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Spiritualité - Page 25

  • L'Islam fédérateur

     

    dimensions-universelles-de-l-islam.jpgLes éditions Tasnim et le philosophe universitaire Patrick Laude s'associent pour proposer un recueil de textes thématiques autour des "dimensions universelles de l'Islam". Les collaborateurs anciens (Guenon, Lings, Ampaté Ba...) ou modernes (Hossein Nasr, Geoffroy, Chittick...) sélectionnés sont tous d'éminents spécialistes reconnus pour leur ouverture ou construction de ponts interreligieux voire interdisciplinaires.

    L'accent est mis sur la tolérance et l'universalité de la dernière religion révélée. Même si la branche ésotérique de l'Islam se différencie du mysticisme (chrétien) par son aspect initiatique datant de l'imitation du comportement du Prophète Muhammad, c'est bien elle qui opère l'union, le soufisme en particulier.

    La révélation du Coran contient autant de versets prônant l'essence commune de toute religion que la disqualification des autres formes (charia), en fonction des abrogations successives. Dur donc de s'y retrouver légalement parlant.

    Néanmoins, en dehors d'une pratique ritualisée, l'adoration du Créateur entraîne logiquement le respect et l'accueil de la différence, pour autant que l'Amour ait pénètré le coeur du croyant sincère. 

    Les exemples de convergence et d'entente parfaite sont, et c'est l'intérêt de ce livre, multiples entre voies religieuses ou spirituelles : la sagesse commune à toutes, l'état de serviteur qui couronne le cheminant, le travail de sape de l'ego ou de polissement de la rouille du coeur, la préexistence de l'être sur la personne...le dialogue interreligieux, le socle traditionnel, ou encore l'appropriation culturelle ( les traductions du Coran ou des grands penseurs de l'Islam en langues étrangères) dans une visée plus exotérique.

    De même que tous les musulmans ne sont pas fanatiques, ils n'envisagent pas tous une lecture (du Coran) ou une pratique intériorisée (prière, ramadan, aumône, pèlerinage) de leur religion. Les auteurs sélectionnés par patrick Laude apportent leur pierre à l'édifice de ce message originel de l'Islam.

    Cet ouvrage compilation est un rappel salutaire qui ouvre à d'autres dimensions englobantes et recapitulatrices de l'Islam et de son Livre révèlé. Tayeb Chouiref (édité par Tasnim), islamologue français, oeuvre par exemple en ce sens plus symbolique, en traduisant des textes majeurs du patrimoine arabo-musulman.

    Une élévation en soi, un rappel salvateur.

     

  • Quelqu'un plutôt que rien

    Mais il avait persisté dans sa secrète détermination à servir le tout en s'accomplissant. Et le tout, de guerre lasse, sans doute, avait fini par le lui rendre”. (p.11)

    Voilà ce qu'il avait compris : perte et rédemption, damnation et rachat, étaient la diastole et systole de la circulation de cette vie, elles en régissaient le cœur dans sa marche immémoriale”. (p.41)


    gilles farcet,la réalité est un concept à géométrie variable,éditions l'originel-antoni,arnaud desjardins,yvan amar,g.i gurdjieff,yogi ramsuratkumar,christ,vivant,coeur,compassion,mystère,enseignement spirituel,mars 2022Les éditions l'Originel-Charles Antoni, nouvellement renouvelées, proposent une inspiration de Gilles Farcet sur le concept du Réel : La réalité est un concept à géométrie variable.
    L'auteur, mature en âge et discernement, y jette un regard compatissant sur son passé et son passif ; dresse un portrait lucide de sa génération, de ses contemporains et de sa propre tâche (“pas sage mais accoucheur”) ; nous livre ce qu'il a compris du monde, du sens et du mystère de la vie (l'Amour ?), du temps qui passe, de la mort.
    Reconnaissant des amis spirituels rencontrés sur le chemin (A. Desjardins, Y. Amar, Yogi Ramsuratkumar, G.I Gurdjieff...), il goûte aux fruits de leurs enseignements, par une pratique assidue et continue depuis une quarantaine d'années, se découvrant et s'acceptant homme heureux, conscient, aimant et vivant.
    Cet "homme nouveau" au sens chrétien du terme, avec sa vision compatissante de l'humain, la responsabilité d'être au service de son prochain, d'accueillir toute souffrance pour la transcender et se donner en corps tel une hostie, la bonté d'âme aussi...s'est imposé avec le temps, reléguant l'homme ancien ou l'ego-centré en seconde place de la psyché consciente (le “il” narratif est employé à dessein).
    Rien de permanent pour autant, aucun élu ni parvenu, ni fonction à laquelle s'identifier. Des années de lutte intérieure lui ont appris la patience, la veille stratégique et la nécessité de rester dans l'ouverture de vue et de cœur (“vivant plutôt qu'éveillé”).
    Gilles Farcet traverse la vie en baroudeur, sans apporter de réponse toute faite au mystère insondable mais ressent de plus en plus le besoin de remercier pour l'assise, les signes et la confiance mis en lui. Il trace son sillon à la fois dans les pas de ses prédécesseurs mais aussi dans l'intime connivence et relation de l'être en soi.
    Un auteur que l'on sent proche. La profondeur et l'acuité du Vivant qu'il est permet la mesure.

