. Car il est toujours question d’œuvrer à soigner des maux (ou d'accepter l'échec aussi), remettre l'énergie en mouvement, réharmoniser des déséquilibres...et préserver la lignée des guérisseurs pour que la flamme sans âge vacille à jamais.
    On retrouve les éléments qui faisaient le charme du premier opus, les embardées dans l'invisible, les rêves initiatiques, les liens forts et vivaces avec la nature, les flashbacks dans l'enfance saturée de signes du narrateur, et les instants de vie, les échanges simples et profonds entre ces êtres qui expérimentent la réalité augmentée. 
    Est également explicitée la nature lumineuse de l'âme sur l'esprit selon la conception chamanique, sa malice à ne vouloir se laisser enfermer dans aucune routine égotique pour demeurer sans forme, libre dans l'instant, ouverte à tous un champ de possible, l'invisible et l'incroyable y compris.
    Si le temps du rêve n'est que présent, on se prend, lecteur, à aimer cette vie rêvée ou chaque instant est riche de présences, de conscience et d'interconnexions surnaturelles.

     

  • Un chamanisme transparent


    "Le corps doit se défaire d'une certaine part d'animalité pour accéder à sa transcendance et accepter de faire le lien avec l'invisible".

     

    Brigitte Pietrzak,Voyages chamaniques et rencontres remarquables,Mama éditions,esprits tutélaires,canal,visions,Mai 2022Brigitte Pietrzak est une éclaireuse du nouveau monde à naître. Elle poursuit avec Voyages chamaniques et rencontres remarquables, son troisième livre paru chez Mama éditions (préface de Lilou Macé), le dévoilement du monde invisible, sa sagesse, ses connaissances, ses intuitions. Elle converse aussi bien avec les esprits tutélaires d'animaux (de l'ours à la reine des abeilles en passant par le hibou, l'aigle, le serpent ou le loup...), les entités célestes (ange, étoile...), les âmes défuntes ou des entités archétypiques du monde chamanique. Cet ouvrage nous en apprend autant cette fois-ci sur l'auteure, sa sensibilité, son essence, sa fonction, que sur ses rencontres dans le monde du rêve éveillé, si bien qu'on confond parfois sa parole donnée de celle reçue. Sans doute l'appropriation, le fait qu'un chamane soit un canal qui absorbe l'énergie des alliés pour "apporter réparation", dans un "consentement à servir" et une forme de "dénuement", "engageant sa clarté dans un acte de foi", puisqu'un lâcher prise mental est la porte du soin spirituellement guidé.
    Rares sont les livres qui évoquent l'après, ce monde à naître plus libre, lumineux, connecté à la Source de toute intelligence et qui concourt à l'unité dans un sens plus collectif (moins égocentré). Les textes sacrés s'arrêtent globalement au Jugement dernier qui n'est que le commencement de l'éternité, une conscience d'être inter-reliés ("rayonner c'est être avec" dit un esprit invoqué) et l'irruption de l'invisible dans le présent.
    C'est avec l'esprit dont chaque "entité" est pourvue, que le chamane dialogue pour percer les secrets de la matière. Brigitte Pietrzak rappelle qu'il n'en existe pas de mauvais mais que l'usage non éthique de cette somme de connaissances transforme la sagesse en pouvoir, le chamanisme en sorcellerie, la ré-harmonisation en magie noire...et le danger guette celui dont l'intention n'est pas pure ou désintéressée.
    Les goûts et fondations spirituels de l'auteure laissent entrevoir une âme forgée dans le terreau de l'humilité et vouée au service du Tout.

     

  • Une démarche inspirante

    Levons les voiles ! Ceux du vaisseau-souvenir, mais d'abord ceux de nos contemporains qui maquillent le passé pour nous voiler le présent”. (p.24)

