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Littérature - Page 2

  • Le mystère s'éclaircit

    Les religieux rejettent leur propre Dieu. Ils n 'ont pas compris que le message d'amour venait bouleverser toutes les justifications de la violence du monde antique. Et c'est par un dernier acte violent qu'ils vont signer leur défaite...la Révélation ne peut pas se passer d'une dernière mise en scène du bouc émissaire, le sacrifice de l'"Agneau de Dieu", ce sera la crucifixion. (p.141)

     

    Joël Hillion,Qui dit-on que je suis,le mystère Jésus,éditions l'harmattan,René girard,bouc émissaire,évangiles,Janvier 2023Joël Hillion nous présente sa vision humaniste de Jésus dans Qui dit-on que je suis-le mystère Jésus, paru chez l'Harmattan.
    Cet écrivain spécialiste de Shakespeare reste fasciné par le mystère du Christ en sa subversion du religieux, son message d'amour révolutionnaire ou sa posture de bouc émissaire total. Il prolonge la pensée de René Girard en l'amplifiant (il cite des auteurs contemporains en sciences humaines ou littérature), construisant un portrait empli de profond respect pour l'homme-dieu à défaut de pleine foi.
    Malgré le choix d'une linéarité un peu scolaire, la réflexion de ce libre penseur éclaire d'un nouveau jour certains aspects du "fils de l'Homme".
    Jésus apparaît comme un original désacralisant l'habit (les rites notamment) et la lettre pour l'esprit et un cœur vivant, miséricordieux. c'est son intime compréhension du mécanisme de destruction mutuelle qui l'incite à choisir l'amour du prochain comme seule loi, subissant de facto (Il ne choisit pas de se sacrifier) l'ire des violents. L'effet miroir (un cœur purifié) révèle la nature ou l'essence des êtres, leur laissant le choix d'assumer la conséquence de leurs actes.
    Si Jésus est pour l'auteur l'archétype de l'anti-sacrifice c'est aussi grâce a sa part divine ou son corps-lumière fantastique qui, de bouc émissaire peut transmuer la haine en joie, afin que chacun soit sauf du jugement porté sur lui-même.
    Le sauveur et messie prend ainsi tout son sens pour œuvrer à une harmonisation universelle. 

     

  • Une composition rythmée

    Le rapt de l'Amour divin est éprouvant pour notre petit ego accroché à ses joujoux de guerre se rêvant invincible. Il nous fait mettre à l'épreuve ce petit coeur étroit ne pouvant s'ouvrir, se dilater que par des exercices d'amour divin, pour battre au rythme de celui de l'agneau immolé. (p.96)

     

    Armand Theis,les béatitudes dans l'Apocalypse,Saint-léger éditions,évangile de jean,Agneau,Christ,Révélation,sceaux,Novembre 2023Armand Theis publie chez Saint-léger éditions un essai crypté mais vivifiant et euphorisant intitulé les béatitudes dans l'Apocalypse.
    Pour lui ce texte mythique, chef d’œuvre d'écriture, est "une geste de la parole divine", poétique de surcroit. Hermétique pour ceux qui n'y voient que malheurs et fracas, il y puise force et Amour (qu'il nous transmet), notamment dans ses 7 béatitudes, à l'adresse des clairaudiants, prolongeant le message unitif de l'évangile aperceptif de Jean.
    L'Agneau égorgé dont il est question représente une figure du Soi (archétype de totalité), avec un cœur souffrant de Père et des matrices miséricordieuse de Mère. Cet "être océanique" signe symboliquement l'alliance avec notre profondeur (le travail du détachement égotique ?) psychique et organique, promettant une paix à ceux s'engageant avec foi dans cet "ensemencement christique" pour naître homme nouveau, délié du péché et de l'attrait du serpent antique.
    Comme l'auteur de l'Apocalypse, Armand Theis compose une œuvre régénérée par l'esprit, en proposant une salve aiguisée (envers l'homme 3.0) ainsi qu'un verbe poétique nourricier (l'épée a double tranchant ?), hérité de Celui qui donna sa vie en rançon et promit un Paraclet, assimilable à un guide intérieur ou souffle sacré.
    Les "7 ballades" sur le chemin de la Révélation sont riches de manducation et de méditations. Au regard de l'époque, une logique implacable imprègne sa réflexion.
    Chrétien œcuménique intéressé par l'hindouisme ou la philosophie, Armand Theis nous convie à une relecture originale et innervée (la Source ?) de haute volée, de ce classique biblique si actuel, à l'adresse des vivants.