    Entretien en trois parties (11, 8, 9 et 9 minutes) avec l'auteur :


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    Crédit Photo : L'Originel-Antoni

  • Serviteur et maître

    "Pour être le parfait transmetteur de la parole et de la science divine, pour guider les hommes, pour connaître Dieu, il doit être un serviteur pur et épuré de toute attribution à soi de ce qui n'appartient qu'à Dieu, afin de ne rien lui associer de son adoration et sa mission...L'expérience spirituelle de la servitude est réalisation de l'unité. Le serviteur nie toute divinité en lui-même et en tout être pour l'attribuer à Dieu seul". (p.120-121)


    serviteur.jpgDenis Gril, islamologue spécialisé dans la recherche de la sainteté et du soufisme, publie aux éditions du Cerf une compilation thématique sur la figure du prophète Muhammad en spiritualité musulmane : le Serviteur de Dieu.
    Son approche et les prismes choisis pour l'étude s'avèrent inédits, originaux, voire atypiques et permettent de redécouvrir le statut et la fonction, la stature et la ponction (on conservait ses cheveux pour actes de guérison, certains buvaient l'eau de ses ablutions...) du dernier (le Sceau) des prophètes envoyés. Ainsi revit-il sous nos yeux
    en chair (vénération du corps vivant et mort), dans ses rapports conjugaux (il eut 9 femmes dont Aïsha), ou en compagnie des premiers compagnons, notamment son porteur de sandale et parfait récitateur du Coran naissant, Abdallah Ibn Mas'ûd.
    Plus qu'un simple illettré recevant une révélation à partir de 40 ans, Muhammad jouit, à travers les sources musulmanes traditionnelles, d'une aura quasi similaire à celle de Jésus pour les chrétiens, à la différence que le Coran renie toute déification. Les pieux compagnons sont témoins comme les Apôtres, sa vie confère au symbolisme (paroles et actes, en privé ou en public), son corps est miraculeux; son pouvoir d'intercession rappelé (Il sera témoin de tous les prophètes lors du Jugement dernier) et la révélation (qui s'étendra sur 23 ans) est empreinte de numineux.
    Les musulmans soufis garderont d'ailleurs , dans une moindre mesure avec certains hadiths révélés, le goût et la sacralisation des paroles inspirées  par l'esprit de sainteté (Le prophète fut même qualifié de Père en Esprit), Ibn Arabi en fer de lance.
    L'ouvrage évoque aussi le caractère singulier et précellent de Muhammad, premier conçu et dernier envoyé, véritable flambeau et lumière différenciée mais co-substantielle à Dieu (la double profession de foi en Islam). “Serviteur de Dieu” spécifie l'état du plus haut degré de réalisation spirituelle puisque rejetant toute association : la personne brûle pour ne laisser que la divinité être, l'état de fana des soufis.
    Ajoutons ici que celui qui a beaucoup reçu a beaucoup à donner aussi. Les spirituels de l'Islam à travers leurs chaînes de transmission ont donc aussi véhiculé de Muhammad  une image de maître enseigneur "humble, humain et simple...dont le caractère était le Coran".
    La fraternité qui régnait entre les pieux compagnons, le silence et la vénération qui les accompagnait en présence du Prophète susceptible à chaque instant de délivrer une parole insufflée (Hadith) ou révélée (Coran), sa relation particulière à Dieu et son effort de perfection...tout ceci forge un modèle initiatique dont les soufis hériteront et plus globalement les ésotéristes de tous bords.

