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Science - Page 6

  • La tradition revivifiée

    "Ni abri, ni refuge, ni serre, le désert est plutôt un creuset où, grâce à un certain feu, qui sera à la fois celui des passions et celui de l'Esprit Saint, un métal noble sortira purifié de ses scories, où un nouvel alliage verra le jour, audacieux, neuf, inconnu jusqu'à présent. Ou pour employer une image biologique et biblique à la fois, le désert est une matrice où, dans les douleurs inévitables d'un enfantement , un nouvel être viendra au jour, l'Homme nouveau, créé en Jésus-Christ, dans la justice et la sainteté". (p.69)



    lhomme-interieur.jpgDom André Louf (1929-2010) fut un moine savant contemporain, écrivain, traducteur et accompagnateur spirituel de surcroît, dans la droite lignée de l'école traditionnelle chrétienne pour ce qui concernait l'intériorité de l'homme en quête de Dieu.
    Charles Wright, écrivain et journaliste, a exhumé des écrits intimes du père trappiste, lui permettant de devenir son biographe (le chemin du cœur paru en 2017) et "l'homme intérieur" paru chez Salvatore Éditions est un recueil de ses interventions publiques sur le sens du travail intérieur, un chemin d'élévation où il s'agit paradoxalement de parvenir à un état d'humilité proche du cœur christique, où la volonté de Dieu opère absolument.
    On y découvre un érudit, fin connaisseur des Pères de l'église grecs et orientaux (Ruusbroec, Saint Séraphim de Sarov, Isaac le Syrien, Saint Jean Cassien...) anciens ou modernes mais aussi de la psychologie des profondeurs dans sa branche psychanalytique, dont il s'inspira tout en lui donnant une limite métaphysique :

    "Ce joyeux repentir  n'a rien à voir avec le sentiment diffus de culpabilité, avec les remords de conscience qui hantent la psychologie de tout homme et que l'on a parfois confondu avec une action de l'Esprit Saint... Celui-ci ne mord jamais, il oint, il console, il est douce onction. Le repentir chrétien est à l'opposé de la culpabilité qu'elle vient guérir en profondeur"...(p.120)

    Il fut, en le lisant en filigrane, un fin connaisseur de la psyché humaine, de ses travers et voiles cachant le soleil ou feu du discernement, et sachant séparer et reconnaître le "gendarme" du "maître intérieur" à ses fruits. Autrement dit différencier le petit ego avec ses tares (orgueil, amour propre, vanité, susceptibilité...) et l'esprit sain en ses qualités de "spontanéité, liberté et joie profonde", tout un art pour sortir du repli sur soi et aller vers un rayonnement de l'être.
    La force et l'attrait de ces conférences thématiques (la prière, le repentir, la solitude,, l'ascèse...) sont issus d'un vécu, d'une relation nourrie de l'esprit sain et d'un cœur contrit que Dieu peut investir totalement :

    "L'ascèse c'est laisser éclater la joie de Dieu en nous, et la force de Dieu en nous, qui est l'Esprit Saint" (p.150)

    C'est une véritable naissance en esprit que nous laisse entrevoir le Père Louf, en fin connaisseur de la voie érémitique et de ses pièges.
    Il est, par ses écrits encore et son aura authentique, une balise dans le désert de la solitude et du jeûne (au monde) pour qu'advienne par frictions, une conscience, une personne, une autorité, un esprit de discernement, un Moi Roc...et devenir témoin d'un Réel transfiguré par un Plan divin.
    Un auteur à découvrir ou à retrouver ici dans ses "homélies laïques".



    C'est uniquement cette rencontre qui crée en l'homme la métanoïa, ce retournement du "noûs", la volte-face du cœur, où l'homme se dessaisit de toute prétention de justice, de toute ambition de sainteté même, cède devant Dieu, et se livre à Lui, pour s'apercevoir que l'étincelle de la colère un instant redoutée  s'est muée instantanément en un brasier de tendresse infinie, celle d'un dieu qui est Feu consumant mais qui consume par l'amour”. (p.87)

     