     

  • Témoin de son temps

    Du moment où il considère le Coran comme une œuvre humaine, c'est son esprit et non sa lettre qui lui importe, en l'occurrence davantage la forme que le fond.(p.134)

     

    victor hugo et l'islam,louis blin,erick bonnier éditions,coran kasimirski,spiritualité orientale,hallaj,la légende des siècles,panthéisme,septembre 2023Avec Victor Hugo et l'Islam paru chez Erick Bonnier éditions, Louis Blin qui est docteur en histoire et arabisant, s'intéresse en fin connaisseur, aux mentions coraniques dans l’œuvre de l'auteur de renom.
    Il démontre habilement, textes poétiques à l'appui, la séduction qu'opéra Mahomet en tant que chef de guerre dans un premier temps puis réceptacle du texte révélé, dans le cheminement spirituel de cet écrivain géant du 19eme siècle.
    Victor Hugo connut l'Islam par la littérature essentiellement et la fréquentation de ses pairs orientalistes. Il lut dans la seconde partie de sa vie, les deux versions du Coran disponibles à l'époque (Kasimirski et Savary), quelques œuvres de mystiques musulmans (Hallaj, Rumi notamment) et, comme tout homme relié au monde, après maturation, se fit sa propre opinion (positive) de la civilisation orientale. C'est essentiellement en prose qu'il rendit hommage au génie coranique, notamment dans la légende des siècles, en proposant sa version d'écrits inspirés, parfois dans l'exégèse mais plus souvent dans un style et une forme poétique.
    Fasciné par le message eschatologique et persuadé un temps d'être lui aussi messager de la rédemption et d'âme nature (une sorte de panthéisme dans sa foi qui réunirait les religions), il ne prophétisa pas mais proposa une œuvre originale pour son temps, à contre courant des velléités civilisationnelles (l'islamophobie encore et toujours...) ou de son ignorance pure.
    Aimé des musulmans (d'aucuns le disent converti sur la fin), il fut d'après Louis Blin d'avantage un être spirituel (un temps spirite) qu'un religieux épris de rites ou de dogmes, qui sut en tous cas saisir l'essence du Coran : la possibilité offerte à chacun d'être relié par la foi, à l'inspiration céleste, avec ses degrés d' intemporalité.

     

  • Mythologique Anca

    Dans la peau de mon perso préféré, Evelyne et Julien Guérif, Syros, Oz, des histoires ou presque tout est possible, Athéna, Achille, mythologie grecque, jeu vidéo, avatar, juillet 2023"En commençant par moi, Athéna, bien entendu : celle qui dirigera les débats et définira les orientations stratégiques, Héphaïstos, qui [...]"

    Anca est fan du jeu vidéo "Olympus rising". Première à l'école et en haut du classement virtuel, elle se prendrait presque pour Athéna, la déesse grecque : fine stratège, son avatar dans le jeu. Anca va en faire l'expérience Dans la peau de mon perso préféré d'Evelyne et Julien Guérif aux éditions Syros. C'est le 4e roman de cette nouvelle collection Oz : Dans la peau de*. Ainsi Anca devient Athéna et la fille de Zeus découvre le monde du 21e siècle. Elle rencontre Achille, le frère d'Anca et la mère de celle-ci, presque aussi intransigeante que le Dieu de l'Olympe. 

    "-Bonjour, jeune homme, quels sont tes atouts ? - Euh... pourquoi tu parles bizarrement ? Pas brillant, cet enfant."
     
    De chaque côté de l'écran les deux héroïnes vont devoir mener la quête de l'autre. Pas facile de vivre comme la vraie déesse Athéna, de communiquer avec sa Chouchou (sa chouette) , d'attaquer un cyclope et de coordonner une équipe de guerriers et demi-dieux.  Pour Athéna, il faut s'adapter à la vie moderne, se comporter en collégienne, s'initier à ces "pavés lumineux" et arriver à communiquer avec des ados aux réactions étranges. Elle a pourtant besoin d'un garçon comme Vassilis, joueur d'Olympus Rising et de son nouveau petit frère pour peaufiner son rôle et aider Anca. Et si prendre de la distance avec sa vie permettait d'y voir plus clair...
     
    "Afin d'observer rapidement les membres de mon équipe et leur positionnement, je dois utiliser ma chouette !"
     