     

  • Une inspiration universelle

    L'absence ou le manque de vie, de conscience et d'amour, c'est ce que Paul appellera le vieil homme, l'homme extérieur ou le péché. La présence retrouvée de la plénitude de la vie, de la conscience et de l'amour, c'est ce qu'il appellera l'homme nouveau ou l'homme ressuscité, celui qui vit selon l'Esprit, l'être pour Dieu/Amour/ Agapé et non selon la chair, l'"être pour la mort". (p 48)



    Jean-Yves Leloup,Paul maître spirituel,éditions Medispaul,Nietzsche,Durckheim C.G,Maitre Eckhart,Jésus-Christ,Verbe,enseignement,évangileFévrier 2022Le prolixe Jean-Yves Leloup (presque 10 livres ces 5 dernières années) s'empare du cas Paul avec  "Paul maître spirituel - la transmission d'un éblouissement" qui paraît dans la collection Paul Apôtre chez Mediaspaul.
    Le personnage est intéressant car il est le seul Apôtre à ne pas avoir connu Jésus physiquement mais en sa qualité de Lumière quintessentielle lors d'une révélation sur le chemin de Damas.
    De persécuteur des chrétiens il deviendra le précurseur de l'initiation à l'Esprit, propre aux rapprochés du Christ.
    J.Y Leloup convoque philosophes, pères de l'église et maîtres spirituels chrétiens (Eckhart, K.G Durckheim) pour appuyer la spécificité et la modernité de l'enseignement de Paul. Comme Nietzsche il rejette l'Ancien Dieu de ses pères (violent, jaloux et moraliste) mais trouve, à la différence du philosophe devenu fou, un sens nouveau à vivre sous le joug de l'Amour, une Trinité relationnelle révélée par Jésus-Christ.
    Qui plus que Paul aura fait rayonner le message évangélique originel (Il faut qu'Il croisse et que je diminue..., Ce n'est plus moi mais Christ qui vit en moi...), une co-naissance en soi du tout Autre, divino-humain, incorruptible, saint ou éternel.
    C'est en ce sens qu'il le qualifie dans cet essai, de maître spirituel et plus, pédagogue et christophore.
    Son élection portera fruit jusque dans le verbe transcrit (un enseignement en soi) et transmis (une transmission en souffle et vérité), comme véritable semence pour qu'éclos le Christ intérieur.
    Ce nouveau Dieu (ou peut-etre son évolution ?) appelle un nouvel Homme transfiguré et rendu plénier par l'Amour incarné. Cette double origine permet de s'émanciper de "la chair", soit ce qui est fini, généré, conditionné, non relié à l'Esprit ; pour cheminer vers une identité plus libre, infinie, connectée à la Source unitive.
    On passe un bon moment à se remémorer un Verbe fédérateur et bâtisseur donc nourricier, qui influença vingt siècles de savoir-être et de réflexion ontologique (les citations sont nombreuses). Pour aller plus loin dans l'enseignement révolutionnaire du Christ porté par l'Apôtre des nations, J.Y Leloup aurait pu citer comme possible ouverture quelques passages des Dialogues avec l'Ange, à notre sens révélation ésotérique et pratique (le Nouveau, le Donne, la co-naissance qui est Amour, la matiere-lumière...) de la lettre que constituent les textes sacrés, monothéistes en particulier.
    Un péché académique qui réduit à la sphère dogmatique la portée de cet essai.

     

  • Dieu reconnait les siens

    "Dès l'enfance, ma nature profonde réveillait et stimulait les tendances héroïques et spirituelles de mon caractère. J'entendais une voix surnaturelle. Je désirais aussi combattre pour ma patrie...céleste". (p.91)

     