  • L'effi(s)cience psychanalytique

    "Comme c'est quelqu'un d'intelligent (W.Pauli), il a très bien compris que, lorsqu'un homme est en difficulté et que son esprit conscient est bouleversé ou dérangé, l'inconscient, qui est la partie la plus instinctive de la psyché, parvient peut être à générer certaines compensations (de même pour le corps et l'esprit), parce que c'est un système organique qui s'autorégule". (p.334)



    c.g jung,symboles oniriques du processus d'individuation, la fontaine de pierre,W.Pauli,mandalas,Soi, indivuduation,aout2021La Fontaine de Pierre édite un inédit de C.G. Jung en français : "Symboles oniriques du processus d'individuation". Il s'agit de la retranscription de deux séminaires donnés en Amérique (Bailey Island et New York) avant la seconde guerre mondiale, à un public averti par la résonance de l'inconscient. Ce matériau brut (on entend Jung dans son oralité) préfigure les thématiques et concepts que le psychiatre zurichois développera quelques années plus tard dans ses différents livres (Tout est déjà là en l'état), avec une focale sur les mandalas, figures et symboles de compensation et d'auto-guérison du Soi lorsque des conflits submergent la conscience.
    Quelques dizaines de rêves du physicien W. Pauli (prix Nobel en 45 et découvreur de la physique quantique) parmi des centaines sont ainsi analysés et éclairés par la science et l'érudition d'un des pères fondateurs de la psychanalyse,  puisque c'est par paquets (de rêves) que se discerne un changement ou une évolution dans la psyché de l'analysé.
    Notons l'importance accordée au contexte , comme toujours, pour l'interprétation des rêves ou la mise en perspective de concepts ou paroles clés.
    A ce propos, l'individuation ne semblerait, à la lecture dudit livre être destinée qu'à des esprits brillants, ici un scientifique émérite, faisant de la psychanalyse une science élitiste, ce qu'elle fut sans doute à l'époque des balbutiements.
    L'épais document (près de 500 pages d'exposés suivis de questions-réponses) offre un condensé d'images et de récits numineux proches de la symbolique unitive (le 4, le carré, le cercle, la pierre angulaire) et de la complétude au sens de la conjonction réussie des opposés (le processus d'individuation).
    Les quatre fonctions (pensée, sentiment, intuition, sensation) prennent une large place chez l'analysé et s'insèrent ici dans un contexte universaliste où chacun puisera une nourriture pour son âme en quête d'un peu de lumière ou d'une vérité toute expérimentale.


    "L'individuation signifie simplement que vous trouvez votre place dans la tourmente, que vous restez au cœur du conflit, que vous êtes dans le conflit et pourtant au-dessus de lui...car sans conflit pas de mouvement, ni d'énergie". (p.128).

     
  • Les dialogues avec l'Ange

    Coran 35,28. Il y a pareillement des couleurs différentes, parmi les hommes, les animaux et les bestiaux. Parmi Ses serviteurs, seuls les savants craignent Allah. Allah est, certes, Puissant et Pardonneur.

     

    jambet.jpgLes élus de Dieu sont de tout temps, éternels, exemples vivants d'une relation inspirée à Dieu. Une intelligence commune ou lumière de l'esprit, accompagne ces témoins de vérité pour un discernement au-delà des apparences, pouvant aller jusqu'à "la révélation de l'intériorité diversifiée des êtres humains"(p.228), ce qui constitue en soi un événement eschatologique.
    Dans "Le philosophe et son guide - Mullâ Sadrâ et la religion philosophique" paru chez Gallimard, Christian Jambet se fait à nouveau l'herméneute du philosophe shiite (1571-1641) dans sa conception élogieuse et rehaussée du savant qui vient après les prophètes et les Imams duodécimains (qui sont les preuves de Dieu selon Mohammad-Ali Amir Moezzi) mais dont l'existence est caution jusqu'à la fin des temps.
    Le savant ou philosophe (en référence au néoplatonisme hellénistique) n'a de cesse de perfectionner son intellect, la fine pointe de l'âme, en vue de percevoir le Réel (ou dévoilement de l'essence) conformément à l’œil divin. Cette illumination du "cœur spirituel" le place de facto dans la "vie dernière" ou vie véritable, évoquée dans le Coran comme étant destinée aux rapprochés de Dieu, puisqu'il s'agit d'un effacement (de progressif à définitif) de la personne au profit du Messager intérieur (l'Autre en soi, le double lumineux) qui est Présence.
    Mullâ Sadrâ fustige les tenants de la religion exotérique, essentiellement des juristes, qui ne s'intéressent qu'au monde d'ici-bas et à la perpétuation de l'ignorance, contrairement au contenu de la gnose composé de connaissances théologiques, psychologiques ou eschatologiques, qui sont la base d'un juste discernement. Les fidèles de son époque, ritualistes et littéralistes sont pour lui les ennemis véritables de la religion, qu'il définit par "l'ensemble des savoirs ésotériques directement inspirés par Dieu" (p.291).

