Fabrizio Bajec n'avait pas tout dit avec Le Point Zéro, son précédent ouvrage. Dans "Dompter le lion - un zen sauvage", paru au Mercure Dauphinois, il prend un peu plus de hauteur pour nous parler de son zen MBSR (Mystique, Bienveillant, Sauvage et Radical), qu'il pratique avec quelques acolytes en tout temps et tout lieu extérieur, les contours du Dojo n'ayant plus de raison d'être. Longtemps affilié à une forme et tradition, il s'en affranchit de temps en temps pour s'afficher koan vivant aux yeux des passants éberlués. Il faut dire que le "je" qui prend la plume "est toujours un autre qui n'existe pas", depuis le jour où il cessa de respirer...du moins en apparence.
Il se définit dès lors comme "mort-vivant", non-né, sans personne aux commandes, situant son expérience comme aussi advenue auparavant chez d'autres éveillés, le Maharshi par exemple.
Désormais porteur d'une Présence et d'un Amour sans frontières, il en fait don et témoignage au monde, comme pour mieux le défier (dévier ?) de sa finitude.
Mais ce livre est aussi un jalon sur le chemin de tout questeur de vérité, avec des étapes et passages que l'auteur a vécu ; un témoignage également de la nuit noire de l'âme plus commune aux mystiques chrétiens et un recueil de poèmes glanés au fil du temps !
Richesse paradoxale donc d'une non personne à la conscience cosmique et qui est pourtant "some body"...
méditation
-
Un koan vivant
-
La voie de MoÏse
Ce serait parce que Moïse resterait quant à lui toujours attaché à ce point immémorial en lui, depuis sa naissance placée sous le sceau de la bonté, et indépendamment de tout savoir conscient, qu'il serait apte à écouter la Voix qui parle en lui et à transmettre Ses paroles (p.131).
Avec La Voix de Moïse, paru aux éditions du Cerf, Catherine Chalier, philosophe hébraïsante, retrace l'épopée du prophète emblématique du Judaïsme.
De sa naissance à sa mort, le livre retrace les événements fondamentaux de celui qui fut élevé par la fille du Pharaon, tua un égyptien, entendit le nom et la voix de Dieu (Adonaï) dans le Buisson Ardent, annonça les dix plaies avec son frère Aaron, fit sortir le peuple hébreu d'Égypte, lui présenta la loi (les dix commandements) et l'amena à l'entrée de la Terre Promise.
Il fut aussi un géant du prophétisme qui sut parler en continu avec le Très-Haut grâce sans doute à une épure du cœur.
Il est en effet beaucoup question dans ces lignes, de ce point de vitalité divine (Sfat Émet), le point de bonté ou point intérieur (Hassidisme), présent en l'âme de chacun.e pourvu que l'égo et son frère l'orgueil n'y prennent pas toute la place.
On passe un bon moment presque intime, en compagnie de Catherine Chalier, qui enrichit sa trame de commentaires de la tradition juive (Midrash, Hassidisme, Cabale), rendant ce colosse de la religion plus humain, accessible et surtout contemporain.
Elle rappelle la fonction du juste qu'il était : prendre sur soi une part de la souffrance d'autrui, d'un peuple parfois infantile plus habitué à se plaindre qu'à guérir sa plaie.
Reste son testament, le Deutéronome, pour manduquer la parole de Dieu mais aussi la laisser nous rasséréner intérieurement à mesure que notre écoute s'affine, jusqu'à devenir virginale, exempte de toute pensée ou brouhaha mental.Lien permanent Catégories : Amour, Aventure, Fantastique, Histoire, Judaisme, Livre, méditation, Spiritualité, Voyage 0 commentaire -
La pierre de vie
La relation entre l'intention et la vie est sûrement le secret des secrets ! Un mystère bien caché, à l'abri des regards (p.65)
Les synchronicités nous montrent que tout est esprit ! Elles semblent venir confirmer une vision idéaliste de la réalité (p.210)
Le duo magique Leterrier/Morisson est de retour avec Le Secret de la Vie, ni plus ni moins, paru chez Trédaniel éditions.
La biologie physique et la science de l'information sont vulgarisées et mises en parallèle avec la tradition alchimique et les thèses jungiennes. On retrouve également avec les deux compères, toujours ce ping-pong entre science et spiritualité, connaissance des peuples premiers et hypothèses futuristes.
