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Voyage - Page 11

  • Un chamanisme transparent


    "Le corps doit se défaire d'une certaine part d'animalité pour accéder à sa transcendance et accepter de faire le lien avec l'invisible".

     

    Brigitte Pietrzak,Voyages chamaniques et rencontres remarquables,Mama éditions,esprits tutélaires,canal,visions,Mai 2022Brigitte Pietrzak est une éclaireuse du nouveau monde à naître. Elle poursuit avec Voyages chamaniques et rencontres remarquables, son troisième livre paru chez Mama éditions (préface de Lilou Macé), le dévoilement du monde invisible, sa sagesse, ses connaissances, ses intuitions. Elle converse aussi bien avec les esprits tutélaires d'animaux (de l'ours à la reine des abeilles en passant par le hibou, l'aigle, le serpent ou le loup...), les entités célestes (ange, étoile...), les âmes défuntes ou des entités archétypiques du monde chamanique. Cet ouvrage nous en apprend autant cette fois-ci sur l'auteure, sa sensibilité, son essence, sa fonction, que sur ses rencontres dans le monde du rêve éveillé, si bien qu'on confond parfois sa parole donnée de celle reçue. Sans doute l'appropriation, le fait qu'un chamane soit un canal qui absorbe l'énergie des alliés pour "apporter réparation", dans un "consentement à servir" et une forme de "dénuement", "engageant sa clarté dans un acte de foi", puisqu'un lâcher prise mental est la porte du soin spirituellement guidé.
    Rares sont les livres qui évoquent l'après, ce monde à naître plus libre, lumineux, connecté à la Source de toute intelligence et qui concourt à l'unité dans un sens plus collectif (moins égocentré). Les textes sacrés s'arrêtent globalement au Jugement dernier qui n'est que le commencement de l'éternité, une conscience d'être inter-reliés ("rayonner c'est être avec" dit un esprit invoqué) et l'irruption de l'invisible dans le présent.
    C'est avec l'esprit dont chaque "entité" est pourvue, que le chamane dialogue pour percer les secrets de la matière. Brigitte Pietrzak rappelle qu'il n'en existe pas de mauvais mais que l'usage non éthique de cette somme de connaissances transforme la sagesse en pouvoir, le chamanisme en sorcellerie, la ré-harmonisation en magie noire...et le danger guette celui dont l'intention n'est pas pure ou désintéressée.
    Les goûts et fondations spirituels de l'auteure laissent entrevoir une âme forgée dans le terreau de l'humilité et vouée au service du Tout.

     

  • Au coeur de la Taïga

    Non pas un rêve, un vrai monde, ton monde...


    Tigran,Shaman-La Quête,Mama éditions,Mongolie,vision,rêve,esprits,initiation,chamanisme,Avril 2022Shaman de Tigran sera une trilogie qui paraît chez Mama éditions.
    Le premier volume, la Quête, nous emmène sur la steppe mongole où un jeune français a été adopté et reconnu comme fils spirituel d'une chamane, Otharjanat. Cette dernière l'a vu lors de leur première rencontre et a su qu'il perpétuerait sa lignée car on naît chaman. Il faut dire que le héros faisait des rêves étranges, jeune, qui l'emportaient dans un tout autre monde, celui de la magie. Pas de fioritures ici, on rentre directement dans le vif du sujet.
    La Quête est l'histoire de cette transmigration d'âme, de son initiation au sein de la communauté en tant que guérisseur et de sa rencontre avec la belle autochtone Hilga, promise à un autre homme du clan mais destinée par les esprits tutélaires à une autre alternative...
    Petit livre aux courts chapitres tels des flashs, comme ceux vécus par l'auteur avec ses allers-retours dans l'autre réalité, ce premier tome est haletant et nous immerge complètement dans l'univers chamanique, ses rites, ses croyances, ses esprits, ses animaux passeurs aussi comme Arzan, le cheval grège, qui accompagne le héros dans sa quête initiatique.
    Y est introduit une réflexion sur l'espace-temps, où passé et futur s'entremêlent pour conforter le Shaman dans la maîtrise et la confiance en soi, ses pouvoirs, ses visions mais surtout sa capacité à laisser œuvrer l'esprit à travers lui.
    C'est la suite qui déterminera la saveur et la teneur du récit même si  ce premier jet se suffit à lui-même comme condensé ou essence du chamanisme.

