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Choeur

  • Destins liés

    jesus.jpegJésus vient de rendre l'esprit, il se remémore quelques moments clés de sa vie, allongé et entouré de bandelettes sur la pierre du tombeau de Joseph d'Arimathie. Puis il se lève et commence sa descente aux enfers. Ainsi débute Jésus aux enfers, de Thierry Robin paru aux éditions Quadrants.
    La suite est parsemée de rencontres de tous les patriarches bibliques et personnes parquées au Shéol, attendant leur libération pour le paradis, en accord avec l'évangile apocryphe de Nicodème.
    L'auteur prend quelques libertés d'interprétation mais sa relecture exégétique est très respectueuse de l'esprit des évangiles. La couleur est en outre  savamment utilisée, plutôt sobre puis saturée de rouge et noir pour l'enfer (la géhenne dans une seconde partie) et les âmes damnées, avant de retrouver une certaine douceur et quiétude à l'approche de la résurrection et des consignes du Sauveur.
    Le dialogue plutôt courtois avec Satan occupe une grande place et les équilibres restent marqués entre les deux protagonistes de l'Histoire, l'ange déchu influant aussi sur le cours de la prédication évangélique. Mention spéciale pour la scène des instruments de la Passion qui trouve une gravité détonante.
    Au final un complément d'information illustré sur un passage clé de la vie du Christ,  martelé dans le credo. Thierry Robin réussit avec brio à nous intéresser graphiquement à un sujet scabreux mais passionnant, avec beaucoup de légèreté.

     

  • Se laisser être

    12e-porte-A-600x912.jpgEdith Gauthier signe avec La douzième porte - l'apocalypse intime, paru chez JMG éditions, un ouvrage original, un peu farfelu mais dont l'essence est un accomplissement traditionnel.
    Enseignante Reiki avancée, elle propose, forte de citations spirituelles d'auteurs reconnus, une sorte de reprogrammation méditative consciente de notre identité : de l'ego à l'être, du moi au Soi, d'un corps souffrant à une conscience universelle heureuse.
    Le chemin agglomère théories new age, traditionnelles et scientifiques (pesée des âmes d'une ancienne tradition égyptienne, aphorismes d'un docteur en médecine, champ vibratoire de fusion des âmes...), mélange étonnant et détonant, pour parvenir à une compréhension illuminative. Cependant la forme séduit plus que le fond car la grâce arrivée à l'autrice (EMI, phases d'éveils spontanés, transformation de sa vision) est difficilement pédagogique et communicative, souffrant parfois d'abstraction. Reste ce travail plutôt traditionnel de conscientisation du passé dans le présent, ou plutôt de son évanouissement pour revenir au corps et à l'unité d'une âme universelle englobant la personne et son histoire traumatique. Une fusion dans un plus grand que soi (concept très christique) se rapprochant de la notion de canal d'une Présence toute rayonnante.

     

  • Un éveilleur du Moi vérité

    Il faut accepter la mort inconsciemment. L'homme qui réalise cela trouve la sérénité jusqu'à cet ultime moment. C'est cela le propos de l'éducation zen (p.207).

     

    Le rire du Tigre,Marc de Smedt,Taisen Deshimaru,éditions le Relié,zazen,dojo de la Gendronnière,zen soto,Kodo Sawaki,Le Rire du Tigre réédité en poche aux éditions du Relié (copie revue et augmentée) est un livre qui se dévore. Autant prosélyte sur le zazen que portraitiste du géant de la spiritualité Taisen Deshimaru (1914-1982), Marc de Smedt brosse le portrait d'une époque et de dix années passées en garde rapprochée du Maître zen (il fut son confident, éditeur, disciple...). La mémorable description d'un voyage au Japon, entre tradition et modernité, côtoie celle de la fondation du dojo français de la Gendronnière. De nombreuses anecdotes dépeignent le personnage haut en couleurs qu'il fut tout en le contextualisant dans la tradition du zen soto (il fut un des disciples de Kodo Sawaki). Le leg du moine bourru qui amena le zen en Europe tient dans la posture qu'il enseigna et magnifia. L'auteur relate en annexe toutes les vertus scientifico-spirituelles y attenant.
    Ce classique de l'ésotérisme vaut également pour les hauteurs de vue de Deshimaru, notamment son dialogue avec des dominicains et l'on perçoit que, du silence et de l'état de vacuité fruit de la pratique, il s'abreuvait au même fleuve de vie que tout grand éveillé et éveilleur du siècle dernier. 