     

    harem.jpgLe Harem politique de la sociologie Fatema Mernissi (1940 - 2015) c'est celui du pouvoir féminin dont la révélation coranique, divine pour les musulmans, sera l'agent révélateur.
    La culture arabe pré-islamique, celle des tribus et guerres claniques, considérait les femmes comme objets, sans héritage, droits ou sujettes à violence physique, dans une société patriarcale.
    Le prophète Mohammad dont les paroles et gestes constitueront un coran bis (la Sunna) eut neuf femmes après son premier mariage avec Khadija qui cohabitaient avec lui dans un logement attenant à la mosquée de Médine, ville de l'Hégire. Autant dire une frontière ténue entre vie privée et publique, ces dernières intervenant parfois sur les lieux de batailles ou étant à l'origine de versets révélés (sexe, voile, héritage, butin, divorce, égalité...) : un certain et sacré pouvoir donc.
    Le livre réédité chez Albin Michel (Première édition en 87), relate de ce temps béni où un homme doux, timide et idéaliste (l'auteure le vénère) voulut purifier et apaiser les mœurs en vigueur, entre tribus et sexes, aidé en cela par un Dieu progressiste et égalitaire en esprit, matriciel et Miséricordieux comme cela fut le cas au temps de Jésus.
    L'esprit cependant primait à l'époque rarement sur la lettre et le prophète était constamment sollicité pour tout type de problème du quotidien.
    Le Harem politique - le Prophète et les femmes, est aussi un ouvrage sur l'inertie d'un peuple mâle toujours enclin à garder intactes ses privilèges (politiques ou sexuels) en déformant le sacré à son compte. Le voile, son instauration dans le Coran et son actualité toujours brûlante au sein des démocraties en est l'exemple parfait.
    Pointilleuse, fine investigatrice (une somme d'archives exhumées) et militante, Fatema Mernissi inspira de nombreuses écrivaines (historiennes, littéraires, spirituelles) sur le chemin de la réappropriation de la Mémoire ou hiéro-histoire en Islam et partout où le féminin, symbolique ou de genre, fut occulté dans son pouvoir de transformation et d'unité.

     

  • Rendre le mal Un

    La tragédie humaine, le mal persistant, viennent de la méconnaissance de notre ombre. Lorsque le mal est compris comme une ignorance de soi, nous savons que l'éducation intérieure peut s'y opposer et le diminuer”. (p.39)


    Embrasser-le-mal-couverture-349x543.jpgLe docteur Guy Ferré signe avec Embrasser le mal, paru chez l'Originel-Antoni, un court essai "contemplatif" concis, exigeant et probant, dans la lignée d'Annick de Souzenelle (Le Seigneur et le Satan) ou de C.G Jung (Le livre de Job) puisqu'il est ici question de l'ombre (les besoins infantiles de reconnaissance, d'orgueil, de jalousie, de domination, de peur...), du processus de maturation (devenir responsable ou adulte) qui résulte de sa nécessaire confrontation et de la conscientisation d'un centre autonome détrônant l'ego ou faux personnage.
    L'ouvrage est émaillé de citations de Lee Lozowick (le maître spirituel de l'auteur) ainsi que d'autres sages et philosophes de renom, lui donnant son caractère œcuménique.
    Une seconde partie plus personnelle mêle expérience et convictions sur les racines du mal en chacun (le scénario de survie souvent tyrannique, violent ou cruel du petit ego) et la nécessaire adaptation à la perte (physique, émotionnelle, psychique) d'(un) être séparé, qui ouvre un champ inconnu mais riche de potentialités (en terme d'énergies, de niveaux de conscience...).
    La question du mal (guerres, souffrances, viols...) concerne bien sûr notre part d'humanité maudite qui n'attend qu'une baiser du Vivant en nous pour se sentir aimée inconditionnellement. Croyant ou pas, c'est Dieu ou l'être en soi (ou le maître de la voie) qui a ce pouvoir de guérison spirituelle même si en délaissant la toute puissance (une blessure narcissique souvent) on se retrouve impuissant ou vulnérable à la tyrannie d'autrui. Reste à accueillir à hauteur d'homme cette faille inhérente à notre commune nature et traiter autrui comme nous voudrions qu'il nous traite puisque l'élévation est notre tâche et alliance. Cette démarche peut s'apparenter à la praxis chrétienne que peu appliquent en profondeur. Le péché représenterait alors les scories de la personne qu'il convient de brûler dans une pulsation embrassante.
    Un petit livre édifiant dont le jugement est absent et qui fortifie en soi notre capacité unitive.

     

    “Le délire de toute puissance et d'immortalité de l'homme augmenté est en réalité une conséquence mortifère de notre refus collectif d'apprendre à nous pencher sur le sentiment de perte et ainsi à embrasser le mal”.(p.92).

     

  • Au coeur de la Taïga

    Non pas un rêve, un vrai monde, ton monde...