    delorme.jpgLes éditions Erick Bonnier rééditent Le Chemin de Dieu, classique de l'ésotérisme paru en 1979 chez Albin Michel, qui est un récit autobiographique de Catherine Delorme (1901-1991) dite "Mamita", une référence de l'Amour incarné chez les soufis.
    Les événements de sa vie, de ses dons exceptionnels (guérison, faiseuse de pluie, rêves prophétiques, vision spirituelle...), à sa guidance  malgré les épreuves (son nom musulman est Hydayat Allah, "la guidance divine"), évoquent une destinée hors du commun dont l'Islam fut la forme de sa réalisation.
    Sicilienne et chrétienne de naissance, Catherina Maltese dépeint dans ce livre des souvenirs où affleure la fine pointe de l'âme, dès l'enfance, et où son besoin d'être aimée sera comblé à l'issue de son cheminement spirituel - de la mystique à la kabbale, de la guématrie au symbolisme, de la prière du cœur au dhikr, des lectures spirituelles (guénon, Ibn Arabi...) à l'initiation soufie - par l'ultime épreuve de l'extinction dans l'essence divine (Fana Fi Llah), apex de la voie de la purification de l'âme qu'est le soufisme, pour les musulmans épris d’intériorité.
    Cette facilité et cette grâce accompagnant les rapprochés de Dieu (notamment la rencontre fortuite de ses maîtres spirituels Gabsi ou encore le Cheikh Tadili) lui fera co-naître la Source irradiante d'Amour,  pour mieux l'infuser et la dévoiler, dans la deuxième partie de sa vie, aux chercheurs de Vérité de tous bords. Henry Bonnier fera allusion à sa rencontre dans son recueil posthume, L'île d'or.
    A l'image d'une Amma ou d'un Maharshi pour l'Inde, elle fut la première femme européenne Arifa bi-Llâh, "connaissant par Dieu" pour les initiés soufis.
    L'écriture de Catherine, mariée Delorme, se rapproche de la pauvreté du connaissant (des réalités spirituelles) : plaisante mais sans fioritures ni emphase, à la fois littéraire et vivace. On passe un bon moment à l'évocation de la tariqa soufie nord africaine, des cheikhs vénérés mais simples les vivifiant, de la baraka qu'ils confèrent et de leurs rites initiatiques et festifs. Le livre retrace également l'itinéraire spirituel et religieux d'une femme européenne de la première moitié du 20ème siècle (comme Alexandra David Néel au Tibet ou plus tard Irina Tweedie chez les soufis Hindous) au sein d'un Islam encore suspect (le temps des colonies) et suspicieux envers la réalisation de la gente féminine, un état d'être qui fut à l'époque un double exploit.

     

  • Le regard miséricordieux


    "C'est le manque d'amour pour nous-mêmes qui nous fait mal aimer le terre et mal agir sur terre. Il faut dépolluer l'homme de son autojugement négatif contre lui-même et lui apprendre à devenir précieux à ses propres yeux pour que la terre devienne elle aussi, précieuse à ses yeux. Alors le besoin de polluer disparaîtra". (p.253)

     

    montaud.jpgHeurté profondément par la vieillesse digne et emplie de sagesse de Gitta Mallasz, Bernard Montaud fait revivre son influence avec la saga César dont ce dernier épisode sur la transmission écrit avec Sanjy Ramboatiana "César, l'imparfait heureux", parait aux éditions Dervy-Tredaniel.
    Cet opus constitue une parfaite synthèse de son enseignement spirituel développé au fil des ans avec l'école Artas, en sus d'être un livre ludique (jeux, QR codes vidéos, trame simple et schématique, rédaction à deux voix), comme le fut la sagesse pratique de Gitta avec Patricia Montaud (qui s'est spécialisée dans les Dialogues avec son ange) et Bernard, dans les dernières années de sa vie.
    C'est aussi un livre précieux qui contient des questions (et l'art de poser la bonne) mais surtout des réponses (La vie de couple c'est apprendre la miséricorde... L'Homme inspiré c'est l'avenir de l'homme...Les Maîtres, sages et saints sont les pionniers du meilleur de l'Homme...), pour celui qui, à l'instar d'un Jung, considère le tourisme intérieur comme la destination du futur de l'humanité.
    Traditionnellement parlant, l'homme possède une double origine (ego et être), G.I Gurdjieff distinguerait l'existence Les multiples moi) de l'essence (Le Je Suis), ici dans la lignée des Dialogues avec l'Ange, sont différenciés la personne et son histoire traumatique, de l'individu relié verticalement, en voie d'être inspiré.
    Rien ne sert de sauter les étapes, on ne peut s'affranchir qu'avec le temps de déterminismes liés à notre naissance spatio-temporelle.
    Bernard Montaud propose à qui veut l'entendre, un programme de miséricorde envers soi d'abord (apaiser notre histoire personnelle), puis envers l'autre (le sentir et le servir) dans une tâche qui se révèle plutôt collective et enfin envers la terre, à l'image des personnages de l'histoire sainte et sacrée qui "souffraient les fléaux du monde comme leur propre douleur", de quoi s'occuper et trouver un sens véritable à la vie.
    Ce manuel de sagesse ordinaire, "là où se situe le plus sacré", se veut inspiré par Gitta Mallasz, peut-être l'étape ultime du service envers l'humanité, qui se perpétue au-delà de l'incarnation ? Il se pourrait ainsi que tout (visible et invisible) serve un Plan divin...