    On le perçoit, l'Islam politique et conquérant récent a tout d'une hérésie aux yeux du philosophe platonicien, pour qui "en sa perspective eschatologique, l'ici-bas se révèle pour ce qu'il est, le miroir inversé de l'ordre réel"(p.242)...
    Christian Jambet fait œuvre de traducteur et d'exégète (alternant le dense et l'ardu avec le limpide et les fulgurances) du philosophe dont la réflexion et les conclusions apparaissent plus que jamais contemporaines. Les savants ou exégètes spirituels de la Parole inspirée, passés ou présents constituent bien des jalons essentiels à la révélation ésotérique du message. Dans un souci d'élévation (perfectionnement moral) et de rapprochement du chœur divin, ils essentialisent la connaissance jusqu'à tendre a l'objectivité de leur science, un moyen pour tous de se repérer et progresser encore, en ces temps troubles mais passionnants.


    "Par ses alliances comme par ses effets politiques, la religion du savant eschatologique s'est transformée en une religion de ce monde , réduisant progressivement à peu de choses le pouvoir des authentiques tenants de la voie spirituelle comme celui des esprits animés de volonté messianique, tout cela par la toute puissance de l’État" (p.337).

     

  • Le retour du refoulé

     

    La source collective de toutes ces contradictions se situe selon moi dans l'expérience de l'être femme telle qu'elle s'engramme dans l'inconscient collectif comme souffrance immense liée à un statut multiséculaire d'infériorité et d'humiliation”. (p.30)

     

    genres.jpgSous l'angle psychanalytique, une relation entre deux personnes est beaucoup plus riche qu'on ne le croit puisque des “archétypes” sont à l’œuvre dans la psyché de chacun (la persona, l'ombre, l'animus...), sans compter les esprits des ancêtres et autres anges gardiens pour peu que l'on soit croyant...c'est dire la complexité d'un couple.

    Pierre Trigano, analyste et philosophe, revient avec une bonne nouvelle en la matière sous forme d'un petit livre précis et pointu de Réel Éditions : “Des sexes et des genres, des amantes et des amants – une approche jungienne”. Il focalise sur l'archétype du genre opposé en chacun de nous (animus et anima ou schématiquement notre représentation idéalisée de l'autre sexe présent dans la psyché) et poursuit la réflexion entamée sous l'égide d'Agnès Vincent sur “l'âme des femmes” en s'intéressant cette fois-ci à la “souffrance immémoriale” de ces dernières à travers l'histoire, les civilisations, la culture et les modèles historico-générationnels.

    Si ces dernières portent en elles dans leur psyché un “animus” en partie blessé (archétype du genre masculin avec ses qualités d'affirmation, de pénétration et de logos) par des siècles de répression et d'humiliation, il en va de même chez l'homme dans sa part d'”anima” (archétype du genre féminin avec ses qualités d'accueil, d'ouverture et d'éros) puisqu'à preuve du contraire l'homme nait d'une femme et que l'inconscient collectif (sorte de matrice universelle d'où sont notamment issus les rêves) regorge de l'histoire symbolique de l'Humanité.

    Ce qui pourrait s'apparenter à un scénario relationnel sans fin et traumatique à souhait présente cependant, aux vues des données cliniques, une éclaircie salvatrice puisqu'il semblerait selon l'auteur, que le Soi (ou sorte d'imago dei qui unifie les contraires) présent également en chacun, veille à ce que l'amour triomphe in fine, en clarifiant ou pansant ce déni du féminin dans l'animus/anima transgénérationnel. Des images ou symboles numineux finissent par apparaître dans les rêves ou visions qui amèneront, chez la personne en travail sur soi, une réconciliation positive avec sa part claudicante ou inférieure.

    Le genre (hétérosexuel, homosexuel ou trans) est parfois directement en lien avec une part de cette psyché non reconnue ou déniée (par réaction ou rébellion) et l'identité sexuée, si elle est naturellement pleinement assumée, n'empêche en rien ce travail de se dénouer activement en conscience par la mise à plat et l'interprétation du matériel onirique. Les rêves, voie royale de l'inconscient , évoquent souvent des alliances avec des figures, comportements ou attitudes qui sauraient combler des manques, qu'ils soient inflationnistes (colère), déflationnistes (haine ou déni de soi) ou conformistes (reproduction d'un schéma familial). Le livre est d'ailleurs agrémenté de rêves, y compris certains intimistes de l'auteur.

