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Entretien audio - Page 5

  • Indice ou rumeur ?

    Lucie Vérot,Maïanne Barthés,Prouve-Le,Compagnie Spell Mistakes,Théâtre de la Renaissance,Simon Alopé,Cécile Maidon,Alice Garnier-Jacob,Clément Rousseaux,Sylvain Brunat,Dominique Fournier,théorie du complot,Oullins,Janvier 2022.

    Prouve-le, écrit à partir d'une vraie rencontre, évoque le danger inconscient que peuvent colporter des rumeurs montées en épingle, ici par deux adolescents dans un collège. Plus généralement le texte de Lucie Vérot aborde les ressorts et prémisses de toute théorie du complot, et son emballement caractéristique sur les réseaux sociaux.
    Écriture ciselée, haletante, jouée avec grande jubilation et énergie par Simon Alopé et Cécile Maidon, en convaincants ados, victimes malgré eux. La prolifique et visionnaire Maïanne Barthés signe de sa patte (rythme, humour, inventivité dramaturgique) cette pièce originale qui se joue au Théâtre de la Renaissance à Oullins et recommandée tous publics, avec une nouvelle thématique à son arc : la nécessaire prudence à accorder à une information brute, trop vite analysée et digérée par le mental et l'émotion.
    Une belle entrée en matière pour une saine réflexion future dans la construction d'un esprit critique.

    Entretien (6 et 5 minutes) avec Maïanne Barthés en compagnie de Cécile Maidon et Simon Alopé:


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    Image: Théâtre de la Renaissance

  • Le poids des témoignages

    Grand reporterre #5, Théâtre du Point du Jour, Etienne Gaudillère, Giulia Foïs, Faut-il séparer l'homme de l'artiste, Jean-Philippe Salério, Marion Aeschlimann, Romain de lagarde, Claire Rolland, Angélique Clairand, France Inter, Pas son genre, #Metoo, Roman Polanski Étienne Gaudillère, artiste associé au Théâtre du Point du Jour répond en une heure quinze à un sujet récurrent de philosophie "faut-il dissocier l'homme de son œuvre" qui devient ici "séparer l'homme de l'artiste", que lui a soumis Éric Massé, co-directeur du théâtre de Lyon 5ème. Le court laps de temps répond à un format inédit "Grand ReporTERRE" croisant journalisme et art vivant sur un sujet d'actualité. Il relève le défi avec brio en l'orientant vers les violences sexistes qui ont pris beaucoup d'ampleur depuis le mouvement. #Metoo
    Il est accompagné par Giulia Foïs, chroniqueuse sur France Inter et spécialiste du sujet, elle y anime notamment l'émission "Pas son genre". Sur scène,  la journaliste donne son pendant à Étienne, éveillant sa conscience d'homme à la réalité crue (1 femme sur deux victime de violence sexuelle, 98% des violences viennent des hommes, une femme violée toutes les 7 minutes) et aiguisant son discernement tout en étoffant son argumentaire d'émotionnel à rationnellement détaillé.
    La mise en scène fait mouche grâce notamment à un mur d'images saisissant et aux deux acteurs (Marion Aeschlimann et Jean-Philippe Salério) en situations pour appuyer les faits, en grossir les traits.
    On a l'impression d'assister à une répétition bien avancée (c'est le format qui l'impose) mais qui ne gêne en rien l'à propos et l'âpreté du message véhiculé avec à la clé, des avis moins clivants et une réflexion enrichie d'images et de chiffres percutants.
    Etienne Gaudillère réussit à nous passionner en donnant corps à son journal de bord, il sublime le processus réflexif en en faisant un terreau de jeu. 

    Après un moment d'échange avec la salle en bord de scène, petite discussion avec le metteur-en-scène:

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    La pièce part en tournée à Villefranche du 13 au 15 avril.

    Photo: Théâtre du Point du Jour

  • Une BD qui vire au culte

    Coup de Choeur BD

     

    “Je vois clairement les pensées de mes semblables et leurs émotions surgir de leurs crânes sous forme d'abstractions lumineuses”... C'est l'expérience la plus passionnante et intéressante qu'il m'ait jamais été donné de vivre, aussi grisante, irrationnelle et obsédante qu'un rêve”. (p.36 et 39)