La rétro causalité est plus que jamais à l'honneur avec des protocoles ludiques créateurs de synchronicités mais aussi le pari qu'elle fut, de tout temps, mais cachée aux yeux du tout venant, un moyen de régénérescence ou d'intention d'un futur désirable (intention de guérison ou de rajeunissement par exemple).
Quelques regrets cependant à ne pas voir la sorcellerie de Don Juan Matus (le pouvoir de l'intention) . abordée au sein de la théorie chamanique globale, ni que le symbole du Graal ne soit plus approfondi avec notamment la vivification par le sang christique, qui est souffle informatif.
Le livre fourmille de références, abonde en synthèses, se lit avec fougue et intérêt mais pêche un peu dans ses conclusions bipartites en demi teinte . Il y est beaucoup question de la personne (il y a quelqu'un qui pense) et de son importance (ce quelqu'un est désirable en longévité et santé).
Les auteurs se savent éclairés de l'intérieur (à l'image du tourbillon de conscience), perméables à la profondeur mais à s'en contenter, peut être y a t'il le piège de se sentir seul au sommet. C'est éluder la potentielle relation avec un "Tu" intérieur lorsque la personne fait feu de tout bois et se donne à plus grand : un contact et une relation ici et maintenant, avec l'éternité en soi, source du Vivant.
Le Moi futur (désirable) serait donc peut être le temps où le Moi divin supplante la personne égotique, à force d'allers retours vers cet infini en soi ?Lien permanent Catégories : Chamanisme, Livre, méditation, Science, société, Spiritualité, Voie non duelle, Voyage 0 commentaire -
Des modèles archétypiques
Les femmes inoubliables de Jacqueline Kelen réapparaît aux éditions du Cerf et nous offre 33 portraits d'égéries éternelles.
Ce manuscrit réédité, datant de 1997, donne sa part belle aux mythes et aux classiques de la littérature. l'Autrice s'est incarnée dans chacune des figures féminines (avec l'emploi du je), poussant le luxe d'écouter les opéras afférents, pour mieux se laisser inspirer par l'esprit derrière les lettres.
On y retrouve ce qui constituera l'armature de l'œuvre littéraire de Jacqueline Kelen, cette pourfendeuse moderne de l'amour courtois et chevaleresque.
L'ouvrage est également un prisme de 33 facettes de l'Amour inhérent aux femmes, à la fois mystère et force, idéal et dernier mot.
Penthésilée, semble une femme d'aujourd'hui; Médée la plus terrible nous apparaît sous un nouveau jour ; Cassandre représente l'ancêtre de toutes les femmes qu'on n'écoute pas, qu'on ne croit pas. On (re)découvre Aréthuse, sans cesse poursuivie; Europe, enlevée et devenue invisible ou Marguerite (é)perdue par l'amour humain. Viviane, Danaé ou encore Dulcinée nous inspirent... Écrit il y a une quart de siècle, on ne sait si l'essayiste a retouché certains passages. Néanmoins les mythes restent salutaires car ils permettent d'insérer un affect dans une énergie dépassant la simple personne, pour mieux l'intégrer dans une cartographie symbolique structurante et constructive. Un livre féministe d'avant garde qui redonne au féminin ses lettres de noblesse et son esprit.Lien permanent Catégories : Amour, Conte, Féminisme, Littérature, Livre, méditation, Musique, Spiritualité 0 commentaire -
Le vent en poupe
L'unicité et la divinité du Coran ne résident pas dans sa stylistique ou son esthétique inimitables, mais plutôt dans la diversité de son savoir et sa connaissance complète des sciences de son époque, le tout condensé en une seule œuvre (p.76).
Les éditions Frémeaux et associés publient un livre académique et assez exhaustif de Youssef Seddik intitulé Histoire du Coran, du désert au Livre.
Ce court essai aborde de nombreuses thématiques inhérentes au prophète, au livre sacré, à l'Islam et son essor, à ses discordes et ambiguïtés, avec en filigrane la question de la divinité du texte, incréé ou historiquement ancré.
L'auteur rappelle le flou entourant la révélation (pas de preuves) et la mise à l'écrit par le troisième calife après la mort de Mohammad, mais malgré les tentatives à travers siècles pour remettre en question son inspiration céleste, jamais l'aura du Coran ne fut diminuée, bien au contraire.
