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société - Page 8

  • Le mystère s'éclaircit

    Les religieux rejettent leur propre Dieu. Ils n 'ont pas compris que le message d'amour venait bouleverser toutes les justifications de la violence du monde antique. Et c'est par un dernier acte violent qu'ils vont signer leur défaite...la Révélation ne peut pas se passer d'une dernière mise en scène du bouc émissaire, le sacrifice de l'"Agneau de Dieu", ce sera la crucifixion. (p.141)

     

    Joël Hillion,Qui dit-on que je suis,le mystère Jésus,éditions l'harmattan,René girard,bouc émissaire,évangiles,Janvier 2023Joël Hillion nous présente sa vision humaniste de Jésus dans Qui dit-on que je suis-le mystère Jésus, paru chez l'Harmattan.
    Cet écrivain spécialiste de Shakespeare reste fasciné par le mystère du Christ en sa subversion du religieux, son message d'amour révolutionnaire ou sa posture de bouc émissaire total. Il prolonge la pensée de René Girard en l'amplifiant (il cite des auteurs contemporains en sciences humaines ou littérature), construisant un portrait empli de profond respect pour l'homme-dieu à défaut de pleine foi.
    Malgré le choix d'une linéarité un peu scolaire, la réflexion de ce libre penseur éclaire d'un nouveau jour certains aspects du "fils de l'Homme".
    Jésus apparaît comme un original désacralisant l'habit (les rites notamment) et la lettre pour l'esprit et un cœur vivant, miséricordieux. c'est son intime compréhension du mécanisme de destruction mutuelle qui l'incite à choisir l'amour du prochain comme seule loi, subissant de facto (Il ne choisit pas de se sacrifier) l'ire des violents. L'effet miroir (un cœur purifié) révèle la nature ou l'essence des êtres, leur laissant le choix d'assumer la conséquence de leurs actes.
    Si Jésus est pour l'auteur l'archétype de l'anti-sacrifice c'est aussi grâce a sa part divine ou son corps-lumière fantastique qui, de bouc émissaire peut transmuer la haine en joie, afin que chacun soit sauf du jugement porté sur lui-même.
    Le sauveur et messie prend ainsi tout son sens pour œuvrer à une harmonisation universelle. 

     

  • Se souvenir

    Pourquoi cette émotion ? L'émotion n'apparaît que lorsque je ne vois pas une chose telle qu'elle est, mais que je la prends pour quelque chose d'autre. (p.64).

     

    Daniel Roumanoff,Svami Prajnanpad,éditions Accarias l'originel,colette Roumanoff,Lyings,Inde,advaita Vedanta,désidentification,Janvier 2023Les éditions Accarias-l'Originel publient un livre d'entretiens, les six seuls enregistrés par Daniel Roumanoff (1936-2015) avec Svami Prajnânpad en 1972. Rencontré en 1959, ce sage du Bengal finira ses jours deux ans plus tard (1974) en Inde, après avoir sejourné malade, dans la maison des Roumanoff (été 1973). Daniel consacrera la seconde partie de sa vie à récolter et diffuser des traces de son enseignement.

    L'enfant est au cœur de toute spiritualité (comme le montre la photo de couverture), notamment celle du Svami,qui prône la non dualité et l'union avec ce qui vient...
    Les émotions bien sûr, les désirs et les pensées afférentes, qui toutes proviennent d'un mental "construit" sur les premières années d'apprentissage, ses croyances et identifications.
    Ce personnage infantile irrigue en profondeur (ou surface ?) nos actes et réactions d'adulte et c'est le propre d'une conscientisation (voir) quotidienne de se détacher d'un mécanisme sinon répétitif, en tout cas travestissant par filtre le réel.
    Cet ouvrage traduit et mis en forme par Colette Roumanoff est aussi un hommage et un acte mémoriel de et pour Daniel son mari, qui fit par ailleurs face à Alzheimer avec son aide pendant dix ans. Il est un témoignage de ce qu'il fit et fut, de ce qui le mouvait intérieurement mais aussi une parfaite illustration de la manière dont son guide spirituel disséquait la psyché avant d'opérer un tri chirurgical (les lyings) dans ses méandres, pour une meilleure clarté d'esprit.
    Chaque quêteur saura y trouver nourriture, synchronicité, aide, pièce du puzzle pour soi et Soi, et le classer à divers degrés, comme un livre opportun.

     

  • Ma sorcière mal aimée

    Le Monde renversé,Collectif Marthe,Théâtre de la Croix Rousse,Clara Bonnet,Marie-Ange Gagnaux,Itto Mehdaoui,Aurélia Lüscher, Guillaume Cayet,féminisme,lutte, ,archétype,sorcière,cristallisation,patriarcat,capitalisme,Décembre 2023.Lyon

    "T'as vu le nez impressionnant qu'elle a ? Tu parles de la grande ? Mais non la petite ! Mais attends elles ont toutes un nez de sorcière en fait !".