    Une plongée attrayante dans l'univers du jeu vidéo (et son vocabulaire) et un récit plus instructif qu'il n'y paraît. Le duo de romanciers a du bien s'amuser à imaginer l'arrivée d'une déesse guerrière dans notre société actuelle. Parallèlement, devenir la fille d'un dieu n'est peut-être pas aussi grisant qu'il n'y paraît. Evelyne et Julien Guérif redonnent le goût de l'Histoire et l'envie de se remémorer la place de chaque personnage du panthéon grec. Quant aux relations entre parents et enfants, qu'explorent les auteurs, ont-elles vraiment changées depuis l'antiquité ?
     
    Ceci n'est pas un avatar mais une chronique d'un roman vif et sympathique à lire, à partir de 10 ans, sans avoir besoin d'allumer son carré lumineux. Athéna vous le revaudra !
    Et si vous aimez changer d'époque, n'hésitez pas à découvrir le petit roman Coup de foudre précédemment chroniqué.
     
    *Dans la peau de : 
    - Trois jours dans la peau d'un garçon 
    - Vendredi dans la peau de ma prof
    - Un extraterrestre dans ma peau
     
    Image: Syros
  • Immobile est le Donne

    Devenir indéracinable est paradoxalement le meilleur moyen d'aller vite par la suite (p.17)

     

    s'ancrer.jpgLa collection "petite bibliothèque" de Mama éditions permet à un.e auteur.e de déployer son univers sur un format court : entretien, vision ou essai ici avec S'ancrer pour se déployer de Marie-Pierre Dillenseger.
    Influencée tôt par la culture chinoise (médecine, philosophie, art de vivre) et vivant aux États-Unis, elle compose un texte philosophico-littéraire original (style et fond) autour de l'ancrage et de son salutaire rappel au quotidien. Savoir dire non, prendre son temps, poser, méditer, se cristalliser intérieurement...autant d'attitudes ou de comportements peu valorisés dans un Occident où le rythme effréné impose performance et rapidité d'exécution.
    Mahomet aurait déclaré (dans un hadith) devoir rechercher la science jusqu'en Chine s'il le fallait, sans doute pour rester dans l'ouverture et l'écoute d'autres traditions afin de trouver le trésor permanent en soi ?
    Tel l'arbre fort de ses racines et élancé vers le haut, l'homme relié et capable de se recentrer (après avoir trouvé cette source immuable) traverse chaque épreuve en s'adaptant au mieux aux exigences de l'époque.
    Envisagé dans un esprit pratique et nourri d'exemples concrets ou de maximes façon Yi-King, S'ancrer pour se déployer est un ouvrage résolument permissif qui rend libre d'explorer des zones parfois trop policées.

     

  • Humanimaux, unissez-vous

    Les Humanimaux, l’intégrale, Eric Simard, Éditions Syros. L’Enfaon, L’Enlouve, L’Embeille, L’Enperroquet, L’Engourou, L’Enrequin, L’Encygne, L’Enbaleine, l’Enserpent. Différence, harcèlement, animaux, nature, juin 2023« Nous autres, humanimaux, ne devons pas approcher du bâtiment réservé aux bébés génétiquement modifiés [...] »

    Bienvenue dans l’univers fantasmagorique créé par Eric Simard des Humanimaux. Le premier livre date de 2010 et l’atmosphère y est tour à tour inquiétante et apaisante. Au fil des ans la série s’est étoffée jusqu’à la sortie de Les Humanimaux, lintégrale aujourd’hui aux Éditions Syros. Une rencontre avec 9 héros et héroïnes inventés par l’auteur. Lire chaque histoire, l’une à la suite de l’autre permet de (re)découvrir toutes les facettes de ce monde peuplés d’enfants atypiques et uniques. On peut y percevoir le reflet de nos sociétés qui rejettent facilement l’être différent, difforme ou simplement mystérieux.

    Ici les capacités extraordinaires des Humanimaux n’en font pas des super-héros mais sont plutôt un fardeau et entraînent rejets et jalousies. En effet, difficile d’accepter que L’Engourou (enfant-kangourou) puisse effectuer d’immenses bons et dépasser ses camarades au basket. Comment ne pas avoir peur de L’Embeille (enfant-abeille) qui peut nous piquer à la moindre contrariété ? Et ce garçon bizarre avec une partie du visage en peau de serpent, effrayant non ? Ainsi les humains normaux, entendez par là : ceux n’ayant pas reçu des gènes d’animaux avant leur naissance, ont bien du mal à accepter ces êtres à moitié « sauvages ».