     

  • Portrait vivant des gitans

    Coup de Choeur Théâtre

     

    logan de carvalho,moitié voyageur,théâtre des clochards célestes,vincent dedienne,anaïs harte,gabriel lechevalier,lucie joliot,laura cottard,gens du voyage,gitan,manouche,mars 2022.Son nom est déjà tout un voyage ! Logan de Carvalho, de la compagnie Tracasse, nous présente la forme définitive de  Moitié voyageur, au Théâtre des Clochards Célestes. Ce spectacle a fait ses armes et eu ses heures de gloire depuis quelques années déjà. Moitié gitan par sa mère, il croque  les personnages de sa (belle) famille avec amour et humour puisque sa sœur décide à l'âge de 16 ans de se marier avec un voyageur.
    Sa situation d'acteur fut une évidence et un moyen habile de traiter le sujet des gens du voyage, jamais représentés au théâtre.
    On rit beaucoup, par l'énergie mimétique qu'il déploie et les portraits de voyageurs hauts en couleurs qu'il incarne sur scène.
    Poésie, burlesque, "commedia dell arte sans les masques", argot, émotion mais aussi sagesse sont convoqués dans une mise en scène captivante proche du one-man show.
    Beaucoup d'humanité également se dégage des voyageurs,  sujets à beaucoup de peurs et de projections, comme souvent avec les minorités (couleur, sexe, culture, catégorie sociale...), grâce à un processus d'écriture partagé et réfléchi (Logan, Vincent Dedienne, Anaïs Harte et Gabriel Lechevalier aussi metteur-en-scène).
    Puisse ce spectacle continuer à tourner longtemps et partout pour s'amuser des clichés et prendre un peu de hauteur sur nos représentations mentales parfois stéréotypées.

    Entretien (10 min) avec Logan de Carvalho suite à la représentation du 19 Mars :

    podcast

  • Dieu reconnait les siens

    "Dès l'enfance, ma nature profonde réveillait et stimulait les tendances héroïques et spirituelles de mon caractère. J'entendais une voix surnaturelle. Je désirais aussi combattre pour ma patrie...céleste". (p.91)

     

    delorme.jpgLes éditions Erick Bonnier rééditent Le Chemin de Dieu, classique de l'ésotérisme paru en 1979 chez Albin Michel, qui est un récit autobiographique de Catherine Delorme (1901-1991) dite "Mamita", une référence de l'Amour incarné chez les soufis.
    Les événements de sa vie, de ses dons exceptionnels (guérison, faiseuse de pluie, rêves prophétiques, vision spirituelle...), à sa guidance  malgré les épreuves (son nom musulman est Hydayat Allah, "la guidance divine"), évoquent une destinée hors du commun dont l'Islam fut la forme de sa réalisation.
    Sicilienne et chrétienne de naissance, Catherina Maltese dépeint dans ce livre des souvenirs où affleure la fine pointe de l'âme, dès l'enfance, et où son besoin d'être aimée sera comblé à l'issue de son cheminement spirituel - de la mystique à la kabbale, de la guématrie au symbolisme, de la prière du cœur au dhikr, des lectures spirituelles (guénon, Ibn Arabi...) à l'initiation soufie - par l'ultime épreuve de l'extinction dans l'essence divine (Fana Fi Llah), apex de la voie de la purification de l'âme qu'est le soufisme, pour les musulmans épris d’intériorité.
    Cette facilité et cette grâce accompagnant les rapprochés de Dieu (notamment la rencontre fortuite de ses maîtres spirituels Gabsi ou encore le Cheikh Tadili) lui fera co-naître la Source irradiante d'Amour,  pour mieux l'infuser et la dévoiler, dans la deuxième partie de sa vie, aux chercheurs de Vérité de tous bords. Henry Bonnier fera allusion à sa rencontre dans son recueil posthume, L'île d'or.
    A l'image d'une Amma ou d'un Maharshi pour l'Inde, elle fut la première femme européenne Arifa bi-Llâh, "connaissant par Dieu" pour les initiés soufis.
    L'écriture de Catherine, mariée Delorme, se rapproche de la pauvreté du connaissant (des réalités spirituelles) : plaisante mais sans fioritures ni emphase, à la fois littéraire et vivace. On passe un bon moment à l'évocation de la tariqa soufie nord africaine, des cheikhs vénérés mais simples les vivifiant, de la baraka qu'ils confèrent et de leurs rites initiatiques et festifs. Le livre retrace également l'itinéraire spirituel et religieux d'une femme européenne de la première moitié du 20ème siècle (comme Alexandra David Néel au Tibet ou plus tard Irina Tweedie chez les soufis Hindous) au sein d'un Islam encore suspect (le temps des colonies) et suspicieux envers la réalisation de la gente féminine, un état d'être qui fut à l'époque un double exploit.

