Reno Bistan est un chanteur poète caustique engagé. Radio Bistan est son troisième disque solo sorti en 2019, un concept radiophonique narrant le premier jour de l'élection d'un président-chanteur écologiste, dans un royaume imaginaire. Artiste associé au théâtre du Grabuge, dont Géraldine Benichou est la malicieuse metteuse en scène, le disque a pris une forme théâtralisée qui chemine allègrement dans toute la France et passait par l'Iris de Francheville.
Un show calibré, millimétré à quatre voix ; une écriture au cordeau, ciselée et cinglante ; le tout ponctué d'un tour de chant maîtrisé et entraînant. Claudine Pauly (chant, piano et voix) et Noémie Lacaf (chant et voix) apportent beaucoup en présence scénique. Elles enrobent et accompagnent avec grâce, la voix fluette (entre Mathieu Boggaert et Ours) de Reno. Elles jouent également les journalistes d'un jour, pastichant des émissions phares de France Inter (Léa Salami, le jeu des mille heureux, Macha...), en compagnie d'un fougueux et désopilant Sylvain Bolle-Redat qui campe une série de personnages truculents.
La pièce est bien huilée, efficace et sans temps mort. Les infos sont mises à jour et s'adaptent à la ville hôte, dans un souci interactif et bon enfant.
Côté écriture, toute l'actualité politico-écologique et les non mesures de ces quarante dernières années sont passées au filtre mordant d'Olivier Minot et clamées sur différents registres (chant, reportage, infos) : un véritable exutoire jubilatoire pour les personnes éco-sensibles. Évidemment l'utopie (la première journée de l'élection au Bistan) est grossièrement exagérée et un poil radicale. Pour ceux qui hésitent entre rires et pleurs reste l'option joie et légèreté. C'est celle que nous retenons pour ce petit spectacle affiné et affirmé, d'intérêt public.