     

  • La grâce de Chimamanda

    L'inventaire des rêves, Chimamanda Ngozi Adichie, roman, 2025, Gallimard, Nafissatou Diallo, Americanah, L'hibiscus pourpre, Etats-Unis, Nigéria, GuinéeComme une longue attente, avec l’espoir des retrouvailles au bout. C’est l’effet que produit l’absence de romans écrits pas Chimamanda Ngozi Adichie. Lorsque L'inventaire des rêves, chez Gallimard, apparaît, et que nous nous délectons des premières pages, cela nous saute au visage. C’est vrai, on se retrouve en terrain connu, les personnages, l’atmosphère, les mots nous avait manqué et nous les guettions, sans nous en rendre compte ! Pourtant les protagonistes sont différentes, leurs caractères et leurs expériences aussi mais nous avons la sensation de les connaître et sommes immédiatement happés par leur grâce. C’est peut-être là le point commun entre les vies que crée l’autrice, quel que soit le roman. Cette grâce coule dans les veines de Chiamaka, Zikora, Omelogor et Kadiatou. Nous aimerions qu’elles existent vraiment. D’ailleurs, la dernière héroïne est inspirée de Nafissatou Diallo et de son histoire. Chimamanda Ngozi Adichie précise que seul le récit de son agression est raconté, tel qu’ « elle l’a relaté » mais que le reste du personnage de Kadiatou est issu de son imagination.

    Ainsi, à l’instar du cheminement d’Ifemelu dans Americanah ou de celui de la jeune Kambili dans l’Hibiscus pourpre (premier roman) nous suivons et vivons les trajectoires de chacune, comme une amie intime, que nous soutenons par notre lecture. Cette sensation de proximité se construit petit à petit. En effet, nous découvrons d’abord Zikora, Kadiatou et Omelogor à travers la vision de Chiamaka, respectivement meilleure amie, patronne et cousine de celles-ci. Notre regard change ensuite en adoptant le point de vue de Zikora et en apprenant son histoire, puis celle de Kadiatou et enfin Omelogor. C’est amusant d’entendre parler cette femme d’affaire nigériane d’un des petits amis de sa cousine. On ne se souvient plus d’avoir lu le récit de cette relation. Nous nous précipitons au début du livre pour essayer de retrouver une anecdote « croustillante » que nous aurions loupé avant de nous rendre compte que Chiamaka l’évoquera plus tard, puisque c’est son personnage qui ouvre et conclut le livre.

    Elle nous parle au moment du COVID en se remémorant, entre autres, les différentes histoires d’amour qu’elle a vécue. Cette nigériane, installée aux États-Unis évoque aussi en filigrane sa relation avec sa famille, ses amis, la richesse, le décalage entre générations, traditions, visions africaines et américaines. Chiamaka vit mal le fait de devoir se conformer à la tradition de se trouver un mari tandis que sa meilleure amie, Zikora, également nigériane et américaine est au contraire désespérée de ne pas trouver chaussure à son pied. Kadiatou, guinéenne, employée de Chiamaka, n’imaginait pas un seul instant vivre aux États-Unis et flotte constamment entre reconnaissance et malaise persistant. Omelogor, si sûre d’elle en apparence, tombe des nues en s’inscrivant à l’université américaine et en essayant de communiquer avec ses nouveaux camarades, si éloignés des ses fidèles amis du Nigéria et sa chère ville d’Abuja.

    Ces quatre-là semblent traverser la vie avec autant de courage que de fragilité. Leurs maux nous émeuvent, nous révoltent, nous culpabilisent et agrandissent notre ouverture aux autres. À l’heure où les convictions de chacune et chacun semblent se figer et les ponts entre les communautés s’effondrer aux États-Unis et partout dans le monde, le roman de Chimamanda Ngozi Adichie nous projette les deux pieds dans le vrai monde, celui où nous faisons L’inventaire de nos rêves et où nous les réalisons !

    Image : Gallimard.fr

  • Quelques lumières

    Au royaume des aveugles
    Les borgnes ne guident-ils pas ?(120)


    Non plus adolescent hanté
    Mais sexagénaire habité (107)