    Tigran,Shaman-La Quête,Mama éditions,Mongolie,vision,rêve,esprits,initiation,chamanisme,Avril 2022Shaman de Tigran sera une trilogie qui paraît chez Mama éditions.
    Le premier volume, la Quête, nous emmène sur la steppe mongole où un jeune français a été adopté et reconnu comme fils spirituel d'une chamane, Otharjanat. Cette dernière l'a vu lors de leur première rencontre et a su qu'il perpétuerait sa lignée car on naît chaman. Il faut dire que le héros faisait des rêves étranges, jeune, qui l'emportaient dans un tout autre monde, celui de la magie. Pas de fioritures ici, on rentre directement dans le vif du sujet.
    La Quête est l'histoire de cette transmigration d'âme, de son initiation au sein de la communauté en tant que guérisseur et de sa rencontre avec la belle autochtone Hilga, promise à un autre homme du clan mais destinée par les esprits tutélaires à une autre alternative...
    Petit livre aux courts chapitres tels des flashs, comme ceux vécus par l'auteur avec ses allers-retours dans l'autre réalité, ce premier tome est haletant et nous immerge complètement dans l'univers chamanique, ses rites, ses croyances, ses esprits, ses animaux passeurs aussi comme Arzan, le cheval grège, qui accompagne le héros dans sa quête initiatique.
    Y est introduit une réflexion sur l'espace-temps, où passé et futur s'entremêlent pour conforter le Shaman dans la maîtrise et la confiance en soi, ses pouvoirs, ses visions mais surtout sa capacité à laisser œuvrer l'esprit à travers lui.
    C'est la suite qui déterminera la saveur et la teneur du récit même si  ce premier jet se suffit à lui-même comme condensé ou essence du chamanisme.

     

  • Une requête légitime

    La pensée divine nous invite à chercher le meilleur en nous, à nous comporter sans violence envers les autres, appliquant l'entraide et protégeant la nature. C'est ainsi que l'homme pourra éradiquer la bête en lui et retrouver son humanité, en s'immunisant contre l'influence du cerveau reptilien”. (p.208)

     

    pensée dieu.jpgLe titre interpelle, "De la Pensée de Dieu à la Parole du Prophète", tant on croirait les termes logiquement inversés. Mais c'est bien la thèse forte intéressante et a propos  d'Abdellatif Laroui qui paraît aux éditions Erick Bonnier.
    Plutôt que de la voir transcendante et éternelle, immuable et incréé il considère cette Parole divine comme une Pensée, sous entendu une intention, une direction, un concept d'idées, un message cosmique présent en tout temps et que certains individus tels les prophètes, capteraient et retranscriraient dans des contextes socio-historique et psycho-culturel définis.
    Au lieu d'être figée à l'interprétation et au philtre de la raison, cette Parole prophétique reste vivante, créative, symbolique, conférant à l'universel parfois ou carrément datée.
    Avec beaucoup d'humour et de sens critique, l'auteur dénonce aussi la sacralité de cette Parole prophétique (qui divinise pour le coup Muhammad et humanise Allah) en Islam sunnite notamment, sous forme de hadiths, Sunna ou jurisprudence des oulémas.

    Dans une seconde partie Abdellatif Laroui entend réhabiliter la philosophie (Ibn Roshd plutôt qu'Al Ghazâli : l'un Maître de sa pensée, l'autre que le réceptacle), le discursif sur l'intuitif,  pour combler le retard pris par la civilisation musulmane dans sa soumission au Transcendant et Son ingérence en tout (le Mektoub contraire au libre arbitre ?), le dogme étant devenu pour lui “un instrument au service du pouvoir politique et la Religion un moyen de domination pour contrôler les masses”.

    Discerner les versets intemporels des contextuels nécessite, à notre sens, une science du Verbe : son essence, origine et sa destination. La raison a ses limites, terrestres et humaines mais peut s'approcher d'un message ou d'une Parole insufflée en poids, souffle et vérité...essayer tout du moins de l'interpréter ou de le mesurer.

    Le dévoilement du Verbe, en son sens plénier, gagnerait plutôt, dans l'alliance ou le rapprochement philosophico-mystique, a-mental, comme la médecine moderne avec la parallèle et la science avec les Religions. Ces deux sœurs ou voies illuminatives ne sont-elles pas en effet, in fine, unes en essence ?