L'approche historico-critique récente milite pour un message s'inspirant d'un contexte socio-culturel, politico-historique et psycho-religieux mais peut-être faut-il se résoudre à croire que certains versets seulement soient d'ordre universels et révélés dans un instant d'éternité, le reste étant spatio-temporellement daté.
Cela pose aussi la question de la révélation (non évoquée) et des états d'être du prophète en état de canalisation car l'inspiration advient seulement lorsque l'individu est verticalement relié, et fonction de son élévation sur l'échelle cosmique.
Nul besoin dès lors d'être théologien ou imam pour décoder un verset mais simplement être en situation de réception et d'écoute à l'inconnu...avec pour seule loi : donner et s'oublier.Lien permanent Catégories : Aventure, Fantastique, Histoire, Islam, Livre, méditation, Nature, société, Spiritualité, Voyage 0 commentaire -
La 4ème voie
L'homme est celui qui veille toujours, qui se rappelle lui-même dans les deux directions et dont les deux natures (animal et ange) sont toujours confrontées (p.40)
Dans l'acte de voir il y a création. Voir sans penser est la découverte de la réalité (p.291)
Livre clé que la Réalité d'être, en sus d'être un beau livre. Paru aux éditions éolienne, il rend compte de quarante années d'observation de soi, par Jeanne de Salzmann, soit 140 capsules consignées sous et dans l'enseignement de G.I Gurdjieff, dont elle fut la proche et fidèle lieutenant.
La théorie du Maître caucasien y apparaît dans tout son éclat pratique, avec ses paliers, ses états d'être et ses ruses psycho-magiques. Il y est bien évidemment question de centres à équilibrer et de fonctions, d'ego et d'être, de silence et de vision, de conscience et d'énergies fines.
Avec une précision quasi chirurgicale, l'investigation intérieure rappelle parfois celle de Krishnamurti (la fin de la pensée), de Maharshi (le Je Suis) ou de Castaneda (voir l'énergie ou vibrer), tant cette quatrième voie (de l'homme rusé) puise dans une tradition universaliste, giron ésotérique des religions.
Globalement la personnalité est un leurre, un concept fini, mécanique et fermé sur soi ( notre amour propre dont il faut s'acquitter) et la dimension sacrée de l'homme (le sens de l'existence ?) est à trouver en profondeur, au sein d'un mental silencieux, d'une respiration abdominale naturelle et d'une "reliance" verticale canalisée, afin qu'advienne le Verbe.
L'autrice tourne d'ailleurs autour du pot de la foi sans jamais nommer cette Présence quasi christique... l'eut-elle conscientisée ?
L'homme de la voie est finalement un pont, un Moi maturé et cristallisé par ses prises de guerre dans la connaissance de soi.
Cet homme nouveau, parangon et essence même des évangiles, est le fruit d'un lent labeur, pour le rendre ordinaire au quotidien. Les ouvriers de la mécanique psychique s'approprient ici le corps de lumière avec ruse et vigilance, sans naître spirituellement chrétien.Ce rôle est comme se clouer sur une croix pour pouvoir être attentif sans relâche (p.305)
Lien permanent Catégories : Art, Christianisme, Ecole, Histoire, Livre, méditation, Science, société, Spiritualité 0 commentaire -
Se laisser être
Edith Gauthier signe avec La douzième porte - l'apocalypse intime, paru chez JMG éditions, un ouvrage original, un peu farfelu mais dont l'essence est un accomplissement traditionnel.
Enseignante Reiki avancée, elle propose, forte de citations spirituelles d'auteurs reconnus, une sorte de reprogrammation méditative consciente de notre identité : de l'ego à l'être, du moi au Soi, d'un corps souffrant à une conscience universelle heureuse.
Le chemin agglomère théories new age, traditionnelles et scientifiques (pesée des âmes d'une ancienne tradition égyptienne, aphorismes d'un docteur en médecine, champ vibratoire de fusion des âmes...), mélange étonnant et détonant, pour parvenir à une compréhension illuminative. Cependant la forme séduit plus que le fond car la grâce arrivée à l'autrice (EMI, phases d'éveils spontanés, transformation de sa vision) est difficilement pédagogique et communicative, souffrant parfois d'abstraction. Reste ce travail plutôt traditionnel de conscientisation du passé dans le présent, ou plutôt de son évanouissement pour revenir au corps et à l'unité d'une âme universelle englobant la personne et son histoire traumatique. Une fusion dans un plus grand que soi (concept très christique) se rapprochant de la notion de canal d'une Présence toute rayonnante.