    En effet Le Monde Renversé, du collectif Marthe, qui se jouait au théâtre de la Croix Rousse, s'est inspiré principalement de l'ouvrage Caliban et la sorcière de Silvia Federici pour nous parler de la figure archétypale de la sorcière à travers les siècles. Ce premier spectacle écrit, mis en scène et interprété par Clara Bonnet, Marie-Ange Gagnaux, Itto Mehdaoui et Aurélia Lüscher avec l'aide de Guillaume Cayet, a été créé en 2018. Sur scène elles convoquent Marthe, accusée de sorcellerie au Moyen Âge mais aussi Karl Marx ou Michel Foucault dont elles ambitionnent de "compléter les théories". Au plateau un joyeux bordel ou un foutoir organisé : une jeune fille qui a rendez-vous chez le gynéco croise Descartes et ses confrères découvrant l'appareil génital d'une femme exécutée car "dangereuse".  Ainsi, la lutte des femmes ou le féminisme n'a pas commencé dans les années 20 ou 70 et encore moins à partir du mouvement #metoo mais bien dès le Moyen Âge lorsque les seigneurs s'accaparent leur terre et créent des paysannes "nues" puis que le roi ordonne aux femmes de s'occuper en premier lieu de leur mari et (forcément) nombreux enfants. Et pour cause, c'est bien elles qui mettent au monde les futurs ouvriers d'un monde déjà capitaliste !... Les femmes seules, qui travaillent encore ou qui gênent leurs voisins : sorcières !!! À l'image de Marthe.  Un collectif qui porte bien son nom et explore tous les aspects de la place de la femme (voir notre entretien de l'excellent Tiens ta garde). Ce premier spectacle encore un peu brouillon fourmille des mille références et recherches des comédiennes. C'est drôle, parfois effrayant et intelligent. Ce qui reste en sortant ce sont l'humiliation subie par les femmes de tout temps, et la convergence de lutte avec les exploités d'un système de domination patriarcal. Ce Monde renversé est clairement une réappropriation salvatrice d'un corps hautement symbolique.

     

  • Stupeur sans tremblements

    Laurent Kasprowicz,des coups de fil de l'au-delà ?,éditions trédaniel,Romuald leterrier,Jocelin Morisson,trickster,daïmon,âme du monde,relié,paranormal,Décembre 2023Des coups de fil de l'au-delà ? est la première enquête française sérieuse autour de messages paranormaux (de défunts), de Laurent Kasprowicz, rééditée et augmentée aux éditions Trédaniel (première auto-édition en 2018).
    Sociologue de formation, il rapporte des cas concrets symptomatiques d'un phénomène de grande ampleur, en y ajoutant ses propres expériences qui signèrent peut être le début de sa quête.
    Rejetant vite canulars ou dons de psychokinésie de la part de vivants, il oriente ses hypothèses sur un échange archétypique, sans exclure pour autant une communication d'outre monde. La piste du trickster (évoquée dans son deuxième livre Phénomènes) ou son appellation grecque ancienne de daïmon évoque la part de l'âme (mythique) délaissée par notre civilisation judéo-chrétienne (à la différence du logos) mais qui demeure très présente dans d'autres cultures (chamaniques par exemple). Les caractéristiques communes des appels (élusifs et messagers) rappellent ceux des visions d'ovnis (voire d'EMI ou d'OBE) même si certaines preuves demeurent (SMS, audios...), défiant parfois l'espace-temps.
    La raison classique est quoi qu'il en soit mise à mal dans l'explication causale mais le nouveau paradigme sur la conscience (non locale par exemple) ainsi qu'une réappropriation judicieuse de l'homme ternaire (corps, âme, esprit) permettent déjà d'envisager des survivances d'âme, en tous cas une reliance universelle d'un substrat, au-delà de la mort du corps.
    Cette enquête savoureuse et rondement menée est encadrée avec bienveillance et expertise par le binôme Leterrier-Morisson. Après le cinéma, une nouvelle vague éthérée déferle sur l'océan scientifique... 

     

  • L'under gronde

    Rocé,Bitume,Hors cadre,Ol Kainry,Big red,lutte,feu,classique,Novembre 2023Après avoir mis à l'honneur des activistes engagés dans le projet de compilation par les damné.e.s de la terre, Rocé nous livre sa version de la lutte avec Bitume (Hors Cadre) et cela sonne classique.
    Compositeur aux magnifiques beats épurés et métissés (mention spéciale pour "Il pleut dans ma tête" ou "interlude"), le message est ici brut, sans concept ni volonté de plaire, direct et radical.
    Rocé apporte une vision fraîche nourrie de la subculture, indépendante et revendicative, dont le rap est une excroissance : Le modèle dominant n'a ni projet (une tête ?) ni foi et ne craint pas le chaos (le cherche ?). Les opprimés (issus des colonies notamment) ont des valeurs, des idées-haut(es), une énergie (un feu intérieur), un vécu qui mérite écoute,considération ou apprentissage (le lien avec le Vivant entre autre), en vue d'une autonomie ou d'une liberté personnelle, dans un climat sous pression.
    Le ton est professoral, l'alerte est vitale. Un nouveau monde, un "champ de possible" peut naître d'esprits affutés, conscients et résistants (à l'image de Big Red ou de Ol Kainry en feat), pour un futur désirable et une juste place en son sein.
    Il y a clairement des méprisés, une souffrance commune, un instinct de survie mêlé d'espérance, une attitude combative face à l'adversité, qu'illustre l'artiste de façon minimaliste, avec beaucoup de force et d'amour, en musique et pulsation.
    Du niveau, de la hauteur, de la verve, des rêves...un album sous haute tension qui décrit avec brio notre modernité déshumanisée et la nécessaire alliance avec l'instant, afin qu'une présence soit. 