    « Seuls mes oreilles, mes mollets impressionnants et la taille de mes chaussures me distinguaient encore des humains »

    Sauf que l’histoire est souvent racontée du point de vue de l’humanimal. On s’émeut ainsi des difficultés de L’Enperroquet, qui répète tout, au lieu de dire ce qu’il a sur le cœur, de L’Enlouve qui n’a pas le droit d’approcher les bébés humains qu’elle adore ou de L’Enrequin (histoire inédite pour l’intégrale) condamné à attaquer quiconque a le petit doigt qui saigne. Les plus belles histoires sont celles de L’Enfaon (qui a reçu plusieurs prix littéraires), de L’Encygne et de L’Enbaleine, qui sont chacun et chacune en quête d’amour, de liberté ou de leur origine.

    Au delà de nous aider à accepter l’étrangeté de son voisin, la culture de sa camarade, la série d’Eric Simard nous parle aussi de la nature enfouie et oubliée par l’humain depuis belle-lurette. Sa soi-disante supériorité sur l’environnement pourrait bien se retourner contre lui incessamment sous peu. Replongeons donc dans la poésie et la profondeur du chant de l’Embaleine, admirons et protégeons les bois de l’Enfaon et suivons avec curiosité la transformation de l’Enserpent.

    « Sais-tu que les rayons du soleil mettent huit minutes pour faire le trajet du soleil jusqu’à nous ? »

    Ces petites histoires courtes peuvent bien sûr être lues séparément, au rythme des lecteurs et lectrices et appréciées par toutes les générations à partir de 8 ans. Les fans de l’univers peuvent découvrir le héros suivant L’Endauphin ou bien inventer sa propre histoire d’Humanimal !

    Image: Syros

  • Architecte de l’année

    Les maisons folles de Monsieur Anatole, Emmanuelle Mardesson, Sarah Loulendo, éditions L’Agrume , album, enfants, architecture, La cité des animaux, Ma cabane du bout du monde, mai 2023Est-ce que ce serait possible, rien qu’un fois, juste un petit moment, le temps de lire un album par exemple, d’entrer dans Les maisons folles de Monsieur Anatole, réalisé par Emmanuelle Mardesson (autrice) et Sarah Loulendo (illustratrice) aux éditions L’Agrume ? Simplement pour prendre le temps d’explorer chaque habitation. Ce n’est pas tous les jours que l'on peut vivre dans du sur-mesure !

    Tout d’abord se faire coiffer dans la maison cristal de Pietro et contempler ses merveilleuses succulentes. Ensuite, goûter le pain d’épices praliné du boulanger Boris devant sa bourdonnante habitation. Puis se promener, comme dans un musée, dans chaque pièce d’Apollonia et Luchino, reine et roi de la mode. En sortant, on apprécie le petit clin d’œil à Gaudì et on jette un dernier regard aux ombrelles en plumes du paon, so chic ! Pour partir à l’aventure, il faut juste choisir entre maison flottante ou maison volante. La plus originale est celle en coquillage donnant le tournis à chaque étage. Néanmoins, le plus tentant reste l’habitat des loups. Il semble étrange vu de l’extérieur mais dedans on respire déjà les parfums du jardin, on admire les arbres et les belles fleurs colorées. Quoi de mieux qu’une maison bouquet pour se ressourcer ? Encore deux pages, s’il vous plaît laissez-moi me reposer dans la maison des koalas, la plus douillette pour un p’tit somme avant le dur retour à la réalité.

    C’est vrai, on ne peut pas vraiment vivre dans Les maisons folles de Monsieur Anatole, mais nous pouvons recommencer le livre, s’attarder sur un détail amusant, surprenant, délicieusement réconfortant. La nature est partout, comme si les auteures imaginaient nos maisons du futur, adaptées à la faune et la flore environnante mais aussi à notre manière singulière de vivre. Au dessous des dessins-univers, les petits textes poétiques et dynamiques nous interpellent sur des personnages ou des éléments qui nous auraient échappé. En plus de nous faire découvrir les us et coutumes de chaque animal, Emmanuelle Mardesson et Sarah Loulendo ont pris soin de nous révéler leurs jolis prénoms. Allons, venez à la rencontre de Barnabé, Sakura ou Honorine sans oublier notre architecte préféré : Monsieur Anatole. Un succulent album pour petits et grands assurément !

    Deux autres ouvrages nous font désormais de l’œil : La cité des animaux et Ma cabane du bout du monde des mêmes auteures. Encore de beaux livres-univers à explorer...

    Image: L'Agrume