    Dieu est un virtuose synesthésique. Il joue une symphonie démiurgique et nous entendons les couleurs du monde, les formes des galaxies, les émotions de l'univers. Il a créé ce monde de dingues dans une impro sous acide avec une guitare électrique branchée sur un ampli réglé à plein volume”. (p.42)


    ledroit.jpegAvec le troisième œil (acte I-La ville lumière) paru chez Glénat, Olivier Ledroit signe seul un roman graphique initiatique et fantastique, hallucinant et total, mêlant ésotérisme et occultisme, magie et alchimie, métaphysique et eschatologie.
    Mickaël Alphange, le héros de cette BD, est un jeune homme, apprenti vitrailliste, aux perceptions synesthésiques, habitant Paris. Un soir, à l'aide de substances psychédéliques, s'ouvre à jamais son œil spirituel, visionnaire et il perçoit dès lors l'invisible éthérique des êtres, des lieux, des objets, pour le meilleur (un monde lumineux) mais aussi le pire (des entités ou forces ténébreuses).
    Guidé et formé patiemment par ses pairs, il participe à un rite initiatique lors d'une nuit astrologiquement propice, en arpentant la capitale occulte pour renaître, par un processus alchimique, à son corps immortel et divin.
    Il est désormais élu à un destin hors du commun et possesseur d'une lame magique...
    Les références fusent et sont assumées dans cette œuvre graphique hallucinée, Lynch, Carpenter (the thing, invasion Los Angeles) ou encore Kubrick (2001) pour le cinéma fantastique, Herbert (le rêveur de Dune qui doit se réveiller) ou Dantec pour le thriller esoterico-futuriste.
    Olivier Ledroit dépeint aussi comme personne l'époque, ses enjeux, ses dilemmes et sa dimension eschatologique. Il est rare de condenser en si peu de pages un univers en soi, attendu et pressenti par beaucoup, ce qui fait de lui, à l'instar d'un Druillet ou d'un Moebius, un chef de fil artistique de sa génération.

    Ce premier tome est une œuvre crédible qui se suffirait presque à elle-même, empreinte de luminosité aux teintes bleutées. Les visions de Mickaël Alphange détonnent de réalisme, entre onirisme et expérience chamanique. Une réussite et un ovni, comme le fut Blueberry de Kounen à l'époque.

    En bonus, un entretien téléphonique avec Olivier Ledroit (22 min) :


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  • Spontanément artiste

    Eulalie Csatel, Artiste-peintre, Lignes spontanées, Encre de chine, Sidhuri café, décembre 2021Par un mardi après-midi frisquet, quelques jours avant Noël, nous rencontrons Eulalie Castel, artiste-peintre au Sidhuri café*.  Elle expose ses œuvres à l'encre de Chine dans ce lieu hybride qui propose de déguster sur place du petit déjeuner au goûter l’œil rivé sur l'expo du moment.  Le coin, à découvrir, douillet et tranquille est joliment décoré et la patronne a pensé aux végétariens et végans dans ses menus.

    Les traits fins et subtils, le dessin d'Eulalie Castel semble puiser sa source dans la nature, sa précision et son apparente simplicité évoque aussi l'art japonais. Lignes spontanées, jusqu'au 21 Janvier, n'est pas sa première exposition et il faut se rendre sur son site* pour découvrir ses multiples œuvres sur tout support. L'artiste, qui qualifie son travail "d"abstraction lyrique" réalise également des céramiques, l'une est visible au Sidhuri café.  Difficile de décrire l'art avec des mots, écoutons plutôt la voix d'Eulalie Castel au micro de Chœur.

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    * Site d'Eulalie Castel

    * Sidhuri café

    Dessin : Eulalie Castel

  • La clé de la liberté

     Lisa Guez,Les femmes de Barbe-bleue,compagnie juste avant la compagnie,Valentine Krasnochok,Valentine Bellone,Anne Knosp,Nelly Latour,Jordane Sourdre,féminicide,sororité,prédateur,Pinkola Estes,Femmes qui courent avec les loups,Théâtre de la Croix Rousse,Lyon,Décembre 2021

    Ligne claire pour la mise en scène, entrer dans le vif du sujet : 4 femmes claudicantes, anciennes proies de Barbe-bleue, s'expriment tour à tour sur leur féminicide et s'entraident pour rejouer autrement la scène fatidique en musclant leur jeu. Dans Les femmes de Barbe-Bleue, le thème est dramatique à souhait mais allégé par les prestations drôles, inventives ou déjantées des quatre actrices principales - Jordane Sourdre, Nelly Latour, Valentine Bellone et Anne Knosp - dont les imaginaires ont formé la trame du conte théâtral.
    Il est question de désir et d'emprise quand celui-ci flirte avec le feu. Lisa Guez (metteuse en scène) et Valentine Krasnochok (la dramaturge qui joue également la femme résiliente) décortiquent la complexité de la psyché féminine, ses paradoxes face au danger et ses façons de déjouer les pièges du conditionnement patriarcal ou des auto-flagellations mentales.
    Sur une inspiration de la psychanalyste Clarissa Pinkola Estes (femmes qui courent avec les loups), le travail et le sens de la réflexion portent sur le comportement approprié, l'intuition juste à opposer à la violence. Sur un plan plus intériorisé il est discernement de la voix de la sagesse parfois confondue avec celle de la sauvage en soi, une voie de liberté totale pas si éloignée d'une source de conscience éclairée.
    Le public passe un bon moment entre phases de tension et de détente, avec cette pièce aux contours universels, peinte de symbolique rouge et bleu, sur des airs de Gainsbourg.
    Entretien avec Lisa Guez et Valentine Krasnochok à l'issue de la dernière représentation au Théâtre de la Croix-Rousse.