    Pierre Trigano rappelle en outre que le Soi n'est symboliquement pas androgyne en essence mais plutôt féminin puisque sa fonction est d'être l'”Avec”(il apparait comme un sexe féminin dans certains rêves).

    Le féminin est donc doublement évoqué et mis à l'honneur dans cet opus (et dans toute l’œuvre de l'auteur) puisqu'il s'agit à nouveau de ne pas s'opposer frontalement et mentalement aux forces et énergies d'expression du féminin intérieur. Les mouvements sociaux récents (revendications féministes, me too, représentation minoritaire...) ne sont que le reflet d'un mouvement naturel de la psyché trop longtemps bafoué ou méprisé à qui il convient désormais, en accord avec un Centre de nature matriciel, de rendre ses lettres de noblesse et son rang ou génie, par l'homme trop souvent usurpé.


    L'enjeu intrapsychique pour tous les êtres humains sans exception, hétérosexuels, homosexuels et transgenres, est que se réalise une union intérieure harmonieuse en eux-mêmes, “un mariage sacré” entre leur moi (féminin ou masculin) et les figures de genre opposé dans leur inconscient. A cette condition, redisons-le, leur moi peut devenir libre et entier pour l'amour et aussi attirer les synchronicités positives du ou de la partenaire de l'amour”. (p.61)

     

  • Science et foi au diapason

     

    L : Comment la religion et la science pourraient –elles se concilier ?

    -A la Nouvelle Lumière, on reconnaîtra qu’elles sont UN,

    Toujours, elles ont été UN.

    UN, comme la mélodie et le rythme, inséparables.

    Chaque membre du grand orchestre joue séparément.

    Mais la symphonie est UNE. (Entretien 27 – Lili – Dialogues avec l'Ange)


    "C'est probablement ce genre de blocage, dû à l'atrophie d'un mental occidental scientiste et donc allergique à toute forme de connaissance intuitive ou d'intelligence émotionnelle, qui explique qu'il soit difficile d'étudier en sciences les propositions comme...nous nous adressons à la branche du multivers que nous allons vivre dans le futur par nos pensées portées par la vibration de nos émotions !..." (Le Grand virage - p.228)



    le grand virage.jpgPhillipe Guillemant est une caution scientifique, médiatiquement populaire, en vogue.
    Il publie "Le grand virage de l'humanité" chez Trédaniel éditions, un livre qui vient synthétiser les évènements sanitaires récents en les incluant dans un contexte futuriste tout sécuritaire avorté.
    Ingénieur physicien au CNRS, il est au fait des prouesses de l'Intelligence artificielle et  synthétise (il schématise et modélise pour les rendre plus compréhensible) en tant qu'auteur à succès, les thèses des physiciens quantiques, proposant lui-même une théorie originale et utopiste (c'est lui-même qui le dit) : le “futé lumineux”.
    Adepte et pionnier de la rétrocausalité en France (le futur existe déjà et envoie des informations dans le présent par le biais de synchronicités notamment), il ne croit plus au "foutur" orwellien du tout contrôle numérique avec objets connectés et peuple-machine asservi mais pense que l'épisode covid est venu révéler une autre futur possible et désirable, le fameux "monde d'après" plus solidaire, empathique et conscient des nouveaux enjeux planétaires. Ce "futé lumineux" coïncide avec l'homme éveillé, espoir et essence de la spiritualité et de la religion. Plutôt qu'hyper-connecté, c'est l'homme relié à la nature et à son coeur (par opposition au mental) qui résonne un futur positif en vibrations de joie, foi ou saine intuition (l'intelligence émotionnelle en action)
    Pour Philippe Guillemant, le scientisme, véritable religion de la modernité, touche à sa fin, incapable qu'il est d'intégrer des réalités validées par la physique quantique (immortalité de l'âme, libre arbitre, phénomènes ovnis, conscience distincte du cerveau, plein d'information du vide quantique, EMI, états de conscience modifiés, synchronicités...). Englobant les théories du complot sans y croire vraiment (la peur ne fait que renforcer un monde ou une situation cauchemardesque), il intègre l'épisode covid dans une décennie qui a permis une maturation citoyenne face aux puissances financières et numériques qui ne voyaient en l'homme qu'une machine sans âme , ainsi du "transhumanisme qui n'est qu'une idéologie du Forum économique mondial"(p.106).
    Brillant, intelligent (parfois trop avec une centaine de pages au vocabulaire scientifique ardu et compliqué/technique pour résumer la "physique de la conscience), modélisable à souhait, ce livre parie sur une réforme de la pensée sclérosée et matérialiste en une vision éclairée et spiritualiste de l'humanité.

