Fabrizio Bajec n'avait pas tout dit avec Le Point Zéro, son précédent ouvrage. Dans "Dompter le lion - un zen sauvage", paru au Mercure Dauphinois, il prend un peu plus de hauteur pour nous parler de son zen MBSR (Mystique, Bienveillant, Sauvage et Radical), qu'il pratique avec quelques acolytes en tout temps et tout lieu extérieur, les contours du Dojo n'ayant plus de raison d'être. Longtemps affilié à une forme et tradition, il s'en affranchit de temps en temps pour s'afficher koan vivant aux yeux des passants éberlués. Il faut dire que le "je" qui prend la plume "est toujours un autre qui n'existe pas", depuis le jour où il cessa de respirer...du moins en apparence.
Il se définit dès lors comme "mort-vivant", non-né, sans personne aux commandes, situant son expérience comme aussi advenue auparavant chez d'autres éveillés, le Maharshi par exemple.
Désormais porteur d'une Présence et d'un Amour sans frontières, il en fait don et témoignage au monde, comme pour mieux le défier (dévier ?) de sa finitude.
Mais ce livre est aussi un jalon sur le chemin de tout questeur de vérité, avec des étapes et passages que l'auteur a vécu ; un témoignage également de la nuit noire de l'âme plus commune aux mystiques chrétiens et un recueil de poèmes glanés au fil du temps !
Richesse paradoxale donc d'une non personne à la conscience cosmique et qui est pourtant "some body"...
Choeur
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Un koan vivant
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Un guide d'ésotérisme chrétien
Ésotérisme - métaphysique - métapolitique d'Aldo la Fata est un ouvrage paru chez l'Harmattan qui se veut une sorte de guide plutôt traditionnel et non conformiste dans le labyrinthe des livres du domaine spirituel.
Il s'agit de compte-rendus et fiches de lectures, critiques et articles thématiques (Graal, messianisme, Antéchrist, symbolisme ..) publiées de 98 à nos jours dans différentes sources littéraires, à dominante chrétienne et eschatologique. La plupart des auteurs importants, beaucoup du siècle dernier, y figurent, hormis Gurdjieff et l'auteur a saisi qu'un élu au sens apocalyptique du terme est un "Jésus like", ce qui implique une qualité d'être et un état quasi prophétique d'inspiration verticale (Henry Corbin et l'angélologie n'y sont pas pour rien).
On y découvre également la richesse du vivier italien avec de grands penseurs ésotériques méritant d'être lus (Panunzio, Gambescia...) et la qualité du patrimoine français souvent traduit que l'on nous envie (Guénon, Evola, Schuon, Santacreu,...).
Manquent peut être à l'appel l'application pratique des voies non duelles (4ème voie, adhyatma yoga, advaita vedanta...), l'apport vivifiant des philosophies asiatiques (zen, Hara, aïkido...) ou moyen-orientales (soufisme, prière musulmane, étude du Coran...) ainsi que la révélation authentique des Dialogues avec l'Ange, dont Gitta Mallasz fut le scribe pendant la seconde guerre mondiale.
On attend peut-être une suite, moins prosélyte et plus œcuménique pour confiner à l'efficience donc. -
Et patatrac !
Spectacle Coup de ChœurC'est un petit espace riquiqui, un appartement qui ressemblerait à celui d'un étudiant où une seule personne peut s'y faufiler. Oui mais voilà, "il" attend L'Invité au Théâtre de l'Uchronie. Il, c'est un personnage tout en longueur et en rigueur, avec une pointe de peur qui risque de tout faire dérailler. Il, est joué par Baptiste Bouissou, excellent comédien et circassien et le moindre de ses pas ou gestes est scruté par le public car entrainant d'inévitables complications et situations absurdes (mais logiques). Il, est d'abord un personnage burlesque auquel on s'attache immédiatement qui nous faire rire et nous émeut. On aime son coin "cosy", sa plante, ses chemises, son petit poisson et on veut connaitre sa recette (ou pas).
Bref, nous ne pouvons en dévoiler d'avantage, mentionnons simplement Pierre Vuaille et sa belle voix (ou presque) et espérons que vous courrez à ce spectacle immanquable. Il se joue à 19h30 jusqu'au samedi 25 octobre à l'Uchronie. Et si vous n'êtes pas encore convaincu, écoutez donc le metteur en scène Dan qui connait très bien "il".
Image: Théâtre de l'Uchronie
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Un adieu sicilien