     

  • Un Gurdjieff recomposé

    "Ma mission est de créer un sage capable d'allier le tempérament oriental avec les techniques occidentales". p.214


    Guedieff un regard nouveau,Roger Lipsey,éditions Trédaniel,Gilles Garcet,Groupes Gurdjieff,musiques sacrées,Mouvements,magnétisme,science traditionnelle,maître spirituel,Je Suis,Roger Lipsey porte "Un regard nouveau (sur) Gurdjieff" en fin défricheur de tout document écrit (livres de disciples, de contradicteurs, archives inédites des écoles ou groupes...), visuel (les mouvements) ou sonore (les musiques de Thomas De Hartmann) existant. Ce matériau composite connu ou inédit (il a fait lui même partie des groupes Gurdjieff en Amérique et rencontra bon nombre de disciples) constitue la base de ce gros œuvre (460 pages) avec nombre de citations, et vient étayer ou appuyer en opérant une synthèse, tout le bien qu'il pense de ce maître spirituel authentique, de son enseignement, de ses influences (des philosophes antiques aux écrivains modernes)  et des groupes qui lui survécurent.
    Balayant rumeurs et détracteurs, il dresse un portrait plutôt élogieux de l'homme (avec ses contradictions) en accord avec son temps, qui vivifia un message somme toute assez traditionnel, sous une forme originale et propre à sa vie d'aventurier : il parcourut le globe et chercha la vérité avant de la trouver et d'expérimenter ce qui l'éveilla à une autre dimension :


    "
    Gurdjieff avait introduit l'idée d'un "centre magnétique", une capacité innée, possédée par certaines personnes, de discerner une vérité libératrice et d'avancer vers elle, la capacité de regarder au-delà de ce qui lui est familier". (p.33)


    Plus sensible aux mouvements chorégraphiés et à la musique sacrée,
    Roger Lipsey y fait la part belle en distinguant bien trois périodes d'enseignements (le Prieuré, les années 30 et les femmes de la Cordée, l'appartement au 6 rue des Colonels-Renard) et trois visages évolutifs  ou adaptables à l'environnement et à la perception de son enseignement, dont les bases étaient "l'effort conscient, la souffrance volontaire et la lutte contre son propre principe négatif, par la pratique du remords de conscience, de la relaxation et du rappel". (p.284).
    Magnétique et centré en profondeur (le "Je Suis" qui est Source d'Amour inconditionnel  et centre de gravité), il sut jouer d'innombrables rôles et fonctions, alternant le maître de danses, le référent spirituel, le cuisinier eucharistique, le conférencier d'Outre-atlantique ou l'écrivain monstre. Déroutant ou mouvant pour certains, son amour infini pour l'humanité transparaissait parfois aux yeux des plus avertis ou éveillés, sa tristesse de l'essence aussi (toute la souffrance du monde...). Il se prit pour Dieu un temps avant de se découvrir Diable de nature et n'eut de cesse d'en réhabiliter la figure (notamment dans
    les Récits de Belzébuth à son petit fils), pour la gloire de son nom. Tel un chamane de la jungle urbaine (en voyage à Carnac il avouera un penchant émotionnel fort pour une peinture rupestre), Il était l'exemple vivant de pouvoirs et hautes possibilités Inhérents aux "mineurs de fond" : magnétisme, hypnotisme, discernement du réel, corps-don...
    Ses trois livres restent comme des classiques de la littérature ésotérique, idem pour les groupes de travail relativement discrets de par le monde et son aura reste positive malgré tout par la force et la quantité des témoignages gratifiants ou de reconnaissance, 70 ans après sa mort.
    Cet ouvrage paru au
    éditions du Relié à l'initiative bienvenue de Gilles Farcet (qui signe par ailleurs la préface) et traduit par Frédéric Blanc, vient à point saluer sa mémoire vivante empreinte de mystère et de respect. En un siècle si fécond de fortes personnalités (Jung, Massignon, Durckheim, Gandhi, Corbin, Guénon, Mallasz, Davy, Maharshi, Desjardins...) il reste un phare, un aiguilleur d'être(s), un aimant véritable, dans tous les sens du terme.


    "
    Les enseignements authentiques évoluent au gré des temps et des circonstances. Il ne s'agissait pas d'une innovation mais d'un retour à une vérité éternelle. Encore fallait-il la revivifier, la réorganiser, la lier de manière étroite à une pratique et l’étayer au moyen de ces outils intemporels que dont la conversation, la méditation, la danse, la musique et toutes les formes d'artisanat du quotidien". p.415.