     

  • Héros bilingues

    Dix minutes pour devenir a hero, Jean-Christophe Tixier, Tip Tongue , éditions Syros, Dix minutes, Souris Noire, Malte, apprendre l’anglais, séjour linguistique, migrants, février 2022« - Here is all you need for your stay in Malta. Aussitôt, je repense à une chanson des Beatles que mon père écoute en boucle à la maison. All you need is love »

    Découvrir Malte, petite île au Sud de la Sicile en suivant Tim, héros de la série « Dix minutes » (Collection Souris Noire) de Jean-Christophe Tixier, c’est sympa ! Vivre ses aventures en immersion c’est encore mieux ! Comme le personnage francophone, le lecteur est plongé petit à petit dans le bain anglophone. Dix minutes pour devenir a hero, aux éditions Syros permet de se familiariser avec des mots anglais simples puis des phrases et enfin des dialogues sans se sentir perdu. L’avantage de la collection Tip Tongue, c’est d’être vite absorbé par l’histoire sans avoir l’impression de lire une langue étrangère. Les ados se surprennent à lire à haute voix les passages plus délicats et ainsi s’entraînent à parler. D’ailleurs, la version audio est également disponible sur Internet.

    « Très vite, ils se détournent de moi et reprennent leurs échanges dont je ne capte que quelques mots : beach, boat, volley-ball. »

    Jean-Christophe Tixier profite de ce séjour à Malte pour décrire la ville et son histoire mais aussi une plus triste réalité contemporaine. En effet, de jeunes migrants qui tentent de rejoindre l’Europe en quête d’une vie meilleure passent par l’île. Tim et Lukas, son correspondant local, vont être confrontés malgré eux, au drame vécu par Okor, un adolescent de leur âge qui tente d’échapper aux passeurs. Tandis que Tim voyage pour apprendre l’anglais, le jeune ghanéen fuit son pays pour survivre et aider sa famille. Que vont décider les jeunes européens en découvrant l’histoire d’Okor ? Comment réagiront les adultes qui accueillent Tim ? Qui sont les héros de ce roman ?

    «Je me demande si nous avons bien fait de venir ici.  - I just want to help him. Do you know him ? Do you know where I can find him ? »

    Dix minutes pour devenir a hero, s’adresse aux lecteurs à partir de 10 ans, niveau « Je découvre l’anglais », A1 découverte (CM2 et 6e). Les autres titres de la collection Tip Tongue proposent également les niveaux A1 Introductif (primaire) A2 (collège) et B1 (lycée) en version espagnole et allemande. Parmi les auteurs, citons Stéphanie Benson, la plus prolifique, Hervé Jubert ou encore Isabelle Collombat. Comme ici à Malte, chaque roman nous embarque dans une ville d’Europe, pour un beau voyage littéraire et linguistique. Il ne manque plus que l’italien. À bon entendeur !

    Image: édition Syros

  • Mad Max décodé

    "Si Max se laisse aller à la violence, c'est qu'il est devenu fou (mad), comme il le redoutait. Son basculement dans la folie est d'abord celui de la société toute entière : le monde en train de sombrer emporte Max avec lui". (p.51)