    L'auteur, qui est un lecteur et pratiquant de l'enseignement des "Dialogues avec l'Ange" envisage une issue positive et reliée (entre cœurs vivifiés) pour la planète, qui partirait de France. L'éveil des consciences a t'elle vraiment eu lieu ? L' effet sera t'il boule de neige ? Sa foi ne souffre t'elle pas d'un excès de naïveté ? Sommes-nous au contraire dans le dévoilement (l'apocalypse) des forces obscurantistes à l’œuvre ainsi que de leur opposées lumineuses ? C'est de l'acceptation d'une identité toujours plus numérique que dépendra in fine, d'après Mr Guillemant, le passage dans un univers sans retour.


    "Le futé du cœur est un nouveau futur construit par l'aspiration humaine à se relier au soi au travers d'un nouveau mode de vie résilient, solidaire, autonome et respectueux de la nature." (p.106)

     

  • Faire des deux l'un

    "Le mental sait mais ne voit pas" (A.Desjardins - p.97)

    "
    Un chemin spirituel réaliste est toujours un processus de désencombrement, de découvrement" (Eric Edelmann - p.180)

    edelmann.jpgC'est une véritable nourriture êtrique, légère et digeste, que nous propose le prolixe
    Éric Edelmann dans son nouvel opus "La splendeur du vrai", paru aux éditions du Relié.
    Partant du principe et fait qu'une des caractéristiques de l'humain c'est son cortège incessant de pensées-émotions mécaniques et souvent négatives, "
    la splendeur du vrai" relate au contraire de la soumission à l'instant, d'une perspective d'accès au réel qui ne soit pas niée ou voilée par cette "pollution suffocante", et c'est le privilège de cette voie spirituelle initiée par Swami Prajnanpad (1891-1974).

    En domptant le mental, la souffrance s'atténue, remplacée par l'amour et la joie puisque tout est unique et changeant. Autrement dit, à hauteur de sage, l'harmonie divine règne et seule la communion (le “oui à ce qui est”) s'installe.
    L'ouvrage sublime et souligne des paroles clés ou jalons d'
    Arnaud Desjardins (1925-2011), en les enchaînant sur un parcours circulaire (tout l'enseignement de l'Adhyatma yoga est lié) et progressif, dans un style limpide avec grande clarté d'esprit, sans confusion ni ratiocination.
    L'auteur met en pratique l'adage de l'être sur le chemin de la réalisation , qui ne vit plus séparé mais au service d'autrui, soucieux de reconnaître la tradition sous-jacente à son mûrissement (la communion des sages, leurs anecdotes et paroles), avec une ouverture à l'ésotérisme Gurdjievien et à la mystique religieuse (Etty Hillesum).
    Les adeptes du Hara (les ventripotents) qu'une pratique assidue renforce, connaissent l'être en soi, un centre autre que l'ego (un vrai centre pourrait on dire puisque cristallisé et non fictif) et sont plus portés à l'empathie qu'au repli sur soi. “Ressentir”, “se désidentifier” deviennent alors des habitudes de fonctionnement qui aboutissent au lâcher prise égotique. Plutôt que “regarder” il s'agit de “voir”, la perception du cœur vigile, qui constitue un chemin de plus grande liberté.

    "
    Ainsi tout peut se résumer à une question de raffinement de l'énergie et à sa réorientation. Il ne s'agit plus là simplement d'un processus de changement mais plutôt de transformation … au sens dépassement de la forme, de méta-morphose" (p 223)