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    Photo: Théâtre de la Croix-Rousse

  • Du silence, le Verbe

    Joseph est "l'ombre du Père éternel" et manifeste sur le plan humain, les qualités d'Amour du Père céleste. Représentant de Dieu sur terre, il éduque Jésus avec amour, un amour qui n'est pas complaisance et sait faire preuve d'autorité. Il dresse des limites et autorise au sens étymologique, aider l'autre à trouver ses propres lois intérieures”(p.118).


    joseph.jpgAprès Marie-Madeleine (L'amour a tant de visages), c'est au tour de “Saint Joseph, le bien caché” d'être mis en lumière et représentations (des tableaux iconiques parsèment l'ouvrage avec une mention spéciale pour "Saint Joseph et l'enfant Jésus" de Papety, p.108) par Pascale Léger, qui déterre avec brio les personnages occultés ou en retrait des évangiles (un troisième livre à paraître sur Saint Jean-Baptiste), et toujours éditée aux éditions Almora.
    L'auteure a recensé dans cet ouvrage tout ce qui touche à la vie de Joseph le Charpentier (apocryphes, légendes, évangiles, culte) et donne la parole au taiseux dans un exercice d'imagination créative.
    Elle suggère des interprétations parmi plusieurs hypothèses, quand le doute des évangiles est permis (son âge, les frères et sœurs de Jésus, la date de sa mort...), et amplifie la figure du juste serviteur et gardien de la sainte famille (en le comparant avec Joseph fils de Jacob, Geppetto de Collodi, Joseph d'Arimathie ou encore Joseph des Dialogues avec l'Ange) pour mieux définir ce qui le caractérise dans l'absolu.
    Avec Joseph, l'invisible devient visible et une mission s'incarne (ici la paternité) suite à un songe.

    Sa discrétion de père adoptif souligne son humilité car il demeure un rouage essentiel, une pièce maîtresse de la droiture et de l'imaginaire de Jésus. Il est un mur porteur de la fondation humano-divine, pendant terrestre du Dieu hébreu à la fois présent et caché, influent mais effacé, au sens d'aimer sans posséder.
    L'intuitif Joseph est aussi un bien caché, un trésor de cœur qu'il est juste de révéler et l'entreprise fleurit abondamment ces dernières années.
    Pascal Léger donne à Saint Joseph la place qu'il mérite en tant que pré-curseur de Jésus, celui qui préfigure le Messie en acceptant sa tâche d'ouvreur du Chemin vers le divin, ce en quoi la magnifique mosaïque de Bethléem de la couverture est la parfaite illustration.

    En complément sur le sujet nous proposons un entretien de Maryse Chauvaux (collaboratrice à RCF Vaucluse) avec l'auteure, ici.

     

  • L'origine de l'imaginaire

    maïanne barthès,je suis venu.e pour rien,cécile maidon,slimane majdi,baptiste relat,cecilia steiner et emilie,clément rousseaux,sylvain brunat,alice garnier-jacob,julien leonardt,julie laborde,estelle olivier,aby mathieu,ennui,vide,la comédie de saint etienne,novembre 2021

    Intéressante et saine réflexion autour du rien, du vide, de l'ennui, de cette  "plénitude de quelque chose qui ne nous remplit pas". Je suis venu.e pour rien, mise en scène par Maïanne Barthès (issue de l'école de la Comédie de Saint Étienne) questionne le processus créatif, ce présent d'où jaillit l'étincelle, comme un jeu d'enfant, avant le retour à ce point de "repos obligé": l'ennui, vécu différemment par chacun.
    Quatre acteurs occupent la scène (Cécilia Steiner, Cécile Maidon, Slimane Majdi, Baptiste Relat)  dans deux contextes différents (un abribus et un espace de travail qui prend fin) et vont tromper cet ennui en s'évadant mentalement ou en créant des mondes imaginaires, transformant des moments plombants en véritables situations burlesques souvent drôles ou tendres et où le merveilleux advient.
    On se plaît à plonger dans nos souvenirs enfantins et l'on se permettra désormais d'invoquer l'esprit créateur trop souvent prohibé ou inhibé dans une société qui accapare ou détourne notre attention d'instants non rentables mais si précieux.

    Rencontre avec Maïanne Barthès à la Comédie de Saint Étienne. La pièce s'y joue jusqu'au 26 novembre.

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    Photo: Garance Li / Comédie de St Étienne