    mad.jpgDésert, bolides, guerre au nom de l'essence...le décor futuriste de la saga culte est crédible et décliné en 4 épisodes sur 40 ans. L'univers et la vision post-apocalyptique de
    Georges Miller persiste au sein des films de genre SF, révélant Mel Gibson en 1979 dans le rôle de Mad Max, guerrier de la route ayant perdu sa femme et son enfant, errant au volant de son V8 dans un monde où des hordes de punks SM font régner la loi du plus fort.
    Des films coups de poings, viscéraux, en mouvement, violents et radicaux qui inspireront bon nombre de héros vengeurs solitaires (equalizer, à vif,...) . Qui n'a jamais été gagné de telles émotions irrationnelles dans sa voiture ? La folie parcourt les routes. Ce qui nous sépare de l'anarchie et de l'état nature c'est un accord sociétal, une vie en commun, et parfois un cocon familial où l'amour règne.
    Cet anti-héros, Max Rockatansky a connu les deux antan, ce qui lui permet peut être de garder un semblant d'humanité et des valeurs qui contaminent dans son giron femmes ou enfants rencontrés ici ou là.
    Dans
    Mad Max, au-delà de la radicalité, 6 auteurs collaborateurs de Playlist Society (Lloyd Chéry, Manouk Borzakian, Alexandre Mathis, Élise Lépine, Erwan Desbois, Nico Prat) dissèquent l’œuvre avec brio (à l'origine des podcasts de chaque film), sourçant leurs hypothèses agrémentées de nombreuses anecdotes (metteur en scène, production, acteurs,...). Les points de vues se complètent et enrichissent l'analyse dystopique puisque les épisodes sont quasi chronologiques et similaires.
    Georges Miller, taxé de visionnaire lors de la sortie de Fury Road (2015), a réalisé intégralement les 4 opus ce qui en fait son œuvre la plus personnelle et obsessionnelle. L'évolution se situe surtout dans la toile de fond qui calque les préoccupations environnementales, sociétales et sociales de l'époque, notamment le rôle de plus en plus clé et prégnant  de la femme (Furiosa jouée par Charlize Theron dont le prochain opus s'intéressera a sa jeunesse) pour un éventuel changement de paradigme, car l'homme tue de façon innée.
    Petit livre plaisant donc qui permet de s'immerger à nouveau dans la psyché hallucinée et sauvage de
    Georges Miller. L'homme semble avare de renseignements mais comme tout artiste passionné il porte en lui visuellement ce punk-road-opéra et sut séduire la profession pour lui faire une place de choix...dans notre imaginaire aussi !

     

  • La beauté de la geste

    The Valley oh human sound,Angéla Flahault,Grégory Maqoma,Katrien de Bakker,Noëllie Conjeaud,Caelyn Knight,Maëva Lasserre,Opéra de Lyon,Théâtre de la Croix-Rousse,Greg Gilg,Fabiana Piccioli,Jean-Pierre Barbier,Roberto Olivan,Amandine Roque de la Cruz,Rudy Parra,danse,Décembre 2021

    The Valley of human sound est une création originale du chorégraphe sud-africain Grégory Maqoma, une fusion entre danses (les styles sont variés et virevoltent entre classique, contemporain, hip,hop ou danse libre) et chants composés et interprétés par Angela Flahault, dont la voix et le sens du travail ressemble à l'univers de Camille, en plus jazzy. C'est aussi une collaboration judicieuse entre l'Opéra de Lyon et le théâtre de la Croix-Rousse, qui œuvrent à l'ouverture transdisciplinaire.
    Nous sommes dans un monde où tout commence : une boîte carrée aux vitres opaques domine le centre de la scène. D'elle provient des battements cardiaques et une lumière étrange. Tour à tour des personnages lui tournent autour : quatre danseuses (les rayonnantes Katrien de Bakker, Noëllie Conjeaud, Caelyn Knight et Maëva Lasserre) intriguées vont tenter de l'approcher, de se l'approprier et la chanteuse les rejoint. Elles vont petit à petit produire des sons ensemble et avec la boîte. Chacune apprivoise son corps, ses sons, l'une des danseuses s'amuse du pouvoir de ses gestes. Les styles musicaux  s'enchaînent et nous entraînent dans l'univers singulier des cinq artistes. Toutes, singulièrement, semblent inventer un monde dont la beauté est la clé à l'image des paroles scandées par la chanteuse. La boîte se démonte, se remonte, devient espace de jeu, salle de sport, boîte de nuit... Drapée de couleurs chatoyantes, la voilà palet oriental et on assiste à la fête ou chacune se dévoile sur la piste, danse librement entre joie et onirisme.
    La création a jailli de ce coeur-monde, de cette boite-source. Sous nos yeux encore ébahis , tant il y a de regards a donner (lumière, personnages, sons ou musique), une histoire de sororité nous a été contée, un imaginaire féerique s'est déployé, nous montrant la femme sous tous ses aspects. Et chacun s'en est retourné plein de sourires, de couleurs, de souvenirs à partager.

    Le spectacle se joue jusqu'au 30 Décembre au Théâtre de la Croix-Rousse.

    Crédit photo : Agathe poupeney / Opéra de Lyon