     

    dernière pluis,gilles farcet,maelstrÖm réevolutions,poésieAvec Dernière Pluie, paru chez MaelstrÖm réEvolutions, Gilles Farcet livre un recueil poétique délicat et sans ponctuation, comme écrit d'un seul souffle. Plusieurs thématiques mais un seul sujet : le Vivant qu'il décrit savamment, presque sous forme de chansons. La vie, les amis, le travail sur soi, les artistes mentors  ...l'actualité d'un aiguilleur de l'être, auteur et musicien comme le fut Lee Lozowick, un de ses maîtres à penser et vivre.
    Un petit livre précieux également sur la cartographie intérieure, ses affres, subtilités mais aussi ses bonheurs et joie. Rien n'est caché de l'âme triste, de la souffrance devenue compassionnelle, du découragement ou des petits démons du quotidien. Malgré presque quarante années de pratique d'une voie de sagesse, la vigilance reste de mise.
    L'homme est heureux de son sort, apaisé et dans l'équilibre de ses paradoxes. Il se réjouit dans et de l'instant (faisant fi de l'horloge apocalyptique), se satisfait de bonheurs simples et banals, en se tournant de plus en plus vers une Cause première, à l'image d'un cœur aimant et (donc aussi) souffrant de l'état de séparation égotique.
    Foi en l'invisible et croyance en des lois régissant l'être, mais aussi prières et prosternations devant cette grandeur de Présence, en soi et alentour. Gilles Farcet actualise l'intention d'Arnaud Desjardins en lui apportant ici une touche de modernité enchantée.
     


    Rien de particulier
    Sinon l'amour
    En sa stupéfiante nouveauté (27)

     

    Juste un sujet conscient dans l'instant
    Pour éprouver une manière d'effacement
    Se reconnaître impuissant et aller de l'avant (46) 

  • Un Roc à toute épreuve

    coran.jpegLe Coran Européen, paru chez Hermann éditions, est un livre support d'une exposition d'envergure démultipliée, projets financés par le conseil européen de la recherche (ERC).
    La première traduction latine du Livre saint par Robert de Ketton date du 12ème siècle en Espagne, creuset d'un âge d'or interreligieux.
    Il faut cependant attendre la Renaissance pour que ses aspects positifs (poésie, style et révélation, reconnaissance de la qualité de prophète, orientalisme...) soient reconnus et appréciés. Avant l'imprimerie de masse les exemplaires disponibles résultaient essentiellement de pillages coloniaux et à visée réfutatative ou suprématiste .
    Le génie coranique tient peut-être surtout et beaucoup à sa vénération sans commune mesure à travers siècles par un peuple indocile, valeureux et porteur d'une foi vibrante, que quelques cœurs avertis avaient su déceler avant l'heure (Galland, Hugo, Pouchkine, Von Goethe...).
    Dommage que l'ouvrage relate plus du Coran, objet temporo-spatial et de ses réactions littéraires, même si c'est de son contenu qu'il  est débattu dans ces dernières.  Des traductions nombreuses et variées pullulent en effet depuis un siècle, en France et ailleurs avec un engouement croissant de fidèles, en soi un signe des temps alors que les églises se vident ...

     

  • Un chemin teinté de grâces

    Matthieu Thibault,Radiohead,Le mot et le reste,Thom Yorke,Jonny Greenwood,Nigel Godrich,Stanley Donwood,The Smile,Matthieu Thibault signe un livre dense (450 pages) sur un groupe de rock électro phare, avec Radiohead, paru chez Le mot et le reste. Écrit par un fan de la première heure, l'ouvrage suit la chronologie de presque 40 années de collaborations artistiques (incluant les échappées solo de chacun jusqu'à The Smile avec Jonny Greenwood), égrenant l'histoire et la structure de chaque titre et album (Nigel Godrich à la production), ainsi que les campagnes promotionnelles, tournées, artworks (Stanley Donwood) et ventes.
    Ce côté un peu rébarbatif mais précieux pour tout afficionado, confère une aura spéciale à cette formation de cinq amis de longue date (depuis l'adolescence), dont on mesure la technicité, la volonté d'élévation, et la qualité harmonique de l’œuvre. Après 30 millions d'albums vendus, le génialement relié Thom Yorke et ses talentueux acolytes, rivalisent avec les plus grands, en évoluant sans cesse, signe d'une vitalité et d'une vivacité d'esprit jamais taris.
    Précurseurs dans la fusion de genre (pop, électro, cordes, jazz...), à la pointe des technologies tout en dénonçant les effets pervers du système écologico-politique, Radiohead impose désormais son style et le respect d'un public mature et ouvert.
    Après trois albums en deux ans, la nouvelle formation The Smile survivra t'elle à l'institution originelle ? Son format pratique, énergique et créatif n'est-il qu'un interlude dans le parcours évolutif de Radiohead, alors qu'une tournée revival se prépare ?
    Excitation et surprise seront à priori encore au rendez-vous dans le futur proche, avec peut-être un nouveau dixième album au compteur pour cette formation si attachante et dont la fidélité à toute épreuve reste le maître mot.
    Matthieu Thibault a confectionné une véritable bible remplie d'anecdotes qui permettent d'être au plus prêt du processus créatif et artistique de ce groupe majeur, flirtant avec l'intemporalité parfois, signe des passeurs de lumière.