Dans Paterno, une histoire sicilienne qui s'est joué au petit mais cosy Théâtre de l'Uchronie, Mariella Parisi relate la cérémonie de deuil de son père adoré et nous dépeint, avec cocasserie et perspicacité, le rituel coutumier de la péninsule sud de la Sicile concernant la veillée funéraire.
Cette "langue de verité" d'après l'actrice et autrice principale oblige à dévoiler l'ombre des gens du paraître (hypocrisie) ou d'une nation corrompue par la mafia.
Mariella Parisi endosse un nombre incalculable de personnages hauts en couleurs avec une énergie débordante et communicative et parvient, dans cette pièce hommage, à nous restituer un portrait généreux de son père défunt, sans pathos mais respectueux de l'être qu'il fut.
Pour une première en scène intimiste, Paterno a des accents socio-politique et parfois ethnologique qui confinent à l'universel. Une réussite joyeuse pour et sur un sujet tragique.Rencontre avec Mariella Parisi, à l'issue de l'avant dernière représentation (13 min) :
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Impro-vision

L'habité trio Malqa (accueil en arabe) est passé par le Théâtre de la Renaissance d'Oullins, dans le cadre du festival Sens Interdit, proposant une musique expérimentale hybride entre Instruments classiques (voix et Oud), machines et objets sonores. Inclassables, c'est l'écoute et les liens artistiques entre la chanteuse palestinienne Kamilya Jubran, Loïc Guénin et Eric Brochard (membres du groupe Noorg) qui composent une partition originale, unique et improvisée sous nos yeux, à base de loops analogiques, de nappes répétitives et de sons intrusifs d'objets recyclés, autour d'un canevas poétique.
L'entente et l'interrelation entre membres et publics donna lieu à un magma sonore tantôt strident tantôt tempéré, trans-historique, avec des respirations plus épurées, comme une seule et même mélopée de plusieurs strates, dont la durée paraissait extensible à souhait à mesure du plaisir pris à triturer et distordre les sons.
Rencontre d'après concert avec les trois artistes amoureux de la vibration (10 min) :
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Une âme déterminée

Wayqeycuna de Tiziano Cruz Marque le début du festival sens interdit et se joue au théâtre du point du jour.
Fort de son aura et succès au festival d'Avignon 2024, la salle était pleine pour cette première à Lyon, pour acclamer l'auteur et interprète vivant, vrai, présent et rayonnant, malgré un narratif triste et poignant : Il est question de la représentation de l'art indigène dans un milieu culturel à dominance élitiste (donc blanche).
Tiziano Cruz nous parle de ses racines (le plateau argentin), de son enfance, de son père, de sa sœur décédée (brutalement et sauvagement) et d'une cérémonie traditionnelle en son honneur au pays. Lui qui a su s'élever et parcourt désormais le monde comme témoin, incarne puissamment cette culture autochtone pauvre (coyas) et souvent victime des aléas politiques.
La pièce ne manque pas de spiritualité et tout converge vers une sorte d'eucharistie dont il est finalement l'agneau sacrificiel, sur l'autel du capitalisme. Un thème universel que toute minorité ethnique ou sociale peut revendiquer.
Dans un registre à forte teneur émotionnelle, l'artiste s'en sort en dansant, joyeux, avec le sourire radieux d'un émerveillé à la vie...une victoire en soi sur tout déterminisme.@credit photo : Christophe Raynaud de Lage
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L'autre n'existe pas
Yakov Rabkin signe le sionisme en 101 citations aux éditions du i.
Le petit ouvrage se veut pédagogique et explicatif entre chaque phrase mise en exergue, dans une logique thématique, et constitue plutôt une charge envers l'idéologie sioniste.
Expurgé de son essence religieuse (la conversion au christianisme avec la venue du messie dès la fin du 16ème siècle), le projet est mis en œuvre par des juifs d'Europe de l'Est et dans une optique de conquête d'une terre déjà habitée.
S'inspirant de versets bibliques pour étendre et justifier sa colonisation, la mise en œuvre n'exclut pas la barbarie (comme tuer des enfants palestiniens) ni la force armée, qui par ailleurs contente son allié américain (une base au moyen-orient).
L'antisémitisme et la tournure fascisante sont des dérives prophétisées en amont et normalisées dans une politique sectaire. Seuls les juifs orthodoxes et les pratiquants du judaïsme selon l'esprit se désolidarisent de l'idéologie prégnante, mortifère à terme.
L'auteur rappelle à juste titre que l'unité du peuple juif se fera au nom du Messie, personnage hautement religieux, et pas d'autoproclamés élus, animés par une soif de vengeance. Une révolution des cœurs épars plutôt qu'un rassemblement géographique à priori...? L'avenir le dira !