    La méditation est un des outils à la disposition du chercheur de vérité dans ce travail de purification des nœuds du cœur derrière lesquels se tapit le "rien", qui est plénitude ou silence, non-séparation et essence même de l’éveillé à sa vraie nature.
    Par ce processus alchimique se découvre la fine pointe de l'âme et ses énergies subtiles, la naissance et la consolidation d'un corps lumineux à l'image de Dieu, qui saura vraiment communier et rejoindra in fine la Source.
    La voie spirituelle de l'Adhyatma yoga propose "
    d'élargir l'ego pour le rendre plus ouvert et spacieux" , là où la pratique religieuse souhaite le réduire à néant (“Il faut qu'il croisse et que je diminue”, le “fana” des musulmans...). La foi permet ce saut quantique puisqu'elle se situe au-delà du mental (Jésus calmait les tempêtes mentales comme la récitation du dikhr en Islam par exemple). Malgré tout ce qui les oppose, “se pardonner” et “s'aimer” restent des socles communs à ces deux chemins, grâce au gourou ou guide intérieur pour l'un et à la miséricorde divine pour l'autre.
    Peut-être le futur fusionnera ces deux approches à priori antagonistes, en faisant cohabiter un moi qui s'oublie et se donne pour que Christ soit (Lui qui est conscience et discernement).
    Outre ce petit complément, pour ceux qui ne suivraient pas cet enseignement traditionnel, “La splendeur du Vrai – voir avec le cœur dans un monde d'illusions” reste un livre passionnant , prenant, généreux et de bonne compagnie.

     

  • Le numineux langage de l'âme

    "Comprendre que la Bible et tout le corpus dogmatique sont écrits dans un langage symbolique, témoignant d'expériences intérieures compréhensibles en termes psychologiques, peut conduire à un renouveau de la vie religieuse".(p.24)

    "
    Pour Jung, le christianisme est un aboutissement, un mûrissement d'intuitions religieuses très anciennes, datant d'époques très reculées, inscrites au plus profond de notre inconscient collectif et toujours vivantes en nous".(p.63)



    Jung-et-le-christianisme.jpgJean-François Alizon signe avec "Jung et le christianisme - un regard nouveau", paru chez Empreinte éditions, un ouvrage sérieux, profond et synthétique sur l'apport de C.G Jung à la religion chrétienne, notamment par sa lecture symbolique, reflet de l'âme, dont il était un clinicien hors pair (Il restaure ainsi la trilogie corps-âme-esprit).
    Lus, médités et mis en pratique depuis plus de trente ans, les écrits du célèbre psychanalyste ont trouvé un écho favorable chez ce protestant formé à la théologie (Il fut néanmoins professeur de flûte traversière) avec pour élément déclencheur de sa "
    religion intérieure", un Christ pouvant été assimilé au "Soi" jungien, à la foi centre physique et psychique de l'homme équilibré (d'aucuns évoqueront le fameux Hara oriental ou centre de l'être selon la terminologie de Graf Durkheim) et socle commun à toute l'humanité dans sa fonction de complétude ou de réunion des opposés (on pense aussi au Tao ou à la nature androgyne de la psyché).

    "Le Soi connaît notre destinée profonde et le sens de notre existence sur la terre. il nous appelle à réaliser notre essence véritable dans une démarche laborieuse, patiente et obstinée, qui avec le temps finit par aboutir...et restaurer un sens" (p.179).

    Pour l'auteur, la capacité d'aimer est notre vraie nature, le lien avec notre âme consolidé.
    Le livre est assez complet, érudit et peut sûrement servir de référent sur le sujet par la maîtrise et la clarté rationalisante qui s'en dégage. On retrouve les concepts phares de Jung (archétypes ou énergies latentes, anima, Soi...) appliqués à l'épopée christique et cette lecture moderne de la psychologie analytique, toute intériorisée, proche du courant soufi ou de la kabbale, semble coller à la réalité des images (rêves, œuvres culturelles, symboles) remontant des profondeurs de l'âme humaine.
    Cet "ésotérisme" quasi scientifique (car expérimental) sied plus aux natures introvertis de prime-abord qu'aux adeptes des rites, dogmes et communautés de croyances mais la foi fait force dans les deux cas grâce notamment à l'eucharistie qui cristallise aussi le Christ en chacun de ses adeptes.
    Autre éclairage intéressant, le retour du féminin refoulé en plusieurs étapes, d'abord projeté sur autrui (l'anima ou archétype féminin de perfection) puis réintégré lors d'une re-naissance spirituelle matricielle, que Jung associe à la naissance en souffle et esprit, celle de l'homme nouveau.
    Enfin, parmi les nombreuses richesses dont regorge ce livre (un dossier complet et complémentaire y est aussi consacré sur le site de l'éditeur), la redéfinition du péché comme rupture avec la totalité de notre être ou Soi. Tiraillé dans ses profondeurs depuis la sortie de l'Eden intra-utérin, l'homme n'a d'autre choix que l'équilibre de ses paradoxes en saisissant la voix, parfois imagée, de l'harmonie (des contraires) par l'attitude juste ou appropriée à chaque étape de sa vie.