  • L'ange lot

    La cité angélique est une cité d'êtres qui font l'expérience de leur propre divinité comme pouvoir et qui n'ont de pouvoir qu'en raison de leur propre divinité. La "communauté des citoyens de la Jérusalem Céleste" est en somme la fusion parfaite du pouvoir, de la divinité et de la socialité, et c'est ce que la théologie a appelé la hiérarchie. (p.164)

     

    Hierarchie-la société des anges,Emanuele Coccia,Bibliotheque rivage,pseudo Denys l'Aréopagite,Hénoch,Apocalypses juives et chrétienne,Messie,angélologie chrétienne,Dans Hiérarchie - la société des anges, le philosophe italien Emanuele Coccia dresse un portrait instantané et livresque de l'ange, dont la fonction ou tâche est d'obéir, d'exécuter ou de communiquer en "bon soldat", en vue d'un rang enviable auprès de la divinité ou d'un miroir tout embrassant.
    Son pouvoir sacré tient en sa nature glorieuse qui le rend à la fois fragile (la possible rébellion) et fier. Le Plan divin le rend par devoir, acteur et auteur d'une élévation spirituelle de l'homme, avec une visée eschatologique pour en faire un élu qui remplacerait tout ange déchu.
    Les différents essais qui constituent l'ouvrage paru chez Bibliothèque Rivage constituent une analyse brillante des sources de l'antiquité tardive (pseudo Denys l'Aréopagite, Hénoch...) mais un peu froide. Il manque résolument la chaleur ou le feu dont sont constitués les anges pour arrondir les angles et humaniser un peu plus ces figures de papier glacé.
    Sont-ils mythes ou présences/aides réelles de l'invisible ? L'autorité les définit partiellement mais quid de l'humour ou de la tendresse ? De l'Amour ou de la caresse ? Sont-ils si impersonnels, bloc ou principe d'individuation ?
    Sont-ils essentiellement des êtres de pouvoir (pour soi) ou volontiers guides, aides, doubles célestes, passeurs ?
    Ces messagers sont-ils si distants, si distincts de l'homme ou n'ont-ils pas destin lié, sur la terre comme au ciel ? Accomplir une tâche par exemple (héritage de l'ange) donne un sens à la vie terrestre. Par ailleurs donner grandit...Cela vient des anges.
    Cette étude académique se cantonne à l'angélologie dans le christianisme naissant mais occulte sa mise à jour (l'ange pour l'Islam, l'enseignement des Dialogues avec l'Ange ...) pour une vision d'ensemble, universelle.
    L'auteur fait un parallèle avec notre société et ses titres donnant pouvoir pour peu qu'on accorde crédit à l'apparence. Mais les vrais rois et reines ont-ils affaire à la hiérarchie terrestre ?

  • Hercul.ine

    Herculine Barbin, archéologie d'une révolution, Théâtre du Point du Jour de Lyon, Catherine Marnas, Michel Foucault, Yuming Hey, Nicolas Martel, intersexe, Collectif intersexe activiste, novembre 2023

    Un lit recouvert d'un drap blanc. Un homme habillé en noir, enlève délicatement le tissu. Le public découvre une personne allongée. C'est Herculine qui va nous raconter son histoire, peut-être depuis son lit de mort.  La pièce Herculine Barbin, archéologie d'une révolution jouée au Théâtre du Point du Jour de Lyon est mise en scène par Catherine Marnas. Elle a adapté le texte trouvé par Michel Foucault dans des archives médicales. Ce sont les mots même d'Herculine Barbin, née au XIXe siècle, première personne intersexe à livrer son témoignage. Le public découvre sa vie à travers les paroles et l'incarnation bouleversante et captivante de Yuming Hey accompagné de Nicolas Martel, à la fois son double, son ombre (opposée) et son soutien. La trajectoire suivie/subie par Herculine ne peut laisser indifférent et révèle les graves obstacles que rencontrent encore aujourd'hui les personnes intersexes (mutilations génitales à la naissance, obligation de choisir un genre à l'adolescence, tabou de la société).

    Catherine Marnas, nous fait d'ailleurs part des difficultés à présenter ce spectacle et nous incite à lire Mes souvenirs d'Herculine Barbin 


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    Crédit photo : Pierre Planchenault - www.pointdujourtheatre.fr